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Transcription
00:00 Cut Dick, l'un des titres de ce nouvel album de Chili González.
00:10 Je commence par ce titre, parce qu'il swing déjà, mais ça n'est pas vraiment représentatif
00:15 du reste de l'album, qui est plus en douceur et dans lequel, surtout, vous chantez en français
00:20 pour la première fois.
00:21 Oui, chanter, voire déclamer mon texte, voire raper.
00:25 Pourquoi vous n'aviez pas osé avant ? Parce que vous avez vécu longtemps en France.
00:29 Vous parlez très bien français.
00:30 J'ai grandi à Montréal, ça veut dire que j'ai toujours un pied dans le français, un
00:35 pied en dehors.
00:36 Et je ne sais pas, peut-être que j'ai été intimidé tout simplement par la relation
00:41 des français avec leur langue, les francophones tout court.
00:43 Elle est intense et j'ai l'impression que cette langue est un instrument que vous voulez
00:49 être bien virtuose avec.
00:51 Et moi, perso, je n'ai pas eu le courage d'approprier cette langue pour moi-même.
00:57 Je dis dans mon morceau « Je vous french kiss avec ma langue française ». Parce que finalement,
01:02 il faut oser.
01:03 C'est le droit de l'artiste de faire des choses.
01:05 Des fois, je vais prendre un banjo en studio.
01:08 Je ne joue pas de banjo, mais je m'en sors avec faire un petit riff qui tue.
01:13 Et à un moment, je dis « Ok, j'ai joué du banjo sur mon morceau ». Et le français,
01:17 c'est un peu pareil.
01:18 Je ne suis pas virtuose du français, mais peut-être que j'aurais droit à faire des
01:22 rimes ou trouver des jeux de mots qu'un français ne trouverait jamais ou n'oserait jamais.
01:26 Par exemple, dans mon morceau « French kiss », que je crois que je vais jouer tout à
01:30 l'heure, je fais un rime de « Pomme de terre » et « Adolf Hitler ».
01:33 - Ah oui, c'est le seul à trouver celle-là.
01:36 - Je pense que vous êtes le seul.
01:37 - Non, non, vous pouvez le déposer, vous êtes tranquille, personne ne vous le pique.
01:40 Cet album, c'est un hommage aussi à la culture française.
01:44 Mais sans être fleur bleue, vous dites « C'est pas Emilie Linn Paris, c'est un bon truc ».
01:48 Vous vous autorisez à être critique, à détourner aussi un peu les clichés de la culture française.
01:53 Vous osez même vous moquer avec amour d'une icône française, Charles Aznavour, à qui
01:58 vous avez travaillé quelques semaines.
01:59 La chanson s'appelle « Gangsta vour ».
02:01 Extrait.
02:02 Gangsta vour, gangsta vour.
02:09 Je l'ai observé dans le couloir à un moment.
02:15 Il chantait pour sa petite fille si tendrement.
02:18 Je n'oublierai jamais les paroles de son chant.
02:23 C'est que pour toi que grand-papa chante gratuitement.
02:27 Gangsta vour.
02:28 C'est un pur punchline de rappeur, ça.
02:33 C'est pour ça que je dis « Gangsta vour », parce que moi j'admire ce monsieur pour avoir
02:39 gardé cette énergie.
02:40 Très compliqué pour toujours vouloir être le meilleur à 80 ans.
02:44 J'ai travaillé avec lui en 2003 pour un album où j'étais uniquement pianiste, mais j'étais
02:50 inspiré parce qu'il sait que d'être artiste, on est motivé par plusieurs choses.
02:55 Pas que la générosité de partager notre ambition artistique, il y a aussi le côté
02:59 de vouloir faire l'argent et assumer ça.
03:02 Le côté un peu rancunier, de vengeance, de vouloir faire ses preuves.
03:06 Même à son statut de légende, d'icône, Aznavour était encore là, vouloir faire
03:11 ses preuves.
03:12 Ça, j'admire.
03:13 Le morceau est un hommage.
03:14 Je ne me moque pas du tout de lui.
03:16 J'ai un respect énorme pour monsieur Aznavour.
03:18 Rest in peace.
03:19 On le sent.
03:20 Et puis cet album, il y a des featurings aussi avec Juliette Armanet qui est au top
03:23 de la hype, comme avec Richard Klederman dont on entend moins parler en ce moment.
03:28 Mais c'est ça le grand écart que vous faites, Chilly Gonzales.
03:30 On va continuer à parler de cet album et dans deux minutes, d'abord on dresse votre
03:33 portrait sonore.

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