LE MATCH DU SOIR - Collision à Élancourt et hausse des prix du carburant

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Du mardi au jeudi, retrouvez le match du soir entre Pablo Pillaud-Vivien et Charles Consigny dans l'émission 90 minutes de Julie Hammett. Au programme ce jeudi, la mort d'un adolescent de 16 ans lors d'une collision avec une voiture de police à Élancourt (Yvelines) et la hausse du prix du carburant.
Transcript
00:00 Bonsoir à tous les deux, prenez place.
00:03 Bonsoir Charles, bonsoir Pablo.
00:06 Je voulais vous entendre là-dessus, sur ce qui s'est passé justement à Elancourt.
00:10 Je rappelle les faits pour ceux qui n'auraient pas regardé le début de l'émission.
00:14 Un adolescent de 16 ans en état de mort cérébrale dans les Yvines,
00:17 après avoir percuté un véhicule de police.
00:19 Il est accusé d'un refus d'optempérer.
00:23 Il y a deux enquêtes qui sont en cours.
00:26 La question que je vous pose c'est, on a l'impression évidemment,
00:30 ça rappelle ce qui s'est passé avec le jeune Naël au début de l'été.
00:34 Est-ce qu'il y a un problème dans cette gestion du refus d'optempérer ?
00:39 Je commence par vous Charles.
00:40 Alors d'abord sur cette affaire, on ne connaît pas du tout les tenants et les aboutissants pour l'instant.
00:48 On a la version qui est donnée je crois par la police.
00:52 Mais il y a des enquêtes qui sont ouvertes.
00:56 Donc il faut qu'on ait un peu plus d'informations pour se prononcer de manière trop déterminée.
01:01 Moi je ne peux pas aborder ce sujet-là sans avoir d'abord un mot de soutien et de compassion
01:10 pour la famille de ce jeune homme qui ce soir vit un drame absolument abominable.
01:18 Et donc c'est évidemment vers cette famille qu'on se tourne en tout premier lieu.
01:24 Ensuite il y a peut-être une autre...
01:27 Mais est-ce qu'il y a une manière, oui voilà, sur la façon dont la police réagit dans certains cas ?
01:32 Alors en France...
01:33 On a l'impression quand même qu'il y a une espèce de succession de situations dramatiques en tout cas.
01:37 Je crains que ces événements dramatiques soient en nombre très réduit
01:45 par rapport à ce qu'elles traitent, à savoir les refus d'obtempérer, les rodéos urbains.
01:52 Ce jeune homme était sans casque à faire des roues arrière sur une motocrosse.
01:57 C'est malheureusement quelque chose qui se passe et qui se produit très souvent dans beaucoup de quartiers.
02:04 Moi quand j'ai été...
02:07 J'ai eu l'occasion d'avoir le témoignage d'habitants d'une petite ville des Yvelines qui s'appelle Houille
02:12 où les habitants en avaient absolument ras-le-bol des rodéos urbains qui étaient permanents
02:18 et contre lesquels la police ne faisait rien.
02:19 En principe en France la police ne percute pas et ne met pas en danger la vie des jeunes qui pratiquent ces rodéos urbains.
02:29 Normalement la doctrine vise précisément à ne pas aller au contact.
02:35 Mais est-ce qu'il n'y a pas justement des dérapages ?
02:37 Alors vous dites évidemment que ce n'est pas ça, ce n'est pas si évident puisque par exemple en Angleterre
02:40 et je crois qu'Éric Zemmour réclamait qu'on applique la même pratique qu'en Angleterre,
02:46 c'est précisément d'aller au contact.
02:48 Donc moi je ne crois pas que ces dérapages soient la généralité
02:51 et je pense franchement qu'il faut aborder ces sujets-là sans posture.
02:56 Et autant je suis en compassion totale avec la famille de ce jeune homme évidemment,
03:03 mais je pense qu'il faut aussi avoir le courage de voir qu'il y a une situation de chaos dans certains quartiers,
03:11 dans certaines villes en France et que ça n'est pas en demandant à la police de ne pas intervenir
03:18 qu'on mettra fin à cette situation.
03:20 Il faut quand même traiter le problème à la racine.
03:23 À la racine, est-ce que la racine ce n'est pas aussi le lien Pablo entre la population et les policiers ?
03:30 Certains témoignages disaient "oui mais s'il a refusé de tempérer,
03:35 c'est parce que finalement les relations sont mauvaises avec la police et qu'ils prennent peur".
03:39 Mais effectivement les relations sont épouvantables entre la police et les jeunes,
03:46 notamment dans les quartiers populaires et notamment les jeunes racisés.
03:49 Ça a été rappelé par le député William Martinet juste avant.
03:53 La façon en fait particulière dont la police stigmatise certaines populations
03:59 et notamment les jeunes hommes noirs et arabes des quartiers populaires
04:04 fait qu'au bout d'un moment il y a une relation qui se tend et qui explose.
04:10 Donc il y a une peur.
04:11 Ça c'est la première chose.
04:12 La deuxième chose c'est que là on est en train de parler d'un accident.
04:16 L'enfant, parce que c'est un enfant de 16 ans, étant entre la vie et la mort,
04:23 il est en état de mort cérébrale.
04:26 J'ai comme Charles une pensée pour lui, pour sa famille, pour ses amis,
04:30 parce qu'effectivement le moment doit être vraiment très compliqué à passer.
04:35 C'est un mort de trop en fait.
04:37 Et comme vous l'avez rappelé tout à l'heure, il s'inscrit dans une série.
04:40 Et c'est largement documenté par les sociologues, les politologues
04:45 qui travaillent sur la question de la police et des quartiers populaires.
04:51 Alors qu'est-ce qu'il faut faire justement ?
04:52 Déjà, la première chose c'est réussir à poser un constat.
04:59 Or aujourd'hui, on a une difficulté, et d'ailleurs on l'a encore vu sur votre plateau,
05:03 de parler avec le corps policier et tout particulièrement avec leurs représentants
05:10 dans les syndicats de police.
05:12 C'est-à-dire que ce sont des gens qui viennent pour défendre leurs collègues.
05:15 C'est la première chose qu'ils font en arrivant, ils défendent leurs collègues.
05:17 Or ce n'est pas le sujet.
05:19 Aujourd'hui, on devrait tous se dire "merde, comment c'est possible en fait
05:23 que tous les mois, toutes les semaines, il y ait des jeunes dans les quartiers populaires
05:29 qui meurent après un refus d'obtempérer, après une bagarre, etc. sous les coups de la police ?"
05:33 Donc ça devrait être, plutôt que de parler des abayas ou de "je sais quelle connerie",
05:37 on devrait dire "la vie d'un enfant, elle est inestimable".
05:40 Et d'ailleurs, la vie de tout le monde est inestimable,
05:43 mais honnêtement, il y a quelque chose de particulier avec les enfants.
05:45 Donc il faut poser le problème.
05:47 Une fois qu'on aura posé le problème, on peut en tirer, on peut dire
05:50 "bon ben voilà, il faut de la police de proximité,
05:52 il faut des recrutements différents, il faut plus de formations,
05:56 il faut changer la façon dont la police s'adresse aux populations lorsqu'ils les arrêtent".
06:02 Il faut peut-être aussi imaginer un changement de législation,
06:05 parce que moi, il faut imaginer peut-être que les gens, par exemple,
06:10 Charles parlait des rodées urbains, il disait "oui c'est un problème, les gens ça fait du bruit".
06:14 Moi je suis d'accord, peut-être que ça énerve certaines personnes
06:17 que des gens fassent du rodé urbain, je peux tout à fait le comprendre.
06:20 Néanmoins, je ne pense pas que les gens qui sont contre le rodé urbain dans leur propre ville
06:25 pensent qu'il est juste que ça aboutisse sur la mort d'un jeune.
06:29 Il y a un problème entre les causes qui font qu'il y a des policiers qui interviennent
06:34 et derrière les effets que ça peut avoir, en l'occurrence,
06:37 la mort cérébrale d'un jeune homme de 16 ans.
06:39 Mais est-ce qu'il ne faut pas aller plus loin que ça ?
06:41 Est-ce que finalement, quand on regarde ce qui s'est passé après les émeutes liées à la mort de Naël,
06:46 17 ans au début de l'été, les réponses apportées, c'était des réponses plutôt répressives.
06:51 C'était des centaines de comparutions immédiates,
06:54 l'expulsion de logements sociaux dans le Val d'Oise, d'émeutiers par exemple.
06:59 Est-ce que là, par exemple, le gouvernement en fait assez ?
07:01 Est-ce qu'il ne devrait pas y avoir des mesures sociales pour ces quartiers ?
07:04 Prendre la chose vraiment à sa racine.
07:07 Alors, interdire les réunions urbaines, on a l'impression que c'est...
07:11 Mais non, mais écoutez, il ne faut pas tout mélanger.
07:15 Je suis d'accord pour dire qu'il faut s'attaquer aux causes.
07:18 Néanmoins, ce sont des débats que nous avons depuis 30 ans.
07:23 Le livre "Les territoires perdus de la République",
07:26 qui évoquait déjà la question de ces quartiers populaires,
07:30 je crois qu'il date de 2004 et c'est une étude antérieure.
07:34 Donc, ça fait 30 ans qu'on parle de ces sujets-là et que ça n'avance pas.
07:38 Et qu'on a toujours sur les plateaux des représentants associatifs de banlieue
07:43 qui s'écharpent avec des représentants syndicaux ou des élus d'extrême droite
07:48 ou de droite, peu importe.
07:49 Mais c'est toujours un peu la même chose.
07:53 Là où je peux rejoindre Pablo, c'est que je pense qu'on a une difficulté
07:58 sous cette législature particulièrement depuis quelques années,
08:03 avec un défaut d'exigence vis-à-vis de nos forces de l'ordre.
08:07 Alors, je sais que la plupart de nos policiers s'imposent à eux-mêmes
08:11 et leur hiérarchie leur impose l'exigence, évidemment, d'exemplarité,
08:15 de bon comportement avec les personnes qu'elles interpellent, etc.
08:19 Je sais aussi que ce gouvernement s'est systématiquement couché
08:23 devant toutes les revendications syndicales de la police
08:26 et que la hiérarchie a parfois été un peu faible.
08:30 Moi, j'ai trouvé par exemple qu'après ce qui est arrivé à ce jeune homme
08:33 qui s'est fait retirer une partie du crâne quand même
08:36 à la suite d'une intervention policière, j'ai trouvé sa hiérarchie très molle.
08:42 Alors qu'elle aurait dû, à un moment donné, quand on est le supérieur hiérarchique,
08:45 on doit taper du poing sur la table, sanctionner, se montrer ferme.
08:49 - À cause d'un tir de LBD.
08:50 - Donc je trouve qu'il y a une faiblesse hiérarchique.
08:53 Je pense qu'il faut interdire ce LBD.
08:55 Au bout d'un moment, il y a trop de vieux crevés, trop de blessés.
08:58 Pour quels bénéfices je demande à voir ?
09:00 Il y a beaucoup de pays qui fonctionnent sans le LBD 40.
09:03 Donc on peut, à mon avis, parfaitement se passer du LBD 40.
09:06 Moi, je suis pour la généralisation de la GoPro,
09:09 cette fameuse caméra qui est apposée sur l'uniforme.
09:12 Mais c'est fondamental.
09:15 - Mais d'ailleurs, pour les policiers...
09:16 - Mais les caméras, il y en a 50 000 qui ont été distribuées en France.
09:18 - Oui, mais c'est pas assez.
09:19 - C'est pas assez.
09:20 - C'est pas assez.
09:21 - Moi, je pense qu'il faut que tout fonctionnaire de police porte sur son uniforme,
09:25 d'abord son matricule visible.
09:27 Deuxièmement, une GoPro qui enregistre en permanence ce qui se passe, même pour lui.
09:31 Imaginez que vous êtes accusé à tort, quand vous êtes policier,
09:34 de commettre des violences policières.
09:35 Ça a pu arriver.
09:36 Il est arrivé que des vidéosurveillances mettent en défaut des plaintes de violences policières.
09:44 Donc je suis pour la généralisation de cette GoPro.
09:47 Je suis pour la refonte de l'IGPN, qui aujourd'hui est, à mon sens, un organe...
09:51 - La police des polices.
09:52 - La police des polices, qui, à mon sens, est un organe défaillant.
09:54 - Pourquoi c'est un organe défaillant ?
09:56 - Parce que c'est un organe dépendant.
09:57 C'est devenu un objet dépendant.
09:59 - Enfin, en l'occurrence, là, dans ce cas précis, l'IGPN s'est saisi du dossier.
10:02 - J'en ai parlé, si vous voulez, je vais vous dire quelque chose.
10:05 J'en ai parlé avec M. Darmanin, le ministre de l'Intérieur lui-même,
10:08 sur un autre plateau, qui me disait "Vous devriez vous féliciter
10:11 qu'on ait mis un magistrat indépendant à la tête de l'IGPN".
10:14 En l'occurrence, il a nommé une procureure,
10:16 ce qui n'est pas du tout un magistrat indépendant.
10:19 Donc il faut aller beaucoup plus loin dans l'indépendance de cet organe.
10:22 Et je pense qu'une fois qu'on aura fait tout ça,
10:25 en effet, on aura quand même avancé sur une partie du problème,
10:29 et je suis d'accord avec vous, mais je ne veux pas être trop long,
10:31 sur le fait qu'il faut s'attaquer aux causes qui, à mon sens,
10:33 sont très essentiellement territoriales.
10:35 Je pense qu'il y a un problème de répartition des populations sur le territoire
10:39 et que tant qu'on ne s'est pas attaqué à la concentration de jeunes
10:43 en difficulté de par leurs parents, de par l'endroit où se trouve leur collège,
10:47 leur lycée, etc., que l'on stigmatise, on aura...
10:49 - Il faut plus de mixité dans ces quartiers ?
10:51 - On aura indéfiniment les mêmes difficultés.
10:53 - Donc il faudrait plus de mixité, mais alors, comment on fait ?
10:56 - La question n'est même pas une question de mixité.
10:58 La question, en fait, on a écrit sur le fronton de nos...
11:01 J'allais dire de nos églises, sur le fronton de nos mairies et de nos écoles,
11:04 liberté, égalité, fraternité.
11:06 Le problème, c'est que là, vous avez des territoires
11:08 qui vivent dans une totale inégalité avec d'autres territoires.
11:11 Charles disait, on a ce problème depuis 30 ans dans certains quartiers.
11:16 - C'est un certain demer, ça.
11:17 - Mais regardez en fait ce qui est fait.
11:18 Alors, à certains moments, on dit oui, on va...
11:20 Ils lâchent un peu, c'est-à-dire qu'ils sont obligés de dire,
11:23 bah oui, on va donner 10 milliards, bah oui, on va donner 20 milliards
11:25 sur 10 ans, sur 20 ans, on va reconstruire le bâti, etc.
11:28 En imaginant que, parce qu'on a ripolliné des façades,
11:31 et je sais que c'est pas que ça, parce que c'est...
11:33 Il y a eu de grosses rénovations urbaines qui ont été mises en place.
11:36 Je caricature un petit peu, mais ce que je veux dire, c'est que
11:38 une fois qu'on s'est attaqué au bâti,
11:40 en fait, on n'a pas résolu le problème.
11:41 Il y a le problème de l'englavement des territoires,
11:44 il y a le problème des poches, en fait, de poches qui sont entières,
11:47 sans emploi, en fait.
11:49 Donc, du coup, vous avez des taux de chômage qui sont corrélés
11:51 au fait qu'il n'y a pas d'entreprise sur le territoire.
11:54 Et tout ça, c'est pas juste en rénovant les logements sociaux
11:56 du secteur qu'on va résoudre le problème.
11:59 - Et pourquoi on le fait pas, selon vous ?
12:00 - Mais parce que ce sont des populations qui sont stigmatisées,
12:04 c'est-à-dire qu'on se dit, de toute façon, dans les quartiers populaires,
12:07 dans les banlieues, en gros, on peut...
12:10 On n'en a rien à foutre de ce genre.
12:12 Et c'est un vrai problème parce que depuis la marche pour l'égalité de 1983,
12:16 il y a des demandes, en fait, qui sont spécifiques,
12:19 qui sont faites par les gens qui habitent ces quartiers.
12:23 Et jamais on les écoute.
12:24 Donc, normalement, il va falloir les écouter parce que sinon,
12:26 on ne peut plus tenir le pays, l'État ne peut plus tenir
12:30 la promesse républicaine qui est la sienne et qui est celle de l'égalité.
12:34 - Un dernier mot là-dessus, Charles.
12:35 - Non, juste un dernier mot.
12:36 D'abord, une donnée qui ne fera pas plaisir à Pablo, mais qui est réelle,
12:39 c'est que comme on a continué à accueillir énormément d'immigrations,
12:44 de populations qui sont allées, elles aussi, s'installer dans ces quartiers,
12:47 on a continué d'installer au même endroit des personnes
12:51 confrontées aux mêmes difficultés, des difficultés d'intégration,
12:54 des difficultés financières.
12:57 - Mais en plus, il n'y a pas de détour.
12:59 - Oui, mais donc, ce que je veux dire, Pablo, c'est que tu ne peux pas
13:01 à la fois demander qu'on continue d'accueillir beaucoup d'immigrations
13:04 et déplorer derrière le fait qu'on n'arrive pas...
13:06 - Qu'on n'a pas le rapport.
13:07 - Je viens de l'expliquer.
13:09 C'est-à-dire qu'il y a des populations qui cumulent les mêmes difficultés
13:13 au même endroit et en accueillant...
13:15 - Parce que tu considères que la population immigrée cumule des difficultés...
13:17 - Oui, en général, excuse-moi, Pablo, la population immigrée qui arrive,
13:21 par exemple, d'Afrique subsaharienne, elle n'est pas blindée de pognon,
13:27 si tu me passes l'expression.
13:28 Elles arrivent, ce sont des gens qui viennent pour avoir une vie meilleure,
13:31 il n'y a pas de difficultés là-dessus.
13:32 - Les membres de la République, je ne dis pas que tout le monde
13:33 soit blindé de pognon.
13:34 Je dis juste que quand ils arrivent, ils cumulent des difficultés d'intégration
13:40 pour leurs enfants et pour eux-mêmes.
13:42 - Il faut renforcer nos conditions d'accueil.
13:45 - Oui, mais il faut peut-être aussi maîtriser un peu davantage l'immigration
13:49 et on avancera aussi peut-être en faisant ça.
13:52 Mais c'est vrai que la France est devenue un pays
13:54 où il n'y a plus de mobilité sociale et où aujourd'hui,
13:57 quand vous naissez en Seine-Saint-Denis, accrochez-vous pour y arriver.
14:01 - Un autre sujet important en cette rentrée, c'est l'inflation.
14:04 Bruno Le Maire voulait être entendu ce matin chez nos confrères de France Info,
14:08 qui alors on le sait maintenant exclut la possibilité d'une ristourne
14:13 de la part du gouvernement, même s'il le dit,
14:16 même si le prix du carburant venait à dépasser la barre des 2 euros le litre.
14:19 En revanche, il a lancé un appel à total ce matin.
14:22 - Je vais regarder avec l'ensemble de la chaîne de valeur,
14:27 les distributeurs, les pétroliers, quel est le niveau des marges,
14:30 pourquoi ce niveau des marges reste un niveau élevé.
14:33 Et je souhaite que Total, qui a pris un engagement que je salue,
14:38 de plafonner les prix de tous les carburants, diesel, essence,
14:42 à 1,99 euro jusqu'à la fin de l'année,
14:45 prolonge ce plafonnement à 1,99 euro de tous les carburants,
14:49 au-delà du 31 décembre, je lui fais confiance,
14:52 pour qu'il prenne en considération les difficultés de nos compatriotes.
14:57 - Est-ce que l'État est dans son rôle d'en appeler à des entreprises privées ?
15:01 - Bruno Le Maire, c'est un peu son truc.
15:04 Il appelle toujours, c'est parfois les géants de la grande distribution,
15:08 parfois c'est les producteurs d'agroalimentaire,
15:11 maintenant c'est les géants de...
15:13 - C'est son truc, quoi qu'il en coûte,
15:16 mais le "quoi qu'il en coûte" a duré longtemps,
15:19 il y a eu beaucoup d'aide de la part de l'État.
15:21 - Il y a des choses qu'il fait, mais il s'avère que c'est une autre de ses spécialités,
15:24 c'est de souhaiter que Total, on ne sait par quel miracle,
15:28 peut-être qu'il a discuté avec M. Pouyanné, le PDG de Total,
15:33 et que les yeux dans les yeux, il se sont dit des choses.
15:37 Le problème, c'est qu'avec le carburant,
15:40 mais en vérité, je pense que c'est aussi vrai pour les questions alimentaires,
15:44 on a un problème systémique,
15:46 c'est-à-dire qu'on n'arrive pas à maîtriser le prix à la pompe.
15:51 Il y a plusieurs raisons à ça, il y a plusieurs facteurs.
15:54 Il y a les questions de la production, il s'avère que la production de pétrole,
15:58 ce n'est pas tellement sur le territoire français,
16:01 c'est dans d'autres pays, notamment les pays de l'OPEP,
16:05 qui sont réunis, qui décident un cours du baril.
16:08 Le seul problème, et ça, c'est vraiment compliqué à accepter
16:12 pour les Français et les Françaises,
16:15 c'est que parfois, vous avez le cours du baril qui bouge,
16:18 voire parfois qui fléchit un peu, et ça ne bouge pas à la pompe.
16:22 Ça, c'est quelque chose de très perturbant, de très énervant.
16:26 On nous explique que c'est les stocks, c'est les machins,
16:29 et derrière, on voit que Total fait des bénéfices énormes,
16:34 même exorbitants.
16:36 Il a même été, à un moment, réfléchi
16:38 si on ne pouvait pas les taxer tout spécifiquement,
16:41 parce qu'ils faisaient des profits absolument gigantesques.
16:44 - Donc vous dites que c'est bien que Total prenne ça en charge ?
16:47 - J'espère ! En fait, "restourne", ça ne veut rien dire.
16:50 Il y a un problème dans comment se compose ce prix.
16:53 Pourquoi est-ce qu'au bout d'un moment, on paye 2 euros à la pompe ?
16:56 La transparence sur ce prix à la pompe,
16:58 il n'y a pas beaucoup de transparence.
17:00 Effectivement, il y a 60 % de taxes.
17:02 J'ai entendu le patron du Parti communiste français, Fabien Roussel,
17:06 et des gens d'extrême droite, je ne suis pas en train de les réunir,
17:10 mais ils ont fait tous les deux la même proposition,
17:12 en disant qu'il n'y a qu'à supprimer un peu de ces taxes,
17:14 et du coup, sur le portefeuille des Français,
17:16 on va pouvoir un peu plus dépenser dans l'essence.
17:19 Personnellement, je pense qu'on ne peut pas se couper
17:23 dans le moment de recette de l'État.
17:25 Je pense que la seule chose à faire, c'est réfléchir
17:28 au circuit de production et de distribution de l'essence en France,
17:33 et essayer d'y voir plus clair.
17:36 Et ça, il y a à peu près la même opacité
17:39 sur les prix des produits agroalimentaires.
17:42 On voit très souvent sur ce plateau des responsables de la grande distribution,
17:45 et ils disent tous "on ne sait pas pourquoi le produit est là".
17:47 Ce n'est pas la même chose, dit Charles.
17:49 Je considère qu'une entreprise comme Total,
17:54 qui est un fleuron français, qui s'appuie sur la puissance française,
17:58 qui s'est appuyé sur la puissance de la France
18:01 pour devenir le groupe qu'il est devenu,
18:04 qui a fait 36...
18:05 Qui pompe pas mal en Afrique.
18:06 Oui, mais notamment grâce...
18:08 Les sous-sols partout dans le monde.
18:10 Alors, pour le meilleur et pour le pire en matière d'écologie, on est d'accord.
18:14 Et de droits humains.
18:15 Et sans doute de droits humains, même si j'espère quand même
18:18 que Total fait attention à respecter les droits des gens
18:22 qui travaillent pour lui dans le monde entier.
18:24 C'est grâce à l'aura de la France, à la puissance de la France dans le monde,
18:29 que Total est devenu ce groupe remarquable,
18:32 qui a fait 36 milliards d'euros de bénéfices nets,
18:39 de bénéfices opérationnels l'année dernière.
18:41 Donc je trouve tout à fait naturel que Total fasse un geste pour les Français.
18:46 Et moi, je suis libéral, mais je suis patriote.
18:51 Et donc si une entreprise qui est à ce point-là, un fleuron de la France,
18:57 n'était pas en soutien de la population française,
19:00 je serais tout à fait favorable à prendre des mesures contraignantes
19:03 vis-à-vis d'elle pour qu'elle le soit.
19:05 Que l'État ne le fasse pas, en tout cas, ça ne vous choque pas.
19:08 Donc qu'elle ne propose pas de baisse des prix, qu'elle ne fasse pas de riche pour nous ?
19:14 Je comprends la position de Bruno Le Maire,
19:18 qui expose que ça coûterait 12 milliards d'euros
19:22 d'appliquer la proposition qui est faite notamment par Xavier Bertrand,
19:26 de baisser les taxes.
19:28 Même si je n'ai pas de religion totalement arrêtée,
19:31 puisque moi je suis contre les taxes par définition,
19:34 et je pense qu'un produit aussi taxé, l'État peut aussi faire un effort.
19:37 Mais je considère que Total doit faire un effort,
19:40 parce que c'est une entreprise nationale et que donc...
19:44 Total ne fera pas d'effort.
19:46 Total a déjà fait l'année dernière.
19:48 Et d'ailleurs, ils n'ont pas donné leur réponse.
19:51 Vous êtes en train de me dire, ils font un effort,
19:54 et puis ils font des bénéfices records.
19:56 Vous voyez, il y a un problème.
19:58 On peut faire des bénéfices et en même temps aider les Français.
20:01 36 milliards, à partir du moment où vous faites un bénéfice de 36 milliards,
20:04 c'est la même chose que si vous faites un bénéfice de 36 milliards,
20:07 vous allez faire un effort.
20:09 C'est tout ce que c'est, je suis vraiment désolé.
20:11 Non, ils plafonnent le prix à 1,99€.
20:13 Mais c'est aussi des produits d'appel.
20:15 Après, ils vous disent, regardez, paf,
20:17 on fait de la pub partout en disant Total,
20:19 et en dessous, on plafonne à temps,
20:21 et derrière, les gens vont se précipiter et faire la queue chez Total,
20:24 plutôt que d'aller chez le concurrent.
20:26 C'est aussi comme ça que ça marche.
20:28 Et je suis désolé, à partir du moment où ils font de tels bénéfices,
20:31 en même temps qu'on est en période épidémique,
20:33 on ne peut pas accepter ces bénéfices.
20:35 Je suis désolé.
20:37 Pourquoi on ne pourrait pas accepter des bénéfices importants ?
20:40 36 milliards, et après, tu crois que ça va où, les 36 milliards ?
20:43 Il y a une partie qui va en investissement dans l'entreprise,
20:46 je l'espère, pour faire encore plus de profits,
20:48 et ça ne va pas forcément pour la transition énergétique,
20:50 mais il y a une autre partie qui va dans la poche des actionnaires.
20:53 Je suis désolé, mais rien ne justifie de tels bénéfices aujourd'hui.
20:56 En tout cas, Total a dit qu'il allait regarder le sujet pour 2024.
20:59 Il faut que les entreprises ne fassent pas trop de bénéfices.
21:02 Oui.
21:03 D'ailleurs, c'est ce que souvent cherchent les entreprises à faire,
21:06 les entreprises qui sont non cotées au CAC 40.

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