Revalorisations salariales pour les soignants : "Ça répond à une partie de l'urgence mais ça n'est pas encore suffisant", selon Xavier Bertrand

  • l’année dernière
Xavier Bertrand, président LR de la région Hauts-de-France, était vendredi 1er septembre l’invité du 8h30 franceinfo.
Transcript
00:00 Il y a eu des annonces pour la santé hier soir avec une enveloppe de plus d'un milliard d'euros parmi ces annonces,
00:04 des hausses de 25% pour le travail de nuit notamment. Est-ce que selon vous ça, ça répond à l'urgence de notre système de santé ?
00:11 Ça répond à une partie de l'urgence pour l'hôpital, pour les personnels, mais ça risque de freiner l'hémorragie des départs
00:19 parce qu'aujourd'hui il y a beaucoup de professionnels qui quittent l'hôpital.
00:22 Ça n'est pas encore suffisant, il faudra un plan d'ensemble majeur, pas seulement pour l'hôpital,
00:27 mais aussi pour l'ensemble du système libéral, pour notre système de santé, si on veut que notre système de santé soit vraiment attractif.
00:33 C'est un patch en fait, c'est un patch sur un système qui est en souffrance, on n'est pas en train de revoir le système, c'est ce que j'ai voulu dire.
00:39 Et je pense que c'est de ça vraiment dont on a besoin. Alors vous savez que c'est un sujet qui me tient à cœur,
00:44 pas seulement dans mes fonctions de président de région, mais aussi en tant qu'ancien ministre de la Santé.
00:48 Vous l'avez dit à deux reprises exactement. Mais quelles mesures d'urgence vous prendriez alors aujourd'hui ?
00:52 Ce n'est plus des mesures d'urgence qu'il faut. Aujourd'hui, ce qu'il faut voir, c'est qu'on fait tout cela et c'est normal de mieux rémunérer le travail de nuit.
00:59 C'est aussi normal également sur les dimanches. Mais les gens nous disent aussi les conditions de travail.
01:05 Sur les conditions de travail, le vrai sujet, les conditions de travail, ça ne s'arrange pas parce qu'aujourd'hui,
01:10 il y a beaucoup de gens qui vont à l'hôpital, qui sont à l'hôpital. Il n'y a aussi pas assez de personnel.
01:16 Et aussi, ils passent une bonne partie de leur temps à se consacrer à des tâches autres que médicales.
01:21 C'est cet ensemble-là qu'il faut reprendre. Et on ne peut pas soigner l'hôpital sans avoir aussi une réponse pour ce qui se passe avant l'hôpital et après l'hôpital.
01:29 Avec Nous France, qui est mon mouvement, a beaucoup travaillé sur ces questions pendant l'été.
01:33 Et quand j'interrogeais les gens dans des réunions que je faisais, la santé revient comme le premier sujet, avec le pouvoir d'achat, avec la sécurité.
01:40 Mais ce n'est pas un sujet qui arrive loin dans les préoccupations. C'est tout de suite dans les préoccupations.
01:45 Donc ces mesures-là, 1,1 milliard, c'est nécessaire. Mais aujourd'hui, ça ne sera pas suffisant pour qu'on redonne confiance et qu'on donne envie de rester à l'hôpital ou de venir travailler à l'hôpital.
01:56 Vous parliez du partage des tâches. Justement, c'est l'un des objectifs du président, partager notamment certaines tâches avec les pharmaciens, par exemple.
02:02 Il a aussi mis fin au numerus clausus. Est-ce que tout ça, ça va dans le bon sens ?
02:06 Pardon, Agathe Lambret. Ils n'ont pas mis fin au numerus clausus. Il y a une escroquerie intellectuelle là-dedans.
02:12 C'est passé dans la limite des capacités de formation des universités.
02:18 Voilà. Donc au final, ça a été un peu remonté encore. Je peux d'autant plus le dire que quand j'étais ministre de la Santé, j'ai dû augmenter sur toutes les années le numerus clausus, à l'époque, de 25 à 30 % le nombre d'étudiants formés.
02:29 Mais aujourd'hui, il y a encore des jeunes qui sont sortis du système des études de médecine, font leurs études en Roumanie.
02:37 Il y a toujours une fac de médecine en Roumanie qui forme énormément de jeunes Français. C'est Barcelone, c'est le Portugal.
02:44 C'est pas seulement pour la médecine, c'est aussi pour le dentaire. Des familles qui se saignent pour payer des études.
02:49 Et ces jeunes envisagent de revenir ensuite en France, mais en attendant tous leurs stages pendant leur scolarité, ils les font à l'étranger, pas en France.
02:55 Donc il faut pas dire qu'on a supprimé le numerus clausus. Il faut vraiment, si on le dit, il faut le faire.
03:00 Par contre, ce que vous avez supprimé à l'époque où vous étiez ministre de la Santé, c'est des postes. Il y a eu des lits d'hôpital supprimés.
03:05 Est-ce que ça, c'est pas un peu le péché originel qu'on est en train de payer aujourd'hui ?
03:08 Écoutez, déjà à l'époque, régulièrement, on me pose la question aussi sur ce plateau, si vraiment il y avait eu toutes ces difficultés à l'époque,
03:14 il fallait pas se gêner depuis 11 ans pour revenir sur les mesures. 11 ans que j'ai quitté. 11 ans. Donc il fallait pas hésiter à le faire.
03:21 Non, mais la crise de l'hôpital, elle date pas d'il y a 6 mois.
03:23 Non, mais d'accord. Mais enfin, c'était voilà 11 ans et on n'a jamais connu les difficultés que l'on connaît aujourd'hui.
03:28 Parce qu'on a mis dans ces conditions-là, il faut le dire, aussi un plan urgence. Et les lits qui ont été supprimés, comme vous dites,
03:33 vous ne dites pas qu'ils ont été remplacés parce qu'à l'époque, on était au début de l'hospitalisation à domicile.
03:38 Le fait que vous rentrez le matin et que vous pouvez sortir le soir. C'est l'ambulatoire.
03:42 Donc tout ça, c'était ce qui correspondait à ce système de santé à l'époque.
03:46 Mais aujourd'hui, je le dis, sur ces questions de santé, on a besoin vraiment d'un nouveau projet d'ensemble.
03:53 Et vous ne réussirez pas si vous n'avez pas la confiance des patients, mais surtout la confiance des professionnels de santé.
03:58 Et là, on en est très loin.

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