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00:00 contre le régime iranien. Bonjour Golshifteh Farahani.
00:03 - Bonjour. - Vous êtes actrice, on vous connaît dans de grandes productions
00:07 internationales, vous êtes exilée et c'est pour ça qu'on vous invite ce matin sur Europe 1,
00:11 l'une des porte-voix de ces femmes qui se battent encore contre le régime iranien.
00:16 Est-ce que d'après vous, un an après, est-ce que vous constatez que le mouvement est toujours aussi vivace ?
00:22 - Bien sûr le mouvement est très vivace, il a juste changé de forme en fait.
00:27 Ce qui s'est passé l'année dernière, c'était une rage qui s'exprimait dans les rues avec les manifestations.
00:35 Beaucoup de gens morts, beaucoup de gens arrêtés dans les rues.
00:39 Et là, je peux dire que la rage et le colère s'est transformé dans le désobéissance civil,
00:48 qui est plutôt humiliation de vous voir.
00:52 Ce qui est en fait, on ne peut pas vraiment comprendre qu'est-ce que ça veut dire une femme qui va sans voile dans la rue.
01:00 C'est la même raison pour laquelle Marça, elle est morte aujourd'hui.
01:03 Alors les femmes, les jeunes filles, elles continuent à enlever leur voile.
01:08 Et moi je trouve que le mouvement, c'est quelque chose qui est commencé et ça ne peut jamais revenir en arrière.
01:14 Ça va continuer, c'est l'eau qui coule jusqu'au moment qu'ils recevront jusqu'à l'océan.
01:20 Alors ça continue et si on ne voit pas les grands mouvements,
01:24 parce qu'on attend dans le monde occidental les gens dans les rues,
01:27 en fait ce qui se passe dans les pays différents, dans les climats différents,
01:32 dans les situations géopolitiques différentes,
01:34 c'est pas seulement avec des manifestations que les gens peuvent faire une révolution.
01:38 Une révolution, ça peut prendre des formes différentes.
01:42 Ça prend des formes différentes.
01:43 Alors cette situation justement, elle est décrite dans un documentaire que les auditeurs d'Europe pourront voir mardi
01:48 qui s'appelle "Femmes, vie, liberté, une révolution iranienne".
01:50 Ce sera diffusé sur Arte dans lequel vous intervenez
01:54 et on apprend effectivement que ce mouvement au départ a été également rejoint par des hommes,
01:58 des universitaires, notamment des étudiants, et puis ensuite une classe plus populaire.
02:03 C'est en cela que le mouvement prend de l'ampleur finalement.
02:07 Ce mouvement a commencé pas seulement dans un monde privilégié à Téhéran.
02:12 C'était une révolution qui a commencé à Kurdistan et après à Balouchistan.
02:17 Dans le classe moyen qui malheureusement n'existe plus parce que là, on a tout le monde à faim.
02:26 Il y a même par exemple ma famille qui est une famille quand même assez privilégiée, qui souffre.
02:31 La situation économique, c'est impossible et invivable.
02:37 En même temps que nous les Iraniens, on considère l'Iran comme un des pays plus riches du monde,
02:43 avec du gaz, avec du pétrole.
02:45 Mais cet argent-là, il ne va pas sur la table de masse des gens.
02:50 Là, l'Iran est devenu les huligars et les gens, comme un peu la Russie,
02:55 les gens qui sont avec le régime, collaborateurs avec le régime.
02:59 La classe moyenne est en train de disparaître, qui est très très triste.
03:04 Après, c'est les gens qui sont très pauvres.
03:08 Un Iranien sur trois qui vit sous le seuil de la pauvreté, effectivement,
03:13 ce qui provoque évidemment la colère des gens.
03:16 Finalement, le voile a été un déclencheur, mais là, on voit que la population continue de s'en mobiliser.
03:22 Est-ce que vous pensez, Gholshifteh Farahani, que la peur change de camp ?
03:25 En fait, je crois que le régime a très très peur depuis des années.
03:29 C'est pour ça qu'il est en fait...
03:30 Quel régime a tellement peur des cheveux des femmes,
03:34 qui commence à tuer les gens dans les rues pour les cheveux de la femme ?
03:39 Ça veut dire que ce régime-là, on dirait en Iran, c'est juste pendu d'une mèche de cheveux.
03:45 Ça veut dire que ça peut tomber à n'importe quel moment,
03:48 parce qu'en fait, il y a une distance énorme entre le régime et le peuple.
03:52 Et un régime, un peuple qui déteste le régime autant,
03:56 ce régime-là, ça ne peut pas rester au pouvoir.
03:59 Et oui, ils ont très très peur.
04:01 Ramény, il a très peur.
04:03 Et c'est pour ça qu'ils font autant de mal aux gens, aux cultures, aux artistes, aux journalistes.
04:10 Nahal Ghesma, elle m'a dit justement qu'il y a dans la prison ce documentaire.
04:14 En fait, elle, elle est là, elle est le fil dans ce documentaire.
04:18 Et juste il y a quelques jours, elle a été battue dans la prison
04:21 parce qu'elle ne portait pas le voile.
04:25 C'est si simple que ça.
04:26 Ça veut dire que oui, ce régime a très peur.
04:29 Il a très peur de son image, de propagande.
04:31 Il veut montrer qu'il est bien.
04:33 Mais c'est pour ça, je pense que c'est important que les dirigeants du monde,
04:37 ils ne s'assoient pas autour d'une table avec les dirigeants de ce pays
04:44 parce que ce régime a très peur de son image.
04:46 Oui, que la communauté internationale mette davantage la pression, vous voulez dire.
04:49 Exactement. Et c'est ça qu'il ne faut pas oublier.
04:52 C'est que les régimes dictatures, ils sont liés parallèles avec la propagande,
04:57 de créer un image.
05:00 Et nous, il ne faut pas...
05:01 En fait, c'est ça, c'est que n'importe quel artiste qui poste quelque chose,
05:05 n'importe quelle personne qui fait un pas, chaque pas,
05:09 pour les femmes en Iran, il fait un pas pour les femmes au monde et l'humanité à la fin.
05:14 Ça veut dire que nous, on ne peut pas lâcher.
05:16 Et le gouvernement, il a très, très peur.
05:18 Et avec une diaspora iranienne qui représente tout de même 8 millions de personnes,
05:22 le monde qui doit continuer à en parler.
05:24 On sait que parfois, nous-mêmes, dans les médias, une actualité chasse l'autre.
05:27 Continuez de montrer les images, continuez à faire du documentaire.
05:29 C'est ça, l'importance également.
05:31 Oui, parce que je veux dire, en fait, cette histoire, ce n'est pas la femme en Iran.
05:36 Cette histoire, c'est pour l'humanité.
05:38 Tout ce qui se passe en Iran, c'est juste une expression de notre monde,
05:42 de les femmes aux États-Unis qui ne peuvent pas avoir le droit sur leur corps avec l'avortement.
05:47 Partout dans le monde, il y a du mal sur la femme, sur l'homme, sur l'humanité.
05:53 Là, on l'a sur l'Iran.
05:54 Et si on tourne notre dos à cette histoire-là, on tourne le dos sur l'humanité.
06:00 Alors, il faut penser, il faut y penser.
06:02 Il faut chaque pas, chaque geste, chaque parole qu'on dit à notre amie dans un café à Paris.
06:08 Ça, c'est un pas.
06:09 Ça, c'est quelque chose qu'on ne fait pas oublier.
06:11 Et il ne faut pas aussi dire qu'il n'y a plus de manifestations,
06:14 qu'il n'y a plus de gens dans la rue, ça, c'est arrêté.
06:16 Non, c'est juste changer la forme.
06:18 C'est l'énergie qui s'est transformée.
06:20 Et on vous remercie d'être venus, vous aussi,
06:22 de nous donner votre énergie ce matin sur Europe 1,
06:25 Go Shift et Farah Ani.
06:26 On vous retrouve comme témoin dans ce documentaire
06:29 "Femmes, vie, liberté, une révolution iranienne"
06:31 que les auditeurs d'Europe 1 pourront voir mardi soir.
06:34 Il est signé Claire Billet et Mohamed Hosseini.