• l’année dernière
Chroniqueuse : Marie Portolano 






Alors que le Maroc a été frappé par un terrible séisme qui a ravagé le pays et provoqué des milliers de morts, la mobilisation internationale s’organise. Pour venir en aide aux victimes, les associations humanitaires sont sur le pied de guerre. Parmi les ONG dépêchées sur place, le Secours Populaire a aussi son rôle à jouer. Engagée depuis toujours, Henriette Steinberg dirige depuis quatre ans cette association. Invitée sur le plateau de Télématin, elle dresse un premier bilan de cette catastrophe avant de lancer un appel aux dons. La secrétaire générale rappelle également la situation extrêmement alarmante en France. Près d’un étudiant sur deux a déjà sauté un repas à cause de l’inflation. Alors que les Restos du cœur et de nombreuses associations frôlent la faillite, comment diminuer la précarité qui gangrène actuellement le pays face à une hausse des prix galopante ? La réponse avec Henriette Steinberg.   

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Transcription
00:00 Il est 8h14, ce l'interview d'actualité en pleine mobilisation pour aider le Maroc, mais aussi en pleine crise pour nombre d'associations humanitaires.
00:06 Marie, vous recevez Henriette Steinberg, c'est la secrétaire générale du Secours Populaire. Bonjour et bienvenue à vous.
00:11 Bonjour Henriette Steinberg, merci beaucoup d'être avec nous.
00:14 Bonjour.
00:15 Bonjour. On va parler de votre engagement depuis toujours avec le Secours Populaire que vous dirigez depuis maintenant 4 ans.
00:20 Avant cela, un petit mot sur l'urgence actuelle au Maroc, car le Secours Populaire c'est aussi un lieu d'action d'urgence.
00:27 Il y a une délégation qui est arrivée hier au Maroc pour aider les forces sur place. Qu'est-ce que vous allez faire là-bas concrètement ?
00:34 Ce que nous allons faire concrètement sur place, c'est rencontrer nos partenaires et voir avec eux comment ils évaluent les urgences,
00:42 de combien d'argent ils ont besoin et comment il est possible d'acquérir à proximité des lieux de la tragédie
00:49 les moyens matériels qui permettent aux populations qui ont survécu à cette horreur de reprendre leur souffle
00:56 et de s'occuper de leurs enfants et de retrouver leur travail, leurs habitations et pour ceux qui sont dans la classe,
01:04 leurs conditions de culture et leurs bétails, c'est-à-dire rétablir la vie.
01:09 On a aussi besoin du Secours Populaire en France où la situation est alarmante.
01:13 Ce matin, on apprend que près d'un étudiant sur deux a déjà sauté à un repas à cause de l'inflation.
01:18 C'est une étude publiée par l'association Copain qui lutte contre la précarité étudiante.
01:22 Un étudiant sur deux, qu'est-ce qu'il faut faire selon vous ?
01:28 Le Secours Populaire, depuis des mois et des années, alerte sur cette situation.
01:33 En ce qui concerne la situation des étudiants, elle est particulièrement préoccupante.
01:38 Et qu'est-ce qu'il faut faire ? Il faut créer les conditions pour que les étudiants dont les familles ne disposent pas de moyens suffisants pour les aider,
01:47 leur permettent d'avoir des bourses qui leur permettent au moins de manger.
01:51 Il est par exemple intéressant de noter qu'à Lyon, qui n'est pas considérée dans notre pays comme la ville la plus pauvre de France,
02:00 les étudiants de Centrale, vous m'avez bien entendu, qui ont réussi Centrale et qui venaient de milieux populaires et qui avaient des bourses,
02:11 à partir de la deuxième année de Centrale, ils viennent au Secours Populaire pour demander des colis alimentaires
02:17 parce qu'il faut qu'ils payent les stages et comme il faut qu'ils payent les stages, ils ne peuvent pas à la fois payer les stages et payer la nourriture.
02:23 Et je vous donne l'exemple des étudiants de Centrale dans les matières scientifiques dont on a absolument besoin,
02:29 et les matières scientifiques et les étudiants, et c'est bien entendu la même chose sur des campus de façon plus générale.
02:37 Et on le rencontre sur tous les campus de France, ce qui fait que le Secours Populaire a mis en place des véhicules itinérants,
02:45 bien sûr, qui apportent des produits alimentaires sur place dans les campus et qui permettent aux jeunes de pouvoir les distribuer entre eux.
02:53 Il y a un vrai problème dans notre pays pour la prise en compte des conditions matérielles d'existence des étudiants
02:59 dont les familles n'ont pas les moyens de les soutenir plus qu'elles ne le font déjà.
03:03 Il n'y a pas que les étudiants puisque le Secours Populaire a publié il y a quelques jours le baromètre de la pauvreté.
03:08 Il est également très inquiétant. Un Français sur cinq vit à découvert, un Français sur trois ne mange pas assez.
03:13 Comment vous expliquez aujourd'hui ?
03:15 Et c'est la même chose aussi en ce qui concerne les enfants.
03:17 Alors les enfants, c'est votre priorité ?
03:19 Oui, les enfants sont notre priorité.
03:21 Il y a plus de 2 000 enfants qui dorment là.
03:23 Les enfants c'est l'avenir de l'humanité, donc c'est quand même pas seulement notre priorité à nous, Secours Populaire.
03:27 Et une enquête de l'année dernière est renouvelée cette année.
03:31 Les chiffres montrent de plus en plus.
03:33 Et de lire de façon très très concrète que dans les classes, y compris dans les classes primaires,
03:39 les enfants quand ils sont interrogés avec toute la discrétion nécessaire disent que oui c'est vrai,
03:45 qu'ils voient que quelquefois leur maman ne mange pas parce qu'elle souhaite que eux mangent
03:51 et eux-mêmes sont malheureux de cet état de fait.
03:53 Et de plus de 2 000 enfants dorment dehors actuellement ?
03:57 Par ailleurs, il y a 2 000 enfants qui sont dans la rue.
04:00 Et pour ce qui concerne le Secours Populaire, c'est une situation inacceptable.
04:04 Alors qu'est-ce qu'on fait pour combattre ce phénomène-là ?
04:06 Alors le Secours Populaire est sur le terrain, collecte et essaye de faire son maximum.
04:11 Mais le Secours Populaire n'est pas en charge de l'habitat social.
04:14 Et il nous semble que la puissance publique a une véritable responsabilité en la matière.
04:19 Il y a d'une part le discours, il y a d'autre part le concret.
04:22 Il n'est pas acceptable qu'il y ait des enfants dans la rue.
04:25 Il n'est pas acceptable qu'il y ait des nourrissons de quelques mois dans la rue.
04:29 Et que se pose la question de quel papier disposent-ils ?
04:33 Un enfant est un enfant, quel qu'il soit, qui qu'il soit.
04:37 Ça vous met en colère ?
04:38 Et à trois mois, c'est invraisemblable que dans un pays comme la France, ce soit même supportable.
04:43 Ça vous met en colère que le gouvernement ne fasse rien ?
04:46 Est-ce que c'est de la colère ?
04:48 C'est une incompréhension absolue de l'incapacité des personnes qui sont en charge
04:54 de prendre la réalité réellement en charge.
05:00 Et c'est à eux de le faire.
05:02 Le Secours populaire fait tout ce qu'il peut.
05:04 Les associations d'autres que le Secours populaire font aussi tout ce qu'elles peuvent.
05:09 Mais il ne saurait être question que la puissance publique considère
05:15 que les associations sont là pour faire ce qu'elles ne font pas.
05:18 Il y a une responsabilité collective.
05:21 Et comment ça concerne les enfants ?
05:23 Ça concerne la totalité de la population.
05:25 Vous avez demandé à rencontrer Emmanuel Macron.
05:27 Est-ce qu'il vous a répondu ?
05:29 Non, il ne nous a pas répondu.
05:31 Mais comme nous sommes persistants et insistants, nous allons renouveler la demande.
05:36 Qu'est-ce que vous attendez du gouvernement aujourd'hui concrètement ?
05:39 Ce que nous attendons en général de la puissance publique,
05:42 c'est qu'elle tienne compte du réel et pas de l'idée qu'elle s'en fait.
05:45 Et l'un des moyens consiste à ce que les uns et les autres sortent de leur bureau
05:50 et viennent sur le terrain vérifier que ce qu'on leur dit est conforme à la réalité.
05:55 S'ils voient qu'il n'en est rien, ils pourront aussi le communiquer.
05:59 Mais nous pensons vraiment qu'il y a une espèce de décalage
06:04 entre la réalité que nous vivons les uns et les autres
06:07 et le discours qui est tenu à ce propos.
06:10 Et nous aimerions qu'une accroche de meilleure qualité puisse se mettre en place.
06:15 Le gouvernement va présenter son plan pauvreté baptisé pacte de solidarité le 18 septembre prochain.
06:20 On espère que ça va faire avancer les choses ?
06:22 Nous l'espérons pour ce faire et cela suppose néanmoins que nous disposions des éléments
06:28 qui nous permettent de réfléchir.
06:29 Il y a une réunion effectivement organisée le 18.
06:33 J'ai consulté mes collègues des autres associations,
06:36 pas plus que moi, ils n'ont d'informations précises.
06:39 Donc c'est évident que dans une réunion, on peut écouter, répondre de façon immédiate.
06:44 Mais cela suppose aussi qu'on regarde après concrètement comment cela se passe.
06:48 Et quand on envisage un pacte, alors c'est peut-être le rappel de mes études classiques,
06:54 mais un pacte suppose qu'on soit plusieurs.
06:57 Et donc, pour pouvoir signer quoi que ce soit, encore faut-il savoir ce qui est écrit sur le pacte.
07:02 Donc il faut aller dans la rue à la rencontre de la réalité ?
07:05 Il faut déjà que le pacte soit écrit et que nous ayons le temps de l'examiner.
07:11 Et ensuite, tous ceux qui le veulent sont invités dans les locaux du Secours populaire
07:16 pour rencontrer les populations concernées.
07:18 Ils sont invités et seront reçus comme ils doivent l'être, de façon amicale.
07:23 Cela nous paraît très important.
07:25 Merci beaucoup, Orenstedt-Berch.
07:27 Je rappelle que vous êtes la secrétaire générale du Secours populaire.
07:29 C'est une association dans laquelle vous avez travaillé bénévolement pendant 60 ans.
07:32 C'est donc toute une vie de bénévolat.
07:34 Je n'ai pas travaillé puisque j'ai travaillé de façon salariée ailleurs.
07:38 Vous êtes impliquée.
07:39 Voilà, je me suis engagée et je continue d'y être.
07:42 Merci.
07:43 Pour aider, merci à vous.
07:44 Pour aider le Secours populaire, secourspopulaire.fr.
07:46 Chaque petit don compte.
07:47 Je suis sûr que l'appel à rencontrer Emmanuel Macron va être entendu ce matin.
07:51 En tout cas, on fera tout pour.
07:52 Merci beaucoup à vous.

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