Fabrice Luchini est à l'affiche du film "La Petite" de Guillaume Nicloux, en salle mercredi 20 septembre. Il est l'invité de Léa Salamé. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-lundi-18-septembre-2023-8452568
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00:00 - Et Léa, ce matin vous recevez un acteur ! - Quel acteur ? Bonjour Fabrice Luchini !
00:04 - Bonjour monsieur, bonjour madame. - Merci d'être avec nous ce matin.
00:07 Si vous étiez un monument et un gros mot, vous seriez quoi Fabrice Luchini ?
00:10 - Monument, je me suis dit tiens, France Inter, rentre là-dedans, donc je vais répondre.
00:16 Monument, c'est l'église Saint-Pierre où j'ai fait ma première communion,
00:19 la plus vieille église de Montmartre, à côté du Sacré-Cœur,
00:24 qui est un monument puissant mais pas très beau.
00:27 Et à Saint-Pierre de Montmartre, c'est là que j'ai fait ma communion et c'est une merveille.
00:31 Je crois que c'est du 12ème, je crois que je me plante mais ça doit être du 12ème.
00:35 - Si vous étiez un gros mot ? - Espèce de petite fiante gavée de merde
00:38 là où tu te trouves dans mon anus, tu dois pas y voir bien clair.
00:41 - C'est court. Fabrice Luchini... - Non mais vous savez ce que c'est ?
00:44 C'est l'insulte de Céline à Sartre, quand Sartre lui demandait d'aller le voir au théâtre,
00:49 car il jouait à l'atelier Les Mouches, et Céline lui a répondu
00:53 "tu n'es qu'une fiante à mon cul génial". Voilà.
00:56 - Fabrice Luchini est devenu humain trop humain.
01:00 - Vous me posez ça ? - Je vous pose la question.
01:02 - C'est un commentaire très très dangereux parce que humain...
01:08 C'est très troublant. C'est le film qui vous donne cette sensation-là ?
01:11 - Absolument. Humain, vous l'êtes terriblement dans La Petite de Guillaume Niclou
01:15 qui sort ce mercredi en salle. Un film bouleversant, plein de dédicacesse,
01:19 d'humanité qui parle de la paternité, de la filiation, des liens du sang et des liens du cœur.
01:23 C'est l'histoire de Joseph, vous, un homme bourru, égoïste, misanthrope,
01:26 qui après la mort de son fils homosexuel se met en tête de retrouver la mère porteuse
01:30 qui va bientôt accoucher du bébé de son fils.
01:33 Et à travers ce bébé, il va tenter de se réconcilier avec ce fils,
01:36 avec qui c'était pas forcément très fort, et avec la vie.
01:40 On ne vous attendait pas dans un tel rôle, Fabrice Luchini, dans un film qui évoque la GPA.
01:45 On voit pas trop le lien entre vous et la GPA. Qu'est-ce qui vous a touché dans cette histoire ?
01:50 - Moi, le producteur a su bien vendre son truc. Je me laisse aller à la conviction des producteurs.
01:56 Parce que les producteurs, ils sont aussi intelligents que les artistes, en réalité.
02:00 Et il m'a dit, il y a un rôle où tu peux pas résister.
02:04 Vous savez, j'étais toujours impressionné quand vous allez chez un notaire,
02:08 ou chez un avocat, ou chez un gynéco, j'allais dire, comme même pas,
02:11 mais chez un neurologue, je sais pas quoi.
02:13 Il te termine la conversation en disant "Monsieur Luchini, vous êtes au courant ?"
02:17 Bah quoi ? C'est une merveille ce qui m'est arrivé.
02:20 Mais quoi, monsieur ? Je suis grand-père !
02:24 Avec des yeux illuminés, moi, ça a jamais été un truc.
02:27 Ce que le film raconte, c'est pourquoi la vie,
02:31 pourquoi l'enfant est le plus grand antidépresseur pour les gens pré-retraite,
02:36 ou en retraite, ou même vers les 50 ans.
02:38 Pourquoi l'enfant redonne un sens absolu.
02:42 Et je dirais même, tu sais, il y a une phrase merveilleuse du voyage où il dit,
02:45 pour parler de la dépression nerveuse, et après je fais plus court,
02:48 il dit, il parle de manière géniale, Julien Gracq admire cette phrase-là d'ailleurs,
02:53 "Quand on a plus beaucoup de musique en soi pour faire danser la vie."
02:57 Voilà, c'est la définition de la dépression.
02:59 - Et c'est le cas de votre personnage ?
03:01 - C'est lui au début.
03:02 - Il a plus beaucoup de musique en lui ?
03:03 - Il a plus de musique du tout.
03:05 Et l'enfant, qui est quelque part en Belgique,
03:07 parce que ça pourrait être aux Etats-Unis,
03:09 parce qu'aux Etats-Unis c'est très cohérent, très maîtrisé.
03:12 Là c'est en Belgique, plein d'humanité,
03:14 mais en même temps il y a du black.
03:15 Donc il va aller dans cette recherche, voir cette jeune fille,
03:19 pour essayer de devenir presque le père.
03:21 Et il va d'ailleurs le devenir, enfin voilà.
03:23 - Notez que de plus en plus de réalisateurs vous emmènent sur ça.
03:26 Si je regarde les derniers films que vous avez faits,
03:28 ils prennent le personnage luchini,
03:30 qui peut parfois être misanthrope, dur ou cynique,
03:32 et l'entraînent vers quelque chose de généreux, de solaire, de lumineux.
03:36 Dans "L'Hermine", vous jouiez au début un juge aigri qui va se révéler par l'amour.
03:42 Dans "Alice et le maire", vous jouez un maire...
03:44 - Socialiste désespéré.
03:45 - Oui, socialiste désespéré, pas de dents, voilà.
03:48 Voilà, un peu cynique et tout.
03:50 Et vous allez vers la lumière.
03:52 Et dans ce film également,
03:53 qu'est-ce que ça veut dire à votre avis qu'ils viennent tous vous chercher
03:56 pour vous emmener vers la lumière ?
03:58 - Parce que quand t'es jeune, tu veux démontrer beaucoup de choses.
04:02 Puis tu veux être aimé, puis tu crois être aimé en en faisant beaucoup.
04:07 Puis le théâtre, ta vie dédiée au théâtre.
04:12 Et puis ta vie personnelle, ta vie personnelle, ta vie personnelle.
04:17 - Est-ce que vous allez de plus en plus vers la lumière vous-même ?
04:21 - Moi, je dirais que je vais de plus en plus dans une belle déprime,
04:24 mais émerveillé parce que je fais le métier que je veux,
04:30 que je vis une vie assez miraculeuse,
04:35 oui, miraculeuse, que mon quotidien est quand même assez calme,
04:42 et plus que calme d'ailleurs, merveilleux, assez merveilleux.
04:45 Et que je sais toujours la question, être un acteur au cinéma,
04:51 c'est s'abandonner et ne pas fabriquer.
04:53 C'est ça que Nick Loo a su faire.
04:56 Ça m'a un peu étonné quand j'ai vu le résultat.
04:58 Je me suis dit, il n'arrête pas de me filmer.
05:01 Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel ?
05:03 Et puis j'étais dans le rien, puis le rien devient tout.
05:06 Pourquoi ? Parce qu'il y a la petite aussi, qui est bouleversante.
05:09 Pourquoi ? Parce qu'elle est pleine de tout.
05:11 Elle est pleine de vie, pleine de sensualité, pleine de jeunesse.
05:14 - Voilà, et elle vous donne ça.
05:16 - Et moi qui suis plein de rien, je vais devenir plein de tout.
05:19 - Comme Sartre, pensez-vous qu'il n'y a pas de bon père ?
05:23 - C'est Freud surtout qui a écrit ça.
05:26 - Il l'a dit différemment, il a dit trois métiers impossibles.
05:28 - Psychanalyste.
05:30 - Père de famille. - Père de famille et homme politique.
05:32 - Et président de la République. - Et président de la République.
05:34 J'ai dit homme politique, oui, et président de la République.
05:37 Et puis la fameuse phrase quand il descend de l'avion à New York,
05:40 ou je ne sais plus où, en Amérique, et que tout le monde hurle "Salut Sigmund, salut Sigmund !"
05:44 et qu'il leur dit à son pote Ernest Jones, le biographe,
05:48 "ils m'acclament, ils ne savent pas que j'amène la peste".
05:51 - Vous avez reconnu, c'est la question que tout le monde vous pose autour de ce film,
05:54 si vous avez été un bon père avec votre fils Emma.
05:56 Vous dites "moyen" au début, je me suis rattrapée quand elle avait 13-14 ans, c'est ça ?
05:59 - Très moyen au début, très moyen.
06:01 - Très absent. - Oui, très moyen.
06:03 Elle me prenait pour son cousin, alors il y a quand même un petit problème.
06:06 - Ah oui, c'est très moyen alors.
06:08 - Parce que c'est banal de dire ça.
06:11 Comme Johnny quoi, tous les gens...
06:13 Johnny Hallyday aussi, il explique qu'il était parmons et parvaux.
06:16 Je ne me prends pas pour Johnny Hallyday.
06:19 Moi je suis un acteur régional.
06:21 - Vous étiez... - Je suis très, très régional.
06:23 - Vous vouliez plus faire carrière...
06:24 - Une fois, il y a une actrice qui m'a...
06:25 Je lui ai posé la question "comment tu te sens ?"
06:27 Elle m'a dit "j'aurais sur l'Europe".
06:28 Eh ben je ne pourrais jamais dire "j'aurais sur l'Europe".
06:30 Moi c'est un peu Québec, parce qu'ils aiment la langue française,
06:34 pas mal la Belgique, puis on s'arrêtera là.
06:36 - Un peu le Liban.
06:37 - Ah le Liban que je...
06:39 Là je vais y aller, je vais y aller faire la fontaine au Liban.
06:41 - Vous avez été un bon fils ?
06:43 - J'ai, ah oui, alors là, au-delà même.
06:46 S'il appelait sa maman tous les jours, s'il déjeunait avec sa maman
06:50 jusqu'à 60 ans, quasiment, 55 ans, et lui apportait son linge,
06:55 parce qu'elle exigeait que je lui apporte le linge à laver,
06:58 et l'appeler tous les jours et déjeuner avec elle 5 ou 6 fois par semaine,
07:02 oui, j'ai dû être un peu désagréable à 17 ans,
07:05 quand j'ai quitté Paris pour Katmandou et l'Iran.
07:09 Mais...
07:10 - Mais vous avez été un bon fils.
07:11 Ce film de Guillaume Niclou qui est une vraie petite merveille,
07:14 vraiment, il faut aller le voir, et on rembourse,
07:16 si quelqu'un va le voir et n'est pas ému à l'issue de ce film,
07:19 vous remboursez.
07:21 - Oui, si vous voulez.
07:22 Mais c'est beau de vous voir, parce que vous l'êtes au contraire,
07:24 des gens qui ne hiérarchisent pas leur passion.
07:27 Il y a un gros problème dans les journalistes,
07:29 c'est qu'ils font semblant de recevoir Rimbaud tous les jours,
07:32 et puis ils reçoivent Schopenhauer, ils reçoivent Sigmund Freud.
07:35 Faux hiérarchisé !
07:37 Et bien bravo Léa !
07:38 Moi j'avais peur de votre rendez-vous 9h20,
07:40 et la patronne m'a dit "ça cartonne".
07:44 - Ce film m'a fait penser au recueil de Victor Hugo,
07:46 à qui vous allez bientôt consacrer un spectacle,
07:48 "L'art d'être grand-père".
07:49 Dans ce recueil, il évoque sa relation fusionnelle à ses deux petits-enfants,
07:52 Georges et Jeanne, qu'il élèvera d'ailleurs chez lui,
07:55 après la mort de son fils.
07:56 Et il dit ça !
07:58 "J'ai devant les Césars, les Princes, les Géants,
08:00 de la force debout sur l'amas des néants.
08:02 Devant tout ce que l'homme adore, exècre en sens,
08:05 devant les Jupiters de la toute-puissance,
08:07 été 40 ans, fier, indompté, triomphant,
08:10 et me voilà vaincu par un petit-enfant."
08:12 - Oh c'est bouleversant, putain, ça me fout les larmes aux yeux.
08:16 Il est énorme, Hugo.
08:19 Alors moi c'est plutôt la période noire, puisque c'est le moment...
08:23 Voilà, c'est le moment...
08:24 Je vais vous dire une phrase, une phrase rapide.
08:27 C'est le moment où...
08:28 Ce qui me plaît c'est d'alterner, quoi.
08:30 - Je vous parle d'Hugo juste pour qu'on dise aux auditeurs...
08:32 - Oui non mais voilà, j'alterne Lola Fontaine et le Hugo, pourquoi ?
08:36 - Vous allez faire un spectacle à partir d'octobre sur Hugo.
08:38 - Voilà, sur le...
08:39 Alors pour bien dire, c'est un spectacle assez noir au début,
08:42 c'est le moment où Léopoldine meurt dans l'accident de navigation,
08:48 et qu'il va apprendre ça avec Juliette Drouet,
08:53 car tous les ans, comme sa vie avec les femmes a été très compliquée,
08:58 Juliette Drouet exigeait tous les ans un petit départ en vacances, un mois.
09:03 Donc ils reviennent du Pays Basque espagnol,
09:07 il fait très chaud, ils sont à Rochefort,
09:09 ils arrivent de l'île de Léron, et à l'île de Léron,
09:12 elle a cette idée de dire, on est le 9 septembre,
09:15 c'est-à-dire cinq jours après la mort de Léopoldine,
09:17 elle lui propose d'aller boire un coup et de lire les journaux.
09:20 Et c'est là que Hugo va lire en quelques secondes la nouvelle dans le journal,
09:26 où il y a marqué que la fille du grand poète est morte,
09:29 et il dit ces quelques mots, voilà, qui est horrible.
09:32 Et il donne le journal, et elle raconte la remontée tragique,
09:37 il n'écrira plus de poèmes pendant trois ans,
09:40 et il faudra attendre l'exil pour écouter le début,
09:44 parce qu'on n'a pas le temps.
09:45 « Oh, je suis comme fou dès le premier moment, hélas !
09:49 Et je pleurais trois jours amèrement.
09:52 Vous tous à qui Dieu prie votre chère espérance, père, mère,
09:56 dont l'âme a souffert ma souffrance,
09:58 tout ce que j'éprouvais l'avez-vous éprouvé ?
10:01 Je voulais me briser le front sur le pavé,
10:05 puis je me révoltais, et par moments terribles,
10:07 je fixais mes regards sur cette chose horrible,
10:10 et je n'y croyais pas, et je m'écriais non,
10:13 est-ce que Dieu permet de ces malheurs sans nom,
10:17 qui font que dans le cœur le désespoir se lève ?
10:21 Il me semblait que tout n'était qu'un affreux rêve,
10:23 qu'elle ne pouvait pas m'avoir ainsi quitté,
10:25 que je l'entendais rire en la chambre,
10:27 à côté, que c'était impossible, enfin, qu'elle fût morte,
10:31 et que j'allais la voir entrer par cette porte.
10:34 Oh, que de fois j'ai dit, silence, elle a parlé !
10:36 Tenez, voici le bruit de sa main sur la clé.
10:38 Attendez, elle vient, laissez-moi que j'écoute,
10:41 car elle est quelque part dans la maison, sans doute.
10:45 Donc c'est un spectacle très dur, très profond,
10:49 et c'est après Peggy qui parle de Victor Hugo et Baudelaire.
10:53 - Pardon Fabrice Leckini, vous tournez beaucoup en ce moment,
10:56 vous jouez, vous allez continuer à reprendre La Fontaine au théâtre de Jean-Yves Montparnasse,
11:02 qu'est-ce qui se passe dans votre tête pour vous dire,
11:04 non mais je vais faire aussi un troisième spectacle sur Hugo,
11:06 en même temps, un deuxième spectacle,
11:08 c'est-à-dire qu'il y a des soirs où vous jouerez La Fontaine,
11:10 d'autres où vous serez au Petit Saint-Martin pour jouer Hugo.
11:14 Après 48 ans de psychanalyse, on n'a toujours pas réglé votre problème de peur du vide.
11:18 - Oui, oui, je ne suis pas parce que je dois être détraqué.
11:22 Enfin, détraqué, oui, si ça allait mieux, je ferais moins de choses, c'est sûr.
11:27 - Donc ça ne va pas beaucoup mieux.
11:29 Et puis alors, il y a quelque chose quand même qui m'intrigue,
11:31 Hugo plutôt que Céline, là vous vous lancez dans du Victor Hugo,
11:34 vous avez joué un film sur la GPA,
11:36 l'année dernière vous avez joué un film sur la transidentité,
11:38 vous allez enchaîner sur un film avec Benjamin Biolay,
11:42 rassurez-nous, vous n'êtes pas en train de basculer progressiste de gauche, là.
11:47 - Il y a une dame qui m'a interviewé hier,
11:50 puis elle l'a coupé malheureusement,
11:53 elle a voulu me pousser dans le côté,
11:55 vous êtes un réac, un conservateur,
11:58 conservateur j'aime bien,
12:01 mais au Japon, les feux rouges ils sont par terre maintenant,
12:05 parce qu'ils ne regardent même plus dans le ciel,
12:08 ils ne sont que sur leur portable,
12:09 donc ils ont mis les feux rouges sur le trottoir.
12:13 Tout est dit.
12:15 Oui, parce que personne n'a mesuré l'horreur
12:19 de ce qui se passe en Europe, ça on mesure,
12:23 parce que là, quand tu vois LCI qui quand même depuis un an raconte
12:27 avec Darius Rochbin, non mais c'est très important,
12:30 ce qui a été dit, il peut appuyer sur la bombe atomique,
12:33 je voudrais quand même qu'on...
12:34 et tout le monde parle de bombe atomique,
12:36 tout le monde dit "oui mais si Corée du Nord commence à faire pote avec Poutine,
12:40 il peut y avoir..."
12:41 Non mais c'est important, parce que vous savez,
12:42 les journalistes disent toujours "c'est intéressant ce que vous venez de dire",
12:44 alors le mec il dit un truc super banal,
12:46 et personne n'a mesuré, il faut lire le livre de Gérard Bronner,
12:53 toute notre énergie psychique est absorbée par le portable.
12:58 Toute l'énergie psychique.
13:00 - Vous aussi ?
13:00 - Oui, si je fais du théâtre, c'est une des réponses.
13:03 Je fais du théâtre pour me désintoxiquer.
13:05 - C'est-à-dire que pendant 3 heures vous êtes obligé de lâcher le portable ?
13:07 - Ah bah oui, je le lâche.
13:08 - C'est pour ça que vous faites du théâtre ?
13:09 - C'est une des raisons.
13:10 - Quasiment.
13:12 Un jour on vous a demandé dans un podcast que j'ai retrouvé les petits Frenchies,
13:15 si vous étiez président de la République,
13:16 quelles mesures prendriez-vous ?
13:17 Et vous avez répondu "j'offrirais à tous les Français une quinzaine de livres
13:20 qu'ils seraient obligés de lire".
13:21 Alors je vous fais un petit interview comme ça.
13:24 Quels livres on doit lire quand on est amoureux ?
13:28 - Oh peut-être "Fragments" de Roland Barthes.
13:32 - Quand on est triste ?
13:34 - "Siorant" parce qu'il est tellement déprimé qu'il peut te remonter le moral.
13:38 - Quels livres on doit lire pour comprendre l'utilité de la vie ?
13:45 - Victor Hugo.
13:46 - Quand on a l'angoisse de la mort, on lit quoi ?
13:50 - "Les Stoïciens".
13:51 - Et quand on a envie d'être émoustillé, un peu excité ?
13:54 - "Sexuellement".
13:58 - Henri Miller ou Huelbeck.
14:00 - Question de fin pour terminer les impromptus.
14:01 Vous répondez en un mot, comme ça, ce qui vous vient en tête.
14:04 Pensez-vous, comme disait la bruyère, que tout est dit et l'on vient trop tard ?
14:09 - Oui, je répondrais.
14:11 À mon âge, on a tout vu et le contraire de tout.
14:15 Et surtout, la roche Foucault pour avoir une perception très aiguë qu'il n'y a aucun acte
14:21 dans l'être humain qui échappe à son moi.
14:24 - Comme Aragon, diriez-vous qu'il n'y a pas d'amour heureux ?
14:28 - Il y a de la tendresse heureuse.
14:30 Il y a de la complicité de conversation.
14:36 Mais l'amour, ce n'est pas pour citer Lacan, je n'ai jamais bien compris sa phrase,
14:42 de donner quelque chose qu'on n'a pas à quelqu'un qui n'en veut pas.
14:45 Mais moi, je dirais que ce qui est terrifiant dans l'amour, c'est que l'autre est totalement
14:48 réinventé.
14:49 Il est complètement réinventé.
14:52 Donc, ce n'est pas intéressant.
14:53 - Plus court, l'argent fait-il le bonheur ?
14:54 - Paul Valéry, ça met un peu d'huile dans le truc.
14:59 - La vieillesse est-elle vraiment un naufrage ?
15:01 - Oui, parce qu'elle débouche qu'on a plus beaucoup de musique en soi pour faire
15:07 danser la vie.
15:08 C'est l'âge aussi qui vient peut-être le traître et nous menace du pire.
15:13 - Le père ou la mère ?
15:14 - De quoi ?
15:15 - Comme ça.
15:16 - Le père et la mère ?
15:17 - Le père ou la mère ?
15:18 - C'est difficile de les séparer.
15:20 Je pense beaucoup à mon père aussi, parallèlement.
15:23 - Foot ou rugby ?
15:24 - Si tu en veux une bonne, je te la fais longue.
15:29 - Ah non, court.
15:30 - Mais t'as tort, parce qu'elle est incroyable.
15:32 Fabien Gatier, rencontre de 1 minute et demie.
15:36 Je suis en train de tourner dans le sud de la France.
15:40 Je suis à Monaco dans le très bel opéra.
15:42 Il y a Yannick Halenau que j'aime énormément, par la catastrophe qu'il a traversée.
15:49 Il m'invite à déjeuner, j'y vais.
15:52 Il me dit "je vais te présenter quelqu'un".
15:54 Il me présente Fabien Gatier.
15:55 Je ne vois pas trop qui c'est.
15:56 Je vois des lunettes Zarbis, mais je ne vois pas qui c'est.
15:58 Fabien Gatier dit "je vais vous dire un truc, Loukini.
16:01 Certains jours de match, je réunis tous mes joueurs et je leur mets vos Instagram sur
16:08 Victor Hugo ou sur La Fontaine.
16:09 Parole d'honneur sur la tête de ce que j'ai de plus cher.
16:13 Je les mets et je dis "alors avant de jouer, regardez, c'est ça la France".
16:19 Je dis "vous leur montrez le mot de Victor Hugo par exemple".
16:22 Il me dit "oui, regardez, je l'ai".
16:24 Je dis "je peux vous le faire en direct".
16:26 Et il y a les deux joueurs qu'on dit "non, non, on la connaît".
16:28 Ils se sont barrés quand j'ai proposé de la faire.
16:32 Ils n'en pouvaient plus.
16:33 La Petite de Guillaume Niclou, c'est un très joli film et c'est sans doute l'un
16:40 de vos plus beaux rôles, comme dit le Figaro.
16:42 Et je pense qu'ils ont raison.
16:43 Merci Fabrice Loukini.
16:44 Merci infiniment.
16:45 Belle journée à vous.