Rentrée avancée pour les élèves en difficulté : un risque "d'apparenter cela à une sanction" pour le secrétaire général du SNPDEN

  • l’année dernière
Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du Syndicat national des personnels de direction de l'Education nationale, proviseur de la Cité Scolaire Buffon à Paris (15e), était jeudi 24 août l'invité de la matinale de franceinfo. Il répondait aux questions d'Agathe Mahuet.

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Transcript
00:00 Une rentrée scolaire dès le 20 août pour les élèves en difficulté et puis des ajustements nécessaires
00:05 sur le calendrier des épreuves du bac.
00:07 Emmanuel Macron dévoile ses projets pour l'école dans une interview au journal Le Point.
00:12 Bonjour Bruno Bobtiewicz, vous êtes le secrétaire général du SNPDEN,
00:17 le syndicat des personnels de direction de l'éducation nationale.
00:20 C'est un petit bouleversement cette piste d'une rentrée en décalé 15 jours avant les autres
00:25 pour les élèves les plus en difficulté. C'est une bonne chose ou pas ?
00:28 Alors il faut d'abord rappeler qu'on a déjà des dispositifs qui existent depuis une vingtaine d'années
00:33 qui s'appellent écoles ouvertes, vacances apprenantes, qui prennent en charge déjà depuis quelques temps
00:38 comme je disais des élèves en amont de la rentrée, soit pour du scolaire,
00:43 soit pour des activités un peu plus culturelles ou artistiques.
00:47 Ça n'est pas généralisé, c'est sur la base du volontariat des élèves
00:51 et là ce que propose le président c'est d'une autre nature.
00:55 Il faut s'interroger quand même sur d'où vient cette proposition
01:00 parce qu'elle est en décalage par rapport à l'existant, même si on part de quelque chose d'existant
01:05 et surtout la difficulté que ça pose c'est avec quel personnel
01:10 et ne pas apparenter ça à une sanction pour les élèves qui seraient en difficulté scolaire.
01:17 Et c'est malheureusement potentiellement le signal qu'on pourrait envoyer.
01:21 Je suis en difficulté scolaire donc je perds deux semaines de vacances par rapport aux autres.
01:25 - Et pour les enseignants, c'est possible d'imaginer que les professeurs puissent faire pour certains leur rentrée 15 jours plus tôt ?
01:29 - Alors c'est ce que certains font mais sur la base du volontariat.
01:32 Et si le président souhaite généraliser ce dispositif à tous les établissements,
01:38 il va falloir trouver des ressources. Et donc la question c'est avec qui ?
01:41 - Avec des enseignants qui manquent parfois déjà dans les classes,
01:46 la rentrée qui s'annonce pourra se faire avec un professeur par classe
01:49 comme souhaite pouvoir le faire le chef de l'État ?
01:53 - C'est une vraie question, on l'espère tous.
01:56 Et je crois savoir que les services des rectorats sont au travail sur ces questions.
02:02 Il y a la question évidente et malheureusement récurrente de manque de candidats au concours.
02:08 C'est compliqué de répondre à cette question aujourd'hui
02:11 puisque tous les jours des enseignants sont affectés dans les établissements scolaires.
02:16 On le saura dans une dizaine de jours.
02:18 On croise les doigts avec quelques inquiétudes quand même, il faut l'admettre,
02:21 que depuis maintenant plusieurs années, il manquait des enseignants le jour de la rentrée.
02:25 - Oui, un peu d'inquiétude pour la rentrée de votre côté.
02:27 Le chef de l'État dit aussi finalement que les épreuves de spécialité du bac au mois de mars, c'est trop tôt.
02:32 Ça fait longtemps que la communauté éducative réclame de repousser ces épreuves au-delà du printemps.
02:36 Ça y est, vous obtenez gain de cause ?
02:38 - Alors, on verra ce que le ministre annoncera définitivement je crois lundi prochain,
02:45 en tout cas c'est ce qu'il a dit.
02:47 On fait partie de ceux qui au départ soutenaient l'idée que potentiellement avoir des épreuves un peu anticipées
02:53 pouvait être une bonne chose, notamment sur la visibilité de ces résultats dans le parcours sup.
02:57 Force est de constater cette année que ça n'a pas du tout donné satisfaction, c'est un échec.
03:02 On a perdu le troisième trimestre,
03:04 donc on n'est plus sur une reconquête du mois de juin, mais on a perdu également avril et mai.
03:08 Donc on fait aujourd'hui partie de ceux qui ont demandé et qui demandent
03:12 depuis quelques mois maintenant effectivement le report des épreuves de spécialité en terminale au mois de juin.
03:18 On espère être entendu lundi sur cette question, au moins un sujet sur lequel on est d'accord.
03:23 - Gros chantier annoncé aussi pour les professeurs d'histoire-géo.
03:26 L'histoire doit être enseignée chronologiquement et l'instruction civique doit devenir une matière essentielle.
03:32 Qu'est-ce que ça va changer ?
03:34 - Alors ça, il faudra qu'on nous donne les détails de l'intention.
03:39 Je crois que l'histoire s'enseigne déjà de façon chronologique.
03:43 Je ne suis pas expert de la discipline, mais j'avais ce sentiment-là.
03:46 Il faudra leur demander.
03:48 Et sur la question de l'enseignement moral et civique,
03:51 parce que ça s'appelle comme ça,
03:53 le ministre précédent avait déjà évoqué la question de l'augmentation du volume horaire face aux élèves.
03:59 C'est plutôt une bonne chose.
04:01 La question c'est qu'on ne peut pas cesser d'augmenter les horaires des matières.
04:06 Et surtout, ce serait l'occasion, peut-être un peu plus clairement,
04:09 de développer les sujets importants.
04:11 La question du harcèlement, la question de l'engagement citoyen.
04:14 Ce sont des sujets qui effectivement méritent d'être traités plus en profondeur dans la classe.
04:18 - D'un tout petit mot quand même, est-ce que vous êtes satisfait de voir que le chef de l'État remet l'école au cœur de la bataille,
04:23 comme il le dit en cette rentrée ?
04:25 - Ce qui est insatisfaisant, c'est le mode de communication.
04:28 Les personnels de direction que je représente souffrent de ça.
04:32 C'est-à-dire qu'on a des annonces qui sont faites sur des médias,
04:36 qui parfois font l'objet d'un manque total de concertation.
04:39 Et ça, c'est une difficulté majeure.
04:41 Les représentants de l'État que je représente sont en difficulté sur ces propositions
04:46 parce qu'il y a un décalage entre l'annonce et notre capacité réelle à la mettre en place.

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