Un monde sans pluie

  • l’année dernière

Category

🗞
News
Transcript
00:00 Quoi ressemblerait notre environnement s'il a pu cesser de tomber ?
00:02 C'est ce qu'a imaginé l'écrivain James Graham Ballard en 1964.
00:06 Une oeuvre de science-fiction qui fait écho aux enjeux contemporains.
00:08 James Graham Ballard est un auteur britannique de science-fiction,
00:13 notamment du roman Crash, adapté par David Cronenberg en 1996.
00:16 Sécheresse est son troisième roman d'une série de quatre livres.
00:19 Cette quadrilogie, elle va toucher à la question des catastrophes naturelles dans son ensemble,
00:24 que ce soit un soleil brûlant, que ce soit le manque d'eau,
00:27 ou alors même des inondations ou de la cristallisation.
00:30 L'auteur décrit un monde où l'eau manque cruellement,
00:32 car le cycle hydrologique s'est arrêté à cause d'une couche de pollution qui recouvre la mer
00:36 et empêche la formation de nuages.
00:38 Dans cet environnement sec, nous sommes plongés dans la tête d'un personnage errant et quelque peu antipathique,
00:42 Charles Ransom, dans le village a priori fictif d'Hamilton.
00:46 Mais le manque d'eau le pousse à migrer, en compagnie d'autres personnages,
00:49 vers la mer où se trouvent des colonies.
00:51 Le roman nous propulse ensuite dix ans plus tard.
00:53 On ne sait absolument pas ce qui s'est passé entre temps,
00:55 mais on sait maintenant qu'il est revenu en état presque un peu sauvage.
00:58 Il a une barbiersuite, il a une cicatrice, il se bat avec différentes tribus sur la plage,
01:03 il est habillé avec des peaux de phoques et du caoutchouc,
01:05 c'est vraiment quelque chose d'assez primitif dans leurs atours.
01:09 Et c'est la guerre de l'eau.
01:11 Un jour, il aperçoit un lion erré.
01:13 Si un lion a pu survivre, c'est qu'un point d'eau existe quelque part.
01:16 Mais il ne trouvera jamais cette source.
01:18 Malgré les apparences, nous ne sommes pas dans un récit survivaliste.
01:21 Il ne s'agit en aucun cas d'une Robinsonade qui nous apporterait des solutions géotechniques
01:26 pour réparer le monde, pour désaliner l'eau.
01:29 On a effectivement quelques procédés de distillation,
01:32 mais à chaque fois il y a des échecs, ça explose, ça ne fonctionne pas.
01:35 Donc il ne faut pas attendre de réponses dans ce roman.
01:37 Le roman peut être qualifié comme "Soleil vert d'Harry Rilson"
01:40 ou "Annihilation de Jeff Vandermeer",
01:42 tout doit adapter en film, de fiction climatique ou cli-fi.
01:45 N'oubliez pas que c'est mardi le jour de soleil vert.
01:48 Cette expression a été choisie par Dan Bloom,
01:51 qui est un journaliste et essayiste en 2007 à Taïwan.
01:54 Et il l'utilise pour qualifier le plus souvent des fictions
01:57 qui touchent à la thématique du changement climatique,
02:00 mais qui a une origine humaine.
02:02 Et c'est pour cela qu'un autre synonyme de la cli-fi,
02:04 ça peut être les fictions anthropocènes.
02:06 Le roman n'est pas pour autant une fiction d'anticipation,
02:09 car il ne propose que peu d'éléments plausibles scientifiquement.
02:11 Ballard a écrit dans un contexte différent du nôtre,
02:13 mais le roman résonne avec l'actualité.
02:15 Les fleuves qui s'assèchent,
02:17 des populations qui migrent,
02:18 des paysages sans verdure,
02:19 ou des conflits pour s'accaparer à une ressource qui se raréfie.
02:22 Pour autant, à aucun moment véritablement,
02:24 Ballard n'est engagé sur cette question.
02:27 Il ne nous donne pas le sentiment de nous culpabiliser,
02:30 il ne nous donne pas le sentiment de tirer une sonnette d'alarme
02:32 en nous disant "Attention, nous sommes dans les années 60,
02:34 si vous continuez sur cette route inquiétante,
02:36 à polluer les mers, à considérer que l'eau est éternelle,
02:39 eh bien vous allez finir dans une situation de pénurie."
02:42 Et pour cause, les personnages ne semblent pas tirer des leçons de leurs conditions.
02:45 À aucun moment on ne voit vraiment des conversations entre les personnages
02:48 qui diraient "On aurait pas dû polluer les eaux, on a mal fait,
02:51 on aurait dû peut-être aussi faire preuve de plus de solidarité entre nous"
02:54 parce que régulièrement on les voit en train de se battre pour l'eau,
02:56 il n'y a pas du tout de partage raisonné de l'eau.
02:58 On a des personnages qui sont indolents, nonchalants
03:01 face à l'événement qu'ils traversent,
03:02 comme s'ils se disaient "Quoi qu'il arrive, on va s'en sortir."
03:05 Et c'est là où ce roman a une troublante actualité,
03:08 je pense, avec aujourd'hui.
03:10 [Musique]

Recommandée