Jean Messiha : «Il faut armer la police au sens strict, mais aussi moralement»

Le politologue, Jean Messiha, réagit sur la situation à Nîmes : «Il faut armer la police au sens strict, mais aussi moralement».

Transcript

00:00 Qui pouvait penser que la simple intervention de la CRS 8 pendant quelques jours

00:06 apporterait une solution générale sur le territoire de Nîmes et durable ?

00:11 C'est d'ailleurs en contradiction avec la mission de la CRS 8 dont le rôle est temporaire.

00:16 Bon, ça c'est la première chose.

00:18 La deuxième chose c'est que qu'est-ce que cela montre au fond ?

00:21 Que même le déploiement de la CRS 8 au sein d'une zone

00:25 n'empêche pas finalement le business as usual.

00:29 Par ailleurs, dans d'autres quartiers de la ville,

00:32 cela me fait dire que les effectifs, c'est-à-dire le volet quantitatif

00:37 de la politique sécuritaire, bien que nécessaire, n'est pas insuffisant.

00:43 Parce que, évidemment, derrière vous avez aussi la lutte contre le trafic à la racine.

00:48 On en a parlé déjà plusieurs fois.

00:50 Donc toute la politique, non seulement sécuritaire, mais pour le coup la justice qui doit suivre,

00:55 la politique carcérale derrière, tout ça n'est évidemment pas fait,

00:59 ou en tout cas mal fait.

01:00 Et il y a eu aussi une cause philosophique,

01:04 c'est-à-dire que ce n'est pas parce que vous mettrez 25 policiers,

01:08 si la notion d'autorité n'est pas là,

01:10 la police, même si elle est en présence en très grand nombre,

01:14 elle ne sera pas plus respectée.

01:15 D'ailleurs, on a tous en image ces scènes de policiers qui arrivent en masse dans des quartiers

01:19 et qui sont accueillis à coups de tir de mortier et de pavé, etc.

01:24 Donc je pense qu'il faut armer la police au sens strict,

01:28 mais il faut aussi l'armer moralement,

01:30 c'est-à-dire avoir un système idéologique qui ne mette pas les policiers au pied du mur,

01:35 qui ne les inhibe pas pour faire leur mission.

01:38 Il faut dire à la police qu'on sera là derrière elle, derrière les policiers qui font leur travail.

01:45 Et si, ma foi, en faisant son travail,

01:48 vous avez des gens qui refusent d'obéir, d'obtempérer à la police,

01:52 il y a des drames, il faut qu'il y ait une présomption d'innocence sur les policiers,

01:57 et non pas une présomption de culpabilité, comme c'est le cas aujourd'hui.

02:00 Donc vous voyez, ce n'est pas en mettant une aspirine sur un cancer qui gangrène un territoire.

02:05 L'aspirine permet sans doute de soulager la douleur,

02:07 mais en tout cas, elle ne permet pas de régler le mal.

02:10 [Musique]

02:13 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]