Le Secours populaire aide 21 000 personnes en Seine-Maritime, un chiffre qui a augmenté de 15% l'année dernière.
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00:00 9. France Bleu Normandie
00:03 8h16, l'invité de France Bleu Normandie, une pauvreté, une précarité qui s'accroissent.
00:09 Un français sur cinq qui vit à découvert, résultat du baromètre de la pauvreté établi par le Secours Populaire, publié hier.
00:16 On en parle avec la directrice du Secours Populaire en Seine-Maritime et avec vous Marianne Nacké.
00:21 Bonjour Emilie Le Bigre.
00:22 Bonjour.
00:23 Est-ce que le Secours Populaire est comme les Restos du Coeur ou la Croix-Rouge sous tension en ce moment ?
00:28 Le Secours Populaire est comme toutes les associations d'aide alimentaire depuis des années et sous tension,
00:34 notamment suite à la baisse des dons de l'Europe, du soutien européen à l'aide aux plus démunis entre autres.
00:41 Et est-ce que ça s'explique aussi cette tension par la hausse du nombre de bénéficiaires ? C'est l'argument notamment des Restos du Coeur.
00:48 Bien sûr. Nous on constate que depuis dix ans, nous avons augmenté, on a presque triplé le nombre de personnes aidées qu'on accompagne.
00:57 Alors les causes sont très nombreuses, on les connaît tous.
01:01 Le Covid, la crise énergétique, l'inflation et aujourd'hui de nombreuses familles, le Secours Populaire soutient 4 millions de personnes chaque année.
01:12 L'État a débloqué des fonds pour les Restos du Coeur, on en a parlé en début de semaine.
01:17 On a aussi des grands groupes privés comme LVMH, la famille Bernard Ranneau ou Total Énergie qui ont annoncé des dons.
01:24 Qu'en pensez-vous ? C'est un peu tard ?
01:26 C'est un effet de com ?
01:28 C'est un effet d'annonce. C'est vrai que nous on aurait préféré avoir des mesures structurelles pour combattre la profondé à la racine.
01:36 Et nous, et non à coup de... voilà...
01:38 Deux millions ?
01:40 Deux millions, c'est bien hein !
01:42 Défiscalisé, ça a été pris pour vrai.
01:44 Défiscalisé, voilà. Ça fait des mois qu'on alerte les pouvoirs publics pour les rencontrer.
01:50 Voilà, là il y a eu un coup de com et tant mieux puisque j'espère que ça va servir à l'ensemble des quatre associations d'aide alimentaire en France.
01:58 France Bleu Normandie, il est 8h18, nous sommes avec Émilie Le Bigre, directrice du Secours Populaire en Seine-Maritime.
02:05 On a commencé à l'évoquer, ce baromètre de la pauvreté, un Français sur cinq qui vient à découvert.
02:11 Des Français qui se privent de viande, de fruits et légumes frais, vous le constatez, vous sur le terrain en Seine-Maritime ?
02:16 On le constate tous les jours sur le terrain, puisqu'on a de plus en plus de travailleurs, des personnes qui sont en activité,
02:23 qui se présentent à la porte de nos permanences d'accueil.
02:26 Et ça c'est révélateur de cette inflation, de cette crise énergétique, vous diriez ?
02:30 Évidemment, comme vous et moi, on va... là on a écouté tout à l'heure une cliente dans un supermarché qui payait 6 euros sa motte de beurre.
02:38 C'est pas possible, avec une augmentation de 20% du panier alimentaire, de 15% des factures d'électricité, les Français ne peuvent plus survivre.
02:48 Quel est le profil alors de ces bénéficiaires ? Parce qu'on a évoqué les jeunes il y a quelques années, et c'est toujours le cas.
02:56 Maintenant on a l'impression que finalement, c'est ce que vous nous dites ce matin, ça touche tout le monde, même des gens qui ont un revenu plus ou moins élevé ?
03:03 Exactement, en fait on a des personnes actives qui ont des revenus de 1400, 1500 euros par mois,
03:11 qui ont une famille avec deux enfants et qui se trouvent en grave difficulté.
03:15 Nous on le constate aussi notamment par l'augmentation flagrante des aides financières que l'on reçoit des travailleurs sociaux du département.
03:24 C'est-à-dire ?
03:25 Les travailleurs sociaux des CMS et des CCAS de Seine-Maritime nous envoient des demandes d'aide financière pour des familles qui n'arrivent plus à honorer leurs factures d'électricité,
03:36 à payer leurs factures chez le garagiste pour pouvoir réparer leur voiture et leur permettre d'aller travailler.
03:41 Il y a une multiplication des demandes d'aide financière qu'on n'avait pas auparavant.
03:46 Comment vous faites-vous pour faire face à ça ? Parce qu'au-dessus des demandes, j'imagine que vous avez les mêmes rentrées ou même moins ?
03:54 On a un peu moins de rentrées parce que les donateurs subissent également cette inflation.
03:59 Après, la force du Secours Populaire c'est que chaque bénévole est collecteur.
04:03 Chaque donateur peut être collecteur.
04:05 Donc vos auditeurs à l'écoute aujourd'hui peuvent évidemment nous faire un don financier,
04:10 mais un don en nature, un peu comme à la période du Covid où j'invitais les personnes à aller organiser une collecte au sein de leur entreprise,
04:18 au sein de leur cage d'escalier, au sein de leur école.
04:21 Un minotier peut nous donner de la farine, un agriculteur peut nous donner des œufs.
04:25 C'est aussi simple que ça et ça peut vraiment vous aider à essayer d'enrayer cette précarisation ?
04:31 Exactement, parce que nous on ne refuse personne.
04:33 On a un accueil inconditionnel, on va peut-être diluer un petit peu les denrées qu'on propose,
04:40 mais on va continuer à partager tous ensemble.
04:42 Est-ce qu'il faut aussi, vous l'évoquiez en début d'interview, des mesures structurelles de la part du gouvernement ?
04:47 Prend en compte cette précarisation accrue ?
04:51 Pas assez. Il l'a fait pendant le Covid, parce qu'on n'a jamais eu autant de dons financiers ni de dons en nature de la part de l'État pendant le Covid,
05:00 donc il a la capacité de le faire.
05:02 Mais après c'est une réflexion à long terme, c'est pas un coup de com' là en une semaine qu'on va régler le problème.
05:08 Merci beaucoup Émilie Le Bigre d'avoir été avec nous.
05:11 On continue cette discussion tout à l'heure à 9h avec Annie Le Fleauteur.
05:15 Elle reçoit René Riquet des Restos du Coeur dans son émission "A votre service".
05:19 8h22 sur France Bleu Normandie, des invités à retrouver bien évidemment en replay sur francebleu.fr.
05:25 8h22 on fait la route ensemble.