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00:00Le carrefour de l'info sur Arabelle.
00:06Et dans ce carrefour de l'information, on s'intéresse aujourd'hui aux addictions, dépendances, consommations problématiques aujourd'hui.
00:13Des phénomènes qui touchent toutes les couches de la société sous des formes de plus en plus diverses.
00:18Et pour nous en parler, nous avons le plaisir de recevoir aujourd'hui Antoine Boucher, porte-parole d'Infordrogue,
00:23la plateforme de conseil sur la consommation de stupéfiants. Bonjour.
00:26Bonjour.
00:27Merci d'être avec nous sur Arabelle.
00:29Alors on va commencer peut-être par le commencement, chose plus simple peut-être,
00:33commencer par une définition, qu'est-ce que en fait c'est une addiction ?
00:38Alors c'est une bonne question parce qu'en fait c'est assez difficile à comprendre,
00:43parce que c'est assez mal expliqué dans notre société.
00:45Donc d'abord la première chose c'est qu'une addiction ce n'est pas la consommation,
00:49c'est quelque chose de différent, on peut consommer un produit sans en être addict, sans en être dépendant.
00:55Alors pour nous c'est un peu un synonyme, addiction, dépendance, mais le mot addiction est moins négativement connoté.
01:03Donc on préfère parler d'addiction que de dépendance.
01:07Donc alors la première chose c'est bien comprendre pourquoi il y a consommation.
01:12Consommager une drogue c'est, on le fait parce qu'il y a toujours un besoin derrière.
01:17Donc une drogue c'est un produit qui va avoir un effet sur votre cerveau.
01:22Et donc ce besoin il est de l'ordre du cerveau, donc il va répondre à quelque chose.
01:31Votre cerveau il va fonctionner plus vite ou il va s'endormir.
01:35Ça c'est l'effet de la drogue et on va consommer pour cette raison-là, pour endormir son cerveau.
01:41Par exemple parce qu'on a une souffrance trop forte qui nous fait mal et qu'on veut calmer.
01:48C'est par exemple pour ça qu'on prend un antidouleur quand on a mal de tête.
01:51Donc ça c'est le premier élément.
01:53Et donc l'addiction elle va apparaître quand vous consommez votre produit,
02:00mais par rapport à ce besoin vous n'avez pas d'autre solution.
02:03Donc on devient dépendant.
02:05En fait dépendant ça veut dire qu'on ne sait pas faire sans quelque chose.
02:09On ne sait pas vivre sans oxygène et donc on est complètement dépendant de l'oxygène.
02:14Et donc pour répondre à votre besoin, par exemple si je reprends l'exemple du mal de tête,
02:19vous êtes dépendant de l'aspirine, c'est tout bête,
02:24parce que c'est la seule manière que vous avez de ne plus avoir mal de tête.
02:29Peut-être si vous avez d'autres manières, si vous pouvez faire, moi je ne sais pas moi,
02:32de la sophrologie ou prendre un autre produit que l'aspirine,
02:37vous n'êtes pas dépendant de l'aspirine.
02:39Peut-être que vous continuez à prendre de l'aspirine parce que c'est un moyen rapide
02:42et que vous avez trouvé toujours efficace,
02:45mais bon voilà, il n'y a plus d'aspirine dans la pharmacie,
02:50et bien vous avez une autre solution, donc vous n'êtes pas dépendant de l'aspirine.
02:54Alors justement, est-ce qu'on peut être dépendant à quelque chose sans vraiment s'en rendre compte ?
03:00Ah oui, c'est assez fréquent.
03:03En fait, on se rend compte de la dépendance justement au moment où le produit manque.
03:07Donc par exemple, on peut être dépendant au café,
03:12au plus le produit dont vous allez être dépendant est courant,
03:16ou que c'est un comportement tout à fait banal dans la société.
03:21Par exemple, moi je prends souvent l'exemple d'une personne qui a du mal à se concentrer
03:26sans dessiner machinalement sur un petit bout de papier, comme ça.
03:32Mais voilà, ils ne se rendent absolument pas compte qu'il est dépendant à ça.
03:36Ça veut dire, ce n'est pas forcément problématique d'être dépendant.
03:38Ça veut dire que le jour où je n'ai pas mon bique et mon bout de papier,
03:42j'ai du mal à me concentrer.
03:43Tiens, au fond, dans cette réunion, je n'ai pas bien compris, je n'étais pas là.
03:47Ou pendant que je regardais mon film, je n'ai pas bien suivi l'histoire,
03:50parce que mon comportement habituel pour me concentrer, je ne l'avais pas.
03:58Et je ne m'en rendais pas compte, évidemment, parce qu'en général,
04:01j'ai toujours un bout de papier et un bique, mais là, je ne l'avais pas.
04:04Donc en fait, je suis dépendant de ce comportement-là.
04:07Donc ça veut dire aussi que beaucoup de dépendances, finalement, sont assez banales
04:12et passent, oui, tout à fait sous le radar.
04:14Alors vous parlez de banales, justement, quelle est selon vous, disons,
04:17l'addiction la plus, entre guillemets, banalisée dans notre société aujourd'hui ?
04:20Une ou plusieurs ?
04:21Oui, c'est ça, c'est difficile à dire, parce qu'en fait,
04:24notre société ne va s'occuper, ne va s'intéresser qu'aux addictions,
04:29évidemment, problématiques, qui amènent des problèmes de santé,
04:33tels que, évidemment, l'addiction à l'alcool.
04:36L'alcool est un produit extrêmement toxique,
04:38donc on va évidemment, bien entendu, s'occuper davantage de l'addiction à l'alcool
04:44que de l'addiction au tricot ou au vélo, par exemple.
04:47Mais l'addiction au café, pour se réveiller, est assez courante,
04:53mais n'est pas jugée une priorité de santé publique.
04:58Donc l'alcool, oui, dans notre société, c'est quand même un gros problème, ça c'est clair.
05:03Alors, de manière générale, si on devrait dresser, disons,
05:06un état des lieux des addictions en Belgique,
05:08où est-ce qu'on en est par rapport, par exemple, à nos voisins européens ?
05:11Oh, je pense que malheureusement, enfin, heureusement, je ne sais pas,
05:16mais je pense que les évolutions de société, en fait, c'est ça qui amène des addictions,
05:23qui amène, finalement, des personnes à remplir des fonctions
05:26qui avant étaient remplies par d'autres types de comportements.
05:31Finalement, c'est d'abord la consommation qui va augmenter,
05:35et pour certaines personnes, elles vont demander de l'aide
05:38parce qu'elles vont constater qu'en essayant d'arrêter le comportement
05:43ou la consommation du produit, c'est difficile.
05:47Et là, si c'est difficile, c'est parce que, justement,
05:50il y a addiction ou il y a dépendance, pour nous, c'est la même chose.
05:53Donc, on s'en rend toujours compte dans un second temps.
05:57C'est d'abord la consommation dont on va rendre compte, finalement.
06:02Et l'addiction, c'est quelque chose dont il est effectivement assez difficile
06:05de rendre compte, sauf pour une certaine partie des consommateurs,
06:11parce qu'ils en viennent à demander de l'aide.
06:13Alors, est-ce qu'il y a, selon vous, Antoine Boucher,
06:16est-ce qu'il y a des principaux facteurs qui mènent à l'addiction ?
06:19Besoin de tester ? Besoin d'imiter ?
06:22Alors, en fait, ce qui mène à l'addiction, c'est d'abord la consommation.
06:27Donc, la consommation, elle est faite pour des besoins qui sont souvent inconscients, en fait.
06:33C'est ça qui est compliqué dans la consommation de drogue,
06:35c'est qu'on ne se rend pas vraiment compte, souvent, du pourquoi on le fait.
06:41Pourquoi est-ce que je commence à fumer des cigarettes ?
06:44Pourquoi est-ce que je commence à consommer une drogue ou avoir un comportement ?
06:49C'est compliqué parce que ça nous renvoie à des besoins inconscients.
06:53Ils sont inconscients aussi parce qu'ils ne sont jamais mis en avant dans la société.
06:57Donc, c'est des besoins d'identité, souvent.
07:01Grâce à ça, j'ai le sentiment d'exister.
07:04Je suis plus performant que mon voisin.
07:06On est quand même dans une société de la performance,
07:09de la concurrence entre différents travailleurs, différents humains, finalement.
07:17Et donc, la drogue est une manière de répondre à ces impératifs de société.
07:24Et un autre grand moyen, une grande motivation de consommation,
07:31c'est la gestion de nos émotions.
07:32Donc, pour continuer à vivre ensemble, on doit gérer des émotions,
07:38comme évidemment la colère, ça c'est évident.
07:42Vous ne pouvez pas faire partie d'un groupe si vous êtes en colère.
07:44Vous allez tout de suite vous faire chasser.
07:47Mais d'autres émotions aussi doivent être gérées,
07:50comme évidemment la dépression, la tristesse, mais aussi la joie.
07:54Trop de joie va aussi devoir être gérée.
07:59Et une des manières de gérer toutes ces émotions, tous ces sentiments,
08:04finalement, c'est de consommer des produits.
08:06Alors, est-ce que certaines catégories de la population sont plus vulnérables que d'autres ?
08:10Ou bien est-ce un phénomène qui touche finalement toutes les couches de la société ?
08:14Alors, c'est une question très importante.
08:17Donc, en fait, la consommation touche toutes les couches de la population,
08:23les hommes, les femmes, les pauvres, les riches,
08:29à la campagne, en ville, etc.
08:31Ça, la consommation touche vraiment tout le monde.
08:33Mais alors, l'addiction, c'est autre chose.
08:35C'est n'avoir finalement que très peu de manières de répondre à des besoins,
08:40comme je l'ai dit.
08:41Et ça, ça va toucher davantage deux catégories de la population.
08:45C'est d'abord les adolescents.
08:47Parce qu'à l'adolescence, forcément, on a de nouveaux besoins qui apparaissent.
08:52Et donc, dans ces nouveaux besoins,
08:53la manière d'y répondre, ce n'est pas évident.
08:56Et on va toujours commencer par trouver une solution.
08:59Par exemple, pour montrer à mes parents que j'ai grandi,
09:04je vais trouver une première solution.
09:06Par exemple, montrer à travers le fait de,
09:08je prends un exemple, fumer du tabac ou du cannabis.
09:11C'est une manière que je vais trouver.
09:13Mais évidemment, c'est toujours une seule.
09:15Et donc, je vais avoir beaucoup plus de mal à l'adolescence
09:18à abandonner mon tabac ou mon cannabis
09:20parce que je n'ai pas encore construit d'autre manière.
09:23Mais après, quand j'aurai un travail, ce sera forcément une nouvelle manière
09:27de montrer à papa et à maman que j'ai grandi.
09:30Et je pourrais alors, à ce moment-là, abandonner mon tabac ou mon cannabis.
09:34Et l'autre catégorie de la population qui est à risque d'addiction,
09:38ce sont, à contrario, les personnes âgées.
09:41Parce que là, les autres solutions qu'elles avaient,
09:44elles disparaissent les unes après les autres.
09:45Si par exemple, vous faisiez du footing pour gérer des émotions,
09:50à un certain âge, le footing, vos amis, c'est un peu la même chose.
09:57On peut gérer grâce à nos relations sociales, grâce à nos amis, plein de choses.
10:01Mais s'ils sont morts, ça devient compliqué.
10:05Si je n'ai plus la santé pour boire de l'alcool,
10:10c'est encore une solution qui tombe, etc.
10:12Donc, progressivement, quand on est âgé,
10:17toutes les solutions, pas toutes, mais elles se réduisent.
10:20Et donc, on peut arriver souvent à avoir une seule solution
10:23qui est souvent une solution médicamenteuse.
10:26Alors, on poursuit notre entretien sur le rôle que jouent les réseaux sociaux.
10:30Et Internet, notamment, dans ces nouvelles formes d'addiction,
10:34les réseaux sociaux sont à pointé du doigt, peut-être ?
10:36Ah, tout à fait.
10:37Donc ça, on est souvent...
10:39D'ailleurs, on ne s'appelle plus qu'un fort-drogue.
10:41On s'appelle maintenant infodrogue et addiction,
10:44parce qu'on s'est bien rendu compte que,
10:46quand on intervenait, par exemple, dans des écoles,
10:49c'était un point qui revenait extrêmement souvent.
10:53Oui, le cannabis, ça existe,
10:55mais nos élèves, par exemple,
10:57ils sont davantage pris par les écrans, les réseaux sociaux.
11:02Alors, on ne sait pas très bien ce qu'on met derrière l'écran.
11:03Est-ce que c'est des jeux vidéo ?
11:04Est-ce que c'est des réseaux sociaux ?
11:05Donc, c'est un problème qui est extrêmement présent.
11:09Et pourquoi les réseaux sociaux sont si présents ?
11:12C'est parce qu'ils vont répondre à des besoins essentiels des jeunes,
11:16qui sont d'abord des besoins de relations sociales.
11:21À l'adolescence, c'est extrêmement important d'avoir des relations sociales entre pères.
11:25Et il faut bien se rendre compte, dans notre société,
11:28qu'ils sont difficiles de les avoir en relations physiques, on va dire.
11:33L'affaire du trou est passée par là.
11:35Beaucoup d'adultes, de parents,
11:37ne sont quand même pas très à l'aise de laisser leurs enfants vagabondés.
11:44On ne sait pas chez qui.
11:45Moi, honnêtement, en tant que parent,
11:47je préfère que tu restes dans ta chambre.
11:49Mais la conclusion de ça, c'est que,
11:51dans ma chambre, je dois créer du lien social.
11:53Et donc, le réseau social va répondre à ça.
11:55Donc, on ne peut pas demander tout et son contraire.
12:00Donc, c'est difficile pour des parents d'interdire le réseau social
12:04à partir du moment où ils ont du mal à laisser des relations physiques.
12:10L'identité aussi, l'identité du jeune,
12:12elle se construit et elle va se construire.
12:15Mais comme les adultes vont construire leur post Facebook
12:18en montrant plutôt des choses positives,
12:20leurs vacances, leurs promotions,
12:22c'est une construction identitaire.
12:24Et pour le jeune, c'est encore plus important à l'adolescence.
12:28Et donc, ils vont se saisir du réseau social
12:30pour se construire une identité,
12:32pour recevoir de la reconnaissance à travers les likes,
12:35pour gérer leurs émotions aussi.
12:38Voilà, la vie est pleine d'accidents,
12:41des ruptures, des accidents favorables,
12:44des accidents défavorables,
12:46qu'il va falloir gérer.
12:47Et de nouveau, les réseaux sociaux,
12:48c'est une manière aujourd'hui,
12:50pour de nombreux jeunes, de gérer ça.
12:52Et donc, ça devient quelque chose d'extrêmement important.
12:55Alors, parfois, on en est dépendant
12:57parce qu'on n'a pas d'autre manière d'exister,
13:00d'être reconnu, etc.
13:02Que l'école, par exemple,
13:04ne reconnaît pas, ne valorise pas assez certains jeunes.
13:08Et donc, le réseau social, pour eux,
13:09est vraiment indispensable.
13:11Voilà, on va parler du travail à présent,
13:13d'info, drogue et addiction.
13:15Mais juste après, une petite pause.
13:17A tout de suite.
13:18Le carrefour de l'info, sur Arabelle.
13:24Et on retrouve notre invité, Antoine Boucher,
13:26porte-parole d'Info, drogue et addiction,
13:28la plateforme de conseil sur la consommation de stupéfiants.
13:31Antoine Boucher, est-ce que les campagnes de prévention actuelles
13:35sont suffisamment efficaces ?
13:38Peut-on mieux faire ?
13:39Alors, elles sont souvent, malheureusement,
13:43centrées sur le produit, en fait.
13:46On pense souvent, en termes de prévention,
13:48à l'exemple du tabac,
13:50qui, d'abord, se contentait d'afficher un slogan,
13:56mais un slogan de plus en plus effrayant, on va dire,
13:59jusqu'à fumer-tu, puis des photos.
14:02Donc, on est toujours un peu dans cette idée
14:03que, finalement, la prévention, ça passe par faire peur,
14:08donner tous les...
14:10L'aspect négatif.
14:11L'aspect, oui, c'est ça, les conséquences négatives,
14:13vous allez arriver, il va vous arriver ceci, cela.
14:16Mais, finalement, on se rend compte que ça a, franchement,
14:20une limite, parce que ça passe,
14:24le consommateur, il a un besoin super important,
14:27et il va culpabiliser de continuer à consommer cette affaire-là,
14:32et donc, il va tout faire, et c'est ce qu'on voit pour le tabac,
14:36il va cacher, finalement, les conséquences.
14:38Donc, ça ne marche pas.
14:40Donc, nous, on essaye plutôt de réfléchir autrement,
14:42de se dire, mais au fond, ce qu'il faut,
14:45c'est davantage essayer de cibler le message
14:49sur le besoin qu'il y a derrière cette consommation.
14:52Donc, si on veut toucher des consommateurs de tabac,
14:55pour reprendre cet exemple-là,
14:57il faut d'abord qu'ils se disent, mais au fond,
14:59pourquoi je fume ?
15:00À quoi ça sert dans ma vie ?
15:02Parce que simplement se dire, j'ai besoin du produit,
15:04ce n'est pas une réponse.
15:05On en a besoin pour une raison précise,
15:08et c'est cette raison précise qui n'est pas forcément facile à découvrir.
15:13Ça peut mettre du temps,
15:14et c'est pour ça qu'arrêter le tabac, ça met du temps.
15:17Ce n'est pas parce que le tabac est addictif en tant que tel,
15:22c'est parce que les raisons sont souvent profondes
15:25et difficiles à déceler.
15:27Et c'est ça la raison.
15:29C'est d'abord réfléchir à pourquoi vous utilisez ce produit,
15:32et puis qu'est-ce que vous pourriez faire d'autre ?
15:35Parce que quand même, ce n'est pas hyper intéressant
15:37de se dire que mon futur, c'est un cancer du poumon, par exemple.
15:41Alors, comment accompagnez-vous plus concrètement
15:44les drogues en situation d'addiction chez vous,
15:46chez InfoDrogue et Addiction ?
15:47Alors, quand une personne vient chez nous,
15:50c'est déjà qu'elle, souvent, elle désire arrêter,
15:53mais ce n'est pas simple.
15:55C'est déjà le premier pas.
15:56C'est évidemment le premier pas, c'est se dire,
15:58voilà, souvent, j'ai essayé tout seul,
16:00mais je n'y suis pas arrivé.
16:02Alors, ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas des gens,
16:03évidemment, qui arrêtent tout seul,
16:05ou qui arrêtent même sans s'en rendre compte.
16:08Comme j'ai dit l'exemple, là, je trouve un boulot
16:09et je n'ai plus besoin de mon tabac
16:11parce que mes parents ont bien compris que j'avais grandi.
16:14Et ça, je vais arrêter sans même m'en rendre compte,
16:16mais pour d'autres, c'est compliqué
16:18parce que, justement,
16:20il ne suffit pas de se dire,
16:23voilà, j'ai envie d'arrêter.
16:25Il faut réaliser à quel point ce produit
16:28remplit une fonction dans ma vie.
16:31Et ça, ce n'est pas simple.
16:33Et donc, ça, c'est la première démarche
16:34qu'on peut aider la personne,
16:36réfléchir avec elle,
16:38à la fonction du produit.
16:41Et ce n'est que quand cette fonction aura été identifiée
16:43qu'on pourra se dire,
16:44« Ah, mais alors, comment je vais ? »
16:46Parce que cette fonction-là,
16:47il n'est pas question de dire,
16:48« J'en ai plus besoin et on va la laisser tomber. »
16:51Si, par exemple, je fume
16:52parce que c'est une manière pour moi
16:54de m'identifier à mon papa qui fumait,
16:56il ne s'agit pas de dire à la personne,
16:58« Il faut arrêter de s'identifier à son père. »
17:00Non, mais il s'agit de trouver une autre manière
17:03de s'identifier à son père.
17:04C'est ça qui va être fondamental
17:06dans le travail d'arrêt.
17:10Donc, c'est la première étape.
17:12Travailler la fonction
17:13et ensuite réfléchir avec la personne.
17:15Évidemment que si j'ai fumé pendant 30 ans,
17:19de temps en temps,
17:20j'aurai trop besoin de ressembler à mon père
17:23inconsciemment comme ça
17:24et je vais refumer de temps en temps,
17:26même si j'ai une autre manière de faire.
17:28Alors, j'ai une double question.
17:29Est-ce qu'il est difficile aujourd'hui
17:30pour une personne chez nous
17:32de demander de l'aide
17:33sans être stigmatisée ?
17:34Et qu'est-ce que vous répondez aussi aux familles
17:36qui se sentent parfois démunies
17:38face à un proche dépendant ?
17:40Alors, dans notre société,
17:41c'est toujours difficile de demander de l'aide.
17:43Ça, c'est clair qu'on est
17:45dans une société de la performance
17:47et si vous demandez de l'aide,
17:48vous n'êtes pas performant.
17:50Et donc, pour les hommes,
17:51c'est encore plus difficile
17:52et donc il y a beaucoup de gens
17:54qui n'arrivent pas à demander de l'aide
17:56parce que c'est trop...
17:57Oui, c'est...
17:59Et en plus, demander de l'aide
18:00pour une consommation de drogue,
18:01c'est encore plus stigmatisant.
18:04Là, c'est vraiment dire
18:04que tu es pris par un produit.
18:07Vous êtes vraiment le dernier des nuls.
18:10Et donc, c'est extrêmement difficile.
18:11La formule, tu es un drogué.
18:13Tu es un drogué,
18:14tu n'as pas de volonté,
18:15tu es un faible.
18:16Toutes ces images-là
18:17sont extrêmement présentes
18:19et empêchent évidemment
18:21beaucoup de personnes de...
18:22Et donc, quand on a besoin d'aide,
18:24on va devoir trouver une astuce
18:27pour quand même
18:28ne pas coller à cette image du faible.
18:32Et cette astuce qu'on va souvent dire,
18:34c'est...
18:34« Non, moi, je n'ai pas besoin d'aide,
18:36mais la vie est dure,
18:38je me détruis. »
18:39C'est un peu comme la personne
18:40qui préférera faire
18:41une tentative de suicide
18:42pour appeler de l'aide,
18:44comme un appel à l'aide
18:45parce que l'appel à l'aide
18:47est trop difficile pour lui.
18:50Alors, on va parler politique,
18:51si vous le voulez.
18:52Et pour les familles...
18:53Avant de parler politique.
18:54Oui, et pour les familles aussi,
18:56souvent, les familles ont du mal avec...
18:59Elles ont un proche qui consomme
19:01et elles ne savent pas quoi faire.
19:02Donc, souvent, elles vont se focaliser
19:05sur le produit
19:05en essayant de le confisquer.
19:09Et souvent, ça fait des relations
19:11extrêmement tendues,
19:12voire même une rupture de relation
19:15parce que la personne qui consomme
19:17ne va pas se sentir reconnue
19:19dans son besoin.
19:20Moi, j'ai besoin de ce produit
19:22pour des tas de choses,
19:23comme l'exemple de tout à l'heure,
19:25pour vous montrer,
19:26mais je ne sais pas le formuler.
19:28Si je pouvais le dire avec des mots,
19:29évidemment, je vous le dirais
19:30à vous, parents, par exemple.
19:31Je grandis, papa, maman.
19:34Vous ne le voyez pas.
19:35Et je vous le montre, par exemple,
19:37en fumant du tabac.
19:38Papa, maman, eux,
19:39ils voient tout à fait différemment.
19:41Ils vont se focaliser.
19:41Ils vont interdire le tabac.
19:42Et les relations vont, en général,
19:45ne pas s'améliorer.
19:46Et donc, l'idée, c'est davantage
19:48pour les familles
19:49de se poser la question,
19:50mais au fond,
19:51quel est le besoin de mon proche,
19:53de mon enfant,
19:54derrière cette consommation ?
19:56Et une fois que je...
19:58Même si je me trompe,
19:58peu importe,
19:59mais une fois que j'ai identifié
20:00ce besoin-là,
20:01comment je peux proposer
20:03une alternative
20:04à la personne que je connais ?
20:07Et au fond,
20:07s'il grandit,
20:08qu'est-ce que je peux lui proposer ?
20:10Je n'ai pas envie qu'il fume.
20:11Ça, c'est tout à fait normal.
20:12C'est très toxique.
20:13Donc, mais qu'est-ce que je peux proposer ?
20:15Si on enlève quelque chose,
20:16il faut toujours,
20:17c'est ce qu'on dit,
20:18proposer autre chose.
20:19Enlever quelque chose d'important
20:21sans rien proposer d'autre.
20:22Ça, en général,
20:24ça ne fonctionne pas.
20:25Alors, j'évoquais la politique
20:26tout à l'heure.
20:27M. Boucher,
20:28qu'est-ce qu'il faudrait,
20:29selon vous,
20:29changer justement au niveau politique
20:30pour mieux lutter
20:31contre ces addictions
20:33qui parfois passent
20:35souvent sous le radar ?
20:36Alors, bon voilà,
20:38au niveau politique,
20:39on voit bien que de plus en plus,
20:41on est dans une société
20:42qui consomme
20:43les consommations
20:45de substances psychotropes,
20:46que ce soit des drogues
20:48ou des médicaments
20:49ou des comportements
20:50qui finissent par être
20:53addictions,
20:54augmentent.
20:55Et donc,
20:56nous,
20:57ce qu'on voit,
20:57c'est que finalement,
20:58ces produits-là,
20:59ces consommations-là,
21:01elles débouchent
21:02pour remplir des besoins
21:04qui avant étaient remplis autrement.
21:05Et c'est un peu
21:06la société
21:07qu'on appelle
21:07la société de consommation
21:09aujourd'hui,
21:09de plus en plus importante.
21:11Et donc,
21:11au niveau politique,
21:13nous,
21:13ce qu'on dit,
21:13c'est que
21:14tant qu'on va être
21:15dans une société
21:16qui va offrir
21:17comme réponse
21:19à nos besoins humains
21:20des consommations
21:22de produits,
21:22ça ne va pas s'arranger.
21:24Donc,
21:24il faut,
21:24là,
21:25je parle évidemment
21:25de quelque chose
21:26d'extrêmement large
21:28qui s'est développé
21:29depuis 80 ans maintenant,
21:32qui s'est développé
21:32progressivement,
21:33mais il faut remettre
21:34au cœur
21:35de l'humain
21:37quelque chose
21:38de l'ordre
21:38de la relation,
21:39remettre en valeur
21:41finalement
21:41des relations,
21:42la confiance
21:43entre nous
21:45plutôt que
21:46la méfiance,
21:47l'isolement,
21:47ce qu'on appelle
21:48l'individualisme.
21:49Ça,
21:49c'est évidemment
21:50à très long terme.
21:51Alors,
21:51plus concrètement,
21:52oui,
21:53il faut arrêter
21:54de se centrer
21:55sur le produit.
21:56Toutes les politiques
21:57qui interdisent
21:58des produits,
21:59finalement,
22:00empêchent
22:00de réfléchir
22:01les choses
22:02à partir
22:02de l'humain,
22:03qui est le fondement
22:05sur lequel
22:06on doit se baser
22:07pour régler
22:07ce type
22:08de problème.
22:09Le temps passe
22:09très très vite.
22:10Encore une dernière question
22:11avant de nous quitter,
22:12si vous le voulez bien,
22:12Antoine Boucher.
22:14Quel message
22:15vous souhaitez faire passer
22:16aux jeunes
22:16qui pensent
22:17que tester,
22:18allez,
22:18une fois,
22:18ce n'est pas grave.
22:20Mais de nouveau,
22:21c'est tout à fait normal
22:23de penser ça
22:23puisqu'on va se centrer
22:24sur le produit.
22:25Alors nous,
22:26ce qu'on va essayer
22:27de dire,
22:28c'est vraiment,
22:29si tu veux tester,
22:31réfléchis
22:31pourquoi,
22:32à quelle fonction,
22:33quel résultat
22:34tu en attends
22:35de ce test.
22:36ça,
22:38c'est une question importante
22:39parce que tu peux
22:40en attendre
22:40une forme
22:42de reconnaissance
22:43de ton courage
22:44de faire ça,
22:45de faire partie
22:46d'un groupe,
22:46de gérer
22:47un sentiment
22:48de tristesse
22:49et ça,
22:51c'est la première chose.
22:52Et comment
22:52tu pourrais faire
22:53autrement
22:54qu'en testant
22:55ce produit-là ?
22:56Et n'oublie jamais
22:57que n'hésite pas
22:58à téléphoner
22:59à notre service,
23:01c'est 02 227 52 52
23:03si tu veux
23:04en parler avec d'autres.
23:05Voilà,
23:06un fort drogue
23:06et addiction,
23:07tous les détails
23:08et les contacts
23:09nécessaires,
23:09bien sûr,
23:10sur le net,
23:10bien évidemment.
23:11Antoine Boucher,
23:12porte-parole
23:13d'un fort drogue
23:13et addiction,
23:14merci pour votre analyse.
23:15Merci à vous.
23:16On se retrouve
23:16dans quelques instants
23:17pour la suite
23:17de notre Carrefour de l'Info.