• il y a 9 mois
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Dans la deuxième heure de son émission consacrée à la culture, Thomas Isle reçoit chaque jour un invité.
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Transcription
00:00 Europe 1.
00:01 Vive d'écouter Culture Média sur Europe 1 9h30 11h avec Thomas Hille.
00:04 Et nos deux indispensables nous ont rejoints, Jo Uhm pour la musique, bonjour Jo, et Olivier
00:09 Pouls pour la gastronomie.
00:11 On va déguster un petit peu Olivier aujourd'hui ?
00:12 On va convoquer nos souvenirs de jeunesse, on va se plonger dans des goûts d'enfance
00:16 et notre invité, il va y avoir du riz au lait.
00:20 Oh génial, quel bonheur !
00:22 Ça semble lui faire plaisir.
00:24 C'est un grand plaisir d'accueillir ce matin le romancier, l'académicien Jean-Christophe
00:28 Ruffin.
00:29 Bonjour.
00:30 Merci d'être avec nous ce matin.
00:31 J'aurais pu ajouter d'ailleurs en vous présentant le diplomate, l'ancien ambassadeur de France
00:35 au Sénégal et en Gambie, le globe-trotter parce que ce goût du monde et de la géopolitique
00:41 transpire vraiment dans votre ouvrage, une nouvelle fois.
00:44 C'est ce que vous voulez faire d'ailleurs, c'est raconter une histoire et en même temps
00:48 raconter le monde, c'est ça ?
00:49 Oui c'est ça, le roman c'est un outil formidable pour éclairer le monde d'aujourd'hui, peut-être
00:56 regarder un petit peu devant aussi.
00:58 Et alors votre nouveau roman, « D'or et de geinle », c'est à la fois un roman d'aventure,
01:02 une fiction d'anticipation, d'anticipation proche, ça peut se passer là dans quelques
01:07 mois, quelques années.
01:08 Et puis c'est aussi un portrait de femme, Flora, qui est la fille de Mercenaires, championne
01:12 de plongée, qui se laisse embarquer dans un projet qui est quand même assez délirant,
01:16 l'organisation d'un coup d'État, d'un nouveau type, un coup d'État clé en main.
01:20 Vous êtes l'inventeur du terme ?
01:22 Non, non, non, non, non.
01:24 C'est quelque chose qui est proposé sur le marché, si je puis dire.
01:27 Ça m'avait été raconté par le président du Sénégal à l'époque où j'étais en
01:32 poste.
01:33 Il m'avait dit, quand il était dans l'opposition, une agence était venue lui dire « écoutez,
01:39 si vous voulez, on peut vous mettre au pouvoir, on s'occupe de tout, on vous fait ça clé
01:43 en main, et bien entendu, vous n'avez rien à payer, en tout cas pour le moment, bien
01:48 sûr, vous paierez après ».
01:49 Après, un petit pacte avec le diable.
01:51 Vous nous rendrez quelque chose.
01:52 C'est une agence privée.
01:53 Oui, privée.
01:54 Et ça a été fait d'ailleurs en 2004.
01:57 Le fils de Margaret Thatcher a été impliqué dans une tentative comme ça pour s'approprier,
02:04 on pourrait dire, un pays d'Afrique très riche, la Guinée équatoriale, pleine de
02:07 pétrole.
02:08 Et deux avions chargés de mercenaires sud-africains sont partis pour prendre le pays, pour faire
02:14 ce coup d'État clé en main.
02:15 Malheureusement, ou heureusement, ça a échoué.
02:18 Malheureusement pour eux.
02:19 C'était Bob Denard ?
02:20 C'était les héritiers spirituels de Bob Denard, mais peut-être un peu moins habiles
02:27 parce qu'ils se sont fait choper au Zimbabwe et ils ont passé quand même pas mal de temps
02:32 en prison.
02:33 Et donc, c'est un peu tout ça qui vous a donné l'idée d'écrire ce livre.
02:36 Et alors là, les organisateurs de ce coup d'État clé en main, ils vont choisir, après
02:39 une étude, le sultanat de Brunei pour organiser ce coup d'État.
02:44 Pourquoi Brunei en particulier ?
02:45 Alors, d'abord parce que c'est un pays qui m'a toujours fait rêver, parce que c'est
02:48 le monde de Malais, c'est cette région du monde, vous savez, les détroits, le détroit
02:53 de Malacca, vous avez la Chine au nord, les Philippines à l'est, Borneo, cette île
02:59 extraordinaire.
03:00 C'est une zone très romanesque en soi.
03:03 Et Brunei, c'est un tout petit confetti, c'est un tout petit sultanat, parce qu'il
03:07 n'a pas voulu rejoindre la Malaisie, parce qu'il a beaucoup de pétrole et pas beaucoup
03:11 de population.
03:12 Donc, ils se sont dit qu'autant garder ça pour eux, si vous voulez.
03:15 Et l'avantage pour un romancier, c'est que ça fournit une petite scène, un petit
03:22 laboratoire presque, quand vous voulez raconter une histoire.
03:25 C'est plus facile de raconter ça sur un territoire plus limité.
03:29 Si on avait voulu parler de la cyberguerre, etc. avec les États-Unis, la Russie et tout,
03:35 bon, là c'est tentaculaire, il y en a partout, c'est difficile.
03:38 Là, on a tout concentré sur un pays.
03:40 - Et le fait que ce soit un État autoritaire, tout est verrouillé, les partis politiques
03:44 interdits, je crois que les dernières contestations sociales, ça remonte à 1962.
03:49 - Deux ans.
03:50 - Ça joue évidemment là-dedans, mais est-ce que vous pensez que ça pourrait arriver demain,
03:53 même dans un pays démocratique ?
03:54 - Le principe de ce coup d'État 2.0, on en reparlera peut-être, c'est de ne pas agir
04:00 comme dans le coup d'État classique, si vous voulez.
04:02 Le coup d'État classique, c'est quoi ? Ça existe toujours d'ailleurs.
04:04 Un coup d'État classique, c'est quelques militaires qui tirent des coups de feu, qui
04:09 prennent le palais présidentiel, la télévision, etc., puis qui s'emparent du pouvoir.
04:13 Là, il s'agit d'agir autrement, il s'agit d'agir sur une société, en quelque sorte,
04:18 pour la faire imploser, c'est-à-dire de dresser les communautés les unes contre les autres,
04:22 et de faire en sorte que ce qui a l'air calme, au fond, révèle la violence interne d'une
04:27 société.
04:28 Et ça, malheureusement, ce n'est pas l'apanage de Bruneil, je pense qu'il y en a partout,
04:31 des contradictions entre les groupes sociaux, et finalement, à chaque fois qu'on voit, dans
04:37 l'actualité actuelle, des tentatives pour influencer, par exemple, le vote américain
04:42 pendant les élections, ça repose sur ce principe, c'est-à-dire qu'on stimule...
04:48 - Théorie de l'ébranlement, c'est ça que vous dites.
04:50 - Voilà, c'est-à-dire qu'on essaye de faire craquer une société, et en réalité, toutes
04:55 les sociétés, mais certaines peut-être plus que d'autres.
04:58 Alors Bruneil, c'est le cas, qu'on tienne ces contradictions.
05:02 À Bruneil, vous avez une majorité de Malais, Malais ethniques, si vous voulez, qui se revendiquent
05:07 comme tel, mais qui veulent garder le pouvoir.
05:10 Puis vous avez des Chinois, les Chinois très industrieux, qui tiennent le commerce, etc.
05:16 Les Malais en ont très peur.
05:17 Alors, pour ne pas renouveler la population chinoise, pour pas qu'elle s'accroisse, ils
05:21 ne leur donnent pas la nationalité.
05:23 Ce qui fait que vous avez à Bruneil, sur un tout petit territoire, vous avez plusieurs
05:26 dizaines de milliers de personnes qui sont apatrides.
05:29 Ils sont nés là, ils ne sont plus Chinois, mais ils ne sont pas non plus Malais, ils
05:33 ne sont rien.
05:34 Alors ça, vous vous rendez compte, c'est formidable pour faire éclater un pays.
05:36 - Et ce que vous nous expliquez dans ce livre, Jean-Christophe Ruffin, c'est que les États
05:40 en fait peuvent devenir vraiment une espèce de marchandise sur un marché, un marché qui
05:45 intéresse surtout les grands patrons du numérique.
05:46 En tout cas, c'est le cas dans votre livre.
05:48 Vous expliquez la différence entre les multimilliardaires de la Silicon Valley et les premiers self-made
05:55 man américains, les Elon Musk, qui sont devenus millionnaires à 30 ans.
05:58 Alors que les Rockefellers, il leur a fallu toute une vie.
06:01 - Oui, le capitalisme à l'ancienne, c'était un capitalisme dans l'économie réelle, le
06:07 pétrole, les automobiles, etc.
06:09 C'était des gens qui avaient construit brique après brique, leur fortune, etc.
06:14 Là, ce n'est pas du tout ça.
06:15 Ce sont des gamins, on pourrait dire, qui dans leur garage, qui ont bricolé comme
06:19 Larry Page, fondateur de Google, on visite son garage.
06:22 Il était dans le garage avec ses parents, il devait avoir des boutons sur la figure.
06:27 - Bezos aussi, qui vendait deux livres dans son garage avant de faire Amazon.
06:30 - Les garages ont un rôle très important dans cette affaire.
06:33 - C'est vrai que même un Elon Musk aujourd'hui, il a un comportement un peu d'ado par moment.
06:36 - Oui, c'est des...
06:39 - Un peu.
06:40 - Un peu.
06:41 - Un petit peu.
06:42 - Donc, ils peuvent avoir cette folie des grandeurs et se dire un jour, pourquoi pas
06:46 acheter un état.
06:47 - Zuckerberg qui fait de la muscu pour provoquer les autres en combat singulier pour se faire
06:52 casser la gueule.
06:53 Il y a un côté comme ça ados.
06:54 Alors, ils sont très compétents dans leur espace de compétence, dans leur domaine.
06:58 Mais en revanche, ils sont en général complètement écultes sur le plan historique, politique,
07:05 etc.
07:06 Donc, la première idée qui les branche...
07:08 - Ils passent par là, ça peut fonctionner.
07:09 - Ils y vont.
07:10 Sauf qu'à la différence d'un ado lambda, eux, ils ont les moyens de le faire.
07:12 - Ils ont quelques moyens.
07:13 Ça s'appelle D'or et de Gingles.
07:15 C'est disponible aux éditions Kalman Levy.
07:17 On va en reparler dans un instant.
07:18 Et puis, on va retrouver Joël.
07:20 Mais on parle de quoi ce matin, Joël ?
07:21 - Ce matin, on va parler de la musique qui a influencé l'un des plus grands créateurs
07:27 de musique du XXe siècle.

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