A 9h20, l'acteur Guillaume Gallienne est l'invité de Léa Salamé. Il sera à l'affiche du film "Une affaire d'honneur" de Vincent Perez, en salle le 27 décembre.
Plus d'infos : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-mardi-19-decembre-2023-3655575
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00:00 - Alors Guillaume Gallienne, merci d'être avec nous ce matin.
00:03 Guillaume, si vous étiez une chanson, un écrivain et un défaut, vous seriez quoi ?
00:07 - Une chanson, Wonderful World, parce que je suis très positif et optimiste malgré tout.
00:15 - Difficile en ce moment.
00:17 - Oui, très difficile, mais bon, on essaye.
00:20 Un écrivain…
00:23 - Vous allez me dire Proust ?
00:26 - Non, parce que c'est tellement prétentieux de répondre à cette question, mais je vais dire ma cousine, Alicia Gallienne,
00:32 parce que c'est grâce à elle que plein de choses.
00:35 Et puis une chanson, j'ai dit, et puis on a dit quoi ?
00:41 Un défaut, la colère.
00:43 - Ah, vous êtes un être colérique ?
00:45 - Ah oui, c'est affreux.
00:46 - Guillaume, pendant 10 ans, vous avez fait le bonheur des auditeurs d'Inter en lisant chaque semaine des textes merveilleux de la littérature,
00:51 dont ça ne peut pas faire de mal.
00:52 Vous avez décidé d'arrêter il y a 3 ans.
00:54 Ça ne vous manque pas, le micro ?
00:57 - Non.
00:58 J'adore le studio, mais j'ai eu la chance de tourner très longtemps.
01:03 J'ai fait une minisérie en Angleterre, on était en studio très longtemps.
01:06 Donc c'est bon.
01:07 Moi, c'est le studio surtout qui pourrait me manquer.
01:10 L'idée d'avoir un espace où tout le monde est focalisé sur la même chose et où on a le droit de se tromper,
01:18 et où on peut réessayer, et c'est pas grave, et on invente et on crée un monde imaginaire à partir d'une boîte.
01:24 Ça, j'adore.
01:25 - Vous aimiez enfant les films de KPDP ?
01:29 - Oui.
01:30 - C'est vrai ?
01:31 - Oui.
01:32 - Qui reviennent à la mode de manière incroyable.
01:33 J'ai l'impression que c'est l'équivalent français des Marvel américains des héros.
01:39 Il y a les trois mousquetaires et il y a le film où vous êtes à l'affiche, je vais en parler dans une seconde.
01:44 - Oui, c'est notre manière à nous de revenir à des valeurs comme l'honneur, le panache.
01:50 - L'art du combat, l'art du duel est au cœur du très bon et très beau film de Vincent Perez,
01:56 qui sort le 27 décembre prochain avec un casting éblouissant et des acteurs, je dois dire, à leur meilleur.
02:01 Il y a vous, il y a Roche Dizem, il y a Doria Thillier ou encore Damien Bonnard.
02:07 Vous êtes tous très bons dans ce film qui s'appelle Une Affaire d'Honneur.
02:11 On est catapulté à la fin du 19ème siècle, après la guerre et la défaite contre la Prusse,
02:15 dans un Paris obsédé par les duels, où on se jetait le gant au visage avant de s'affronter à l'épée.
02:21 Il y avait à cette époque quasiment un duel par jour dans Paris.
02:24 C'était une folie, une frénésie et les hommes tombaient et mouraient pour une insulte ou pour un mauvais regard.
02:30 C'est une période au fond qu'on ne connaît pas beaucoup. Qu'est-ce qui vous a plu dans cette histoire ?
02:35 - Ce qui m'a plu, c'est qu'il y avait une grande part à l'interprétation,
02:43 la densité était là mais sans être surlignée. C'était à nous de la porter.
02:50 Ça me plaisait, dans les silences, dans des phrases assez... Les dialogues, ce n'est pas trop bavard du tout.
02:57 Et puis, comme dit Roche Dizem, c'est bien de faire des films différents. Et celui-ci est vraiment différent.
03:03 - Oui, en ce sens que d'abord le sujet est différent.
03:06 C'est-à-dire rentrer dans cette année de 1887 qui est une année folle sur ces duels dans Paris.
03:13 C'est un film très documenté, ça vous ferait un vrai travail de documentation.
03:16 - Oui, mon personnage a existé.
03:18 - Votre personnage, vous êtes Eugène Tavernier, un vrai maître d'armes qui avait écrit "L'art du duel" en 1886.
03:23 Le duel était interdit, donc on se planquait dans les forêts ou dans les bois pour s'affronter en duel.
03:32 Les codes, c'était très codé. On apprend qu'on doit choisir l'arme avec laquelle on se bat, soit l'épée, soit le revolver.
03:38 Et il y avait des témoins, ça pouvait aller jusqu'à la mort.
03:41 Comment expliquez-vous cette passion ? Qu'est-ce qu'elle dit de cette époque-là ?
03:46 L'entre-deux-guerres, on est quelques années avant la première guerre mondiale.
03:49 - Oui, mais elle parle d'un honneur bafoué qui est celui de la défaite de 1870.
03:53 Elle parle aussi de gens qui ont été traumatisés par la guerre et qui n'en sortent pas.
03:58 Et qui reproduisent ce schéma à une échelle de 1 contre 1.
04:03 Mais finalement, ils reproduisaient absolument le schéma du champ de bataille.
04:08 - C'est des traumatisés de la défaite. Effectivement, on sent qu'ils veulent poursuivre par le duel l'art de la guerre.
04:14 - Oui, mais en même temps, c'est traumatisant. Je comprends.
04:19 - L'honneur, tout le temps, tout le film, qui s'appelle "Une affaire d'honneur", c'est "On se bat pour mon honneur".
04:23 "Mon honneur a été bafoué, je viens". C'est une valeur qui est importante à vos yeux ?
04:28 Ou c'est un peu désuet l'honneur ?
04:30 - Non, ce n'est pas du tout désuet, mon Dieu. C'est essentiel, l'honneur.
04:35 C'est ne pas se sentir souillé, sali. C'est essentiel.
04:41 Après, où est-ce qu'on le place ?
04:45 Bon, chacun son honneur, mais c'est très important, bien sûr.
04:50 - Le film met aussi en avant une femme.
04:52 - Il ne faut pas confondre avec l'orgueil, c'est tout.
04:54 - Oui, c'est ça. Mais tout le film, c'est la différence entre l'honneur et l'orgueil.
04:59 - Oui, l'orgueil, c'est la peur. L'honneur, ce n'est pas la peur. L'honneur, c'est le devoir.
05:06 - Oui, c'est une forme de dorature.
05:09 Le film met en avant, je le disais, une femme qui a vraiment existé, qui était la première duéliste femme.
05:15 Les duels étaient évidemment interdits pour les hommes.
05:20 D'ailleurs, ils ne pouvaient pas porter des pantalons, donc c'est difficile de combattre à l'épée en jupe longue.
05:24 Marie-Rose Assiette-Walzer, brillamment incarnée par Doréa Thillier, elle a donc vraiment existé.
05:30 Féministe, pionnière, qui n'entendait pas laisser aux hommes ni le port du pantalon, ni le port de l'épée.
05:36 C'est le début, c'est là aussi que j'ai trouvé très intéressant le film, de l'émancipation des femmes.
05:41 On sent que c'est les débuts de la rébellion, de la demande d'égalité des droits, qu'elle incarne cette femme.
05:47 Le personnage est fort et on sent des hommes tout autour.
05:52 Il y a des hommes, il y a vous, et on commence à sentir la fragilisation des hommes.
05:56 Oui, parce que c'est vrai qu'elle incarne ce qu'on va appeler les suffragettes.
06:04 Elle est pour le droit de vote des femmes, elle est pour que les femmes puissent porter le pantalon.
06:10 Et donc on la regarde en se disant "c'est quoi ça ? De quoi elle nous parle cette dame ?"
06:19 Vous marrez d'ailleurs, il y a des scènes très drôles entre hommes où vous lisez le journal en disant
06:23 "Oh là là, celle-là qui nous demande encore d'arrêter de porter des jupes !"
06:27 Heureusement pas mon personnage.
06:29 Moi, mon personnage, je lui dis juste "mais un homme ne peut pas se battre contre une femme, madame ! C'est juste pas possible !"
06:35 Oui, mais je trouve ça très beau. Elle est formidable de rire.
06:40 L'honneur est le deuxième nom de la mort dans ce film.
06:43 La mort, l'angoisse de la mort est aussi au cœur d'une autre de vos actualités, Guillaume.
06:47 Le Malade imaginaire que vous interprétez jusqu'au 7 janvier au Théâtre des Champs-Elysées,
06:50 mis en scène par Claude Strass, c'est la dernière pièce de Molière,
06:54 qui est morte quatre jours après sur scène.
06:56 Une sorte de pièce testamentaire, comme vous dites, une pièce imprégnée par cette angoisse de mort.
07:01 Oui. Ce qui est impressionnant, c'est la connaissance que Molière avait de la pathologie de l'hypocondrie.
07:10 Alors que lui-même ne l'était pas, en tout cas à ce qu'on sait.
07:14 Mais il connaît l'hypocondrie d'une manière incroyable.
07:17 Moi, j'ai perdu quelqu'un de très proche de ça.
07:21 En répétant, je passais mon temps à dire "mais c'est dingue, c'est exactement ça, c'est exactement ce que je vis avec cette personne".
07:29 Et c'est une angoisse de la mort.
07:32 Vous avez perdu un ami à vous tellement il était proche ?
07:34 Un de mes frères est mort de ça.
07:36 Et c'est exactement cette pathologie, il la décrit exactement.
07:41 Il y a un désir de revenir dans quelque chose d'intra-utérin, un besoin d'imposer ses excréments à tout le monde,
07:48 un truc comme ça qui est terrible.
07:50 Et qu'à Argan dans "Le Malade Imaginaire", et alors la mise en scène de Claude Strass, c'est génial,
07:55 parce qu'elle est à la fois noire et extrêmement drôle.
07:59 Mais elle est extrêmement drôle parce qu'il pose vraiment la pathologie au centre.
08:04 Et d'ailleurs, Argan a muré les fenêtres tellement il a peur des microbes extérieurs.
08:10 Il empêche tout le monde de sortir.
08:12 Il a installé sa chaise percée, donc ses chiottes, au milieu du salon.
08:16 Et il est là au milieu, il impose au milieu.
08:19 Il est comme un gros bébé qui dit "je suis malade".
08:22 Il est terrifiant et en même temps très attachant, heureusement.
08:26 Molière est mort sur scène, Guillaume Galienne, elle aussi voulait mourir comme ça.
08:31 * Extrait de "Je vais mourir sur scène" de Molière *
08:54 C'était cadeau.
08:55 - Oh merci, ça fait du bien.
08:57 - C'était cadeau, un royaume réel d'Alida.
08:59 Vous aussi, vous aimeriez bien mourir sur scène ?
09:02 - Pas du tout, non.
09:04 - La mort est quand même un élément déclencheur de votre vocation pour le théâtre.
09:09 Tout à l'heure, vous citiez en écrivain votre cousine, Alicia Galienne, qui est morte à l'âge de 20 ans.
09:14 Une poétesse très puissante.
09:16 C'est pour elle, c'est grâce à elle que vous êtes devenu comédien.
09:20 - Oui, parce que je me suis dit que la vie est tellement un cadeau qu'il faut absolument...
09:30 C'était la moindre des choses que je pouvais faire pour sa mémoire de vivre pleinement.
09:35 Donc pleinement, c'est d'avoir le courage déjà de dire qu'est-ce que j'ai envie de faire, qu'est-ce que j'ai envie de devenir.
09:41 - Au départ, vous dites aussi que cette envie de faire du théâtre, d'être comédien, c'est une manière de vous oublier car vous ne vous aimiez pas.
09:46 Vous dites dans une interview à France Info qu'au départ c'était surtout pour ne pas être mort.
09:50 Parce que franchement, j'avais une vie de merde.
09:52 - Oui, ça c'est vrai ! En français, dans le texte...
09:55 - Je vous cite, je vous cite !
09:57 Quand vous êtes grossier, je vous cite également.
10:00 - Oui, c'est vrai. C'est le panache des aristos de pouvoir balancer des grossièretés.
10:05 - Que nous ne sommes ni vous ni moi, enfin en tout cas pas moi.
10:08 Vous êtes... ça va mieux ? Vous vous aimez davantage ?
10:11 - Moi j'ai une vie merveilleuse, j'ai une chance incroyable.
10:13 Oui, oui, non, non, ça c'est Paris réussie.
10:16 - L'analyse, vous continuez ?
10:18 - Oui !
10:19 - Depuis l'âge de 11 ans ?
10:20 - 12 ans, oui.
10:21 - Vous n'avez pas arrêté ?
10:22 - Ah si, j'ai eu des périodes d'arrêt mais...
10:24 - Mais là, vous avez repris ?
10:25 - Oui, j'ai repris au moment de Lucrèce-Borgia.
10:27 Je me suis dit "Ah, là je crois que je vais me prendre le mur, il faut que je reprenne".
10:31 J'ai bien fait parce que je me suis pris le mur.
10:33 - C'est une béquille, c'est quoi ?
10:35 - Oui, c'est une béquille, c'est exactement ça.
10:37 - Pourquoi vous vous êtes pris le mur sur Lucrèce-Borgia ?
10:39 - Parce que jouer une femme pendant 3 ans et se faire violer pendant 3 ans, ça c'est très très dur.
10:44 Je ne le recommande à personne.
10:46 - Ça fait longtemps depuis Lucrèce-Borgia que vous n'êtes pas travesti en femme.
10:50 - Oui.
10:51 - Vous n'avez plus envie là ?
10:52 - Non, trop dur. Vraiment trop dur.
10:54 C'est très très dur d'être une femme, je n'ai pas du tout envie.
10:57 - C'est pour quand votre prochaine réalisation, Guillaume Gallienne ?
10:59 Ça commence à dater quand...
11:01 - Oui, ça date, c'est vrai.
11:02 Mais parce que j'ai perdu beaucoup de temps, pendant 2 ans, sur un film anglais.
11:06 Et puis j'ai compris au bout de 2 ans que le film ne se ferait jamais parce que j'étais français.
11:10 Donc je me suis retiré de la production et comme par hasard il s'est fait 2 mois après.
11:13 Donc le Brexit c'est concret.
11:15 Et puis je réalise depuis un an et demi l'adaptation de Cyrano de Bergerac en film d'animation avec des animaux.
11:22 Ça va mettre beaucoup de temps, donc il faut attendre encore un peu.
11:25 Et sinon je...
11:26 - Vous avez enseigné aux Etats-Unis, vous êtes parti quelques mois enseigner à Princeton.
11:29 - Oui.
11:30 - Qu'est-ce que vous avez appris de cette expérience-là ?
11:32 Et comment vous avez vu la France et les Français depuis là-bas ?
11:35 - Alors depuis là-bas ce qui était très surprenant c'était surtout la presse.
11:39 Parce que nous on avait des scuds, c'était à l'époque de Trump.
11:43 Et on avait des scuds vraiment, mais tous les demi-journées on faisait "Huuuuh, du sida !"
11:49 C'était au moment où il y avait des enfants qui étaient séparés de leurs parents à la frontière mexicaine
11:55 et qui étaient dans des cages, des enfants de 7 ans.
11:58 Et c'était au moment de l'affaire Benalla.
12:02 - En France.
12:03 - En France.
12:04 Et alors, premier gros titre, Benalla, ok.
12:09 Le lendemain, à nouveau la une, Benalla, Benalla, ensuite Benalla fait du ski, Benalla à la plage, Benalla...
12:14 Et là on dit "Non franchement, on va faire encore 5 unes sur Benalla, vraiment ?
12:20 On va continuer là-dessus ?"
12:22 Parce que nous en fait c'est un peu plus grave que Benalla ce qu'on est en train de vivre.
12:26 Et donc ça c'était très surprenant.
12:29 - La différence entre la violence de la politique américaine de Trump et le fait que vous regardiez les unes en France où c'était Benalla, Benalla, Benalla.
12:36 - Oui, c'était surprenant, c'était ce décalage-là.
12:39 Après il y avait le début du wokisme déjà très vibrant, surtout dans une université.
12:45 - C'est-à-dire que vous l'avez vécu vous comme prof ?
12:47 - Oui, bien sûr, oui, oui, oui.
12:49 - On avait Yasham Monk hier qui était politologue et prof à Johns Hopkins qui disait ça,
12:54 qui disait "Vous vous l'avez ressenti comment ?"
12:57 - Je l'ai ressenti parce que j'ai une élève qui s'est plaint de...
13:00 En fait c'était l'hiver et c'était au tout début des cours et je lui ai dit "Excuse-moi mais est-ce que tu portes quelque chose sous ton gros pull ?
13:08 Et le cas échéant est-ce que tu accepterais de retirer ton pull juste que je vois comment tu es placée et comment tu respires ?"
13:13 - Et qu'est-ce qu'elle vous a dit ?
13:14 - Et elle a accepté.
13:15 Et le lendemain, il y a le type des humanités qui m'a dit "Tu peux venir deux secondes dans mon bureau ?"
13:21 Et il me montre un mail de cette étudiante disant qu'elle s'était sentie très humiliée,
13:28 que j'avais abusé de mon pouvoir en lui demandant de se déshabiller devant tout le monde.
13:33 Et je lui ai dit "Mais non, je ne vais pas demander de se déshabiller, je lui ai demandé si elle voulait bien retirer son pull mais je..."
13:39 Et là le mec me dit "Non, non, mais c'est bon, on sait."
13:42 Et je lui ai dit "Vous savez, ça veut dire que vous avez demandé,
13:45 mais il n'y avait que quatre autres étudiants dans la pièce,
13:49 si ces quatre étudiants avaient été ses meilleurs amis, j'aurais été dans le premier avion."
13:53 Et il me dit "Écoute, on a juste fait notre boulot."
13:56 Et donc ça m'a un peu censuré.
13:59 Et moi mon cours était sur le sentiment amoureux et j'avais mis dans le syllabus que j'allais leur demander de s'embrasser,
14:05 de se toucher mais en mettant les limites.
14:07 J'avais tout mis dans le syllabus avec l'accord des psychiatres et tout ça.
14:11 Et en fait, le dernier cours, ils ont passé leurs examens à l'Orsen
14:16 et je me suis rendu compte que personne ne se touchait, que personne ne s'embrassait.
14:20 Et donc je me suis dit "Eh merde."
14:22 Et je me suis auto-censuré.
14:25 Mais j'ai quand même eu deux miracles, c'est bon, ça s'est bien passé.
14:28 Guillaume Gallienne, question très rapide pour finir,
14:31 avant que vous vous êtes venu avec un petit cadeau, un petit quelque chose.
14:36 Vous voulez le faire maintenant ? Je fais les questions d'abord.
14:38 Allez, question d'abord.
14:39 Question d'abord, très rapidement, parce que c'est Noël.
14:41 Le livre que vous conseillez à nos auditeurs d'acheter pour Noël, en cas de Noël ?
14:46 Je viens de voir hier le spectacle de Raphaël Antoven sur Camus.
14:49 Bah lisez Camus parce que c'est vraiment génial.
14:51 La cinquantaine, c'est comment ?
14:53 C'est merveilleux.
14:54 C'est le plus bel âge de la vie ?
14:56 Pour moi en tout cas, c'est merveilleux, vraiment.
14:58 Dans quel siècle auriez-vous aimé vivre ?
15:00 Le 21ème.
15:01 C'est vrai, vous êtes bien dans votre vie.
15:03 Ah oui, vraiment.
15:04 L'égo, ça se poignarde, nous disait Philippe Labreau la semaine dernière.
15:07 Est-ce que c'est facile à poignarder l'égo, Guillaume Ghellienne ?
15:09 Non, ce n'est pas facile du tout, mais je ne suis pas aussi violent que ça.
15:13 Je pense qu'il est quand même important d'avoir un peu d'égo, aujourd'hui.
15:17 Proust ou Balzac ?
15:18 Proust.
15:19 Rimbaud ou Apollinaire ?
15:20 Rimbaud.
15:23 Molière ou Shakespeare ?
15:25 Molière.
15:26 Orelsa ou Stromae ?
15:28 Oh non, les deux.
15:30 Alors, je suis désolé, je ne choisis pas.
15:32 Belmondo ou Delon ?
15:33 Belmondo.
15:34 Musée d'Orsay ou Musée du Louvre ?
15:36 Le Louvre.
15:38 Foot ou Tennis ?
15:40 Tennis.
15:41 Cinéma ou Théâtre ?
15:45 Théâtre.
15:46 Télé ou Radio ?
15:47 Radio.
15:49 Liberté, égalité, fraternité, vous choisissez quoi ?
15:51 Liberté.
15:52 Et Dieu dans tout ça ?
15:54 Et Dieu dans tout ça ?
15:57 Ne pas confondre justement la croyance et la foi.
16:00 J'embraye sur ce que je vais vous dire.
16:02 C'est cléante dans le Tartuffe que je viens de jouer dans la mise en scène d'Ivo Vanhoef.
16:06 À un moment, il dit à son beau-frère, d'où est-ce que vous êtes attiré par cette espèce de tartuffe ?
16:16 Et l'autre lui dit, ah, vraiment, vous êtes libertin.
16:19 Il dit, voilà de vos parés le discours ordinaire.
16:22 Ils veulent que chacun soit aveugle comme eux.
16:25 C'est être libertin que d'avoir de bons yeux.
16:27 Et qui n'adore point de veines si magrées, n'a ni respect ni foi pour les choses sacrées.
16:32 Allez, tous vos discours ne me font point de peur.
16:35 Je sais comme je parle et le ciel voit mon cœur.
16:38 De tous vos façonnés, on n'est point des esclaves.
16:41 Il est de faux dévots ainsi que de faux braves.
16:44 Et comme on ne voit pas qu'où l'honneur les conduit, les vrais braves soient ceux qui font beaucoup de bruit,
16:48 les bons et vrais dévots qu'on doit suivre à la trace ne sont pas ceux aussi qui font tant de grimaces.
16:53 Et quoi ? Vous ne ferez nulle distinction entre l'hypocrisie et la dévotion.
16:58 Vous les voulez traiter d'un semblable langage ?
17:01 Et rendre même honneur aux masques qu'aux visages ?
17:04 Égaler l'artifice à la sincérité ?
17:06 Confondre l'apparence avec la vérité ?
17:09 Estimer le fantôme autant que la personne et la fausse monnaie à l'égal de la bonne ?
17:14 Ce que Molière nous dit là déjà, il nous parle déjà de l'intelligence artificielle, des bitcoins, de tout ça.
17:20 Il dit non, non, arrêtez avec les faux semblables, allez au vrai.
17:26 Guillaume Gallienne était avec nous, on peut vous voir au Théâtre des Champs-Elysées dans Le Malade imaginaire jusqu'à début janvier.
17:33 Et surtout ne loupez pas le film de Vincent Perez Une Affaire d'Honneur, c'est les vacances, allez au cinéma.
17:39 Merci Guillaume.
17:40 Merci beaucoup Léa.