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Chroniqueur : Thomas Sotto 


Ce matin, Thomas Sotto reçoit Clémence Guetté, députée du Val-de-Marne, dans les 4 vérités. 

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Transcription
00:00 Bonjour et bienvenue dans les 4V Clémence Guettet.
00:04 Bonjour.
00:05 Est-ce que ce matin vous dites merci Total ?
00:06 Non, aujourd'hui on ne dit pas merci Total.
00:10 Alors vous faites référence du coup au blocage.
00:12 Au plafond, à 1,99 le litre pour le gazole et pour l'essence tant que les prix resteront
00:16 élevés pour le pétrole.
00:17 Exactement.
00:18 Non, déjà on dit que c'est au gouvernement d'agir parce qu'on pourrait faire mieux
00:21 que ça.
00:22 Si jamais Total se permet ce blocage à 1,99 c'est parce que largement ils peuvent se
00:26 le permettre.
00:27 Ils ont fait 19 milliards de bénéfices nets mondiaux cette année, c'est le record de
00:32 tous les records.
00:33 Donc cette ristourne-là, elle ne leur coûte rien en réalité.
00:36 Et puis nous ce qu'on dit c'est surtout que Bruno Le Maire devrait agir.
00:39 Comment ?
00:40 Plutôt que de demander un effort à Total, à M. Pouyannis, etc., il devrait bloquer
00:45 les prix.
00:46 Ça fait des mois qu'on le dit, que ce soit pour l'essence ou pour les prix des produits
00:49 alimentaires qui là aussi s'envolent avec l'inflation.
00:51 In fine, c'est les Français qui trinquent et donc il faut faire quelque chose politiquement.
00:55 Vous croyez que le gouvernement est trop gentil avec les pétroliers, avec les industriels
00:58 aujourd'hui ?
00:59 Bien sûr, oui, parce que ce sont des grands groupes et qu'ils ont érigé un totem, le
01:03 fait de ne pas s'en prendre aux super profits, aux grands groupes qui accumulent des bénéfices,
01:08 qui reversent des milliards de dividendes.
01:09 Et on voit que d'année en année…
01:10 Qui font travailler du monde aussi.
01:11 Oui, évidemment, mais encore heureux qu'ils font travailler du monde.
01:14 Mais on voit que d'année en année, se partagent des richesses, ils se déséquilibrent de plus
01:18 en plus et qu'on bat des records qui n'étaient jusque-là pas atteints.
01:21 Et que les salaires, eux, ne suivent absolument pas évidemment la même dynamique.
01:25 Vous bloquez quoi comme prix concrètement ? L'essence, on a compris ?
01:27 L'essence, des produits alimentaires.
01:29 Vous avez vu, je ne sais pas, par exemple, le lait c'est plus 17%, l'huile, la farine,
01:34 des choses qui sont essentielles pour cuisiner pour les gens.
01:36 On a parlé beaucoup, on va peut-être en parler, de la rentrée des fournitures scolaires.
01:40 Mais je veux dire, aujourd'hui, le panier moyen pour les fournitures scolaires c'est
01:43 233 euros.
01:44 C'est plus 20% quasiment, donc c'est absolument énorme.
01:47 Les gens ne peuvent pas absorber ça, à fortiori, je le redis, quand les salaires ne suivent
01:51 pas.
01:52 Alors il y a un problème structurel qu'on abordera évidemment dans le budget quand
01:56 on va l'étudier cet automne.
01:57 Qui va arriver le mois prochain.
01:58 Mais comment on partage le gâteau ? Comment on bloque les prix ? Et comment on arrête
02:02 de permettre que les marges, et notamment les marges de l'agroalimentaire, qui sont
02:06 absolument énormes, soient redirigées directement en dividendes, en superprofits ?
02:11 On vous évoquait l'école, visiblement, là-bas on gère plus la pénurie que le trop-plein.
02:16 On manque de profs, si l'on en croit l'enquête du principal syndicat d'enseignants SNES
02:19 et FSU.
02:20 Manque de profs dans les collèges, manque de profs dans les lycées.
02:22 Sachant qu'on ne trouve pas des profs dans une pochette surprise, que les réponses toutes
02:25 faites ne sont pas forcément les plus pertinentes, qu'est-ce que vous proposez pour régler
02:28 le problème ?
02:29 Alors déjà le chiffre qui est absolument monumental, c'est que dans un établissement
02:33 sur deux, il manque au moins un prof.
02:34 Ils ont testé 500 établissements et 48% des établissements ont au moins un manque.
02:39 Exactement.
02:40 On peut penser que ça reflète à peu près la réalité.
02:42 On ne sait pas si c'est représentatif.
02:44 Ils ont testé 500 établissements.
02:45 Il en manque en tout cas plusieurs milliers dans le pays et ce n'est pas une surprise
02:48 puisque en cinq ans, depuis le dernier mandat de M.
02:52 Macron, on a fait environ -8000 professeurs.
02:56 Là on parle des professeurs, il manque aussi des AESH, c'est les accompagnants des élèves
03:00 en situation de handicap, des psychologues, des médecins scolaires, des personnels plus
03:05 largement de l'éducation nationale.
03:06 Et pourtant la France investit davantage par élève ou par étudiant que la moyenne des
03:10 pays de l'OCDE.
03:11 Oui mais ils sont aussi beaucoup plus mal payés que la moyenne.
03:13 Enfin bon bref, il y a quand même un problème structurant d'attractivité de ces métiers.
03:18 Il faut 43 heures en moyenne les professeurs dans ce pays.
03:21 Ce qu'on leur a proposé c'est un pacte pour faire des heures supplémentaires alors qu'ils
03:24 sont déjà épuisés.
03:25 Donc il faut qu'ils soient mieux payés, donc évidemment une revalorisation salariale.
03:29 Ça il y a déjà eu un geste quand même.
03:30 D'ailleurs M.
03:31 Macron avait menti puisque dans la campagne il avait dit +10% ce sera pour tout le monde.
03:34 Ça n'est absolument pas le cas.
03:35 Ça suit à peine l'inflation aujourd'hui.
03:37 200 à 250 euros selon le fait qu'ils prennent une charge supplémentaire ou pas.
03:41 Ça ne suit pas, ça n'est pas assez pour faire face à l'augmentation du coût de la vie.
03:45 Par ailleurs, ce sont des métiers qui doivent être valorisés symboliquement, financièrement.
03:49 On doit montrer aux professeurs qu'on est attentif parce que ce sont des métiers qui
03:52 sont aussi difficiles.
03:53 Et on le fait pour les professeurs et pour les élèves in fine.
03:57 Parce que quand vous avez des professeurs qui sont plus épuisés, plus fatigués, quand
04:01 il y a moins l'énergie pour proposer d'autres projets collectifs etc.
04:05 Il y a aussi, c'est aussi évidemment les élèves qui en pâtissent.
04:09 Et donc pré-recrutement, augmentation des salaires et valorisation de ce métier.
04:14 Je le redis, on fait ça pour les élèves qui font leur entrée dans une situation catastrophique.
04:19 Manque de profs, établissements qui peuvent être vétustes.
04:22 Dans ma circonscription, la semaine dernière, puisqu'on a connu une canicule, il y avait
04:26 des établissements où il faisait 40 degrés à peu près dans les salles de classe.
04:29 L'hiver, ils ont froid.
04:31 L'été, ils ont trop chaud.
04:32 Et donc pénurie de personnel.
04:34 Il faut remédier urgemment à tous ces problèmes.
04:37 Donc il faut mettre beaucoup d'argent, c'est ce que vous dites.
04:39 Évidemment, et je n'accepte pas qu'on se résole parce que les enfants n'ont pas de
04:46 fourniture scolaire en arrivant à l'école.
04:47 Ils aient faim parce qu'ils doivent louper le petit déjeuner, parce que leur parents
04:51 n'ont pas le moyen.
04:52 Vous laissez sa chance à Gabriel Attal, le nouveau ministre de l'éducation, où vous
04:53 dites lui, ça ne changera rien.
04:54 Disons qu'il n'a pas fait une rentrée qui nous a beaucoup convaincus, notamment dans
04:58 les thèmes qu'il a voulu mettre à l'ordre du jour.
05:00 Je pense qu'il a opéré une diversion politique qui est dangereuse.
05:04 Il a lui-même menti d'ailleurs parce qu'il avait dit lui aussi qu'il y aurait un prof
05:08 devant chaque élève, ce qui est faux.
05:10 Donc il faut maintenant qu'il apporte des solutions.
05:14 On sait de toute façon que dans le budget, il y aura moins de crédit pour l'éducation
05:19 nationale.
05:20 Vous êtes prêts à travailler main dans la main ?
05:21 Si demain, on fait un Grenelle de l'éducation, vous êtes prêts à y aller ou vous serez
05:23 dans une opposition comme celle qu'on peut connaître de LFI à l'Assemblée, c'est-à-dire
05:26 du brutal et contre les autres ?
05:29 Je ne sais pas si on est brutaux.
05:31 En tout cas, on est déterminés et on a surtout une vision politique radicalement différente.
05:36 C'est-à-dire que nous, on propose d'autres choses.
05:38 Et on le voit d'ailleurs, vous aviez un reportage juste avant sur l'austérité en Allemagne
05:43 qui aujourd'hui montre ses limites.
05:46 Ils sont dans la même optique.
05:47 Ils ont déjà annoncé qu'ils allaient devoir trouver plusieurs milliards et qu'ils ne
05:51 savaient pas où ils les prendraient, mais sans doute sur les services publics.
05:54 Donc sur l'école, sur les hôpitaux par exemple, la rentrée sera sur la même tonalité que
05:58 les cinq années précédentes.
05:59 C'est pour ça qu'on s'oppose.
06:00 Clémence Guettet, en ces temps où les plus fragiles ont les plus grandes difficultés
06:03 à se nourrir, vous l'évoquiez, à se loger aussi, peut-on rester dans un logement social
06:07 quand on est député ?
06:08 Madame Keké, puisque c'est à elle que vous êtes faite référence.
06:12 On parle de Mme Keké, votre collègue éléphite, donc qui est élue depuis près d'un an et
06:14 qui est dans un logement social.
06:15 Elle est élue.
06:16 Logement obtenu tout à fait légalement puisqu'elle était femme de ménage avant d'être députée,
06:20 on le précise.
06:21 Elle était femme de ménage, très précaire.
06:22 Elle élève seule ses quatre enfants.
06:24 Et donc, elle a choisi au mois de juillet, lorsqu'elle a été élue l'année dernière,
06:29 de tout de suite contacter son bailleur social pour expliquer son revenu qui était très
06:34 largement différent, pour proposer de payer un surloyer.
06:37 Elle est en discussion avec eux actuellement, et donc elle a régularisé sa situation.
06:42 Et par ailleurs, sur le fond…
06:43 Mais aujourd'hui, pardon, mais il y a tant de familles qui cherchent un logement social
06:48 et qui ne pourraient pas payer ce surloyer.
06:49 Est-ce que quand on est député, qu'on gagne 5 600 euros net par mois, qu'on a la garantie
06:54 d'emploi pendant à peu près cinq ans ?
06:56 Un mandat, ce n'est pas une carrière.
06:58 On ne sait pas.
06:59 Il pourrait y avoir une dissolution.
07:00 Madame Keké pourrait ne pas être réélue, par exemple.
07:02 Elle vit là où ses enfants sont scolarisés.
07:03 Mais c'est ceux qui cherchent un logement social, ils peuvent faire leur boulot demain
07:06 aussi.
07:07 Elle vit dans son quartier où elle est implantée depuis longtemps, là où ses enfants ont
07:09 tous leurs réseaux, leurs amis, etc.
07:11 Je crois qu'en termes d'exemplarité, au lieu de vous en prendre à Madame Keké,
07:15 sur lequel vous m'interrogez, je pense qu'il faudrait interroger les gens qui ont plusieurs
07:20 maisons, qui ont plusieurs résidences, qui vivent dans le 16e arrondissement, etc.
07:24 Il y a 2,5 millions de personnes qui attendent un logement social.
07:25 Est-ce que c'est normal qu'aujourd'hui, quelqu'un qui gagne 5 600 euros net, ce
07:28 soit un cas personnel, soit dans un logement social ?
07:30 Justement, ce n'est pas un cas personnel.
07:33 Le problème, c'est la tension.
07:35 Le problème, c'est qu'on ne construit plus de logement social.
07:37 Le problème aujourd'hui, c'est que dans ces villes que je connais bien, puisque je
07:40 suis juste à côté, on fait de la résidentialisation, de l'accès à la résidence pour des gens
07:44 qui achètent pour louer, mais de façon privée donc, à des tarifs plus élevés à des gens.
07:49 Il faut faire davantage de logement social.
07:51 On sait que ce sont des départements où en plus, il y a une croissance démographique.
07:55 Il va y avoir plus de demandes.
07:56 Pour vous, Rachel Keke a raison de garder son logement social ?
07:59 Rachel Keke le souhaite et donc oui, je pense qu'elle a raison.
08:02 Elle doit pouvoir en bénéficier avec un surloyer qui correspond à ses revenus pour
08:06 participer.
08:07 Vous ne trouvez pas qu'en termes d'affichage et d'exemplarité, une députée, quelle
08:09 que soit son étiquette politique, dans un logement social, ça fait bizarre ?
08:12 Ça ne devrait pas, je pense.
08:16 Parce qu'être députée, ce n'est pas pour la vie.
08:18 Je le redis, ce n'est pas une carrière.
08:20 Ça peut s'arrêter.
08:21 Je pense que c'est important qu'elle vive là où elle a souhaité vivre initialement
08:25 avec ses enfants, qu'elle puisse continuer à le faire.
08:27 Je pense que c'est important qu'on soit au milieu des gens et au milieu du peuple.
08:31 Voilà.
08:32 Et donc, il faut évidemment que ça ait une conséquence financière.
08:34 Je reviens à ses revenus, c'est indéniable et elle l'a dit elle-même.
08:37 Mais par contre, qu'on puisse habiter dans ces quartiers-là est une chose importante.
08:41 Et par ailleurs, intéressez-vous, je ne sais pas par exemple, à tous ces députés qui
08:44 ont des actions, qui ont des actions dans des entreprises qui sont polluantes par exemple.
08:48 Si la question qui nous intéresse fondamentalement là, c'est celle de l'exemplarité, je suis
08:53 plus gênée par bien d'autres choses à l'Assemblée nationale que par Madame Keké
08:56 qui a un logement social, qui désire vivre et rester vivre dans son quartier.
09:00 Oui, c'est deux poids, deux mesures.
09:01 Je pense qu'on l'interprète tous les deux pas de la même façon.
09:03 Sans doute pas de la même façon.
09:04 Je suis d'accord avec vous.
09:05 Est-ce que vous allez répondre à la lettre d'Emmanuel Macron qui faisait le bilan des
09:07 consultations de samedi le 30 août dernier, qui a envoyé à tous les chefs de parti ?
09:11 Eh bien, il y a eu une réponse de Emmanuel Bonpart.
09:13 Qui dit quoi ?
09:14 Qui dit que, qui fait le constat de ce qui s'est passé pendant cette réunion interminable.
09:19 D'abord, je veux dire, ce qui nous a gênés, c'est autant la forme de la convocation.
09:23 C'est-à-dire ce huis clos, avec le président de la République, convoqué comme ça.
09:28 Les Français ne savent pas ce qui se passe dans ces discussions.
09:30 C'était dit-il pour se parler les yeux dans les yeux, sans conseiller ?
09:32 Oui, on a eu l'ordre du jour par la presse quand même.
09:35 Je veux dire, ce n'est pas sérieux cette histoire.
09:36 Ensuite, les sujets abordés.
09:38 Pas un mot sur l'écologie.
09:39 Vous n'avez rien à dire sur ce sujet.
09:41 Ah si, par exemple, on en parlait méta à Marignano D'Eliade.
09:42 Très tard.
09:43 Il faut croire à partir de minuit pour être précise.
09:45 Mais donc, trop tard compte tenu du fait que nos vies sont impactées largement par le
09:49 changement climatique.
09:50 Et vraiment de manière…
09:51 Mais juste sur le fond.
09:52 Ça devrait être au central, par exemple.
09:53 Visiblement, Emmanuel Macron, il en trouve la porte au référendum.
09:55 Est-ce que ça, c'est bien ? La possibilité de référendum ?
09:58 Oui, d'accord.
09:59 Mais nous verrons comment ça va se matérialiser.
10:01 Pour l'instant, c'est un groupe de travail, cette réunion, cette fameuse réunion de
10:04 Saint-Denis, qui va donner lieu à des groupes de travail.
10:06 Donc, voyons.
10:07 Parce que si vous voulez, après le grand débat où Macron fait sa grande opération
10:11 de communication après la Convention citoyenne pour le climat qui ne donne rien à 90% des
10:15 propositions jetées à la poubelle, nous n'avons pas de temps à perdre en réalité.
10:19 Les gens sauf le changement climatique est là.
10:20 Vous l'auriez sifflé, vous, le chef de l'État, au Stade de France, vendredi dernier
10:22 ou pas ? Ce sera ma dernière question.
10:23 Alors, je ne suis pas allée au Stade de France.
10:25 Par contre, je comprends.
10:26 Vous voyez, on a beaucoup interrogé.
10:28 Est-ce que ce serait un déshonneur pour nous ? Non, je ne crois pas.
10:31 Les Français ont une mémoire politique.
10:33 Ils sont un peuple résistant et ils n'oublient pas la réforme des retraites.
10:37 On ne peut pas mettre la politique sur pause de temps en temps pendant le temps du monde
10:40 qui est en train de s'enfoncer.
10:41 Un chef de l'État, le président qui vient dans un stade, c'est de la politique, qu'il
10:45 le veuille ou non.
10:46 Merci beaucoup à vous Clémence Goutilet de 9.4V.
10:48 Bonne journée.
10:49 Merci.
10:50 Merci à tous les deux.
10:51 Merci également à Fabrice Penaud pour la traduction Langue des signes.

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