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TW : viols
Le père de Caroline a drogué sa mère à son insu pendant près de 10 ans, dans le but de la livrer à d'autres hommes, qui ont profité de son inconscience pour la violer. Elle revient pour nous sur cette affaire glaçante.

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Transcription
00:00 On a l'image d'un père aimant, proche de sa famille,
00:03 qui est en fait un détraqué sexuel.
00:04 Ma vie familiale à la base est plutôt une vie familiale équilibrée.
00:08 On est proche de nos parents, on a une vie sociale normale.
00:11 Voilà, on est la famille lambda de base.
00:14 Moi j'avais l'image d'un couple qui s'aimait beaucoup, complice.
00:18 Je revois mes parents avoir des faux rires.
00:20 Ils se sont rencontrés, ils avaient 18 ans,
00:22 ils se sont mariés quelques mois plus tard.
00:24 En face de nous, on avait un couple modèle.
00:27 Et en fait, mon père, ce qu'on a découvert en revanche en 2020,
00:31 c'était qu'il droguait depuis 2011 ma mère pour abuser d'elle
00:35 et la faire abuser par d'autres hommes.
00:37 Mon père est aussi identifié dans d'autres affaires d'agression sexuelle
00:42 et qui remontent, elles, dans les années 90.
00:44 Droguer ma mère avec des anxiolytiques et des somnifères,
00:47 qu'il versait dans son verre de table, qu'il versait dans sa nourriture,
00:51 qu'il pouvait mettre parfois même dans son café noir le matin.
00:54 Les personnes qui ont bénéficié de ce protocole sordide exercé sur ma maman
01:00 ont été plus de 80.
01:01 C'est ce qu'on sait entre 2011 et 2020,
01:04 parce qu'il est probable qu'il y en ait plus.
01:07 Parmi ces 80 personnes, 83 personnes,
01:10 il n'y en a que 51 qui ont été clairement identifiées.
01:13 Donc il y a un delta d'une trentaine de personnes
01:15 qui aujourd'hui sont toujours dehors en vie normale,
01:17 une vie de famille pour la plupart,
01:19 puisque ce sont des auteurs qui sont âgés entre 22 ans et 70 ans.
01:23 Et surtout, ces personnes qui sont venues abuser de ma mère à son insu,
01:29 parfois sont revenues plusieurs fois.
01:32 Donc on parle d'une centaine de viols exercés sur une seule et même femme.
01:37 Ma mère s'est plaint d'insomnies à répétition, de trous de mémoire.
01:41 Elle a consulté des médecins, son médecin généraliste, son gynécologue,
01:44 trois neurologues même.
01:45 Ils ne comprenaient pas parce qu'en fait,
01:47 voir arriver une femme d'une soixantaine d'années dans un cabinet
01:50 affirmant avoir des trous noirs, des insomnies,
01:52 une fatigue inexpliquée, une perte de poids, une perte de cheveux,
01:55 spontanément, même le corps médical ne se dit pas
01:57 "Ah, attention, peut-être qu'il y a soumission chimique au domicile".
02:00 Moi en 2020, je découvre ça après que ma maman m'ait appelée
02:04 pour me dire qu'elle a été auditionnée entendue
02:07 par les officiers du commissariat de Carpentras
02:10 qui souhaitaient lui parler,
02:11 qui ont appris ce jour-là ce qu'elle vivait sans le savoir depuis dix ans.
02:15 Ça a été une déflagration totale pour elle.
02:18 Et par ricochet pour nous les enfants qui étaient à 10 000,
02:21 d'imaginer ce qui se passait au quotidien dans la vie de ma mère,
02:24 chez elle, évidemment on réagit mal.
02:27 La colère, la rage, le dégoût aussi.
02:31 Oui, c'est un moment de vie d'une extrême violence.
02:33 Les officiers de police découvrent ça
02:35 puisque quelques mois plus tôt,
02:36 mon père est surpris en train de filmer
02:39 sous les jupes de trois femmes dans un supermarché de Carpentras.
02:43 Heureusement, ces trois femmes vont déposer plainte
02:45 et lui va être convoqué au commissariat
02:47 et à ce moment-là, ils vont saisir son téléphone portable
02:49 et ils vont découvrir que ce n'est pas juste un pervers
02:52 qui œuvre dans les rayons d'un supermarché
02:55 mais qu'ils ont en face de lui un grand criminel.
02:58 Au total, c'est plus de 20 000 vidéographies,
03:00 photographies à caractère pornographique.
03:02 Ils ont retrouvé dans tout ce florilège de vidéos et de photographies,
03:08 plusieurs photos et vidéos de moi, mais aussi de mes belles-sœurs,
03:12 en train d'être filmées à notre insu,
03:15 souvent dénudées, sortant de la douche.
03:17 Là, on passe encore à un autre stade.
03:20 Ça a été tellement rude que j'ai fait un séjour à l'hôpital psychiatrique
03:23 pendant 48 heures, où on m'a sédatée, endormie,
03:25 pour que je puisse fermer les yeux et dormir
03:27 puisque ça faisait au moment des faits, le 2 novembre,
03:31 je passe à peu près six jours sans manger, dormir.
03:33 On est tellement secoué, terrassé par ce qu'on vient d'apprendre
03:37 que le cerveau n'arrive pas à gérer en fait.
03:42 Ça a impliqué d'être suivie sur le plan psychologique,
03:45 ça a impliqué chez moi d'être mise sous antidépresseur
03:48 pour arriver à ne pas sombrer et à avoir une vie à peu près équilibrée
03:51 puisque moi, je suis maman d'un petit garçon.
03:53 J'ai tenu à travailler, à ne pas m'arrêter
03:55 pour arriver à gérer toute la charge mentale au quotidien.
03:58 Il m'a fallu cette béquille médicamenteuse pendant plusieurs mois.
04:02 Mais c'est vrai que ça a été difficile.
04:05 Très vite, je me rends compte que je ne peux plus l'appeler papa.
04:08 C'est au-delà du supportable.
04:09 La figure du père, elle est censée être intouchable.
04:13 Il doit y avoir quelque chose de pur et de sain dans cette relation père-fille.
04:17 Quand moi, je découvre ce qu'il a été capable de faire,
04:20 subir à ma mère et sans doute aussi à moi à mon insu,
04:23 impossible pour moi de continuer à le considérer comme mon père.
04:26 Donc, quelque chose qui vient s'étendre à l'intérieur de moi,
04:29 je n'ai plus de père.
04:31 Ce qui est vital à faire pour sensibiliser et alerter le plus grand nombre
04:35 sur ce qu'est la soumission chimique, c'est d'en parler.
04:37 Plus on sera à lever le voile en tant que victime potentielle ou avérée sur ce sujet,
04:43 plus on donnera un écho auprès du plus grand nombre.
04:46 Et moi, j'invite toutes les personnes qui verront ce témoignage vidéo,
04:50 si elles ont un doute ou si elles ont même été concernées par ce fait,
04:54 d'en parler autour de soi, d'en parler à un proche,
04:57 même d'en parler à son médecin,
04:58 parce que les médecins sont aussi là pour avoir une écoute,
05:02 une oreille attentive et bienveillante.
05:04 Donc c'est important de ne pas rester avec ça, toute seule, avec soi.

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