Véronique Monguillot : «On ne vit plus, on survit depuis trois ans»

  • l’année dernière
Véronique Monguillot, veuve du chauffeur de bus de Bayonne, témoigne dans Punchline. Le procès s'ouvre ce vendredi : «On ne vit plus, on survit depuis trois ans».
Transcript
00:00 - Oui, ça va être une épreuve parce que voilà, on va vivre des moments
00:04 qu'on n'a pas forcément envie de vivre.
00:07 On va voir des choses qu'on n'a pas envie de voir non plus.
00:10 Les vidéos, les témoignages, on en connaît quelques-uns par rapport au dossier d'instruction.
00:15 Mais voilà, donc on laisse faire les avocats, bien évidemment, ils font leur travail.
00:19 Mais enfin, je veux dire, on va écouter, on va écouter.
00:23 Mais on attend la fin.
00:26 On voudrait juste aujourd'hui que ce soit fini.
00:28 - La justice, vous voulez la justice ? - Oui, complètement.
00:31 Il faut que la justice se rende compte que, vous savez, on est une famille de cinq,
00:37 une famille normale, ordinaire.
00:39 - Vous avez trois filles. - Trois filles, voilà, mon époux, mes filles, moi-même.
00:42 Ordinaire, on travaillait, on n'embêtait personne, on ne demandait rien.
00:47 Et on se retrouve quatre, il nous manque le pilier.
00:50 Donc voilà, il y a des dégâts qui sont irréparables de toute manière,
00:55 à tout niveau, dans notre survie d'aujourd'hui, parce qu'on ne vit plus.
00:58 On survit depuis trois ans.
01:00 Donc là, on va affronter tout ça, parce que ça fait partie de notre force aussi.
01:04 On ne lâche rien.
01:06 Et puis, on avait promis à Philippe qu'on irait jusqu'au bout, sur son lit de mort.
01:11 Moi, je lui dis tous les jours, mes filles aussi, nos filles aussi,
01:14 on tiendra le coup.
01:16 Et c'est ce qu'on est en train de faire, même si on sait que ça va être terrifiant,
01:19 ça va être extrêmement douloureux.
01:21 Mais on est obligés de passer par là.
01:23 Donc j'attends une justice.
01:25 - Quand vous dites "on ne lâchera rien", c'est-à-dire que le combat, c'est quoi ?
01:28 C'est que les agresseurs soient condamnés ?
01:30 - Complètement, on ne peut pas...
01:33 Ils sont récidivistes, en plus.
01:36 Et là, pour moi, ils ont tué mon époux. Point.
01:41 On pourra me dire ce qu'on veut.
01:43 - Le légiste dit que c'est parce qu'il est tombé à la rembourse qu'il est mort.
01:47 Vous, vous dites que ce sont les coups de poing.
01:49 - Exactement.
01:50 A partir du moment où vous tapez quelqu'un au sol, au niveau de notre moteur,
01:54 d'une violence extrême,
01:56 que la personne qui est au sol se relève,
01:59 la bagarre est finie, les deux s'écartent,
02:02 il se relève pour aller se protéger vers son trame,
02:05 et on vient lui donner un ultime coup
02:07 qui ne fait qu'aggraver ce qu'il y a eu au sol dans un premier temps.
02:10 Donc ça ne peut que le faire chuter.
02:13 Il n'a pas réagi. Mon époux n'a pas réagi.
02:16 Il avait déjà... Tout était cassé, à l'intérieur, ça avait été monté.
02:19 Voilà, il n'a pas compris ce qui lui est arrivé à la fin.
02:23 Donc automatiquement, cette phase 1 extrêmement violente,
02:27 avec le coup de poing final, ça n'a fait qu'aggraver.
02:31 Il n'y a pas d'autre issue.
02:33 - Vous êtes surprise qu'il ne soit pas jugé, les trois agresseurs,
02:36 pour homicide volontaire ?
02:37 - Oui, complètement. Je veux dire, pour moi, la volonté, elle est là.
02:40 Et puis il y a des mots, il y a des témoignages.
02:43 - Les mots, c'était...
02:44 - On va te monter à l'extérieur, on va te finir...
02:47 Quand on dit à quelqu'un, on va te finir, finir égale fin.
02:51 C'est-à-dire qu'après, il n'y a plus rien.
02:53 En fait, il ne fallait absolument pas que mon époux se relève.
02:56 Ils ont été jusqu'au bout. Il a été jusqu'au bout.
02:59 Il a réussi à le finir. Mais c'est terrifiant.
03:02 (Générique)

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