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Le sismologue Raphaël De Plaen et le Directeur Général d'Handicap International Antoine Sépulchre étaient dans nos studios pour revenir sur les violents séismes au Maroc.

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00:00 Le Carrefour de l'info sur Arabelle.
00:04 Bonjour, bonjour à tous.
00:09 Le sisme au Maroc toujours à la une de l'actualité.
00:12 Un des derniers bilans fait état de 2946 morts, 5674 blessés.
00:18 Les autorités publiques poursuivent leurs efforts afin de prendre en charge les blessés,
00:22 héberger les sinistrés, leur acheminer les aides alimentaires
00:26 et aussi sécuriser le trafic sur les routes endommagées suite au séisme.
00:30 Handicap International Belgique se mobilise aussi.
00:33 Son directeur général Antoine Sepulchre sera avec nous en deuxième partie d'émission.
00:38 Mais avant, nous recevrons Raphaël De Plaen, sismologue à l'Observatoire Royal de Belgique
00:42 pour essayer de comprendre ce phénomène des plaques tectoniques
00:46 et voir si cela a été une surprise d'assister à un tremblement de terre de cette envergure au Maroc.
00:51 La Libye en deuil aussi, la Libye sous le choc après les inondations dévastatrices
00:56 qui ont fait des milliers de morts et de disparus, ravageant essentiellement
01:00 la ville côtière de Derna, dans l'est du pays.
01:02 Et puis en fin d'émission, nous reviendrons dans l'actualité nationale.
01:05 Protéger des femmes sans-abri du harcèlement et des agressions sexuelles,
01:09 leur offrir un lieu de repos à l'écart des hommes.
01:11 Lilo, une ASBL qui vient en aide aux sans-abri, a ouvert hier un centre de jour
01:15 réservé exclusivement aux femmes. Il est installé au Parvis de Saint-Gilles.
01:20 Et puis l'affaire climat qui revient devant la justice.
01:23 L'ASBL qui avait déjà obtenu en 2021 une condamnation de l'État belge
01:27 pour défaut d'action climatique, espère maintenant aller plus loin.
01:30 Elle veut obtenir cette fois que la justice impose aux politiques d'agir.
01:35 Voilà donc pour l'essentiel des titres que nous allons développer dans quelques instants.
01:46 On démarre tout de suite avec le séisme au Maroc.
01:49 On va parler des constructions tout d'abord parasismiques.
01:51 À travers la presse nationale et internationale, un chantier vital à réactualiser
01:56 et à étendre, titre l'opinion.
01:58 Si les efforts du Royaume en matière d'application des normes parasismiques
02:01 ont permis aux bâtiments en béton de résister au séisme,
02:05 beaucoup reste à faire pour les constructions en terre, écrit le journal.
02:09 Plusieurs experts appellent à actualiser les règlements en vigueur
02:12 à la lumière des nouvelles données sismiques.
02:14 L'histoire le confirme, écrit pour sa part le courrier international.
02:17 Les bâtiments à étage souple résistent très mal aux séismes de forte et moyenne magnitude.
02:24 Par exemple, lors du tremblement de terre de magnitude 6,7 de Norwich en Californie en 1994,
02:30 presque tous les bâtiments à étage souple se sont écroulés,
02:34 provoquant la destruction de 40 000 logements.
02:37 D'où l'importance, selon la Fondation Global Earthquake Model, citée par la presse,
02:41 d'une stratégie de prévention et d'anticipation pour réduire les pertes.
02:46 Après le séisme, le Maroc fait face au défi de la reconstruction, titre l'OBS.
02:50 Alors que dans le 360, on précise que ce sont 2783 douars dans la province de Taroudan,
02:56 2056 dans la province de l'Houz, 1371 dans la province de Chichawa
03:01 qui ont été touchés par le séisme.
03:03 Il s'agira aussi de tirer les leçons de ce séisme sur le plan de l'aménagement du territoire.
03:08 L'objectif serait, selon la presse, de garantir une répartition juste
03:13 et équilibrer des ressources et des activités pour que toutes les zones
03:16 et les populations bénéficient de la dynamique économique que connaît le Maroc.
03:20 Et puisque l'on parle sismologie, nous avons le plaisir d'avoir avec nous aujourd'hui
03:24 Raphaël De Plaen, sismologue à l'Observatoire Rural de Belgique.
03:27 Bonjour. – Bonjour.
03:28 – Merci d'être avec nous sur Rare Belle. – Avec plaisir.
03:30 – Alors une première question si vous voulez bien, Raphaël De Plaen.
03:34 Est-ce que c'est surprenant de voir un séisme d'une telle envergure dans cette région du Maroc ?
03:40 – Alors c'est un petit peu en deux parties, c'est surprenant et à la fois ça ne l'est pas.
03:43 Ça ne l'est pas parce qu'il y a eu déjà pas mal d'activités sismiques au Maroc.
03:47 On est dans une région tectonique, il y a eu des séismes importants
03:50 comme celui de Meknes en 1755, qui avait une magnitude qui était estimée entre 6.5 et 7.
03:58 Comme c'est un vieux séisme, on n'a pas vraiment d'informations fiables.
04:03 Mais il y avait eu la perte de plus de 15 000 personnes.
04:06 Après ça, un autre séisme important c'est celui d'Agadir de 1960.
04:10 Alors là, on parle de plus de 12 000 personnes qui ont été perdues.
04:15 Et là c'était un séisme de plus ou moins 5.8, comparé à celui de vendredi qui était à 6.8.
04:22 On parle d'une différence d'énergie de plus ou moins 30 fois.
04:25 Donc le dernier, celui de vendredi, était 30 fois plus puissant que celui d'Agadir.
04:29 Donc on a un historique qui nous laisse apprécier qu'il y a effectivement un risque sismique significatif.
04:35 Au-delà de ça, c'est surprenant aussi, parce que comme on ne peut pas prédire les tremblements de terre
04:39 et surtout pas l'énergie qu'ils vont libérer, on est toujours surpris d'une certaine façon quand ils ont lieu.
04:44 Et donc c'est pour ça qu'il faut y être préparé.
04:46 - Alors bien qu'il soit moins exposé que les pays de l'est de la Méditerranée,
04:50 on l'a vu en Turquie ou en Grèce, le risque sismique de séisme est toujours significatif au Maroc ?
04:55 - Oui, il est toujours significatif.
04:57 Alors quand on parle de risque, on parle en réalité de la combinaison de deux choses.
05:01 On parle du phénomène qu'un tremblement de terre ait lieu
05:05 et comment cela se mélange à la vulnérabilité des populations.
05:10 Et donc là effectivement, on sait qu'on a des tremblements de terre.
05:13 Si on compare par exemple à la Turquie, on a peut-être moins de moins grandes énergies en comparaison,
05:20 mais on en a.
05:21 La comparaison, il faut faire attention à s'arrêter là,
05:24 parce qu'après toute la discussion se fait autour de la vulnérabilité,
05:27 justement la stabilité des structures, le respect des codes de construction,
05:31 le niveau de sécurité des codes de construction
05:33 et comment ils répondent justement au passif de la région en termes d'activité sismique.
05:40 Et donc oui, on sait qu'il y a un risque sismique.
05:42 Après il est difficile de le comparer de façon linéaire entre le Maroc et la Turquie ou une autre région.
05:49 - Alors on va aller un peu plus dans le détail, parler de cette chaîne de l'Atlas.
05:52 Il y a plusieurs failles, on parle de plaques eurasiennes et africaines.
05:56 Expliquez-nous un petit peu tout ça.
05:57 - Alors de façon générale, on simplifie un petit peu les modèles qui expliquent l'activité sismique
06:02 en parlant de plaques tectoniques.
06:04 Parce que c'est une façon très simple d'expliquer que aux bordures de plaques tectoniques,
06:08 on a une plus grande activité sismique.
06:10 Et c'est là qu'on retrouve l'essentiel des sismes les plus importants sur Terre.
06:14 Au-delà de ça, on peut avoir de l'activité qu'on appelle intra-plaques à l'intérieur des plaques.
06:18 Ce n'est pas le cas au Maroc.
06:20 Mais on peut avoir aussi des limites de plaques qui sont très compliquées.
06:25 Et c'est le cas ici au Maroc.
06:26 On a une limite de plaques qui est très compliquée
06:28 parce que le déplacement entre la plaque eurasienne et la plaque africaine est de faible vitesse.
06:34 On parle de millimètres par an, voire quelques millimètres par an.
06:36 C'est extrêmement faible.
06:38 En comparaison à l'Inde qui est justement à l'autre côté du spectre,
06:41 où on est de l'ordre de 6 centimètres par an.
06:44 C'est beaucoup plus compliqué d'avoir des événements pour établir justement
06:49 quel est le background sismique de la région.
06:52 Et par ailleurs, on sait que les failles qui sont présentes ont été activées
06:57 beaucoup moins souvent dans l'histoire récente, en tout cas,
07:01 qui nous permet d'avoir ce genre d'informations.
07:03 Dans le vocabulaire et dans le lexique des sismologues,
07:05 il y a une faille inverse et une faille chevauchante.
07:09 Explication ?
07:10 C'est un petit peu la même chose, une faille inverse et une faille chevauchante.
07:13 La différence, c'est qu'en général, en français, on utilise chevauchante
07:16 l'angle d'inclinaison de la faille inverse est relativement faible.
07:20 En gros, on a plus ou moins trois types de mouvements de failles qui sont simplifiés.
07:27 Et la faille inverse, c'est quand on a un plan de faille qui est incliné,
07:31 le bloc qui est par-dessus le bloc qui est celui-là en dessous,
07:35 se déplace vers le haut.
07:37 Alors c'est un type de déplacement qu'on rencontre principalement dans deux contextes.
07:41 Un contexte, c'est justement quand on a une convergence des plaques
07:44 qui va générer des chaînes de montagne, comme c'est le cas dans l'Atlas
07:47 ou d'ailleurs dans d'autres régions comme dans l'Himalaya.
07:50 Mais on peut trouver ça ailleurs, par exemple dans ce qu'on appelle
07:53 des zones de subduction où on a une plaque océanique qui va s'enfoncer
07:56 en dessous d'une plaque continentale comme au Mexique ou au Japon,
07:59 où on a notamment des sismes très importants aussi.
08:03 Alors il y a ce chiffre, disons approximatif, on ne sait pas exactement,
08:06 on parle de 50 km de rupture et d'un épicentre peu profond de 10 km ?
08:12 Alors ce n'est pas tellement le décrochement.
08:15 Les 50 km, ça parle plutôt d'une estimation de la taille de la faille.
08:19 En gros, les modèles sont établis, pas sur des observations directes,
08:25 parce qu'on ne peut pas creuser pour aller voir quelle taille a la faille,
08:27 mais basé sur des données qu'on peut exploiter.
08:30 Et donc là, on estime des dimensions de faille de l'ordre de 30 km par 20 km.
08:36 Et le décrochement en tant que tel, il est concentré vraiment à la profondeur de l'hypocentre,
08:42 qui a été estimé à plus ou moins 26 km, entre 20 et 30 km en tout cas.
08:47 Et donc, aux alentours de cette source, du focus, on a un décrochement
08:54 qui peut être de l'ordre de 1,5 m à 2 m, ce qui est très important.
08:57 Mais plus on s'éloigne de ce focus, plus ce décrochement va être faible.
09:04 Et donc, au total, l'ellipse qui représente le décrochement le long du plan de faille,
09:09 il est plutôt d'une vingtaine de kilomètres en réalité,
09:12 mais il ne s'exprime pas en surface.
09:14 Donc, c'est un problème aussi quand on étudie des failles actives.
09:18 S'il n'y a pas une expression de surface, c'est très compliqué d'avoir des données
09:21 sans qu'il y ait un tremblement de terre.
09:22 Et ça explique pourquoi il était mal connu avant qu'il ait lieu.
09:25 - 6,8, 6,9, c'est le plus gros séisme jamais enregistré au Maroc.
09:29 Alors, est-ce qu'on peut assister à des répliques ?
09:32 Est-ce que c'est encore possible plusieurs jours après le séisme majeur ?
09:35 - Alors, de façon générale, avec un séisme important, on s'attend à des répliques.
09:39 C'est quelque chose qui arrive.
09:41 La tendance, après le choc principal, c'est que ces répliques diminuent en magnitude et en fréquence.
09:48 Pour donner une règle assez simple, on suppose que le nombre de répliques
09:53 qu'il y a eu dans les premiers 24 heures diminue le deuxième jour de moitié,
09:58 le troisième jour de tiers, le dixième jour, et diminue d'un dixième.
10:02 Le problème, c'est qu'on ne peut pas tellement prédire quelle magnitude ils vont dégager.
10:07 On s'attend à ce qu'elles diminuent, mais il est possible qu'on ait de nouveau un séisme assez important.
10:12 Par exemple, ce matin, il y a eu un séisme qui était une réplique de magnitude estimée à 4,5,
10:18 ce qui reste important.
10:19 Donc, c'est là où ça reste très critique, parce qu'on ne peut pas avoir de prédiction à ce niveau-là non plus.
10:24 Et ça peut être aussi des informations, des situations délicates,
10:28 pour ce qui est des secours dans des structures qui sont déjà instables à la suite du choc principal.
10:33 - Vous parlez de prédiction impossible de prévoir.
10:36 Aujourd'hui, un tremblement de terre, pas possible de faire ce qu'on appelle de météo sismique ?
10:41 - C'est, à l'heure actuelle, absolument impossible.
10:43 Donc, c'est un gros problème dans l'étude de la seismologie.
10:49 C'est qu'on sait depuis longtemps qu'on aimerait avoir la prédiction des tremblements de terre, mais c'est impossible.
10:54 Il faut savoir que les forces qui sont accumulées le long des plans de faille
10:57 sont accumulées sur des milliers, des dizaines de milliers, des centaines de milliers d'années,
11:02 le long de structures qui sont très complexes et qui ne sont pas homogènes.
11:06 Donc, d'un endroit à l'autre du monde, ça peut être très différent.
11:09 Et donc, savoir exactement à quel moment ces forces vont être libérées,
11:12 parce qu'on passe au-delà d'un point de friction,
11:14 à l'heure actuelle, c'est tout simplement impossible,
11:16 même si on aimerait imaginer un jour y arriver.
11:19 Et donc, c'est la raison pour laquelle la meilleure façon de faire face à un séisme,
11:23 c'est d'accumuler autant d'informations que possible,
11:26 en regardant ce qui s'est passé par le passé,
11:28 ou le moment où ça vient d'arriver,
11:30 pour y être préparé et pour y être résilient.
11:33 Et donc, vraiment, la clé, c'est tirer les leçons du passé pour préparer l'avenir,
11:37 en adaptant des codes de construction et en éduquant la population,
11:40 savoir que faire si jamais il y a un tremblement de terre.
11:42 - Alors, Raphaël De Plaine, vous avez évoqué tout à l'heure le tremblement de terre d'Agadir de 1960,
11:47 5.8, donc un point de moins que celui de la région de Marrakech,
11:51 ce qui signifie, je pense, 30 fois moins d'énergie,
11:54 mais son épicentre était situé juste sous la ville, en très faible profondeur,
11:58 c'est ce qui explique les très lourds bilans humains et matériels ?
12:01 - C'est un aspect de la raison pour laquelle il y a eu autant de pertes humaines.
12:06 Effectivement, plus un séisme va être proche de la surface,
12:09 donc proche des structures qu'il va détruire, plus il y aura un potentiel de destruction.
12:14 Il y a d'autres facteurs, comme le type de matériel sur lequel les constructions sont installées.
12:19 Du matériel meuble, comme dans un bassin sédimentaire ou une plage, par exemple,
12:23 va amplifier le tremblement et plus facilement détruire certaines structures.
12:27 Dans la montagne, on peut avoir des glissements de terrain aussi
12:30 et des éboulements qui vont aussi détruire des structures
12:33 et potentiellement être des risques pour la population.
12:35 À Agadir, l'autre réalité, c'est qu'à l'époque, il n'y avait pas les mêmes codes de construction qu'il y a à l'heure actuelle.
12:42 Et donc, beaucoup de ces constructions n'étaient pas adaptées à ce type de tremblement.
12:45 C'est la raison pour laquelle l'essentiel de la ville avait été détruit à l'époque.
12:49 Et les codes de construction qui ont été établis par la suite
12:52 ont permis de protéger depuis Agadir de toute une série d'autres tremblements de terre
12:56 qui n'ont pas causé les mêmes nombres de pertes humaines.
12:59 On peut s'attendre qu'à l'avenir, le tremblement de vendredi
13:03 ne va pas causer ce même genre d'actualisation des codes de construction,
13:06 même pour des régions rurales reculées, pour éviter d'avoir autant de pertes humaines à l'avenir.
13:10 - Alors, on va parler un petit peu de l'échelle de Richter, si vous voulez bien.
13:14 Pour les novices, quand on parle de 5.8, 5.9, ce n'est pas une grosse différence.
13:19 Mais justement, il y a une grosse différence entre les virgules et les points.
13:24 - Alors, les virgules et les points, c'est vraiment plus une différence
13:27 entre le monde francophone et le monde anglo-saxon.
13:30 Le monde anglo-saxon utilise des points pour les décimales.
13:33 Au-delà de ça, oui, l'échelle de Richter, c'est une échelle logarithmique.
13:36 Donc, quand on passe de 1 à 2, ce n'est pas une différence de 1,
13:41 mais effectivement, c'est exponentiel.
13:44 Donc, c'est une énorme différence d'énergie.
13:47 Au-delà de ça, l'échelle de Richter, c'est une échelle qui avait été inventée
13:50 dans les années 30 par Charles Richter pour le sud de la Californie.
13:55 Il avait besoin de trouver quelque chose pour pouvoir communiquer
13:59 sur l'énergie qui était déployée pendant les tremblements de terre.
14:02 Donc, il avait élaboré quelque chose d'assez simple, mais efficace,
14:05 pour le sud de la Californie.
14:07 Très vite, quand ils ont essayé de reproduire ça ailleurs,
14:09 ils se sont rendus compte que ce n'était pas adapté.
14:11 En réalité, ça fonctionne pour certaines fréquences.
14:14 Donc, quand on pense à un micro, c'est la même chose.
14:16 Il y a certaines fréquences sur lesquelles on fait nos études
14:18 et certaines distances, de l'ordre de 100 ou 600 km,
14:21 et certains séismes qui sont plutôt modérés.
14:24 Mais quand on parle de séismes plus importants,
14:26 cette échelle-là n'était pas du tout adaptée.
14:28 Il y a eu toute une série d'autres échelles de magnitude qui ont été inventées.
14:31 À l'heure actuelle, ce qu'on utilise réellement,
14:33 c'est ce qu'on appelle une magnitude de moment,
14:36 qui est plus adaptée, surtout pour les séismes de magnitude supérieures
14:40 à 3.5 et 4, parce que toutes les autres échelles ont tendance à saturer.
14:45 Même chose que pour le son, si un micro sature,
14:47 il n'y a plus d'information qui est accumulée,
14:49 donc on ne sait pas à quel point un son peut être très fort.
14:52 C'est la même chose pour les magnitudes.
14:54 On a besoin de la magnitude de moment
14:56 pour tout ce qui se passe au-dessus de magnitude 3.5, 4,
15:00 pour de façon efficace avoir une mesure de l'énergie qui a été libérée.
15:05 Donc l'échelle de Richter s'est passée.
15:08 On ne l'utilise plus à l'heure actuelle, surtout pour des séismes importants.
15:12 Mais malheureusement, ça a resté un petit peu dans les habitudes.
15:15 Même si les chiffres qui sont communiqués sont des magnitudes de moment,
15:19 la presse a tendance à récupérer l'appellation "échelle de Richter".
15:23 - Alors est-ce que, Raphaël De Plaine, on observe à présent de manière plus générale
15:28 des changements dans l'activité sismique de par le monde,
15:31 par rapport à ces 100 dernières années ?
15:33 - Alors, en réalité, des changements, il y en a de façon un petit peu récurrente,
15:38 mais ce n'est pas réellement un changement de la sismicité de l'activité sismique,
15:41 c'est plutôt des changements dans nos moyens d'étudier cette activité sismique.
15:46 Surtout pour des événements qui sont très faibles,
15:49 l'enjeu c'est d'avoir un maximum d'instruments qui sont installés à proximité des sources.
15:54 Donc on est obligé de densifier et on parle de stations sismiques
15:58 qui, il y a encore une quinzaine d'années, coûtaient plusieurs milliers d'euros,
16:02 parfois dizaines de milliers d'euros pour des régions reculées.
16:06 Donc c'est quelque chose qui était très difficile à faire,
16:08 pour des réseaux permanents surtout.
16:10 Et donc à l'heure actuelle, avec les tendances d'amélioration technologique et d'ingénierie,
16:15 on arrive à densifier beaucoup de réseaux,
16:18 surtout pour des événements plus faibles, comme c'est le cas par exemple pour des répliques,
16:21 et on arrive à accumuler beaucoup plus d'informations.
16:24 Plus d'informations veut dire qu'on identifie plus d'océanismes
16:27 et on peut avoir l'impression qu'il y a plus de tremblants de terre à l'heure actuelle.
16:31 La réalité c'est plus qu'on arrive enfin à en observer plus,
16:34 et c'est critique parce que ça veut dire que toutes ces informations
16:37 nous permettent d'améliorer notre résilience et préparation
16:40 pour diminuer les risques sur la population.
16:42 Alors le temps passe très très vite, encore une dernière question.
16:45 Le mot de la fin, il n'y a pas de miracle,
16:48 disons qu'une des "parades" serait des constructions,
16:52 on en parlait tout à l'heure avec des normes antisismiques
16:54 pour réduire le coût humain et matériel d'un tremblement de terre.
16:58 Oui absolument, donc de façon générale, le point qui est important à garder en tête,
17:03 on ne peut pas prédire les tremblements de terre,
17:05 et donc la meilleure façon de limiter les pertes humaines,
17:08 c'est la préparation, la résilience, et donc des codes de construction
17:11 qui doivent être actualisés à la suite de chaque tremblement de terre.
17:14 Ça veut dire qu'à l'heure actuelle, ils sont en train d'installer d'autres instruments
17:17 dans la région justement pour enregistrer des répliques, des accélérations du sol,
17:20 et s'assurer qu'à l'avenir, ils aient des codes plus adaptés
17:23 pour ne pas avoir à souffrir de tant de pertes humaines.
17:25 Voilà, c'est donc la conclusion de Raphaël De Plaen.
17:28 Je rappelle que vous êtes sismologue à l'Observatoire Royal de Belgique.
17:31 Merci pour votre éclairage.
17:32 Merci à vous.
17:33 Et on se retrouve dans quelques instants pour la deuxième partie du Carrefour de l'information.
17:37 Nous recevrons dans quelques instants le directeur général d'Handicap International.
17:41 Le Carrefour de l'info sur Arabelle.
17:45 Et on revient encore sur le séisme au Maroc avec Handicap International
17:52 qui se mobilise aussi aux côtés de ses partenaires marocains pour venir en aide aux victimes.
17:56 Son directeur général Antoine Sepulchre est avec nous.
17:59 Bonjour.
18:00 Bonjour.
18:01 Et merci d'être avec nous sur Arabelle.
18:02 Peut-être la première réaction d'Handicap International quelques heures après le séisme.
18:07 Forcément, ce séisme était une grande surprise pour tout le monde.
18:10 Et donc, dès le départ, nos équipes, présentes déjà depuis 1993,
18:15 ont contacté les autorités locales et ont commencé à essayer d'avoir une vue claire
18:20 sur les besoins et sur l'aide que notre organisation pouvait apporter.
18:24 Alors justement, comment s'organise en ce moment l'aide humanitaire
18:28 et en particulier celle d'Handicap International au Maroc ?
18:31 Oui, alors tout ça prend du temps, évidemment.
18:33 Les zones ne sont pas faciles à accéder.
18:35 Nous, dans un premier temps, Handicap International se focalise sur la distribution
18:40 vraiment des biens de première nécessité.
18:42 Nous distribuons des tentes, des bâches, des couvertures.
18:45 Nous savons à quel point c'est important, car les températures chutent assez rapidement.
18:49 Et puis à côté de ça, des appareils d'aide à la mobilité
18:52 qui sont notre spécialité forcément, béquilles, chaises roulantes par exemple.
18:56 Il y a aussi bien sûr des difficultés sur le terrain, des régions assez reculées.
19:01 On sait que les infrastructures publiques sont peu présentes,
19:04 ce qui freine, on imagine, la coordination et l'assumé de monde de l'aide.
19:07 Oui, ça rend tout cela plus compliqué.
19:09 Après, force est de constater que les autorités locales
19:12 et l'ensemble des acteurs locaux déjà présents font un travail absolument formidable jusqu'ici.
19:17 Et donc ça, c'est vraiment important à souligner pour nous aussi.
19:21 Alors vous l'avez dit, dans un premier temps,
19:23 le Handicap international va contribuer à la distribution de ces biens de première nécessité.
19:28 Comment ça fonctionne avec les autorités locales sur place ?
19:31 Alors c'est une coordination qui est mise en place.
19:33 Je ne pourrais pas vous donner tous les détails, parce que c'est l'expertise.
19:36 Mais donc la collaboration et la coordination se passent bien ?
19:39 La coordination, pour l'instant, se passe bien, oui.
19:41 Alors l'étape suivante, c'est bien sûr la prise en charge des séquelles physiques et psychologiques.
19:46 On le sait, à la suite d'un séisme, les besoins en réadaptation, j'y arrive, sont énormes.
19:52 Oui, et notre organisation travaille depuis 40 ans et dans des contextes excessivement compliqués et souvent similaires aussi.
19:58 Donc nous avons acquis une grande expérience en la matière.
20:01 Nous savons à quel point le nombre de blessés va cesser d'augmenter sur les jours à venir.
20:07 Et à quel point l'aide en termes de réadaptation physique est essentielle,
20:11 est vraiment essentielle afin de réduire au maximum les probabilités de handicap permanent pour les nombreuses victimes.
20:18 Alors les rescapés situés dans ces zones où le séisme a été dévastateur,
20:22 en particulier touchés, les femmes, les populations vulnérables comme les enfants, les personnes âgées ou handicapées,
20:27 on imagine des traumatismes importants ?
20:30 Ce sont des traumatismes inimaginables, je pense.
20:33 Des personnes qui se sont retrouvées du jour au lendemain sans abri,
20:37 avec des proches qui ont disparu pour certains, et donc dans des conditions excessivement précaires.
20:43 Et un des secteurs d'intervention de notre organisation depuis longtemps aussi,
20:47 c'est le soutien psychologique que nous apportons à ces victimes.
20:50 Et nous savons à quel point ce besoin est important en ce moment.
20:53 Justement, il y a le soutien psychologique, mais pas que.
20:56 Y a-t-il d'autres mesures ?
20:59 On est vraiment sur le moyen et le long terme.
21:02 On parle vraiment de deux axes différents, le soutien psychologique et l'aide à la réadaptation physique.
21:07 Alors il y a un autre souci sur le terrain.
21:10 L'hiver, c'est pour demain déjà, dans ces régions montagneuses,
21:13 parfois à 2000-3000 mètres d'altitude, peu accessibles, de la classe.
21:17 Y a plus aussi de toit pour se protéger. Là aussi, il y a urgence ?
21:21 Là, il y a vraiment urgence, et là, l'urgence est la plus grande.
21:24 Et c'est la raison pour laquelle, à très court terme maintenant, nous opérons et nous contribuons.
21:29 Il y a énormément de choses qui sont déjà mises en place,
21:31 mais nous y contribuons avec les autorités locales et les partenaires locaux.
21:34 Vraiment, la distribution de tentes, de matériel, de bâches,
21:37 pour permettre à toutes ces personnes de retrouver un peu de réconfort.
21:42 Alors justement, ici en Belgique, on assiste à un vaste élan de solidarité.
21:45 Handicap International lance aussi un appel aux dons pour acheter,
21:48 vous l'avez dit tout à l'heure, des tentes, des bâches, des couvertures, des chaises roulantes notamment.
21:52 Alors justement, je veux faire un don, comment faire ?
21:54 Oui, c'est assez simple. Vous pouvez vous rendre sur notre site web www.handicapinternational.be
22:01 ou alternativement faire un virement bancaire sur notre compte BE80 8x0 4x7.
22:08 Et donc pour nous, c'est la manière la plus efficace d'avoir un impact très direct.
22:13 Et ça nous permet aussi de nous assurer que l'impact et que la contribution que nous apportons sur place
22:17 soient complémentaires au travail déjà formidable apporté par l'ensemble des partenaires locaux et des autorités.
22:23 Alors là, si vous avez peut-être encore un mot à ajouter, un message à faire passer
22:27 pour mobiliser encore plus l'opinion publique pour faire le geste ?
22:31 Oui, je dirais que chaque geste compte et les besoins sont énormes.
22:35 Et nous nous lançons ici vraiment dans un marathon.
22:38 L'aide à apporter aux victimes sera longue, la reconstruction sera longue.
22:42 Donc c'est absolument formidable de voir tous ces élans de solidarité qui ont déjà lieu.
22:47 Mais ma demande ici, c'est de continuer cet élan le plus longtemps possible.
22:51 Alors je voulais juste dire un mot quand même des caprices de la météo dans un autre pays maghrébin.
22:56 La Libye, où on parle, les chiffres ne sont pas encore très très clairs,
23:00 vu l'absence de moyens sur le terrain, de milliers de disparus après des inondations dévastatrices.
23:06 Là aussi, Yamathiar ?
23:08 Il y a énormément, la situation est dramatique et le contexte est totalement différent.
23:12 Évidemment nous n'avons pas le même contexte au niveau des autorités.
23:16 Nous ne sommes pas présents pour l'instant en Libye.
23:18 D'accord. Médecins sans frontières vient d'envoyer ses premières équipes en Libye.
23:23 Nous aurons l'occasion d'y revenir, sans doute lundi, plus en détail,
23:26 une fois que les équipes seront arrivées sur place en Libye pour une communication au téléphone.
23:30 En tout cas, je vous remercie Antoine Sepulch.
23:32 Je rappelle que vous êtes directeur général d'Handicap International.
23:35 Merci d'avoir été avec nous en direct sur Arabelle.
23:37 Merci beaucoup.
23:38 Et on se retrouve dans quelques instants pour la suite de votre Carrefour de l'Info.
23:48 Toujours au Maroc, le patronat se mobilise lui aussi et s'active à la reconstruction.
23:53 Comme durant la pandémie, les entreprises sont déjà en ordre de bataille pour organiser l'après-séisme.
23:59 Une mobilisation générale qui se matérialise d'abord par des dons au profit d'un fonds spécial,
24:05 créé à cet effet.
24:06 Et puis, dans la presse, notamment en Belge, a relevé ce titre.
24:09 Séisme au Maroc, mosquées, remparts, villes fortifiées.
24:12 Le patrimoine culturel a aussi vacillé.
24:15 Le violent séisme qui a frappé le centre du pays a durement affecté les populations de cette région montagneuse.
24:20 Mais également son patrimoine, la Midina de Marrakech, ainsi subie de nombreux dégâts, rapporte la presse.
24:26 Le minaret emblématique de la mosquée Koutoubia présente d'importantes fissures,
24:31 tandis que celui de la mosquée Khadbouch sur la place Jamel Fna est presque entièrement détruit.
24:35 Et de nombreux ponts, des murailles historiques de la ville se sont effondrés,
24:39 alors que la zone la plus touchée de la ville est le Mellah, le vieux quartier juif,
24:43 où des bâtiments historiques ont été très endommagés.
24:47 Explication donnée par Eric Falt, le directeur régional de l'UNESCO, à The Art Newspaper, un magazine spécialisé.
24:53 Tout cela alors que le journal espagnol El País rappelle de son côté
24:56 à quel point la Midina est un lieu de richesse culturelle classé au patrimoine immatériel de l'UNESCO.
25:02 Enfin, dans Media24, on souligne que l'état des monuments historiques varie
25:06 selon leur proximité avec l'épicentre et la vétusté des constructions.
25:10 Seul un examen détaillé des experts permettra de se faire une idée précise.
25:15 Et puis la Libye, encore sous le choc après des inondations dévastatrices
25:19 qui ont fait des milliers de morts et de disparus ravageant la ville côtière de Derna, dans l'Est.
25:24 « Derna, la ville martyr », écrit West France.
25:26 « Les habitants qui attendent de l'aide », écrit le Figaro.
25:29 Les secours ont mis du temps pour pouvoir rentrer à Derna à cause des coulées de boue
25:33 résultant de l'effondrement de deux anciens barrages au sud de la ville.
25:37 La Libye qui vit la pire période de son existence, écrit le site d'information panarabe, l'Arabie le Jadid,
25:44 après le passage meurtrier de la tempête Daniel.
25:47 Au moins 30 000 personnes qui vivaient dans cette ville de 100 000 habitants ont été déplacées,
25:51 c'est ce qu'indique l'OIM, l'Organisation internationale pour les migrations.
25:55 Outre Derna, 3 000 personnes déplacées à Al-Baida, plus de 2 000 à Benrazi,
26:00 d'autres villes situées plus à l'Ouest.
26:02 Sur le terrain, rapporte le site tunisien Tunisie Webdo.
26:05 Une aide providentielle est arrivée les Émirats Arabes Unis.
26:08 Deux avions d'aide émiratie transportant 150 tonnes d'aide humanitaire ont atterri en Libye.
26:14 Des denrées alimentaires, des fournitures de secours et du matériel médical
26:17 ont été acheminés à l'aéroport de Benina dans la ville de Benrazi.
26:33 À présent, les autres points de repère dans l'actualité,
26:36 les ventes de l'iPhone 12 provisoirement suspendues en France.
26:39 L'agence des fréquences estime que l'appareil ne respecte pas les normes européennes
26:43 sur les ondes électromagnétiques émises et absorbées par le corps humain,
26:47 qui s'explique en tout cas si net.
26:50 Apple, qui présentait en grande pompe son nouvel iPhone 15,
26:53 devra corriger ses radiations sur les téléphones déjà vendus.
26:56 Une mise à jour logicielle pourrait suffire, selon Jean-Noël Barraud,
27:00 ministre délégué au numérique, intervouvé notamment par nos confrères du Parisien,
27:04 qui se déprécie le géant californien n'agit pas dans les deux semaines
27:07 à ordonner le rappel des smartphones.
27:10 Chez nous, protéger les femmes sans-abri du harcèlement et des agressions sexuelles,
27:14 leur offrir un lieu de repos à l'écart des hommes.
27:17 L'ILO, une ASBL qui vient en aide aux sans-abri, a ouvert hier
27:20 un centre de jour réservé exclusivement aux femmes.
27:23 Il est installé au parvis de Saint-Gilles.
27:26 L'affaire Climat, qui revient devant la justice,
27:28 l'ASBL qui avait déjà obtenu en 2021 une condamnation de l'État belge
27:32 pour défaut d'action climatique, espère aller plus loin.
27:35 Elle veut obtenir cette fois que la justice impose aux politiques d'agir.
27:39 Un procès en appel ouvrira donc ses portes aujourd'hui à Bruxelles.
27:43 La police qui a découvert une culture de 500 plants de cannabis
27:46 dans une maison du quartier de Globe à Hucle,
27:49 trois personnes ont été interpellées et placées sous mandat d'arrêt.
27:52 Une patrouille de la zone de police Marleau a procédé à un contrôle d'un véhicule
27:56 à la suite d'une infraction de roulage.
27:58 Et lors de la fouille du véhicule, des indices de la fabrication de cannabis
28:01 ont été trouvés, a expliqué la police.
28:04 Une perquisition a ensuite été effectuée dans une mission située à Hucle.
28:08 Quatre chambres de culture de cannabis ont été découvertes,
28:11 contenant au total près de 500 plants.
28:14 Enfin, un réseau gratuit est porte ouverte aux dépôts de Harren,
28:17 dimanche prochain, le dimanche sans voiture.
28:19 Le réseau de la Stib sera gratuit, dimanche sans voiture,
28:22 qui a lieu donc ce 17 septembre.
28:24 La Stib qui profite aussi de l'occasion pour ouvrir les portes
28:27 de son nouvel atelier technique situé à Harren.
28:30 Voilà, c'est sur cette dernière information que l'on referme votre carrefour de l'information.
28:34 Un très bon appétit si vous êtes à table.

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