Site de rencontres pour ados : "L'objectif n'est pas d'interdire mais de réglementer", assure la secrétaire d'État en charge de l'Enfance

  • l’année dernière
Charlotte Caubel, secrétaire d’Etat auprès de la Première ministre, chargée de l'Enfance, était mardi 22 août la Grande témoin de la matinale de franceinfo. Elle répondait aux questions d'Agathe Mahuet.

Category

🗞
News
Transcript
00:00 Faut-il tout simplement interdire de telles plateformes de rencontre entre adolescents ?
00:04 Alors d'abord, dire que c'est une priorité du gouvernement d'assurer la sécurité des enfants dans la vie réelle et dans la vie virtuelle,
00:11 c'est une évidence, mais c'est en tout cas mon combat quotidien, en particulier contre les prédateurs sexuels
00:16 quels qu'ils soient. Et on sait que sur internet, grâce à l'anonymat, on a des risques particuliers.
00:22 On a plusieurs moyens de répondre. Bien évidemment,
00:25 réglementer, limiter, vérifier l'âge,
00:29 et responsabiliser les plateformes.
00:30 Ce qui n'est pas fait aujourd'hui, la vérification de l'âge, on vient de l'entendre, c'est très simple de s'inscrire et de donner un âge qui n'est pas généreux.
00:35 Alors c'est un combat que nous menons avec Jean-Noël Barraud, vous le savez.
00:38 On le conduit pour l'accès aux sites pornographiques, qui est une interdiction pour les mineurs.
00:44 Nous avons aujourd'hui un laboratoire de protection de l'enfance mis en place par le président il y a un an, qui travaille sur plusieurs
00:50 dispositifs pour mieux contrôler l'âge. Bien évidemment, on voit bien que sur internet, le contrôle de l'âge,
00:55 celui des enfants comme celui des adultes, est tout à fait essentiel. Il faut que la technologie avance,
01:00 les plateformes en sont responsables, et le gouvernement fait aussi des propositions sur ça. C'est une priorité, le contrôle de l'âge.
01:06 - Le site rencontre-ado.net
01:08 affirme effectivement être conscient du problème, mais dit ne pas envisager pour l'instant de mesures concrètes. C'est acceptable ça ?
01:13 - Alors, c'est faux, parce qu'au moment où, évidemment, les alertes sont revenues sur ce site, vous l'avez bien dit dans votre reportage,
01:19 qui existe depuis dix ans, et les sites de rencontres entre adolescents qui cherchent des amitiés,
01:25 slash, et des relations amoureuses, existent et sont connus du gouvernement. La question
01:30 qui se pose, c'est la façon dont l'opérateur fait
01:34 contrôle, modère, comme on dit dans la technologie.
01:38 Il existe un mécanisme de modération, si vous allez sur le site d'ailleurs, il l'explique, et on peut alerter ce site sur l'existence de faux
01:45 profils, etc. Et eux-mêmes contrôlent les profils, peut-être pas suffisamment avec un
01:50 dispositif qui contrôle très très bien l'âge, mais quand même, ils retirent des profils et sont particulièrement vigilants.
01:54 Indépendamment de ce que peut faire l'opérateur, nous avons en France plusieurs
01:58 dispositifs dont les parents doivent avoir connaissance. D'une part, évidemment, Pharoz, vous en avez parlé, ce sont nos enquêteurs
02:03 spécialisés pour aller patrouiller sur le net, pour pouvoir lancer des investigations.
02:08 Et je suis un peu étonnée de ce qui est dit, bien sûr que Pharoz a les moyens de retirer les contenus,
02:13 de poursuivre, et en Belgique, on n'a aucun problème pour poursuivre en Belgique les opérateurs, les opérateurs et éventuellement les prédateurs sexuels.
02:20 La deuxième chose, c'est l'existence du 3018. Aujourd'hui, e-Enfance, qui d'ailleurs a tout de suite remis une alerte sur
02:27 ce site en particulier,
02:29 est aujourd'hui un numéro qu'il faut connaître, qu'on soit parent, qu'on soit enfant, qu'on soit ado.
02:34 Quand on appelle le 3018, on peut faire part de difficultés et de ce type d'agression.
02:39 Quand un adulte se fait passer pour un enfant et tente d'avoir des relations
02:43 consenties ou pas consenties avec un jeune, et bien on peut signaler au 3018 et le 3018 peut
02:50 retirer, peut exiger de la plateforme qu'elle retenue les contenus, retenue les profils, etc.
02:53 - Ça, ce sont pour les éléments qui permettent de donner l'alerte après coup.
02:57 Est-ce qu'en amont, le problème n'est pas tout simplement aussi le concept même d'un site pour des âges aussi différents que
03:03 13-25 ans pour des rencontres entre ces personnes ?
03:05 - Aujourd'hui, il y a ce type de site, mais vous le savez comme moi, il y a plein d'autres lieux de rencontre
03:10 pour les ados et les enfants entre eux, et pour d'éventuels adultes qui se font passer pour des ados. Les messageries, TikTok,
03:17 Snapchat, Instagram... Donc l'objectif n'est pas d'interdire certains sites, parce qu'on sait très bien que ça conduira à
03:23 les enfants, les ados et les adultes à aller sur d'autres sites. L'objectif aujourd'hui, c'est de réglementer. Depuis
03:28 l'été dernier, nous avons une loi qui a été portée par
03:31 Laurent Marcangeli, que le gouvernement a soutenu, qui impose au site d'obtenir l'autorisation des parents
03:39 avant 15 ans pour qu'un enfant soit inscrit sur un site. Ça, pour moi, c'est un formidable levier. Pourquoi ?
03:45 Parce que ça impose le contrôle de l'âge de l'ensemble des clients sur les sites, et d'autre part, ça
03:51 responsabilise les parents.
03:52 Vous le savez certainement, 8 parents sur 10 ne savent pas ce que les enfants font sur Internet. - Et ça, ça se contourne toujours
03:57 facilement pour un enfant qui n'a pas besoin de demander l'avis de son parent. - Alors, aujourd'hui,
04:01 le dispositif est législatif. Il faut prendre le décret d'application. Nous sommes engagés avec Jean-Noël Barraud pour que ce décret d'application sorte très très vite.
04:08 Ça sera une obligation des plateformes, des réseaux sociaux, y compris de ce site, de vérifier non seulement
04:14 l'âge de la personne qui s'inscrit, mais s'il a moins de 15 ans, puisque eux autorisent de 13 à 15 ans,
04:20 d'obtenir l'autorisation express des parents pour accepter cette inscription. Et pour moi, ça, c'est une véritable protection, parce que non seulement
04:27 ça veut dire qu'en dessous de 15 ans, on n'y va pas tout seul, et c'est extrêmement important.
04:31 Vous n'envoyez pas un gamin de 15 ans dans la vie découvrir un site,
04:35 un lieu, sans vérifier qui sont les adultes et les enfants qui sont séparés sur internet. Et en dessous de 15 ans, si l'opérateur ne
04:42 fait pas ce contrôle et ne vérifie pas l'autorisation, il pourra être sanctionné par l'ARCOM. C'est une autre loi qui a été adoptée de manière
04:48 complète. Haute Sénat qui vient à l'Assemblée, qui renforce les pouvoirs de l'ARCOM pour
04:53 débrancher les sites qui ne respecteraient pas ce type d'obligation. - Une loi sur le numérique qui se concentre aussi beaucoup sur les sites pornographiques,
04:59 elle va permettre quand même de viser aussi de tels sites de rencontre infrados ? - Tout à fait. La France est pionnière en matière de
05:06 réglementation et de régulation des plateformes. On est en dialogue constant avec les plateformes, mais aussi on pousse des textes au niveau européen.
05:12 C'est nous qui sommes quand même à l'origine des deux grandes directives qui régulent tout ça.
05:16 Effectivement, l'ARCOM va avoir des pouvoirs renforcés pour mettre des sanctions sur les règles qui ne seront pas respectées,
05:23 qu'elles soient sur les sites pornographiques ou qu'elles soient sur les sites, les fameux réseaux sociaux,
05:28 plateformes qui ne respecteraient pas la protection des mineurs, qui est une obligation posée par l'Europe et qui est évidemment un combat porté par nous tous.
05:35 Merci pour vos réponses et merci d'être venu dans le studio de France Info ce matin, Charlotte Cobell, secrétaire d'État chargée de l'Enfance.
05:40 Vous étiez notre grand témoin sur France Info.

Recommandée