Pénurie d'eau à Mayotte : un bateau affrété par l'État français transportant 600.000 litres d'eau attendu sur place. Pour en parler, Estelle Youssouffa, députée de Mayotte.
Regardez Le débat du 20 septembre 2023 avec Yves Calvi et Amandine Bégot.
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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 7h, 9h
00:05 RTL matin.
00:07 Il est 8h22. Bonjour Estelle Youssoupha, merci beaucoup d'être en ligne avec nous depuis Mayotte.
00:12 Vous êtes députée, un navire affrété par l'état français, chargé de 600 000 litres d'eau potable
00:16 devrait arriver dans la journée. Il faut dire que Mayotte vit l'une des pires pénuries d'eau de son histoire.
00:21 Les autorités locales imposent depuis des semaines de très strictes restrictions à la population.
00:27 Estelle Youssoupha, parlez-nous de la situation sur place. Que vivent concrètement les près de 300 000 habitants de Mayotte en ce moment
00:33 en matière d'eau ?
00:35 Alors nous sommes en fait bien de 1 million sur cette île, puisque la moitié de la population est en situation irrégulière.
00:42 Et ce mauvais calcul au niveau de la population explique en partie
00:46 la difficulté à produire assez d'eau potable, puisque en dehors de la sécheresse historique qu'on vit actuellement, nous avons des coupures d'eau
00:55 quotidiennes à Mayotte depuis des années. Mais là on est dans une situation
00:58 exceptionnelle, puisque nous n'avons de l'eau dans notre robinet, une eau qui n'est pas potable, je le souligne.
01:04 Nous n'avons de l'eau que tous les deux trois jours pendant quelques heures seulement.
01:08 Et notre principale activité à nous, maoraise et maorais, c'est de couvrir après pack d'eau qui sont dans ces pharmacies entre 6 et 12 euros.
01:16 6 et 12 euros
01:19 pour une population qui vit à 70% de sous du seuil de pauvreté, c'est-à-dire que c'est une crise qui est
01:27 impensable dans l'Hexagone. Là le gouvernement effectivement achemine
01:31 600 000 litres d'eau. Quand on est à 2 millions, vous comprenez bien que c'est un début de l'action du gouvernement.
01:38 Mais il faut aller plus loin, parce que c'est toute la population
01:41 en danger actuellement à Mayotte, sans eau il n'y a pas de vie.
01:46 - Pour les auditeurs d'RTL, j'insiste, vous nous expliquez bien que l'eau potable ne coule plus au robinet dans chacune des 17 communes de Lille, c'est bien ça ?
01:54 - Non, on a fait les déclarations de la RS,
01:57 et je pense qu'un jour la RS, comme le gouvernement, comme le préfet, comme les élus, devront répondre devant la justice.
02:04 - Alors on a un problème de lison, vous l'avez compris.
02:07 Excusez-moi, je vous redonne la parole Estelle Youssoupha, nous avons une rupture de son pendant quelques instants.
02:14 Vous envisagiez, si je comprends bien, des recours même contre nos autorités responsables politiques ?
02:18 - Il y aura évidemment des suites judiciaires à la crise que l'on connaît.
02:23 Quand la RS refuse de dire que cette eau n'est pas potable, mais estime qu'il faut la faire bouillir avant de la boire,
02:29 c'est évidemment une question de responsabilité face à la santé publique.
02:33 Cette eau est vraisemblablement concentrée en métaux lourds, c'est-à-dire en manganèse,
02:39 qui induit des maladies neurologiques, et puis on voit une explosion des symptômes diarrhéeliques, des symptômes de déshydratation dans l'opique.
02:47 À Maliotte, il y a évidemment une question qui se connaît très grave.
02:51 Quand l'eau est marron, vous et moi ne buvons pas psychologiquement de l'eau marron.
02:55 En fait, nous les êtres humains sommes culés pour savoir que si cette eau n'est pas faire, on ne la boit pas, elle n'est pas potable.
03:01 Et à Maliotte, dans notre robinet, l'eau est marron, donc elle n'est pas potable, quelles que soient les déclarations de la RS.
03:07 Et j'ai expliqué à l'Elysée, comme à Matignon et au ministère de la Santé, qu'il faudra laisser du disperse.
03:13 On ne peut pas laisser à Maliotte croire que cette eau est potable, il faudra que la RS réponde de son incapacité à dire les choses.
03:22 J'ai mon idée sur la question, évidemment que si les autorités admettaient que cette eau n'est pas potable,
03:28 on ne serait pas à une distribution seulement pour les personnes vulnérables, mais une distribution pour l'ensemble de la population à Maliotte.
03:34 — Bien évidemment. Le marché noir se développe.
03:37 — Oui, les gens. Nous tous, nous importons de l'eau illégalement par container, par des systèmes WhatsApp, où on achète du pain.
03:45 Moi, je dépense 435 € pour une palette d'eau parce qu'il y a un nouveau-né à la maison et que je ne peux pas en utiliser.
03:54 Ça m'attend d'incertitude. Le gouvernement, le représentant du gouvernement, le préfet ne donnent aucune perspective
04:00 rapport au rétablissement du système d'eau potable. Évidemment que ça dépend des pluies. Ça, c'est sûr.
04:07 Nos retenues pollinaires sont assez. Mais enfin, on ne peut pas regarder la situation, les bras ballants, en disant
04:11 « on va juste augmenter les coupures d'eau ». Les besoins en eau potable à Maliotte, c'est 42 000 m3 par jour.
04:17 Aujourd'hui, on est rationné. On ne consomme que 27 000 m3, c'est-à-dire quasiment moitié moins que les besoins officiels en eau.
04:25 C'est notre consommation aujourd'hui. Vous pensez bien que c'est pas tenable. C'est une question d'indignité.
04:31 C'est une question de santé publique. Aujourd'hui, dans aucun département dans l'Hexagone, on ne laisserait la population
04:38 dans une situation pareille. Avoir de marronnasses impotables, qui n'est pas potable, au robinet 2 ou 3 heures par jour
04:46 tous les 2-3 jours, ce n'est pas possible.
04:48 Une toute dernière question, est-ce que les hôpitaux aussi sont concernés par les restrictions d'eau ?
04:54 Je trouve intéressant que vous disiez les hôpitaux. Il n'y a qu'un seul hôpital à Maliotte qui est en crise grave,
05:01 puisque nous n'avons plus assez de médecins, et c'est bien aussi le problème. C'est-à-dire que si, ou quand,
05:06 une crise sanitaire grave, avec des épidémies, puisqu'il y a des risques de choléra, si une crise se déclenche à Maliotte
05:13 à cause de la crise de l'eau, nous ne serons pas en capacité sanitaire à y faire face. Et ça, c'est aussi mon appel à l'aide.
05:20 C'est pour ça que je demande une distribution à l'ensemble de la population. Les médecins, les soignants alertent déjà
05:26 en disant qu'ils voient arriver des bébés qui sont déshydratés, des personnes âgées en difficulté.
05:31 Donc les populations les plus fragiles qui vont bénéficier de la distribution d'eau potable sont déjà dans nos hôpitaux.
05:37 Mais en fait, c'est toute la population qui est touchée. Tout le monde a des problèmes gastriques, tout le monde a des difficultés.
05:43 Et je suis désolée d'être aussi crue, mais en fait, c'est ça la réalité. Si vous n'avez pas d'eau, vous n'avez pas de vie normale.
05:49 Merci beaucoup Estelle Youssoufa, on a bien compris.
05:51 pour...