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Le gouvernement "ne laissera rien passer" sur l'abaya et le qamis, désormais interdits dans les établissements scolaires au nom de la laïcité, a affirmé vendredi Emmanuel Macron.

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Transcription
00:00 les abayas seront donc interdites au lycée, au collège,
00:03 après les annonces de Gabriel Attal.
00:04 Vous avez entendu encore il y a quelques instants
00:06 la fermeté du ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire.
00:08 Est-ce qu'au fond, il n'y a pas une logique ?
00:10 Il y a, c'est ce que certains considèrent comme étant des attaques
00:13 contre la loi de 2004.
00:14 Il faut répondre et donc on interdit les abayas.
00:17 Est-ce que ce n'est pas logique ?
00:18 Ça ne me semble absolument pas logique
00:20 de finalement, dans une période où l'école fait face à un certain nombre de défis,
00:25 de défis sociaux, de défis en termes de ressources,
00:28 de ressources humaines, de s'en prendre à un vêtement
00:31 dont l'existence n'est pas clairement définie.
00:34 Je suis très étonnée de voir qu'une disposition,
00:36 cette note de service, énonce deux types de vêtements
00:39 que sont les abayas et les camis, sans véritablement les définir.
00:42 Ces vêtements, ce sont des mots qui ne sont pas des mots en français,
00:46 ce sont des mots qui sont en arabe.
00:47 Je pense que la plupart des gens n'ont jamais entendu parler
00:49 de ce mot abaya avant qu'il ne surgisse dans le débat
00:52 de manière très très récente.
00:53 Les gens le voient bien.
00:55 Il y a quand même 150 établissements qui sont dévisés.
00:58 C'est un pourcentage extrêmement infime
01:00 par rapport au nombre d'établissements qui existent.
01:03 En ce sens, c'est des choses qui sont signalées.
01:05 Mais en fait, moi, ce qui me frappe, dans ce que vous dites
01:06 et dans ce que j'entends, c'est qu'on fait un lien
01:08 entre des comportements vestimentaires d'adolescentes
01:10 et une attitude qui serait l'attitude extrémiste.
01:12 S'il y a un problème d'extrémisme, je ne pense pas que la solution
01:14 soit de poursuivre des vêtements.
01:16 Je rappelle quand même le contexte de la loi de 2004
01:19 sur le principe de laïcité.
01:20 La loi énonçait un certain nombre de vêtements
01:23 qui étaient précisés dans la loi
01:24 et depuis 2004, on ne cesse d'étendre le domaine de ce vêtement.
01:28 Et finalement, ce dont on se rend compte,
01:30 c'est que les adolescents, les adolescentes qui souhaitent
01:32 se couvrir le corps pour des raisons religieuses,
01:34 trouveront toujours des solutions de le faire avec divers vêtements.
01:36 - Mais donc c'est bien pour vous, l'abaya, c'est bien...
01:38 Et après, je vais donner la parole à la directrice.
01:39 - En fait, je ne porte pas de jugement.
01:40 - C'est bien un vêtement religieux ou vous dites,
01:41 au fond, ça n'a rien à voir avec la religion,
01:43 c'est seulement un vêtement culturel, c'est ce qu'on entend
01:46 parmi les arguments de ceux qui considèrent
01:47 qu'il ne faudrait pas interdire les abayas ?
01:49 - En fait, moi, ce que je trouve étonnant,
01:50 c'est que dans un pays laïc, on se trouve dans une situation
01:55 où l'État définit ce qui est religieux, ce qui ne l'est pas.
01:58 Je rappelle quand même, dans la genèse de la loi sur la laïcité,
02:01 qu'Aristide Briand, qui est le fondateur vraiment de la laïcité,
02:04 rappelait combien il serait ridicule d'interdire la soutane,
02:07 puisque c'était le débat à l'époque, et de voir l'État...
02:10 - C'est la soutane dans l'espace public,
02:11 alors que là, on parle bien de l'école.
02:12 Personne ne parle d'interdire l'abaya dans l'espace public.
02:14 Ce sujet, c'est l'école, sans que...
02:16 - Alors, si on revient à la question de la loi,
02:18 vous voyez bien que la loi de 1905
02:20 ne pouvait pas permettre l'interdiction des signes religieux.
02:22 Il a failli en voter une en 2005, qui a étendu,
02:25 et qui même, je dirais même plus,
02:27 c'est une exception au principe de la laïcité,
02:29 puisque l'école est le seul service public
02:32 qui demande à ses usagers de faire preuve,
02:34 non pas de neutralité, mais de discrétion.
02:35 Donc, pour moi, on est dans une configuration
02:37 qui est complètement différente de celle de 1905.
02:39 Et je rappelle qu'Aristide Briand parlait de ridicule
02:42 dans l'idée que l'État puisse s'insinuer
02:44 dans la détermination de ce qui est religieux ou non.
02:46 Et je pense qu'on n'est pas dans la laïcité
02:48 si aujourd'hui, on commence à déterminer,
02:50 finalement, quelque chose qui relève des critères religieux.
02:53 Je pense que le Coran, en France,
02:55 à ce jour, n'a pas de valeur juridique.
02:57 Donc, pourquoi finalement, ce sont des critères religieux
02:58 qui vont déterminer la position de l'État,
03:01 d'un État qui doit être séparé de religion ?

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