Quatre mois après les émeutes, Elisabeth Borne a annoncé des mesures pour lutter contre le phénomène. Charlotte Blandiot-Faride, maire de Mitry-Mory, vient en parler avec Yves Calvi.
Regardez Le débat du 27 octobre 2023 avec Yves Calvi et Amandine Bégot.
Regardez Le débat du 27 octobre 2023 avec Yves Calvi et Amandine Bégot.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 7h, 9h,
00:05 RTL matin.
00:07 8h23, il est grand temps de retrouver notre invité de cette matinale. Bonjour Charlotte Blandiou Farid.
00:12 Bonjour.
00:14 Vous êtes la maire communiste de Mitry-Morin en Seine-et-Marne.
00:16 Merci beaucoup de nous rejoindre ce matin sur RTL.
00:18 Vous étiez hier, je le rappelle, à la Sorbonne, à Paris, pour la présentation des réponses du gouvernement
00:23 aux émeutes qui ont secoué le pays au début de l'été.
00:25 Une réponse forte et globale, nous dit la première ministre Elisabeth Borne.
00:29 Vous partagez l'analyse ?
00:31 Non, pas forcément. Ce qui me manque, moi, c'est la globalité.
00:34 J'ai entendu hier la première ministre et ses ministres nous dérouler un certain nombre de mesures qui parlent beaucoup de
00:41 sanctions, beaucoup de répression, et j'attendais, moi, une vision un peu plus globale, justement, qui vise
00:49 à apaiser la République et à faire République tous ensemble.
00:53 On est quand même d'accord.
00:54 Et ce n'est pas ce que j'ai entendu.
00:55 Pardonnez-moi de vous interrompre.
00:56 Je vais vous redonner la parole sur ce que vous vouliez évoquer, mais on est d'accord, vous et moi, pour dire que les sanctions sont aussi
01:01 nécessaires quand il y a des choses qu'ils méritent. On est d'accord.
01:04 Bien entendu, bien entendu, mais il faut toujours tenir sur ses deux jambes.
01:08 Et donc, on a entendu un volet répressif qui sont un ensemble de mesures, d'ailleurs, dont on ne sait pas toujours
01:13 bien comment elles vont s'appliquer. Et puis, il manque un volet qui est de la vision, qui est aussi le côté
01:20 préventif, qui est aussi le côté éducatif, qui, à mon avis, prévient aussi du genre de
01:26 période qu'on a pu malheureusement vivre en juin dernier. Et ça, c'est un grand manque, à mon avis, des annonces gouvernementales.
01:32 Alors, je précise qu'on doit avoir d'autres annonces aujourd'hui, mais on ne les connaît pas encore et on les détaillera, bien entendu, sur RTL.
01:38 Deux choses un peu différentes, puisque aujourd'hui, c'est le CIV qui s'occupe aussi des villes politiques de la ville. Par exemple, ça n'est pas le cas
01:44 de ma commune. Et on a vécu aussi des moments de tension également.
01:48 Et donc, moi, j'étais sur un plan global qui concerne toute la nation et tous les territoires.
01:52 C'est des choses un peu différentes, bien que les annonces d'aujourd'hui seront extrêmement importantes
01:57 pour ces villes qui travaillent au long cours sur ces questions de quartier prioritaire.
02:02 - Merci de cette précision. Votre confrère, Philippe Riau, qui est maire communiste, comme vous, de la ville de Grigny,
02:07 dans les Sceunes, qualifie ces mesures de "tiedes". Il note néanmoins que cette réponse est "bonne à prendre".
02:11 Vous faites la même analyse ?
02:15 - Écoutez, toutes les mesures sont bonnes à prendre. Si tant est qu'elles s'appliquent,
02:19 je ne dis que demain qu'elles puissent s'appliquer et qu'elles ne soient pas des effets d'annonce,
02:22 qu'elles permettent d'avoir des réponses et puis des objectifs à atteindre.
02:27 Néanmoins, pour nous, le compte n'y est pas tout à fait. On est quatre mois après les émeutes.
02:32 On attendait quelque chose de plus ambitieux et qui répond aussi à des demandes qu'on a depuis longtemps,
02:36 et singulièrement de polices mieux formées et de proximité, parce que c'est une chose qu'on demande
02:41 excessivement et partout.
02:44 Et ça, cette réponse, on ne l'a pas eue. On a eu des propositions sur la police municipale,
02:49 mais on sait que ça créera une grande inégalité entre les territoires.
02:52 Je ne suis pas sûr que le fait de faire devenir des maires, des shérifs, soit une bonne mesure pour l'avenir.
02:58 - Quelle différence faites-vous entre police municipale et police nationale, finalement, dans l'activité quotidienne, pour une ville ?
03:04 - Il y a une chose très simple. La police nationale, c'est le pouvoir régalien.
03:11 C'est celui qui s'applique partout et pour tous. Et les polices municipales sont
03:16 des agents de tranquillité,
03:18 qui viennent en appui à la police nationale, mais qui n'ont pas les mêmes prérogatives,
03:24 parce qu'elles ne sont pas d'ailleurs dirigées de la même manière.
03:27 Et je crois que ce serait créer encore un grand écart, alors qu'on nous demande de l'unité,
03:31 et qu'on nous demande de traiter les territoires de la même manière et partout.
03:37 - Charles-Aude Blandion, Farid, le principal volet des annonces qui ont été faites hier,
03:40 c'est la fermeté envers les parents des jeunes émeutiers avec des sanctions financières et des stages de responsabilité.
03:46 Qu'en pensez-vous ?
03:48 - Écoutez, peut-être qu'il faut en arriver là dans certains cas, et pourquoi pas,
03:52 et si des mesures comme celle-ci sont prises, je n'y vois pas forcément d'inconvénients.
03:56 Mais moi, ce que je regrette, c'est qu'en amont, on ne prenne pas en considération
04:00 les difficultés que peuvent avoir les familles.
04:02 Comment on accompagne avant que le jeune vienne déviant ?
04:06 Comment, hier, je n'ai pas entendu parler du retour des éducateurs de proximité,
04:10 de la médiation de rue, de l'accompagnement des familles,
04:13 et singulièrement des familles monoparentales, où c'est souvent les mamans qui se retrouvent seules.
04:18 Alors, est-ce que le fait qu'une maman se retrouve seule, déjà en difficulté,
04:21 on sait que c'est les familles les plus pauvres ?
04:23 Est-ce que uniquement tirer sur le porte-monnaie, c'est la solution à long terme ?
04:27 Je n'y crois pas vraiment. Ça peut être le cas dans certains cas, il faut le faire.
04:33 Mais comment on accompagne et quels sont les dispositifs de protection des familles
04:36 et de protection des enfants avant d'en arriver là ?
04:41 Et ça, moi, je n'ai pas entendu dire.
04:42 Vous êtes en train de nous dire qu'on ne va pas donner des leçons d'autorité à des mamans,
04:45 souvent seules, qui élèvent leurs enfants et qui se lèvent à 4h du matin pour aller nettoyer nos bureaux ?
04:50 Il faut aussi leur donner, mais il faut aussi leur donner les moyens d'accompagner mieux.
04:54 Et c'est pour ça qu'on dit qu'il y a le volet éducatif, le volet de l'école,
04:58 qu'on a encore de trop nombreux enfants, collégiens, lycéens, qui n'ont pas de professeurs,
05:02 donc dans nos collèges et dans nos lycées, on n'a pas d'accompagnement social, éducatif,
05:08 dans l'établissement, mais aussi en dehors, parce qu'on sait qu'on a un certain nombre d'élèves décrocheurs.
05:13 Qu'est-ce qui se passe ? Ils sont dans les rues et l'accompagnement, il est limité.
05:17 Moi, j'aurais voulu qu'on parle d'éducation préventive.
05:21 On a vidé les quartiers de ces éducateurs qui étaient pourtant des éléments nécessaires pour faire le lien,
05:27 pour toujours maintenir dans ce qu'on appelle les lois de la République, tout le monde.
05:32 Et ça, c'est pour moi, à mon sens, l'absence de ces annonces.
05:35 Merci beaucoup, Charlotte Blondiol-Fary, d'avoir pris la parole ce matin en direct sur RTL.
05:39 Vous êtes maire de Mitrimori en Seine-et-Marne, je le rappelle. Très bonne journée.
05:42 [SILENCE]