Près de huit Français sur dix déclarent devoir “se serrer la ceinture” en ce moment, dont 29% beaucoup, selon un sondage Elabe pour BFMTV. 84% des Français disent avoir changé leur comportement alimentaire ces derniers mois. La viande (45%) et le poisson (33%) sont les produits auxquels les sondés ont le plus renoncé en raison de l’inflation.
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00:00 La situation dans laquelle on est aujourd'hui, ce qu'on voit, c'est que les Français ont continué d'activer
00:05 la variable d'ajustement du budget consacré à l'alimentation comme réponse à l'inflation,
00:09 pas seulement à l'inflation alimentaire, mais à l'inflation en général.
00:12 En fait, ce qu'on voit, nous, il y a deux conséquences.
00:15 Sur vos produits, décrivez-nous parce que c'est très concret.
00:16 La première, c'est effectivement d'abord une baisse des volumes et ensuite une descente en gamme.
00:22 Et ça, ça nous inquiète beaucoup. Pourquoi ça nous inquiète ?
00:25 Parce que nous avions pris avec la société l'engagement de travailler sur une amélioration,
00:31 sur une montée en gamme, sur la mise en œuvre de transition agroécologique, de décarbonation de filière,
00:38 et évidemment, en même temps, d'aller vers le pivot, en partie, de souveraineté alimentaire.
00:42 En fait, ce qu'on voit aujourd'hui, c'est que cette tendance sur laquelle nous nous sommes inscrits,
00:47 plébiscité par la société, par le leader, j'allais dire, d'opinion, elle est complètement déconsommée,
00:52 elle est complètement éliminée de l'acte d'achat des consommateurs.
00:57 - Complètement éliminée de l'achat des consommateurs ?
01:00 - En grande partie. 70% des consommateurs nous disent aujourd'hui
01:04 rechercher des produits d'entrée de gamme ou des bonnes affaires, c'est-à-dire des promos.
01:09 70% s'arbitrent de cette façon-là.
01:12 Ça veut dire pour nous, très concrètement, moi je suis agriculteur,
01:15 nos poulaillers bio, nos poulaillers Label sont vides
01:19 et on importe des poulets d'Ukraine parce que les produits sur lesquels les Français se reportent
01:25 sont des produits que nous ne pouvons plus produire en France
01:27 parce que nos contraintes, nos interdictions, nos restrictions ne nous permettent plus de les produire.
01:31 - On s'arrête un instant. Vous nous dites que vous ne pouvez plus produire en bio.
01:35 - Non, oui, absolument.
01:36 - Parce que ça n'a plus de sens, en fait, et que vous n'avez pas la clientèle pour acheter cela
01:41 et que par ailleurs, au même moment, l'Ukraine nous envoie ses poulets.
01:44 - C'est exactement ça. J'ai fait des assemblées de sections au printemps dernier
01:48 dans la coopérative Terena avec des éleveurs comme moi
01:51 qui étaient évidemment complètement frustrés avec des investissements qui avaient parfois moins de 5 ans
01:55 et dont les poulaillers étaient vides, dont les moyens de production étaient vides
01:57 parce qu'il n'y avait plus de commerce.
01:59 - Ça veut dire que vous n'avez plus de marge pour vous adapter.
02:02 - On n'a plus de marge pour nous adapter si ce n'est produire malgré tout des poulets
02:06 mais des poulets qui seront vendus déclassés, c'est-à-dire plus en bio ou plus en Label
02:09 parce qu'il n'y a plus de marché ou beaucoup moins de marché.
02:11 - Même le Label rouge. - Même le Label rouge, absolument.
02:14 On est aussi en baisse de volume sur le Label rouge.
02:16 C'est la déconsommation, c'est la baisse en volume et la descente en gamme.
02:19 Ça, c'est quelque chose qui effectivement nous inquiète beaucoup.
02:21 Et donc moi, dans les solutions évidemment que j'ai réclamées
02:26 dans les différents rendez-vous ministériels auxquels j'ai pu participer,
02:28 j'ai dit à Bruno Le Maire la semaine dernière lorsqu'il nous a réunis
02:31 que je craignais et j'alertais sur le fait que la situation allait se retourner
02:34 contre les agriculteurs et l'agriculture et les filières alimentaires françaises.
02:38 Et donc j'appelais et j'appelle à un choc de compétitivité et un choc de simplification
02:43 pour que nous puissions retrouver des marges de manœuvre et pouvoir produire
02:46 l'alimentation sur lesquelles les Français sont en train de reporter leur consommation aujourd'hui.