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Chroniqueuse : Maya Lauqué 




Cinq ans après la disparition de Tiphaine Véron au Japon, l’enquête va enfin démarrer. C’est plein d’espoir que son frère, Damien Véron, co-auteur de « Thiphaine, où es-tu ? » appréhende cette nouvelle nouvelle étape qu’il attend depuis de nombreuses années. Cette semaine, il a rencontré les magistrats en charge de ce dossier non-élucidé et espère enfin faire la lumière sur ce mystère absolu. Aujourd’hui, il revient sur le début de ces investigations XXL.

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Transcription
00:00 Il est 8h13, c'est l'heure de l'interview d'actualité.
00:02 Cinq ans après la disparition de Tiffen Veyron au Japon,
00:05 l'enquête va enfin démarrer.
00:07 Maya, vous allez en parler avec son frère, Damien Veyron,
00:09 co-auteur avec sa sœur Sybille de Tiffen.
00:12 Où es-tu ? C'est chez Robert Lafon.
00:13 Bonjour Damien Veyron.
00:14 Bonjour.
00:15 Merci d'être avec nous ce matin.
00:16 Le 21 janvier dernier, nous étions tous les deux à cette même place.
00:19 Vous étiez à la fois en colère parce que rien ne bougeait,
00:21 et plein d'espoir parce que vous espériez que le pôle du tribunal de notaire
00:25 consacré aux affaires non-éducidées se saisisse du dossier.
00:27 C'est fait.
00:28 Vous avez rencontré les magistrates cette semaine.
00:30 Enfin ?
00:31 Enfin, c'est vraiment une grande nouvelle.
00:33 Ce qui était très intéressant lors de ce rendez-vous,
00:36 c'est qu'on voit qu'enfin, des véritables investigations vont démarrer,
00:39 mais surtout qu'il ne va pas y avoir de limites en termes d'investigation.
00:43 L'objectif, vraiment, c'est de retrouver Tiffen et d'aller au bout
00:46 de toutes les actions qui n'ont pas été accomplies depuis sa disparition.
00:49 C'est seulement la deuxième fois en cinq ans que vous voyez des juges
00:52 dans le cadre de la disparition de votre sœur.
00:54 Oui, c'est ça, tout à fait.
00:55 Sauf qu'à la première rencontre qu'on avait, si vous voulez,
00:57 nous avions une juge qui n'avait rien à nous dire,
00:59 qui n'avait pas d'éléments, qui ne savait pas quoi faire.
01:02 Là, ça n'a rien à voir.
01:03 Les deux juges connaissent le dossier par cœur.
01:06 Le livre que nous avons écrit a été reversé au dossier.
01:10 On a vu qu'elle l'avait lu.
01:12 Donc, non, on a été écouté.
01:13 Enfin, enfin, cinq ans après.
01:16 On va rappeler que donc Tiffen a disparu au Japon il y a cinq ans,
01:20 le 29 juillet, alors qu'elle séjournait dans la ville de Nikko.
01:23 Elle allait bien.
01:24 Elle vous avait envoyé un SMS pour dire qu'elle partait en excursion.
01:28 Elle a été aperçue au petit-déjeuner dans son hôtel.
01:31 Et puis, plus rien.
01:32 Il n'y a jamais eu d'enquête côté japonais.
01:35 Pour quelle raison ?
01:36 Est-ce que vous pouvez nous le rappeler ?
01:37 Oui, alors c'est le drame depuis cinq ans.
01:39 Alors, il a fallu du temps pour décoder un petit peu
01:41 tout le système judiciaire japonais.
01:43 Ça ne marche pas du tout comme en France.
01:44 Non, mais effectivement.
01:45 Il y a eu une enquête quand on est arrêté en gros en flagrant délit.
01:47 C'est comme ça que ça se passe.
01:48 C'est exactement ça, tout à fait.
01:49 Pour Tiffen, il y a énormément de suspects qui ont été identifiés.
01:52 On se disait, mais pourquoi il ne se passe rien ?
01:54 Le téléphone de Tiffen, en cas de disparition,
01:56 enfin pardon, quand vous avez une disparition,
01:57 le téléphone est tout de suite saisi.
01:59 En tout cas, vous avez des réquisitions auprès des opérateurs.
02:02 Là, ça n'a pas été le cas.
02:03 Et en fait, vous avez raison, on a fini par découvrir qu'au Japon,
02:06 vous avez une enquête criminelle qui est ouverte
02:08 seulement quand le coupable est arrêté.
02:10 Donc, forcément, en termes d'investigation, il ne se passe rien.
02:12 Même l'ONU a demandé au Japon de reprendre cette enquête.
02:15 Est-ce que les policiers sur place se montrent un peu plus coopératifs
02:19 ou peut-être le sont-ils depuis le début ?
02:21 Mais est-ce que vous sentez qu'il y a un petit peu plus de volonté d'avancer ?
02:24 Mais c'est ça, le paradoxe.
02:26 C'est qu'en fait, on voit que les policiers sont plutôt impliqués.
02:28 Ils nous ont reçus à chaque fois qu'on va au Japon.
02:31 Moi, j'y ai été six fois.
02:32 À chaque fois, ils nous reçoivent.
02:33 Sauf qu'en fait, ils n'ont pas les armes juridiques pour avancer.
02:36 Donc, c'est ça, notre désarroi.
02:37 C'est pour ça que ça a été terrible de voir que côté français,
02:40 ça n'avançait pas.
02:41 Parce que c'était vraiment le seul moyen de pouvoir peser.
02:44 Donc, le pôle Colcais, évidemment, c'est un espoir immense pour nous.
02:47 Alors, puisque le Japon n'enquêtait pas, puisque ça ne bougeait pas en France,
02:49 vous, vous avez fait votre propre enquête, vous l'avez dit,
02:51 six voyages, des milliers d'euros aussi dépensés pour rechercher Tiffen.
02:55 Vous avez amassé un certain nombre d'éléments.
02:58 Est-ce qu'aujourd'hui, vous nous disiez, ça va servir pour l'enquête.
03:03 Qu'est-ce qu'en France, on peut chercher ?
03:07 Qu'est-ce qui peut se passer en France ?
03:08 Il y a des indices qu'on peut exploiter ?
03:09 Oui, bien sûr, en France, il y a des choses qui n'ont pas été faites.
03:11 Alors, je prends cet exemple, parce que c'est quelque chose qui est quand même terrible.
03:15 On a récupéré la valise de Tiffen tout de suite après sa disparition.
03:19 Cette valise, elle est restée cinq ans dans un placard.
03:21 Il n'y a jamais eu d'analyse qui a été faite.
03:23 Dans l'hôtel de Tiffen, il n'y avait pas que des touristes japonais.
03:26 Donc, ce n'est pas impossible de faire des investigations de France.
03:29 Donc, déjà, ça va être le premier gros chantier.
03:32 Et après, ce qui va être le plus compliqué…
03:33 Donc, il va y avoir des recherches sur cette valise, des recherches ADN.
03:35 Exactement, tout à fait.
03:36 Ça, ça va être fait.
03:37 Oui, tout à fait. Alors, quand ? Après, on voit que là, vraiment,
03:40 ce qui aurait dû être fait depuis cinq ans, c'est que c'est vraiment les juges qui vont s'emparer de l'enquête.
03:43 Est-ce qu'elles vont se rendre sur place ? Elles vont aller au Japon ?
03:45 J'imagine. Oui, bien sûr, j'imagine.
03:47 Après, l'objectif, c'est vraiment d'avoir un dossier français fort,
03:50 pour que vous ayez un maximum d'éléments pour ensuite faire des demandes sur place.
03:53 Après cette enquête que vous, vous avez menée, quelles sont aujourd'hui les pistes possibles ?
03:58 Il y a celle de l'accident, parce que la rivière était encrue,
04:00 la rivière qui traversait et qui passait devant l'hôtel.
04:03 Ça, vous l'avez très vite écarté.
04:05 Oui, alors, au Japon, quand une piste officielle est énoncée, elle n'est pas contestée.
04:11 Donc, au début, ils nous ont dit ça, pour une famille japonaise, ça fonctionnait.
04:15 C'est-à-dire, on a cru, Tiffen n'est pas retrouvé.
04:18 C'est le raisonnement japonais. Effectivement, on a vu que ce n'était pas le cas.
04:21 Sauf qu'au fur et à mesure de nos investigations, on a vu qu'il y avait énormément de suspects.
04:24 Mais déjà, rien qu'en partant de l'hôtel, l'hôtelier explique que Tiffen est parti avant 10 heures,
04:29 alors que son téléphone, son application Google, montre qu'elle est jusqu'à 11h40 dans l'hôtel.
04:34 Donc, effectivement, c'est quand même...
04:36 Donc, pour vous, c'est un suspect, le responsable de l'hôtel ?
04:38 Oui, on pense qu'il s'est passé quelque chose dans l'hôtel.
04:40 Il y a eu un épisode, il y a eu des expertises voluminoles faites hors procédure.
04:44 Donc, les expertises voluminoles, c'est quand on regarde s'il y a des traces de sang, c'est ça, dans la chambre d'hôtel ?
04:49 Exactement, et elles se sont avérées positives.
04:51 Et là, ça n'a pas été analysé, ces traces ?
04:53 Jamais. Jamais, puisque ça a été fait hors procédure.
04:56 Ça a été un petit peu une réaction d'honneur des Japonais, suite au fait qu'on interpelle Emmanuel Macron.
05:00 Donc, ils ont voulu nous montrer qu'ils étaient aussi des spécialistes,
05:03 sauf que ça n'a pas été fait dans un cadre légal.
05:05 Donc, ils n'ont jamais donné de résultat, en tout cas, ils n'ont jamais eu des expertises.
05:09 Il y a aussi la présence de suspects qui étaient autour de Nico.
05:14 Ça aussi, vous avez réussi, à travers notamment des enquêteurs français, des privés, que vous avez envoyés là-bas,
05:19 ou des enquêteurs sur place, qui ont noté la présence de suspects.
05:22 Oui, tout à fait. Alors déjà, il y a l'hôtel, effectivement.
05:25 Quand vous commencez à vous écarter de l'hôtel, vous voyez, par exemple,
05:28 qu'il y a deux touristes qui ont failli être kidnappés tout près de l'hôtel de Tiffan, en novembre 2020.
05:32 Donc, en fait, quand on éteint, après, il y a des suspects,
05:35 il y a un homme qui se fait passer pour un faux guide et qui agresse les touristes.
05:39 En fait, il y a une multitude de faits divers qui ont augmenté.
05:43 Et puis, surtout, il y a eu des choses terribles, puisque des corps, des membres ont été retrouvés.
05:47 Enfin, vraiment, ce qui se passe à Nico est terrible.
05:50 Est-ce que vous, puisque vous connaissez, vous vous avez enquêté,
05:53 vous connaissez ce dossier, évidemment, par cœur, vous avez une intuition,
05:57 peut-être même une conviction sur les raisons de la disparition de Tiffan ?
06:01 Moi, je pense qu'il s'est passé quelque chose dans l'hôtel.
06:04 Je pense, puisqu'il y a tellement d'éléments, toutes les pistes n'ont pas été explorées.
06:09 Donc, ça nous mène à l'hôtel. Mais après, une fois qu'on aura pu faire des recherches dans l'hôtel,
06:14 effectivement, vous avez raison, il faudra étendre, après, aux autres faits divers,
06:17 et voir, par ces faits divers, comment peut-être on peut faire un lien jusqu'à Tiffan.
06:21 Mais il y a tellement de pistes à explorer.
06:23 Une question peut-être plus personnelle pour terminer.
06:26 Vous avez passé énormément de temps, vous avez dépensé beaucoup d'argent pour enquêter.
06:31 Maintenant que le pôle Colcail s'est saisi du dossier et va enquêter,
06:35 est-ce que vous allez pouvoir, vous, vous mettre un peu en retrait,
06:38 ou vous allez continuer à enquêter, vous, de votre côté ?
06:41 Non, on va continuer. Enfin, l'enquête va être reprise par des spécialistes.
06:46 Donc, le but, c'est surtout pas d'interférer.
06:48 On voit, en plus, là, on a été rassuré de voir qu'il y a des magistrats expérimentés
06:52 qui vont s'occuper de l'affaire.
06:53 Mais au Japon, ça reste très particulier, parce qu'il va falloir nourrir le dossier aussi japonais.
06:58 Nous, on a des experts qui nous aident, vous l'avez dit, des détectives.
07:01 Donc, non. Puis, il y a l'ONU, justement, qui nous a rejoints dans notre combat,
07:04 qui nous épaule. Donc, non, on va continuer à se battre.
07:06 Vous repartez bientôt ?
07:07 Bientôt, à la fin du mois, j'espère.
07:09 Merci beaucoup, Damien Véran, d'avoir été avec nous ce matin.
07:12 Merci infiniment.
07:13 Merci à tous les deux.

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