Vous n’avez sûrement pas pu passer à côté de cette information, mais c’est officiel, c’est la fin de la célèbre quotidienne « C’est encore nous » diffusée sur France Inter depuis 9 ans ! L’animatrice Charline Vanhoenacker qui anime depuis près de 10 ans l’émission, aux côtés d’Alex Vizorek et Guillaume Meurice, l’a confirmé mercredi 10 mai dernier dans C à vous.
Le programme, en pleine percée dans le paysage radiophonique français, passait tous les jours de 17h à 18h et rassemblait à chaque fois des centaines de milliers d’auditeurs.
Mais alors comment expliquer qu’une émission qui enregistre des records d’audience ne revienne pas à la saison prochaine ?
Certains éléments pointent vers une décision de la direction de France Inter pour des raisons politiques et donc des réflexions qui viendraient déranger le président et son gouvernement.
Et si la journaliste belge, figure de l’émission, a donné une explication bien évasive, au Média, on n’est pas très convaincu. Alors pour tenter d’y voir plus clair, Cemil Şanlı a interrogé Jean-Baptiste Rivoire, fondateur de OFF Investigation, qui a mené une enquête, en 2 parties, sur les coulisses de cette censure, qui de son point de vue va affaiblir l’audiovisuel public.
⚠️ POUR QUE LE MÉDIA SOIT DIFFUSÉ À LA TÉLÉ, JE SIGNE !
https://unetelepourvous.lemediatv.fr
Le programme, en pleine percée dans le paysage radiophonique français, passait tous les jours de 17h à 18h et rassemblait à chaque fois des centaines de milliers d’auditeurs.
Mais alors comment expliquer qu’une émission qui enregistre des records d’audience ne revienne pas à la saison prochaine ?
Certains éléments pointent vers une décision de la direction de France Inter pour des raisons politiques et donc des réflexions qui viendraient déranger le président et son gouvernement.
Et si la journaliste belge, figure de l’émission, a donné une explication bien évasive, au Média, on n’est pas très convaincu. Alors pour tenter d’y voir plus clair, Cemil Şanlı a interrogé Jean-Baptiste Rivoire, fondateur de OFF Investigation, qui a mené une enquête, en 2 parties, sur les coulisses de cette censure, qui de son point de vue va affaiblir l’audiovisuel public.
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00:00 Il y a un truc qui ne trompe pas quand on est un petit peu fin.
00:02 Il y a un truc qui ne va pas dans le régumentaire de la direction de Radio France.
00:05 C'est qu'ils peuvent dire tout ce qu'ils veulent, faire des communiqués de 400 pages.
00:08 Mais il y a juste un truc. Pourquoi ils suppriment ?
00:10 Une émission qui fonctionne.
00:11 Qui fonctionne très bien.
00:12 Plus que ça.
00:13 Ils peuvent dire "non mais on préservera l'esprit impertinent".
00:16 Ils peuvent dire tout ce qu'ils veulent.
00:17 Mais il y a une question à laquelle Adèle Van Riet ne répond jamais.
00:19 Pourquoi elle supprime un truc qui marche ?
00:21 Et ça va handicaper l'audiovisuel public.
00:23 Parce que si vous perdez 1,2 millions d'auditeurs
00:25 pour mettre un comique qui vient d'Europe 1 qui est moins drôle ou pour mettre un truc qui marche moins bien,
00:28 c'est compliqué de réinstaller un succès pareil.
00:29 Ça a mis 10 ans.
00:30 Vous shootez ce truc-là, qu'est-ce qui se passe de tous les jours à 17h sur France Inter ?
00:34 Forcément ça va sortir les rames.
00:35 Donc ils vont perdre énormément d'argent en termes de pub, etc.
00:38 de succès, de satisfaction des auditeurs.
00:40 Donc on se moque vraiment de nous dans le financement de l'audiovisuel public en France.
00:43 C'est nous qui le finançons.
00:44 Mais on n'a strictement aucun pouvoir.
00:46 Et on est complètement à la botte des gouvernements.
00:47 Ce qui est insupportable.
00:54 C'est officiel, c'est la fin de la célèbre quotidienne de Charline Vanhoenacker,
00:58 diffusée sur France Inter depuis près de 10 ans.
01:01 Et c'est elle qui anime, bien sûr, depuis près de 10 ans, je le dis, l'émission de la bande "C'est encore nous"
01:06 aux côtés d'Alex Vizorek et Guillaume Meurice, le célèbre Dezzy Gauteau de France Inter,
01:11 qui l'a confirmée elle-même, mercredi 10 mai dernier, dans "C'est à vous".
01:15 On regarde.
01:16 Le Parisien croit savoir que cette 9e saison en quotidienne sur la 1ère radio de France serait la dernière.
01:21 Je cite "Selon nos informations, Charline Vanhoenacker doit confirmer sa décision de mettre un terme à "C'est encore nous"
01:28 la quotidienne qu'elle présente depuis 2014".
01:30 Un faux ou un toxe ?
01:31 Oh, j'ai oublié de donner ma décision.
01:33 Attendez, je vais la donner là.
01:34 Ça n'est pas ma décision.
01:37 Je vous confirme que la quotidienne s'arrête.
01:39 C'est pas ma décision pour la simple raison que moi je suis un peu de la vieille école.
01:43 Et comme on est très haut dans les sondages et qu'on n'a jamais été aussi haut.
01:47 Je pense qu'on a commencé avec genre 350 000 auditeurs.
01:51 Et là on a 1,25 million d'auditeurs.
01:54 Je pense qu'on en a gagné 100 000 par an.
01:56 Et on vient encore d'en gagner 100 000.
01:58 Donc, je suis un peu de la vieille école, je me suis dit avec des bons chiffres.
02:02 On a vraiment le même plaisir qu'au début.
02:06 Donc ça ne me serait pas venu à l'idée de passer en hebdomadaire.
02:10 Mais voilà, on m'a encouragée.
02:15 On m'a proposée de passer en hebdo.
02:18 C'est une proposition qui m'a été faite.
02:20 Et voilà, on va s'adapter.
02:22 Mais comment expliquer qu'une émission comme "On l'entend là"
02:26 qui enregistre des records d'audience énormes ne revient pas à la rentrée ?
02:29 C'est la question que tout le monde se pose.
02:31 Voici la réponse de la journaliste belge.
02:33 Ah bah, moi je suis un petit peu...
02:36 Je ne suis pas très au fait des nouveaux usages, etc.
02:40 Je pense que la vie des médias a beaucoup changé depuis 10 ans.
02:44 Aujourd'hui, il y a les podcasts, le numérique, toutes ces choses-là.
02:47 Et je dirais qu'il y a des choses un peu moins qui me dépassent.
02:49 Et sans doute que regarder les audiences qui montent...
02:54 C'est la vieille école.
02:57 Il y a peut-être des choses nouvelles.
02:58 Ça ne suffit plus de faire des bonnes audiences.
03:00 Peut-être pas, non. C'est vrai.
03:02 Tu te renseignes ?
03:03 C'est dommage parce qu'on était plus qu'à 91 000 auditeurs d'écart avec les grosses têtes.
03:09 Donc ça vous paraît assez inexplicable.
03:12 Inexplicable, non.
03:14 Très peu convaincante cette réponse.
03:16 Alors on est en droit de se demander si la décision de France Inter est politique.
03:20 La directrice de l'antenne, Adèle Van Riet, fraîchement nommée l'an passé,
03:24 s'en défend dans un communiqué, je cite,
03:26 "En septembre prochain, l'émission de Charline Vanhoenacker et de sa bande, c'est encore nous,
03:31 va se réinventer en version hebdomadaire.
03:34 Je comprends vos questionnements et votre inquiétude,
03:37 mais je tiens à vous assurer d'une chose,
03:39 cette décision n'est pas politique, dit-elle,
03:41 et la liberté d'expression ne sera jamais mise en danger sur notre antenne, sur cette antenne.
03:45 Je dirais même plus, ceux qui se réjouissent de la fin de l'impertinence au France Inter
03:49 vont être bien déçus."
03:51 Eh bien je ne sais pas pour vous, mais nous, au Média,
03:54 on est un peu pas très convaincus par cette réponse.
03:57 Pas plus que Jean-Baptiste Rivoire, qui a mené une enquête pour offre-fabrication,
04:00 en deux parties, sur les coulisses d'une censure,
04:02 qui, de son point de vue, va affaiblir l'audiovisuel public.
04:06 Interdit de rire de Macron, pour l'interrogation,
04:09 France Inter, Torpil-Van Aneker, c'est le titre de la première partie de cette enquête,
04:13 publiée sur Off-Investigation, le média en ligne qu'il a fondée.
04:17 Bonsoir Jean-Baptiste !
04:19 - Salut Djamil ! - Comment tu vas ?
04:20 - Ca va bien. Cette première enquête est en accès libre pour 24h.
04:23 - Ah, c'est l'info !
04:24 - Tout votre public, ils peuvent aller la lire tranquillement, la première enquête.
04:27 - Eh bien je pense qu'on mettra le lien dans le chat,
04:29 et bien sûr en description de la vidéo juste après.
04:31 Alors, pas étonnant, enfin on se dit ça,
04:33 pas étonnant que tu sois l'auteur de cette enquête, toi-même,
04:35 parce que tu en connais un rayon de la censure,
04:37 puisque toi-même, dans le canal, tu as subi Bolloré,
04:40 je pense qu'on peut le dire comme ça,
04:42 qui a pris la tête de canal, là où tu as travaillé pendant 20 longues années.
04:45 Alors pour revenir à l'extrait, qu'on n'a pas vu, qu'on a entendu,
04:49 d'ailleurs je vous encourage à aller voir sur Twitter,
04:51 il a tourné, je pense que beaucoup de gens l'ont vu,
04:53 où Charlene Van Aneker annonce la fin de la quotidienne,
04:56 on sent et on voit, si vous voyez les images, un gros malaise.
04:59 Elle tente de justifier, ce qui est difficilement justifiable,
05:03 tu peux nous en dire un peu plus,
05:04 cette décision tout en laissant entendre qu'elle ne comprend pas.
05:07 Anne-Elisabeth Lemoyne tente de lui tirer les verres du nez,
05:10 mais on la sent quand même baïonner, il s'en dit quoi ?
05:12 Elle est coincée parce que la direction de Radio France a bien fait les choses,
05:15 comme la direction de canal a toujours bien fait les choses,
05:17 ces gens font bien les choses, c'est-à-dire qu'en fait,
05:19 quand ils veulent vous écarter, pour des raisons politiques,
05:21 parce que vous gênez tel ou tel intérêt,
05:23 ils ne peuvent pas vous virer d'un coup, pourquoi ?
05:24 Parce que si tout d'un coup on te vire,
05:26 et que tu n'as plus rien à perdre, et bien tu vas parler,
05:29 tu vas dire "je sais, j'ai été viré pour ça,
05:31 voilà ce qui s'est passé, voilà la coulisse, etc."
05:33 Donc c'est très dangereux pour une direction de médias.
05:35 Donc ils font toujours un peu la même chose, maintenant ils ont compris,
05:37 ils t'enlèvent par exemple une quotidienne, puis ils te disent
05:39 "je vais te laisser un petit os à ronger, un petit chocolat,
05:41 alors une hebdo le dimanche, bon il y aura moins de monde à l'antenne,
05:43 mais c'est un nouveau défi, Charline, il va falloir se battre,
05:46 c'est enthousiasmant Charline, n'est-ce pas ?
05:47 Bon, qu'est-ce qu'elle peut dire ?
05:49 Elle a une bande de chroniqueurs qui ont besoin d'être payés,
05:51 qui ont des loyers, qui ont des gamins,
05:53 bon, on va lui laisser un os, bah elle va prendre l'os, qu'est-ce qu'elle va faire ?
05:56 Elle va aller dans les médias indépendants, on a du mal à recruter ce type de profil,
05:59 ça coûte cher, donc je pense qu'elle aimerait bien venir, mais voilà.
06:03 Donc forcément, elle va continuer à rester à France Inter tant qu'elle peut,
06:05 et donc elle ne peut pas cracher dans la soupe.
06:07 Et c'est l'objectif de la direction de ce genre de médias,
06:09 et d'ailleurs c'est ce qu'elle fait parfaitement à l'antenne,
06:11 et d'ailleurs la directrice de France Inter a dit dans son communiqué
06:14 que Charline allait reprendre ce défi avec beaucoup d'enthousiasme,
06:16 comme elle l'a dit.
06:17 Ils se sont mis d'accord, l'élément de langage et le mot, dans leur bouche, les deux ?
06:20 Je pense qu'il y a un gros malaise, beaucoup d'hypocrisie dans cette histoire,
06:24 d'ailleurs un des signes qui ne trompe pas, c'est que l'affaire sort dans le Parisien,
06:27 un quotidien de Bernard Arnault, il y a une quinzaine de jours,
06:30 sous la forme, c'est quand même pas anodin,
06:32 Charline Vanhoenacker devrait annoncer l'arrêt de son émission.
06:34 Alors la fille, elle a un super succès, elle a plein de chroniqueurs,
06:37 elle cartonne, elle passe de 350 000 à 1 200 000 auditeurs de France Inter en 10 ans,
06:41 c'est vraiment un carton absolu, elle talonne RTL,
06:43 c'est-à-dire qu'ils sont en train de rattraper la principale radio privée,
06:45 et elle dirait du jour au lendemain "ben ouais, je me casse".
06:47 En fait non, que ça ait fuité de cette manière-là dans le Parisien,
06:50 à mon avis n'est pas anodin, c'est-à-dire que la fuite vient de la direction de Radio France,
06:53 qui était embêtée que Charline ne valide pas l'option "hépno"
06:56 et qui met un coup de pression en disant dans le Parisien
06:58 "Dis donc, Cocotte, on attend que tu valides".
06:59 Et donc elle se retrouve finalement sur cet avou et elle est très coincée.
07:03 Enfin, elle fait passer ses messages en même temps,
07:05 elle dit "Bien, c'est pas ma décision,
07:07 moi je pense que quand il y a du succès on devrait pouvoir continuer,
07:09 mais enfin j'ai peut-être pas compris".
07:10 Elle fait l'idiote, mais on a compris.
07:11 - Bien sûr, nous on a compris.
07:13 - C'est subtil.
07:14 - Ça fait penser à 2017 avec Pierre-Emmanuel Barré,
07:17 ça s'est passé un peu pareil ou il y a une évolution entre les deux cas ?
07:20 - C'est un peu la même chose, notamment depuis la Macronie,
07:23 c'est pas depuis uniquement Macron, mais par exemple,
07:25 moi je me souviens aussi qu'à France Télévisions, avec Delphine Ernotte,
07:29 il y avait des humoristes Thomas VDB et Matt Degnan
07:32 qui se moquaient un peu des politiques pendant la campagne de 2017,
07:34 ils ont sauté très brutalement,
07:36 Ernotte après leur avoir commandé une centaine de pastilles,
07:38 les a virés brutalement parce que Macron avait exprimé le fait que ça le dérangeait.
07:42 Et puis oui, Pierre-Emmanuel Barré qui avait osé dire pendant la campagne de 2017
07:45 qu'il comprenait les abstentionnistes,
07:47 enfin cracher sur les abstentionnistes en France c'est comme une aberration,
07:50 ils sont 50% des Français,
07:51 s'il y a 50% des gens qui refusent d'aller au vote aujourd'hui en France
07:53 c'est qu'il y a des raisons de colère profonde,
07:55 Pierre-Emmanuel Barré avait osé le dire sur France Inter, terminé.
07:58 Bon, son truc avait été censuré, je crois qu'il était parti.
08:01 Et maintenant c'est Evan O'Necker qui était quand même pas non plus
08:04 une révolutionnaire anarchiste totale,
08:06 c'était quelqu'un qui était quand même bien dans le système.
08:08 - Elle avait parlé de l'eau de la cuillère.
08:09 - Mais voilà, qui dérangeait, qui critiquait,
08:11 et je dirais elle critiquait les macronistes mais aussi la droite.
08:14 C'est assez intéressant de voir d'ailleurs que son éviction
08:16 est applaudie à l'extrême droite en France aujourd'hui.
08:19 - C'est vrai. Alors pour le coup pour toi, après ton enquête en deux parties,
08:22 la motivation là ne fait pas de doute, on le comprend bien,
08:25 c'est une décision politique,
08:27 la direction de France Inter décide de l'arrêt quotidien pour ces raisons là,
08:30 mais précisément qu'est-ce qui te fait dire ça ?
08:32 - Alors deux choses, d'abord on a sollicité
08:35 Sybille Veil, la présidente de Radio France, nommée sous Macron en 2018,
08:38 il faut rappeler que c'était une camarade de promotion de Macron et Léna,
08:40 donc très proche du président.
08:42 Elle avait d'ailleurs à l'époque une feuille de route pour faire faire des économies à Radio France,
08:45 elle avait voulu torpiller le cœur de Radio France, la chorale,
08:47 elle s'était retrouvée interrompue dans son discours par une chorale furieuse
08:50 qui s'est démise à chanter, on s'en rappelle.
08:52 Et puis Adèle Van Riet, à qui j'ai également posé la question,
08:56 pourquoi cette suppression d'émission ?
08:58 Bon, aucune des deux n'a répondu, ce qui est quand même un signe.
09:01 Par ailleurs il faut voir aussi qu'il y a un truc qui ne trompe pas,
09:03 quand on est un petit peu fin, c'est qu'il y a un truc qui ne va pas dans le régumentaire
09:07 de la direction de Radio France, c'est qu'ils peuvent dire tout ce qu'ils veulent,
09:09 faire des communiqués de 400 pages, bon ok.
09:11 Mais il y a juste un truc, pourquoi ils suppriment ?
09:13 - Une émission qui fonctionne.
09:14 - Qui fonctionne très bien.
09:15 - Plus que ça.
09:16 - Ils peuvent dire "non mais on préservera l'esprit impertinent",
09:18 ils peuvent dire tout ce qu'ils veulent,
09:19 mais il y a une question à laquelle Adèle Van Riet ne répond jamais,
09:22 pourquoi elle supprime un truc qui marche ?
09:24 Et ça va handicaper l'audiovisuel public,
09:26 parce que si vous perdez 1,2 millions d'auditeurs
09:28 pour mettre un comique qui vient d'Europe 1 qui est moins drôle,
09:30 ou pour mettre un truc qui marche moins bien,
09:31 c'est compliqué de réinstaller un succès pareil, ça a mis 10 ans.
09:33 Vous shootez ce truc-là, qu'est-ce qui se passe de tous les jours à 17h sur France Inter ?
09:36 Forcément ça va sortir les rames.
09:38 Donc ils vont perdre énormément d'argent en termes de pub, etc.,
09:41 de succès, de satisfaction des auditeurs.
09:43 Donc on se moque vraiment de nous dans le financement de l'audiovisuel public en France,
09:46 c'est nous qui le finançons, mais on n'a strictement aucun pouvoir,
09:48 et on est complètement à la botte des gouvernements, ce qui est insupportable.
09:51 Et t'as eu quand même des réponses, alors pas les deux principales concernées,
09:53 mais t'as eu, j'ai lu dans la première partie de ton enquête,
09:55 des réponses un petit peu pour justifier, avec des rames énormes,
09:59 de "ouais ok", c'est quoi, qu'est-ce qu'on t'a raconté en fait,
10:02 les rares réponses que t'as eues ?
10:04 Adèle Van Riet et Sibyl Veil ne sortent pas du bois,
10:07 en tout cas pas auprès de nous, mais en revanche il y a un attaché de France Inter
10:09 qui nous a rappelé pour nous dire
10:11 "non mais il faut savoir sortir de cette zone de confort, c'est un nouveau défi".
10:15 D'ailleurs elle est très excitée, Charline, très excitée d'arrêter son émission.
10:19 Bon, le type était jeune, donc les arguments de langage étaient moyennement convaincants,
10:23 enfin bon, on s'en fiche de nous, comme d'habitude,
10:25 c'est évident que ce programme dérangeait,
10:27 moi j'ai retrouvé quelques perles de la bande de Charline depuis quelques semaines,
10:31 on est quand même dans une crise politique très forte, c'est évident qu'ils dérangeaient.
10:34 Bien sûr, d'ailleurs avant de passer à ces quelques perles,
10:37 on a envie de les réentendre, de les revivre, parce qu'on les a vécues à ce moment-là,
10:40 Charline justement, on la voit, elle essaye de rester positive,
10:43 elle essaye d'être même enthousiaste, elle le dit, je suis enthousiaste,
10:46 ce sont ses mots, la quotidienne va donc vous semer en hebdomadaire,
10:49 le week-end, ça sort de la mise au placard, quand même.
10:52 Oui, alors c'est aussi un truc, c'est que quand quelqu'un est dans une position de force dans un média,
10:56 on commence par réduire son temps d'antenne.
10:58 Je prends juste un exemple, quand en 2015-2016,
11:01 Akanal Bolloré vient de prendre le pouvoir,
11:03 et que Maxime Salada est complètement coincé par le poids de l'actionnaire,
11:06 qui manifestement n'aime pas ni les guignols, ni l'investigation, etc.
11:09 Maxime essaye de nous dire, alors en fait ce qu'on va faire,
11:12 vous avez une hebdo d'enquête de 52 minutes par semaine, 40 programmes par an,
11:15 on va faire mieux, on va faire différent, on va faire un truc,
11:17 - On va moderniser. - En fait, on va le faire une fois par mois.
11:20 Mais mieux, ça sera bien.
11:21 Et quand la précédente direction avait annoncé à Paul Morera en 2006
11:24 qu'on supprimait "90 minutes", qui était une excellente émission d'enquête de canal,
11:27 les mots de Rodolphe Le Maire étaient "on va reformater".
11:31 Et je crois que Morera lui a dit "tu veux dire supprimer ?" Voilà.
11:34 Donc en fait, c'est des éléments de baratin, de langue de bois,
11:37 pour dire "en fait, ça emmerde, l'information dérange".
11:40 Et désormais en France, ce qui est quand même terrible,
11:42 l'humour politique dérange, on le savait chez Bolloré avec les guignols,
11:44 mais maintenant, ce qui restait d'humour politique,
11:46 moi à chaque fois les gens me disaient "mais non, tu peux pas dire que l'humour politique est tué en France,
11:49 il y a quand même la bande à Charlie Vanhoenacker".
11:51 Bon ben maintenant, il n'y a plus la bande à Charlie Vanhoenacker tous les jours sur France Inter,
11:54 donc en gros il n'y a plus grand-chose.
11:55 Ça veut dire que non seulement on n'a pas le droit d'enquêter,
11:56 mais on n'a quasiment plus le droit de rire.
11:58 Je pense qu'il est temps que la révolte gronde.
12:00 – Ben justement, dans cette émission-là que beaucoup pouvaient suivre,
12:03 on a vu un million et demi, etc.
12:05 C'était quoi qui était à ce point dérangeant ?
12:07 Est-ce que tu as quelques exemples ?
12:10 Je crois que j'en ai lu quelques-uns.
12:11 Qu'est-ce qu'il y a à ce point dérangé ?
12:13 – C'est difficile à dire, on n'est pas dans la tête des gens de l'Elysée,
12:16 de Sibyl Veil et de cette petite coterie parisienne
12:19 qui finalement se connaît, s'accorde, se protège contre le peuple français,
12:23 parce que c'est quand même ça qui se passe.
12:24 Mais quand même, quelques petits exemples.
12:26 Par exemple, Alex Vizorek, à un moment donné,
12:30 où Emmanuel Macron a dit vouloir reconstruire le système de santé.
12:32 On a l'état dévastateur des hôpitaux en France,
12:35 des vieux qui meurent dans les couloirs toutes les semaines,
12:37 c'est quand même terrible, c'est sous le nez de tout le monde depuis des années.
12:40 Et le chroniqueur de France Inter se marre en disant
12:42 "Imaginez Oussama Ben Laden se pointer sur les ruines du World Trade Center
12:46 en proposant son aide pour reconstruire".
12:48 Et il termine en disant "Et bien ça, ici, ça passe".
12:51 Donc Macron vient nous expliquer qu'il va reconstruire l'hôpital, ça passe.
12:53 Voilà un exemple.
12:54 Un autre, sur l'affaire Marlène Schiappa et l'affaire du fond Marianne,
12:59 là c'est Charline Vanhoenacker qui rigole,
13:01 sur l'échelle du mépris, ça occupe la première place,
13:04 juste devant la phrase "Les violences policières, ça n'existe pas".
13:07 Donc, elle fait marrer tout le monde avec une allusion à ce qu'avait dit Macron,
13:10 quand même, après des milliers et des milliers de blessés,
13:13 au moment de la révolte des Gilets jaunes, mais également de la révolte des retraites,
13:15 où Macron vient dire, enfin il l'a dit à l'époque des Gilets jaunes,
13:18 ne parlez pas de violences policières.
13:20 Donc, cette façon quotidiennement de pointer les hypocrisies,
13:23 les petits mensonges du pouvoir, c'est pas anodin.
13:25 C'est ce que faisaient les guignols de l'info sur Canal,
13:27 ça dérangeait profondément Sarkozy,
13:29 il ne faut pas s'imaginer que le rire est anodin, en fait.
13:31 Je pense qu'à un moment donné, plus on va vers la tyrannie,
13:33 plus les tyrans ne supportent pas les fous du roi.
13:35 Il y a aussi, il y a des exemples-là, il y en a plein, des centaines,
13:39 ils sont encore disponibles sur Youtube, les chroniques, les émissions,
13:43 par moments aussi, c'est "Irrévérence" et "Critique à sable de pouvoir",
13:47 mais il y a aussi cette séquence culte avec Darmanin, regarde.
13:50 C'est vrai que t'as un super parcours.
13:53 T'as commencé au RPR.
13:54 Même jeune, t'étais déjà vieux.
13:55 Et s'il y a bien un spécialiste de la politique du président, c'est quand même bien toi.
13:58 C'est vrai qu'en 2017, tu disais encore de Macron,
14:01 "son élection précipitera la France dans l'instabilité institutionnelle
14:04 et conduira à l'éclatement de notre vie politique".
14:06 T'es un visionnaire Gérard !
14:07 Ouais, Elisabeth Tessier qu'on t'appelle entre nous !
14:09 Regarde, il fait sans gêner !
14:10 Mais oui, mais enfin !
14:11 Qu'est-ce qui te tracasse ? T'as des casseroles à nous avouer ?
14:13 Non, la plainte pour viol.
14:14 Non lieu ?
14:15 L'abus de faiblesse.
14:16 Classé sans suite ?
14:17 C'est bon, fonce mon gars !
14:18 On est avec toi et pour tous ces petits conseils, on va pas être vache.
14:20 Comme t'es encore au compte public, on te fait un rabais.
14:22 Tu nous files 200 boules de la main à la main.
14:24 Ça nous paye le restaurant, on y quitte.
14:25 C'est quand même très ça y va.
14:28 Et là, vous voyez uniquement les images,
14:30 parce qu'on est obligé, au média, vu qu'on se fait striker à chaque fois qu'on utilise des images,
14:32 nous, peut-être pas les autres, c'est-à-dire pas les autres,
14:34 mais nous, on vous a mis des images fixes,
14:36 mais il faut voir la tête de Darmanin à ce moment-là.
14:38 On voit, il est déconfié, limite on imagine ce qu'il pense,
14:41 voilà, vous deux, je vais vous chopper.
14:43 On comprend, du coup.
14:44 Il faut un peu ce que faisait Stéphane Guillon sur France Inter il y a quelques années.
14:47 Je rappelle que, pour le démonter, Sarkozy avait été obligé de changer la direction de la radio publique.
14:51 Il avait mis Philippe Val à la direction de Radio France et Jean Lucas à la direction de France Inter.
14:55 Et au bout de quelques mois, ces deux types avaient réussi à tordre Guillon et Porte
14:58 et à les faire virer de France Inter avec des milliers d'auditeurs en colère devant la maison de la radio pour protester.
15:02 Donc, virer les humoristes à France Inter, ça fait un moment que ça a duré.
15:06 Ça a été sous Sarko, sous Macron on fait pareil.
15:09 Voilà, bienvenue.
15:11 - On comprend mieux sur la politique, du coup, en voyant tout ça.
15:13 Et tu l'as tout vite cité tout à l'heure, celui qui est pressenti,
15:17 tout du moins qui est peut-être déjà dans les cartons,
15:19 tout du moins qui va peut-être arriver pour remplacer Charline et les autres dans cette case,
15:23 c'est un certain Mathieu Noël. Qui c'est ?
15:26 - Alors, il se trouve qu'elle a déjà perdu une chronique le matin, Charline, il y a quelques mois.
15:30 C'est ce fameux Mathieu Noël qui l'a remplacé.
15:32 C'est quelqu'un qui vient d'Europe.
15:34 C'est un peu une spécialiste de visuel public,
15:36 une spécialité depuis quelques années d'aller chercher des gens dans le privé.
15:39 Par exemple, Ernotte avait été chercher Catherine Nel à TF1
15:41 pour diriger l'info de France Télévisions ou je ne sais plus les programmes.
15:45 Là, maintenant, on va chercher un humoriste qui vient d'Europe 1,
15:48 dont certains connaisseurs, parce que moi je ne le connais pas personnellement,
15:51 j'ai peu de temps, mais certains connaisseurs disent qu'en fait,
15:53 c'est un humour beaucoup plus fade, qui dérange moins, etc.
15:56 Donc, en fait, il faudrait faire rire parce que la patente de France Inter
15:59 doit pouvoir continuer à dire "ah non, mais l'impertinence et le rire, c'est clé".
16:02 Bien sûr, on ne l'abandonnera jamais, donc ça, c'est pour la galerie.
16:05 Donc, on met un type qui a l'air d'être un humoriste,
16:07 mais alors surtout, par contre, il ne faut pas qu'il dérange.
16:09 Donc, en fait, bon, voilà. C'est de l'argent.
16:11 En plus, c'est notre argent qui paye tous ces gens-là.
16:13 Donc, c'est juste une folie.
16:14 Et les Français, s'ils ont du mal à financer les médias indépendants aujourd'hui,
16:16 c'est parce qu'on leur demande de payer, enfin, on leur demande, on leur impose,
16:19 de payer, même s'il n'y a plus la redevance, on leur impose de payer
16:21 cet audiovisuel public qui se fiche de nous
16:23 et par ailleurs de subventionner les journaux des milliardaires.
16:25 Donc, là, il serait temps de bouger.
16:27 - Effectivement. Alors, pour un peu finir notre entretien,
16:29 on a vu sur les réseaux sociaux, ça a fait le buzz,
16:32 cette séquence censée t'avouer, beaucoup de gens ont réagi
16:34 et évidemment, les réacts de droite et d'extrême droite
16:36 qui fêtent la fin de cette quotidienne,
16:38 est-ce que ça dit que c'est quelque chose ?
16:40 Est-ce que c'est un des derniers bastions ?
16:42 - Moi, je suis de plus en plus frappé qu'en fait, on parle des macronistes
16:44 avec toujours cette idée qui venait de chez Hollande, etc.
16:46 Mais en fait, il y a une espèce de rapprochement,
16:48 j'ai l'impression, entre les macronistes et l'extrême droite en France.
16:50 D'ailleurs, qui applaudit la décision aujourd'hui de France Inter ?
16:53 C'est un garçon qui est le conseiller numérique d'Éric Zemmour,
16:57 qui s'en est félicité sur Twitter.
16:59 Et Éric Zemmour lui-même, il y a 48 heures, je crois,
17:01 a pris la parole avec un micro, ça a été diffusé sur CNews,
17:04 pour expliquer toute la haine qu'il ressentait
17:06 à la gare de Vanhoenacker et de ses amis.
17:08 Donc, voilà, l'extrême droite veut les détruire depuis très longtemps.
17:13 Et bien, maintenant, on les a détruits à la direction de Radio France.
17:16 Moi, je ne sais pas si la direction de Radio France
17:18 prépare l'arrivée du Rassemblement National au pouvoir en France dans 4 ans,
17:21 et qu'elle tourne sa veste, tourne le dos pour être compatible,
17:25 mais c'est absolument effrayant, parce qu'à un moment donné,
17:27 il faut une colonne vertébrale dans une démocratie.
17:29 Et si, voilà, je veux dire,
17:31 je ne sais pas ce que la direction de Radio France
17:33 aurait fait en 1942 en France, mais ça m'inquiète carrément.
17:35 C'est sûr, c'est inquiétant.
17:37 Et c'est vrai, comme tu le dis, il y a cette extrême droite
17:40 qui est très audible sur les réseaux sociaux,
17:42 qui applaudit bien plus que les macronistes
17:44 et qui est plus modérée, évidemment, ces départs-là.
17:46 Et il y a cette pétition, malgré tout,
17:48 parce qu'il y a aussi les gens qui sont pro-pluralisme, aussi.
17:52 Et il y a cette pétition qui a réacculé 55 000 signatures pour l'instant.
17:55 Est-ce que, j'y pense, là,
17:57 est-ce que le fait que cette mauvaise pub,
17:59 parce que l'extrême droite applaudisse cette décision de la réaction,
18:03 plus cette pétition, ensemble, ça peut faire pression
18:05 pour qu'elle revienne, sur cette décision ?
18:07 Alors, je ne pense pas, parce que je pense que
18:10 les directions de l'audiovisuel public
18:12 sont suffisamment proches de la macronie
18:14 et protègent suffisamment le président
18:16 pour qu'elle-même soit protégée à leur poste.
18:18 Macron a besoin d'être protégé, surtout en ce moment.
18:20 Donc, quelqu'un qui dégage une humoriste qui dérange,
18:22 c'est quelqu'un de précieux.
18:24 Donc, je pense que Macron n'est pas prêt de virer Sibyl Veil.
18:26 Après, il est clair que le communiqué d'Adèle Van Riethe, de France Inter,
18:29 justifiant l'éviction de Vanhoenacker,
18:31 sans jamais donner la raison pour laquelle
18:33 elle est virée de sa quotidienne, n'est non convaincue par grand monde.
18:36 Et il est clair qu'il y a quand même des milliers et des milliers d'auditeurs furieux.
18:39 Parce que là, on en était, il y a quelques heures,
18:41 à 53 000 pour la pétition pour le maintien de cette émission.
18:44 Donc, oui, ça va encore mettre le bazar.
18:46 Ça va montrer qu'en fait... Enfin, ça va décourager,
18:48 ça va rendre furieux encore des gens qui avaient encore un peu confiance
18:50 dans l'audiovisuel public.
18:52 Voilà, voilà encore des gens qui vont être dégoûtés
18:54 par les médias en France.
18:57 Mais bon, je ne sais pas si on les fera reculer.
18:59 Je crois que de toute façon, tant que les gens ne prendront pas conscience
19:02 qu'il faut arrêter de mettre une pièce dans ce jukebox
19:04 qui soit privé au public et que seuls des médias
19:06 dirigés par des citoyens et des journalistes
19:08 peuvent faire le job, tant que les gens n'auront pas compris,
19:10 tant qu'il n'y aura pas un bouleversement économique
19:12 du financement des citoyens vers les médias indépendants,
19:14 ça sera compliqué, quoi.
19:16 – Merci beaucoup Jean-Baptiste. Je rappelle que ton enquête
19:18 est disponible en accès libre pour la première partie ?
19:20 – Le premier papier en accès libre.
19:22 – Le premier papier en accès libre pendant 24 heures, alors cours-y.
19:24 – Fini de lire de Macron sur off-investigation.fr
19:26 – Off-investigation.fr, un média indépendant dont tu es le créateur
19:29 et qu'il faut soutenir, il ne faut jamais l'oublier, c'est normal.
19:32 – Merci, merci. On galère comme vous en ce moment.
19:34 – Exactement, donc soutenez Off-Investigation
19:36 comme vous soutenez le média ou d'autres.
19:38 [Générique de fin]
19:40 [Générique de fin]
19:42 [Générique de fin]
19:44 [Générique de fin]
19:46 [Générique de fin]
19:48 [SILENCE]