Maya Lauqué reçoit aujourd'hui Chloë Collin, alias Saint Glinglin sur les réseaux sociaux, une commissaire priseur d'un nouveau genre.
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00:008h13, c'est l'heure de l'interview d'actualité.
00:02Maya, vous recevez ce matin Chloé Collin.
00:04Elle est commissaire priseur, spécialiste notamment du graffiti.
00:07Elle est aussi cinglin-glin sur les réseaux sociaux.
00:10Oui, c'est votre pseudo, vous allez nous en parler.
00:12Bonjour Chloé Collin.
00:13Bonjour.
00:14Merci d'être avec nous ce matin.
00:15Merci beaucoup de m'accueillir.
00:16Probablement que dans l'imaginaire des gens qui nous regardent,
00:19un commissaire priseur ressemblerait plutôt à Pierre Cornet de Saint-Cyr
00:23qui disparut l'année dernière, mais assez classique dans la posture.
00:29On peut dire, et on le voit ce matin, que vous cassez les codes,
00:32voire vous les explosez.
00:35Alors, Cornet de Saint-Cyr qui était un confrère qui a ouvert la voie
00:41à quand même la fantaisie avec raffinement et élégance.
00:45Donc, c'est maintenant peut-être aussi la place des femmes
00:48d'apporter un peu une touche de fantaisie dans ce métier.
00:52C'est un peu intimidant d'entrer dans une salle des ventes.
00:54On a l'impression que seuls les initiés connaissent les codes,
00:59que c'est réservé peut-être à une clientèle, à des acheteurs aisés,
01:03voire très aisés.
01:05Est-ce que c'est le cas, déjà ?
01:06Et est-ce que si c'est le cas, vous tenez un peu aussi à changer cette image ?
01:10Alors, c'est le cas, tout à fait, mais de moins en moins.
01:13Et en fait, du fait qu'il y ait de plus en plus de ventes aux enchères
01:17sur Internet, ça ouvre la porte de tout ce qu'on peut vendre
01:23aux ventes aux enchères.
01:24Et donc, il y a des petits lots, des petites choses à 50 euros, à 100 euros.
01:27En fait, c'est juste un moyen de consommer qui est différent
01:31de toutes les plateformes qu'on peut trouver sur Internet
01:34ou de tout ce qu'on peut trouver aussi en brocante, en vide-grenier.
01:37Nous, on apporte une expertise,
01:39donc un gage comme un certificat sur tous les objets.
01:44Et à la fois, on peut vendre des objets de 50 euros à des millions.
01:49Mais en fait, tout le monde peut venir en chercher.
01:51Oui, c'est ça. Il faut le dire, on peut tous rentrer dans une salle des ventes.
01:54Exactement, on peut tous. C'est gratuit, accessible à tous.
01:59Et même si vous voulez venir voir une exposition,
02:02c'est une exposition qui est gratuite avec des objets que vous pouvez toucher.
02:05Contrairement au musée, puisque du coup, l'idée,
02:08c'est vraiment qu'on puisse être proche des objets.
02:10Et donc, il faut préciser qu'avant la vente,
02:13généralement la veille, parfois l'avant veille,
02:15les objets sont mis en exposition.
02:17Et que ce soit dans toutes les villes en France,
02:20il y a toujours un hôtel des ventes dans la ville.
02:23Donc, je vous invite à aller voir.
02:24J'invite tout le monde à aller voir par curiosité
02:26l'évent qu'il y a dans l'hôtel des ventes.
02:28Et aussi à Paris, il y a plein de maisons différentes, chacune par spécialité.
02:32Et donc, c'est toujours un plaisir, même un spectacle,
02:35d'aller voir une vente aux enchères et c'est gratuit.
02:37En tout cas, vous, vous en faites un spectacle.
02:39Est-ce que c'est votre amour du théâtre ?
02:40Qu'est-ce qui vous a amené à devenir commissaire priseur ?
02:43Depuis petite, j'adore les histoires.
02:46Je voulais à un moment être destinatrice pour enfants
02:49ou raconter des histoires pour les enfants.
02:52J'ai fait beaucoup de théâtre et en fait, j'aime énormément l'histoire de l'art.
02:57Et dans mes études de lettres à Paris,
02:59puis j'ai ensuite fait une double licence histoire de l'art.
03:03J'ai découvert cette profession à Rennes quand je me baladais.
03:08Maître Jézékel, qui est une femme,
03:09qui orchestrait des ventes sur l'hôtel des ventes à Rennes.
03:13J'ai découvert ce métier-là, je me suis dit c'est incroyable,
03:16ça allie à la fois la passion pour raconter les histoires,
03:19la passion pour le spectacle,
03:21mais aussi ce goût, cet amour de l'histoire de l'art et des objets.
03:25Et aussi, et ça on ne le dit pas assez souvent,
03:27mais c'est aussi cet amour des gens, des histoires des gens,
03:30des histoires de famille, rentrer dans l'intimité.
03:32On est un peu comme un médecin finalement, on est un tiers de confiance.
03:36Donc, on arrive au moment de la vie des gens,
03:38que ce soit un moment d'héritage, la succession,
03:43ou alors des moments de divorce un peu plus compliqués,
03:46des moments de déménagement.
03:47Parce que faire vendre ces objets, c'est entrer dans l'intimité des gens,
03:52il faut les aimer les objets, et ce n'est pas juste donner des coups de marteau.
03:55C'est-à-dire qu'il y a un grand travail préparatoire avant.
03:58Ce moment du marteau, c'est vraiment quelque part
04:03comme le stéthoscope du médecin, c'est comme notre petite loupe en fait.
04:06C'est un moment du métier, mais finalement, c'est presque 1%.
04:11C'est la touche finale, ce moment d'adjudication.
04:14Parce qu'avant, vous vous évaluez.
04:15Avant, on expertise, on rencontre les gens, on évalue, on fait des recherches.
04:20Moi, je passe du temps en bibliothèque à rechercher,
04:22est-ce que c'était l'artiste ?
04:23Est-ce que cet artiste, il est vraiment bien dans ce catalogue raisonné,
04:27dans ce musée ?
04:29Il y a beaucoup, beaucoup de recherches, donc c'est aussi ça qui est impressionnant.
04:32Alors oui, je collectionne, je collectionne beaucoup de graffitis.
04:37Beaucoup de graffitis, des dessins préparatoires
04:40qui ont été faits par les artistes avant d'aller peindre sur les murs.
04:43On appelle ça des sketchs, donc pas mal de sketchs des années 80,
04:47des New-Yorkais à l'époque.
04:48Le début, c'était des enfants qui dessinaient,
04:51qui, comme les enfants font des croquis quand ils sont en classe,
04:54et ils font... Là, c'était ça.
04:57Et à l'époque, pour préparer sur les métros.
04:59Donc ça, je collectionne beaucoup.
05:01Des procès-verbaux de la RATP aussi, parce que c'est un, je trouve...
05:06C'était un art lié aux graffitis, alors, toujours.
05:09Lié aux graffitis, puisqu'en fait, c'est interdit.
05:10Art de rue interdit, en fait, c'est une façon d'archiver ce mouvement de graffitis
05:15qui est assez intéressante,
05:17puisqu'en fait, il y a peu de critiques d'art dans le graffitis.
05:20Et au final, les critiques d'art qui ont vraiment écrit sur le lettrage,
05:25la qualité des lettres, la qualité du graffitis,
05:29au final, c'est les agents de la RATP qui ont finalement dit
05:32« Bon, en fait, on peut constater que ce lettrage est différent de tel lettrage
05:36et que c'est vraiment un style qui est déstructuré.
05:38» Et en fait, ils ont écrit comme des critiques d'art
05:41sur les graffitis qu'ils voyaient dans les métros.
05:43Des graffitis que vous vendez aussi, dont vous organisez des ventes aux enchères,
05:47ce qui permet effectivement d'écrire aussi l'histoire de ce mouvement.
05:49Mais comme c'est encore un mouvement de niche,
05:51ça veut dire que peut-être pour les acquéreurs, il y a encore des découvertes.
05:55Tout à fait.
05:56Et je pense que c'est aujourd'hui qu'il faut acheter et qu'il faut investir dans le graffitis,
05:59puisque c'est un mouvement des années 80 qui commence.
06:04Ça fait 50 ans qu'il existe aujourd'hui.
06:06Et il y a des grands graffers new-yorkais des années 80
06:10qui sont devenus des superstars et qu'on peut encore acheter aujourd'hui.
06:14Juste pour terminer, c'est votre marteau.
06:16C'est mon marteau.
06:16Vous l'avez amené aujourd'hui, mais il vous accompagne partout.
06:18Il est un peu rose.
06:19Oui, alors ici, c'est du galucha.
06:21Donc, c'est une matière qui est typique de l'art déco.
06:26Et là, c'est un petit damier.
06:28Et donc, c'est gravé là, et en fait, c'est pour la petite histoire.
06:32C'est un maître ébéniste qui s'appelle Jacques Dubarry de Lassalle
06:34et qui a plus de 90 ans.
06:36Et c'est un peu comme dans Harry Potter,
06:38celui qui fait les baguettes magiques de tout le monde.
06:40Ollivander, c'est un peu ça.
06:42Et c'est lui qui fait les marteaux de tous les commissaires-priseurs.
06:46Et donc, c'est un peu le graal pour le commissaire-priseur
06:48d'avoir son petit marteau.
06:50Qui a fabriqué votre baguette magique.
06:51Exactement.
06:52Merci beaucoup, Chloé Collin.
06:54Je rappelle donc qu'on vous retrouve sur les réseaux sociaux
06:56sous votre pseudo Saint Glinglin, où là aussi, vous faites partager votre passion.
07:00Et c'est une autre manière d'intéresser un autre public aux ventes aux enchères.
07:04Merci beaucoup.
07:04Je vous invite tous à venir faire réexpertiser vos objets gratuitement
07:07et surtout venir en salle des ventes et oser pousser la porte
07:11de ce grand monde méconnu.
07:12Vous nous avez donné envie ce matin de le faire.
07:14Merci beaucoup.
07:15Merci à tous.