Chroniqueuse : Marie Portolano
Il porte son regard sur l’actualité à hauteur des consommateurs…Jean-Yves Mano, président de l’association des consommateurs CLCV nous éclaire sur cette hausse des prix fulgurante. Augmentation de l’électricité, de l’alimentaire, de l’essence… La vie chère atteint des sommets et les salaires ne suivent pas. Comment faire pour surmonter cette hausse des prix et ne pas subir des fins de mois trop difficiles ? La réponse avec Jean-Yves Mano.
Il porte son regard sur l’actualité à hauteur des consommateurs…Jean-Yves Mano, président de l’association des consommateurs CLCV nous éclaire sur cette hausse des prix fulgurante. Augmentation de l’électricité, de l’alimentaire, de l’essence… La vie chère atteint des sommets et les salaires ne suivent pas. Comment faire pour surmonter cette hausse des prix et ne pas subir des fins de mois trop difficiles ? La réponse avec Jean-Yves Mano.
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00:00 8h14, l'interview d'actualité, il a écouté attentivement le ministre de l'économie tout à l'heure.
00:03 Son regard sur l'actualité, lui, il le met toujours à hauteur de consommateur.
00:07 Marie, vous recevez ce matin Jean-Yves Manot, qui est le président de l'association de consommateurs, donc CLCV. Bonjour et bienvenue.
00:13 Jean-Yves Manot, bonjour. Merci beaucoup d'être avec nous. Alors CLCV, je rappelle, c'est consommation, logement et cadre de vie.
00:19 Alors, l'électricité augmente, l'alimentation augmente, le prix de décence augmente, tout augmente. Comment on fait ?
00:26 Eh bien justement, les Français ont beaucoup de difficultés par rapport à l'augmentation des prix. 34% d'entre eux sautent un repas.
00:36 De plus en plus de difficultés pour 50% des Français, soyons clairs. Et ça touche évidemment y compris ceux qui ont une activité professionnelle.
00:45 Les revenus ne suivent pas par rapport à l'augmentation des prix. Et c'est une situation assez dramatique.
00:52 Alors justement, hier dans le Parisien, Elisabeth Born a annoncé que pour le carburant, la vente à perte serait possible à titre exceptionnel.
00:58 Je rappelle, la vente à perte, c'est revendre un produit à un prix plus faible que son prix d'achat effectif. Déjà, le gouvernement reconnaît qu'il faut faire quelque chose.
01:08 Est-ce que c'est suffisant, selon vous ? Je pense que le gouvernement est dans une démarche incantatoire régulière, uniquement sans pouvoir.
01:18 Regardons ce qui s'est passé la semaine dernière. Mardi matin, Bruno Le Maire convoque les pétroliers et les distributeurs pour dire « ce n'est pas possible,
01:29 et donc vous allez baisser votre marge et vous allez faire des opérations à prix coûtant ». Objectivement, certaines grandes surfaces ont dit non.
01:38 Ou peut-être dans quelques situations. Jeudi matin, découverte de M. Bruno Le Maire, ah oui, les marges de raffinage sont absolument extrêmement importantes.
01:53 Alors nous avions dit en tant qu'organisation de consommateurs que la marge de raffinage était habituellement de 50 dollars la tonne, et au mois d'août, c'était 132.
02:06 Et donc nous pensions qu'effectivement, il y avait une marge supérieure de la part des pétroliers qui se traduit potentiellement par une augmentation de 10 centimes du litre.
02:16 Donc, et troisième intervention, alors là, très surprenante, effectivement, on va potentiellement vendre à perte.
02:24 Je pense qu'il n'y a pas de réponse aujourd'hui, ce matin, cette annonce un peu surprenante de dire, et en même temps contradictoire.
02:33 Parce qu'il y a dans la loi aujourd'hui, deux éléments qui font que potentiellement, les grandes surfaces ne peuvent pas vendre à moins de 10% de marge.
02:44 Ça s'appelle le seuil de revente à perte. Et la loi de Creuset qui est venue, qui sera appliquée à partir du mois de mars 2024,
02:53 qui limite la possibilité pour les grandes surfaces, les grandes sociétés, de faire des promotions.
02:58 Donc tout ça est contradictoire, on montre bien, enfin ça montre bien que le gouvernement n'a pas de réel pouvoir.
03:04 – N'a pas d'armes, alors qui peut faire quelque chose ? C'est le gouvernement, les distributeurs, les industriels ?
03:08 Comment ça se passe ?
03:09 – Eh bien, je pense que, enfin, le gouvernement, les prix sont libres en France.
03:14 Donc à partir de là, bien évidemment, à part le prix de l'électricité, etc., on pourra en reparler.
03:21 Mais je pense que le consommateur, par ses choix, aujourd'hui, par nécessité, se dirige vers les produits de marque ou les produits de premier prix.
03:32 Et donc il y a une surveillance. Est-ce que M. Bruno Le Maire vous a reparlé des opérations de 5 000 produits qui, théoriquement, ne devaient pas augmenter ?
03:45 Il y a trois mois, il a annoncé en septembre une baisse des prix.
03:49 Trois mois après, ça s'est transformé avec une possibilité que ça n'augmente pas ou légèrement.
03:55 On voit bien qu'ils sont perdus, mais je reconnais qu'il y a peu de possibilités.
04:01 Et, objectivement, la seule arme, aujourd'hui, malheureusement, c'est la baisse des consommations.
04:08 C'est une déconsommation massive, y compris sur des produits d'hygiène, d'ailleurs, ce qui est absolument inquiétant.
04:15 Et le consommateur se dirige vers des produits de moins bonne qualité, ce qui pose des problèmes à terme sur la santé de l'ensemble des consommateurs.
04:26 Est-ce que vous craignez une crise sociale ?
04:29 Bien évidemment, et je pense que le gouvernement aussi, bien évidemment.
04:34 Je pense qu'il y a un sentiment de déclassement, notamment des couches moyennes.
04:39 La société se fracture en deux, ceux qui sont au-dessus et ceux qui sont au-dessous, mais c'est 50% de la population.
04:46 Et ça ne peut pas durer. Il y a des nécessités absolues d'aider les consommateurs.
04:53 Mais alors qu'est-ce qu'il faut faire concrètement ?
04:55 Nous avons demandé, par exemple, sur l'énergie, de tripler le chèque énergie.
05:01 Il faut savoir que pour toucher le chèque énergie, aujourd'hui, il faut être au-dessous du seuil de pauvreté.
05:07 Et quelqu'un qui gagne 900 euros par mois touche 48 euros par an de chèque énergie.
05:13 Donc ce n'est absolument pas suffisant.
05:15 Et l'électricité et le gaz, c'est absolument indispensable.
05:20 Et le carburant est indispensable pour toutes les zones semi-rurales ou rurales,
05:25 ce qui fait que potentiellement, aujourd'hui, c'est extrêmement compliqué,
05:29 et parfois à peine rentable de se rendre à son travail compte tenu de la distance que nous avons amenée.
05:36 Donc ça ne peut pas durer.
05:37 – Mais alors qui doit payer ? Ce sont les finances publiques ?
05:40 – Alors en même temps, l'augmentation de prix général entraîne une augmentation du budget de TTVA
05:49 relativement importante, notamment sur le carburant.
05:52 Quand même, au-delà des taxes, il y a quand même une TTVA,
05:56 donc je pense que compte tenu des difficultés budgétaires, etc., et des priorités,
06:03 je pense que le gouvernement, par nécessité absolue, devra faire des chèques complémentaires.
06:10 Vous savez, il l'a déjà fait l'année dernière.
06:13 – Oui, donc il est en capacité de le faire.
06:15 – Ben écoutez… – Mais il faut le faire impérativement.
06:17 – Ce sont des choix, des choix politiques, mais si on veut éviter l'explosion sociale, oui, je pense…
06:23 Vous savez, le chèque de 100 euros, de 1 000 euros, etc.,
06:30 a été attribué à 12 millions de ménages.
06:33 – Oui.
06:34 – Ça veut dire à peu près 60% de la population française,
06:37 dont l'État a estimé qu'ils avaient un besoin d'un soutien social.
06:42 – Alors, comme il faut des réponses concrètes,
06:44 est-ce que vous avez, vous, des petites astuces pour faire des petites économies ?
06:48 – Je crois qu'il faut comparer, cuisiner, rouler moins vite, etc.
06:56 Je pense qu'il y a des attitudes, je dirais, classiques
06:59 que les Français ont redécouvert potentiellement par nécessité absolue.
07:04 – Merci beaucoup Jean-Yves Manot.
07:05 Je rappelle que vous êtes le président de l'association de consommateurs CLCV.
07:09 Merci.
07:10 – Merci à vous.