Quel impact la photo judiciaire de Donald Trump aura-t-elle sur la campagne présidentielle ?
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Transcript
00:00 On va en parler tout de suite avec notre invité.
00:02 Bonjour Frédéric Davis.
00:04 Oui bonjour.
00:05 Vous êtes professeur de droit à l'Université de Columbia,
00:08 pardonnez-moi, ancien procureur fédéral.
00:10 Merci à vous d'être avec nous.
00:11 Première question avec vous,
00:12 quel impact cette image du fameux "muck shot" de Donald Trump
00:16 peut avoir sur la campagne présidentielle selon vous ?
00:19 Personne ne sait dans le sens que c'est absolument dingue.
00:23 Ce qu'on voit, c'est que chaque fois qu'il est inculpé
00:26 ou qu'il y a de mauvaises nouvelles sur ses affaires,
00:32 il rebond dans les sondages.
00:34 Donc on ne sait pas.
00:35 Vraiment c'est sans précédent la situation légale et politique.
00:39 Mais cette photo est absolument remarquable.
00:41 Je n'ai jamais vu un truc comme ça.
00:43 Mais l'effet sur la campagne électorale, on ne sait pas encore.
00:47 Oui parce que paradoxalement, on a l'impression
00:49 que plus Donald Trump d'une certaine manière est mis en cause
00:52 dans des affaires différentes,
00:53 quatre on le rappelle, plus ses soutiens le soutiennent,
00:56 on peut le dire, de plus en plus.
00:58 Oui de sa base politique, dans le sens qu'il paraît
01:01 qu'il y a 35, 37, 38% de la population
01:04 qui sont pour lui n'importe quoi.
01:07 La grande question c'est qu'on ne gagne pas une élection avec 38%.
01:13 Donc est-ce que ça aura un effet sur le reste des voteurs ?
01:18 Et ça, il y a des sondages qui sont différents, très nuancés,
01:22 on ne sait pas, on ne sait pas.
01:24 Et c'est le début dans le sens que, comme vous venez de le dire,
01:27 il y a quatre accusations dans quatre endroits différents
01:32 et trois régimes légaux différents.
01:34 Et bon, les mois qui viennent seront absolument complexes.
01:38 Oui, on sait que ce sont les électeurs indépendants,
01:41 comme on les qualifie, qui font l'élection,
01:43 souvent aux États-Unis.
01:44 Est-ce que justement ces ennuis judiciaires de Donald Trump
01:48 peuvent les convaincre de ne pas voter pour lui cette fois-ci ?
01:52 C'est possible, mais très franchement, on ne sait pas encore,
01:55 dans le sens que ça commence.
01:57 Les sondages sont assez stables avec sa base électorale.
02:02 Est-ce que ça change avec le reste ?
02:04 On ne sait pas encore à mon avis.
02:06 Ça va changer peut-être rapidement, peut-être lentement,
02:10 on ne sait pas encore.
02:12 C'est le début, on a encore beaucoup de temps.
02:15 Et il y a beaucoup d'événements qui vont dérouler devant les procès,
02:19 devant les jurés, devant les juges.
02:21 Et ça peut changer.
02:23 Au sein du Parti républicain, cette fois,
02:25 ces affaires de Donald Trump semblent diviser profondément.
02:28 On a notamment vu lors d'un débat Chris Christie se faire huer
02:32 lorsqu'il évoquait justement les ennuis judiciaires de Donald Trump.
02:35 Est-ce que ça peut provoquer une division en profondeur
02:38 du Parti républicain, selon vous ?
02:41 Oui, certainement.
02:43 Chris Christie, c'est un ancien procureur fédéral comme moi.
02:46 Il est bien quand il fait l'attaque, mais il est presque le seul.
02:51 Les autres disent "oh oui, je ne suis pas d'accord avec tout ce qu'il a fait",
02:55 mais c'est les démocrates qui sont vraiment les méchants
02:59 parce qu'ils ont politisé la procédure pénale.
03:04 Et ça, c'est en général la situation avec le Parti républicain.
03:08 Ils ne sont jamais contre Trump.
03:11 Ils vont dire "oui, mais".
03:13 Ça prouve que finalement, malgré son passage à la Maison-Blanche,
03:17 la page du trumpisme, comme on pourrait le dire,
03:19 n'est pas tournée aux États-Unis et loin de là.
03:22 Du tout, du tout.
03:25 Moi, je suis partisan, je ne suis pas en faveur de Trump, c'est évident.
03:30 Mais à mon avis, c'est remarquable
03:34 comment ça continue à exister dans la vie politique américaine.
03:41 Moi, je suis avocat, ancien procureur, j'enseigne le droit.
03:44 Pour moi, ce qui compte maintenant, ce sont les juges et les tribunaux,
03:49 dans le sens que les accusations contre Trump sont sérieuses,
03:54 sont graves, importantes.
03:57 Il faut que ça soit résolu devant les procédures transparentes et neutres.
04:04 Et moi, j'ai confiance dans les juges.
04:07 J'espère que ça va se dérouler devant la justice américaine.
04:12 À moi également avec vous du camp démocrate.
04:15 On le sait, le président Biden, lui, s'est bien gardé
04:18 de faire le moindre commentaire sur les différentes mises en cause de Donald Trump.
04:22 C'est un peu une épine dans le pied pour le camp démocrate, ces affaires de Donald Trump.
04:26 On a l'impression qu'ils ne savent pas trop comment se positionner vis-à-vis de ça.
04:30 Oui, pour l'instant, à mon avis, c'est très sage pour deux raisons.
04:35 Une, c'est que le président dirige le gouvernement, y compris le département de justice.
04:41 Et lui, il veut dire qu'ils sont indépendants,
04:43 ils n'ont rien à faire avec la poursuite de Trump.
04:46 Parce qu'au point de vue déontologique, c'est important.
04:50 Mais aussi du point de vue politique, tout ce qu'il parle de Trump en tant que problème légaux,
04:56 il va énerver un certain nombre de la population.
05:02 Donc à mon avis, il est très sage de ne rien dire du tout.
05:06 Merci beaucoup, Frédéric Davis, d'avoir répondu à nos questions aujourd'hui sur France 24.
05:10 Je rappelle que vous êtes professeur de droit à l'Université de Colombiens
05:13 et aussi ancien procureur fédéral. Encore merci à vous.