Harcèlement scolaire : l’éducation nationale doit-elle sanctionner l'auteur du courrier du rectorat ?

  • l’année dernière
Les Vraies Voix avec Philippe Bilger, Loïc Guérin, Tom Connan et Catherine Jacquet, vice présidente de l’association “Marion, La main tendue”.

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##LE_GRAND_DEBAT_DES_VRAIES_VOIX-2023-09-18##

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Transcript
00:00 Les vraies voix Sud Radio, le grand débat du jour.
00:03 Ce courrier est une honte.
00:05 Une honte.
00:07 On ne peut pas parler à des parents en souffrance
00:09 qui cherchent de l'aide et un soutien de cette façon.
00:11 Ça montre vraiment comment le système éducatif
00:15 à tous les niveaux est complètement grippé, tétanisé
00:17 et du coup choisit l'agressivité dans certains cas
00:20 pour répondre aux parents qui cherchent de l'aide.
00:22 La réalité c'est que ça fait des années qu'on dit aux enfants
00:24 "parlez-en, on vous aidera"
00:26 là, Nicolas et la parlaire n'a pas aidé.
00:27 C'est une honte d'avoir ce type de réaction administrative
00:31 à un drame que vit une famille.
00:34 Cette enquête qui permettra d'établir
00:36 la manière dont les faits se sont déroulés,
00:37 j'en prendrai connaissance avec une attention absolue
00:40 et surtout j'en tirerai toutes les conclusions
00:42 y compris en matière de sanctions.
00:45 C'est donc une tragédie qui suscite forcément l'indignation
00:48 à cet adolescent de 15 ans qui s'est suicidé à Poissy.
00:51 Malgré les appels à l'aide de ses parents
00:53 qui avaient prévenu l'école du harcèlement qu'il subissait,
00:56 le rectorat avait donc appelé la famille par lettre
00:59 à une attitude constructive et respectueuse, je cite,
01:02 tout en soulignant les conséquences d'une fausse dénonciation.
01:04 Un courrier qualifié de honteux
01:06 par le ministre de l'éducation nationale, Gabriel Atal.
01:09 Un courrier qualifié de honteux et que toute la France a lu
01:11 puisqu'il est passé ce week-end sur les réseaux sociaux.
01:14 Alors est-ce que pour vous, l'éducation nationale
01:16 doit sanctionner le ou les auteurs du courrier ?
01:19 Est-ce que vous craignez qu'on revienne dans la bonne vieille théorie,
01:22 rétorique pardon, de l'éducation nationale ?
01:25 Responsable mais pas coupable et que ça va passer par perte aux éprofits ?
01:28 Vous avez été victime de ce type de comportement de l'éducation nationale ?
01:32 Appelez-nous au 0826 300 300.
01:35 Avec notre invitée Catherine Jacquet avec nous,
01:37 vice-présidente de l'association Marion la Main Tendue.
01:39 Bonsoir, merci d'être en direct avec nous sur Sud Radio.
01:43 Ce courrier de la honte, dit Gabriel Atal,
01:48 en dit long sur la gestion du harcèlement scolaire.
01:52 - Oui, alors Cécile Philippe, on pourrait évidemment faire l'inventaire
01:56 de toutes les tragédies qui se déroulent depuis des années.
02:00 En même temps, une institution, c'est horrible ce que je vais dire,
02:04 mais je le pense profondément,
02:06 une société n'avance de manière perverse qu'à coup de tragédie.
02:11 Et j'espère que cette fois-ci, compte tenu de l'émotion absolue
02:17 qui nous a tous saisis avec le suicide de cette jeune Marie,
02:22 eh bien que la mise en cause de la rectrice de Versailles...
02:28 - C'était pas Marie, hein ?
02:29 - Non, c'était pas Marie. - Là c'est l'association Marion la Main Tendue,
02:31 mais c'est un garçon, qui sait quel est son séjour.
02:33 - Parce que c'est celui de 15 ans ? - Oui, c'est le petit garçon de 15 ans.
02:36 - D'accord. - En tout cas...
02:38 - Absolument. - Oui, c'est ça.
02:40 - Et donc la mise en cause du directeur d'affaires juridiques
02:46 va apporter quelque chose dans la mesure où nous avons un ministre
02:51 qui fait absolument le contraire, heureusement, de ce qu'a été la politique d'avant,
02:57 et donc met carrément les pieds et l'intelligence dans le plat
03:02 en nommant les choses, en les dénonçant, et j'espère qu'il ira au bout.
03:06 - Petit-genre, je trouve que la réaction d'Addale était quand même très appropriée,
03:10 mais c'est vrai qu'en pratique, ce genre de choses,
03:12 enfin moi ça m'a pas du tout étonné,
03:14 les problèmes de ce type-là sont souvent gérés de manière immédiate sur le terrain,
03:18 si j'ose dire, lorsque les personnes ont la possibilité d'agir, ils le font,
03:22 mais il n'y a pas d'instance directe, il n'y a pas de résolution de conflit
03:26 qui est possible dans l'instance de l'établissement en tant que telle,
03:30 donc soit effectivement vous avez une grande gueule,
03:33 soit vous avez des gens qui peuvent vous soutenir,
03:35 et là vous pouvez vous défendre éventuellement en groupe, et faire pression,
03:38 soit vous êtes seul, et c'est bien souvent le cas,
03:42 et là vous n'avez personne d'autre pour appuyer entre guillemets vos revendications.
03:47 - Lui, il gare.
03:49 - Je suis évidemment d'accord avec ce qu'il m'avait dit, bien sûr,
03:52 ma seule crainte, mais c'est peut-être l'avocat pénaliste en défense qui réagit,
03:55 c'est qu'autant il faut effectivement que les responsabilités soient destinées,
03:58 qu'on aille au bout, si responsabilité il doit y avoir, il doit y avoir évidemment des sanctions,
04:02 je veux par contre éviter que le monde politique nous en sorte vite,
04:05 en montrant deux, trois boucs émissaires,
04:07 qui effectivement doivent ou doivent avoir leurs responsabilités engagées,
04:10 mais qui ne doivent pas servir de simplement bouc émissaire pour oublier,
04:13 et qu'on reprend les mêmes méthodes et on continue.
04:15 Ce que j'aimerais c'est que ça serve aussi, et vous le disiez, je vous rejoins là-dessus,
04:18 d'exemple à ne pas suivre, là où on peut concrètement, en réel politique,
04:22 corriger pour que ça n'arrive plus.
04:25 C'est surtout ça moi qui m'inquiète, et ce que je veux voir arriver.
04:28 - Alors Catherine Jacquet, vice-présidente de l'association Marion la Main Tendue,
04:31 malheureusement vous avez vécu ce drame vous aussi,
04:34 quand vous lisez ce courrier, quand vous regardez forcément la séquence,
04:39 j'imagine que ça résonne chez vous.
04:43 - Alors ce n'est pas moi qui ai vécu ce drame, c'est notre délégué général.
04:46 - Oui, quand je dis vous c'est l'association.
04:49 - Oui tout à fait, c'est la raison pour laquelle on a développé cette association.
04:53 Ce courrier, c'est le courrier de la honte, comme l'a dit le ministre,
04:57 c'est intolérable, c'est insupportable pour les familles de Nicolas,
05:04 et puis pour tous les parents, parce qu'effectivement on se dit,
05:07 le harcèlement c'est quoi ?
05:09 Ok, on en entend parler depuis un bon moment, on a identifié,
05:12 il y a plein de choses qui ont été mises en place,
05:14 mais finalement c'est toujours là, et ça s'intensifie,
05:16 5 décès tout début de l'année, qu'est-ce qu'on peut faire ?
05:19 Et quand on s'adresse à l'institution, on n'est pas entendu.
05:23 Donc il y a une dérive qui est totale, et une inquiétude au niveau des familles
05:29 qui est très très importante.
05:32 - Il y a, Philippe Higer, la sanction, mais d'abord il y a la prévention
05:37 et la gestion d'informations.
05:39 - Oui, mais la prévention, elle doit exister bien sûr,
05:43 mais je pense que pour répondre très directement à la question de Sud Radio,
05:49 que là nous avons la possibilité d'éditer, de faire en sorte que des sanctions soient impliquées,
05:56 évidemment en respectant les règles d'une bonne justice,
06:00 parce que, à l'évidence qui est reprochée à cette hiérarchie,
06:05 aussi bien au niveau du rectorat qu'ailleurs,
06:08 c'est non seulement une indifférence totale à la tragédie qui lui est signalée,
06:13 mais je dirais plus globalement, une indifférence qui est coupable
06:18 lorsqu'on a des êtres, des rectrices ou autres,
06:22 qui agissent de la sorte dans un univers qui appelle de l'humanité, c'est grave.
06:27 - Vous êtes d'accord Loïc Guérin, vous avez déjà défendu vous des victimes de harcèlement scolaire ?
06:30 - Je ne vais pas pouvoir rentrer en détail malheureusement,
06:32 mais j'ai justement un dossier qui est au bureau et qui concerne la même académie,
06:36 et qui en est au tout début, et où effectivement, on a un peu le sentiment que ça...
06:41 Alors l'académie n'a pas été saisie pour l'instant,
06:43 donc je ne rentrerai pas plus dans les détails,
06:45 mais j'ai une difficulté aussi, c'est que j'ai l'impression là encore,
06:49 que ce n'est pas tout à fait pris en compte au même titre que ça devrait,
06:52 au regard de ce qu'on connaît au quotidien.
06:54 On a un peu l'impression qu'on s'adresse à des murs.
06:56 - Ça peut servir de jurisprudence ?
06:58 - Bien sûr.
07:00 - Mais après en fait, quelles sont les bonnes méthodes derrière ?
07:03 Parce que comment est-ce qu'il faut faire pression ?
07:05 Moi je connais une personne qui est confrontée à un problème de ce type-là,
07:09 pour une personne de sa famille.
07:12 - Non mais c'est terrible ce que vous dites, comment il faut faire pression ?
07:14 - En fait concrètement, c'est des gens qui ne sont pas en situation de pouvoir se défendre,
07:20 qui sont face à des groupes de personnes potentiellement violentes, menaçantes, etc.
07:25 En plus c'est à des âges où parfois on a honte, on n'a pas confiance en soi,
07:28 on se dit que c'est peut-être de notre faute, etc.
07:31 Donc en fait, il y a tous ces gros problèmes d'auto-censure,
07:34 on pourrait dire, qui peuvent exister.
07:35 Donc après il y a ceux qui en parlent aux parents,
07:37 ceux qui prennent l'administration,
07:38 et puis il y a tous ceux qui ne font rien,
07:39 et qui sont face à leurs problèmes,
07:40 et qui reviennent chez eux, tout seuls, face à un mur en effet.
07:43 - Le sujet fait beaucoup réagir au 0826 300 300 Cécile.
07:47 - Véronique Désiveline, une réaction, rebonsoir Véronique.
07:51 - Bonsoir, tout ça c'est très désolant, ça me touche personnellement.
07:58 Moi dans tout ce que j'ai dit, c'est que pour moi,
08:02 c'est que c'est pas la lettre, c'est pas un cas isolé,
08:08 c'est souvent des lettres qui sont envoyées menaçantes aux familles,
08:14 pour qu'elles ne portent pas plainte,
08:17 et il faut savoir qu'à l'heure actuelle,
08:19 même des commissariats refusent de prendre les plaintes des parents,
08:25 ça il faut le savoir, parce que je travaille,
08:28 mes enfants sont dans une association sportive,
08:31 avec une éducatrice qui est très consciente, c'est grave.
08:34 - On ne vous entend plus, Véronique on vous reprend dans un instant,
08:36 vous ne bougez pas, 0826-300-300 avec Adam qui est avec nous,
08:39 qui nous appelle de Nancy, bonsoir Adam.
08:41 - Bonsoir Adam. - Bonsoir.
08:43 - Alors vous, vous avez été professeur d'histoire-géo,
08:46 et vous avez démissionné, c'est bien ça ?
08:48 - C'est bien ça.
08:49 - Racontez-nous, c'était suite à des problèmes de harcèlement non gérés, pourquoi ?
08:53 - Pas du tout, c'est ce que j'expliquais à l'instant,
08:56 en fait c'était vraiment l'univers dans lequel j'exerçais ma profession,
09:02 que ce soit mes collaborateurs, que ce soit le rectorat, les inspecteurs académiques,
09:07 c'était très anxiogène, c'est ce qu'on nous expliquait,
09:14 lorsque je faisais mon master et que je passais mon CAPES,
09:17 qu'on avait quand même malgré tout un programme à suivre,
09:20 mais qu'on avait une liberté d'action, en gros sur la méthode d'enseignement,
09:24 la pédagogie, et surtout moi sur l'historiographie,
09:27 et en fait on s'est rendu compte de plus en plus,
09:30 j'avais plusieurs de mes confrères qui étaient dans le même CAPE moi,
09:36 qu'en fait on érodait, on a l'impression d'être dans une secte, clairement,
09:41 et si on sortait des frontiers battus, c'était beaucoup reprendre.
09:53 - Donc vous, la notion de pas de vagues, vous étiez à fond dedans, c'est ça ?
09:56 - Je n'ai pas entendu, pardon.
09:58 - La notion de pas de vagues, vous étiez...
10:00 - Ah oui, clairement, et il y a eu... excusez-moi.
10:05 - Non, non, non, c'est parce qu'on a pas mal d'appels au stand-up,
10:08 vous restez avec nous, Adam 0826-300-301, Sarah qui nous appelle du Gard,
10:12 bonsoir Sarah.
10:13 - Bonsoir Sarah.
10:14 - Bonsoir à tout le monde, oui, je veux témoigner également,
10:17 parce que votre sujet est brûlant, il y a énormément de problèmes,
10:20 mais le problème numéro un, c'est ce que soulevait quelqu'un tout à l'heure,
10:23 c'est la surdité complète des services administratifs,
10:26 aussi bien envers les enseignants, ce que disait mon collègue,
10:29 et aussi bien envers les parents, c'est très révélateur,
10:32 vous allez dans un rectorat, il y a des murs de verre entre vous,
10:36 et les gestionnaires ne descendent pas,
10:38 c'est la seule administration où vous n'avez jamais aucun contact avec un gestionnaire,
10:42 et les parents non plus, et comme vous disiez tout à l'heure,
10:45 il faut absolument que les parents se regroupent,
10:47 et ils ne se regroupent pas, souvent ils se plaignent individuellement,
10:50 mais ils ne s'unissent pas, et les enseignants non plus,
10:53 les syndicats ont eu tellement d'impact,
10:56 et donc on est tous livrés à nous-mêmes,
10:58 et là il est urgent de se réunir et de faire pression,
11:01 comme vous disiez tout à l'heure, parce que c'est scandaleux ce qui se passe,
11:04 personne n'écoute personne, il y a des gens qui font un livre,
11:07 qui font n'importe quoi...
11:09 - Restez avec nous Sarah, vous disiez tout à l'heure Tom Conan,
11:12 voilà on était dedans, je réagissais en disant c'est dingue d'être obligé de faire de pression,
11:16 et en fait c'est ce que les professeurs demandent, en disant que les parents doivent...
11:19 - J'ai l'impression qu'il y a beaucoup de personnes,
11:22 il y a des CPE, il y a plein de personnes qui sont en charge de questions
11:25 qui sont éminemment importantes, donc les problèmes sont formellement gérés et connus,
11:29 mais il y a une bureaucratisation, d'ailleurs c'est un peu un mal de ce pays,
11:32 qui est un peu général, mais ça c'est un sujet beaucoup plus vaste,
11:35 - Qui ne concerne pas que l'éducation nationale...
11:37 - Evidemment, et qui dit bureaucratisation, ça veut pas dire que l'administration ne joue pas son rôle,
11:40 mais qu'elle le joue d'une manière qui est tellement séparée,
11:43 on pourrait dire d'une espèce de base de rapport direct avec les gens,
11:46 avec les administrés, avec les citoyens, in fine,
11:49 qu'effectivement les problèmes ne remontent pas de manière complète et efficace.
11:53 - Mais je crois que là, nous avons l'exemple parfait qu'on a déjà connu
11:59 dans d'autres domaines, par exemple judiciaire,
12:02 l'erreur française considère que l'exemplarité professionnelle
12:07 peut être dissociée de l'humanité.
12:10 Alors que la véritable compétence,
12:13 où que ce soit, et encore plus dans le domaine du harcèlement et de l'éducation nationale,
12:18 est absolument pas dissociable de l'humain.
12:23 - Catherine, Jacquet, vous avez entendu dans les auditeurs, dans les Yvelines,
12:26 un ancien prof à Nancy qui a démissionné, Sarah Dengar, qui est enseignante,
12:30 on a l'impression que l'éducation nationale partout en France,
12:36 parce que là c'est vraiment un peu trois points très éloignés en France,
12:39 on a l'impression que c'est une sorte d'état dans l'état,
12:43 - C'est une omerta en fait.
12:44 - Une omerta, voilà. Un état dans l'état dans lequel règne une omerta.
12:48 Est-ce que vous pensez que Gabriel Attal,
12:50 parce que beaucoup, beaucoup de ministres, et pas seulement à Rue de Grenelle,
12:54 se sont heurtés à la haute fonction publique,
12:56 est-ce que vous pensez que Gabriel Attal peut mettre un coup de pied dans la fourmilière
13:00 et faire changer les choses ?
13:02 - C'est un ministère qui est très compliqué, effectivement.
13:04 On a beaucoup travaillé aux côtés de Jean-Michel Blanquer,
13:07 qui a oeuvré, qui a fait beaucoup de choses, parce qu'il était issu de cet univers-là.
13:11 C'est quand même une carte importante, qui venait de la DGESCO,
13:14 qui est l'unité opérationnelle du ministère.
13:17 - C'est la directrice générale de l'enseignement scolaire.
13:20 - Exactement. Gabriel Attal semble très courageux et très volontaire.
13:24 Il connaissait le sujet, donc on attend beaucoup du plan ministériel qu'il va proposer.
13:29 Après, on parle de quoi ? On parle d'une réforme du ministère,
13:33 on parle d'un changement radical de la structure de l'éducation nationale,
13:37 avec l'évolution de la société, les montées en puissance des violences.
13:41 Le système n'est plus adapté. Il y a des manques, il y a des besoins,
13:44 il y a des besoins en nombre de professionnels,
13:46 parce que de moins en moins d'adultes, ça implique de plus en plus d'anonymat des élèves,
13:50 donc on ne peut pas suivre des cas, des problématiques individuelles.
13:55 Il y a demain une prise en charge de la santé à l'école.
13:58 C'est un sujet qui n'est pas abordé chez nous,
14:00 et pourtant un service de santé à disposition de notre institution
14:03 est extrêmement important pour protéger nos enfants.
14:06 C'est-à-dire une prise en charge immédiate dès que des comportements antisociaux entre élèves se développent.
14:11 Il y a tout ce qui tourne autour des compétences psychosociales,
14:14 c'est-à-dire le bien-être de l'enfant, les stigmes de soi,
14:16 la manière dont on peut se positionner dans un groupe.
14:19 On n'en parle pas, ça ne fait pas partie des apprentissages,
14:22 et pourtant ça fait partie du bien-être mondial de l'enfant.
14:26 Catherine Jacquet, restez avec nous puisqu'on a un pénaliste et un avocat.
14:29 Est-ce que beaucoup de harcèlement se fait en marge de l'école ?
14:32 C'est-à-dire devant l'école et pas à l'école.
14:34 Quelle est la responsabilité, quelle peut-être la responsabilité de l'école
14:37 de se dire "nous on sait que sur le parvis de l'école il y a du harcèlement"
14:41 et ce qu'il y a là aussi, ils doivent intervenir ?
14:44 Sur l'humain dont évoquait Philippe Bilger.
14:47 Et je vais en remettre une louche après Cécile,
14:49 il y a même des parents qui attaquent TikTok suite à un problème de harcèlement sur la plateforme de vidéo.
14:54 C'est une question complexe,
14:56 parce que ça dépend si vous poursuivez l'établissement,
14:59 qui est un établissement public, qui agit sur délégation de l'Etat
15:02 et qui donc a une immunité pénale, en tout cas pour le pénal.
15:04 Les fonctionnaires c'est différent.
15:06 Si il y a une défaillance qui peut être attribuée personnellement à un fonctionnaire,
15:08 il peut être poursuivi pénalement.
15:10 Ça c'est la réponse un peu juridique.
15:11 Après en pratique, je ne pourrais pas vous répondre en toute honnêteté
15:14 sur un départage entre événements au sein du collège, lycée, ce que vous voulez,
15:19 et juste à l'extérieur, aux barrières.
15:21 On imagine fort que la responsabilité serait engageable
15:24 peut-être aux abords de l'établissement.
15:26 Je crois d'ailleurs que c'est le cas juridiquement.
15:28 Une question dont j'ignore la réponse,
15:30 on porte plainte contre l'enfant ou contre les parents ?
15:33 En réalité, civilement, ce sera les parents.
15:36 L'enfant, ça dépend de son âge.
15:38 Il y a un droit français qui est extraordinairement complexe en matière de droit des mineurs.
15:42 En dessous de 13 ans, grosso modo, il n'y a pas d'irresponsabilité pénale,
15:45 mais presque de fait.
15:47 Au-delà de 13, ça s'accentue un petit peu avec l'âge.
15:49 Et à partir de 16, on peut être considéré comme majeur.
15:52 - Mais quand on part du principe que 700 000 enfants sont harcelés chaque année,
15:56 c'est les chiffres de 2020, et visiblement ils ont augmenté.
15:58 Philippe Bilger, est-ce qu'il y a quelque chose qui a changé, forcément, dans la loi ?
16:03 - Oui, alors il faut bien voir, heureusement, Cécile,
16:05 que tous les harcèlements ne sont pas de même nature.
16:08 Mais ce que vient de dire Loïc Guérin est très vrai.
16:11 Ce qu'on constate, c'est la sécheresse de la bureaucratie,
16:15 ça c'est très clair,
16:17 et d'autre part, souvent, c'est un cumul d'indifférences.
16:21 C'est-à-dire, le professeur voit la chose, il ne dit rien.
16:24 Ce sera le rôle du professeur qui lui-même ne dit rien, et ainsi de suite.
16:29 Ces dramatiques, ça n'existe pas que dans l'éducation.
16:32 - Et surtout, c'est profondément inadapté au monde d'aujourd'hui.
16:35 Le monde a quand même profondément changé,
16:37 et c'est des structures qui, je pense,
16:39 semblent inadaptées de ce qu'on en dit,
16:41 et de ce que j'en lis également.
16:43 Et donc, effectivement, qui fonctionnent de manière extrêmement verticale,
16:46 alors que ces problèmes-là, sans filer la métaphore,
16:48 mais ils sont quand même très horizontaux,
16:50 au sens où c'est vraiment des élèves, près du même âge,
16:53 qui sont confrontés à des problèmes de ce type-là,
16:55 et donc l'administration, de ce point de vue-là,
16:57 est un monstre froid, inadapté à la prise en compte.
17:00 - Le regard intraditel avec le mot de la fin, Catherine Jacquet.
17:02 - Alors, très rapidement, mais je suis entièrement d'accord avec ce qui vient d'être dit,
17:05 le vrai problème, le problème fondamental,
17:07 c'est que par-delà l'institution,
17:09 ce sont les humains qui l'incarnent qui peuvent faire la différence, souvent.
17:12 - C'est vrai. - Absolument.
17:13 - Catherine Jacquet, le mot de la fin,
17:15 espoir, quand même, au moins, ce mot ?
17:17 - Ah bah, espoir, oui, on attend beaucoup du plan, hein.
17:20 Le harcèlement, juste pour reprendre un petit mot, effectivement,
17:23 il n'est pas que dans l'école, c'est le harcèlement tout court,
17:25 il est sur le chemin de l'école, il est dans le bus,
17:27 il est dans les centres de loisirs, il est dans les centres sportifs,
17:29 donc il faut prendre en main très très urgentement,
17:33 urgentement, le sujet,
17:35 et on attend beaucoup de notre ministre pour action et réaction.
17:40 - Merci mille fois, Catherine Jacquet,
17:42 vice-présidente de l'association Marion,
17:44 la main tendue, merci Adam, merci Sarah,
17:46 merci Véronique, continuez à nous appeler 0826 300 300,
17:50 dans quelques instants, un peu de légèreté,
17:52 puisqu'on va jouer à ce que disent,
17:54 à découvrir qui c'est qui qui les dit.
17:56 Et là, c'est une autre paire de manches.
18:00 - Les grands esprits se rencontrent.

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