• l’année dernière
La créatrice de ce format court, Fouzia Kechkech, avait déjà imaginé « D’art d’art » pour France 2

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Transcription
00:00 Votre invitée média Céline Baydar court en chaîne les concepts pour démocratiser
00:03 l'art à la télé.
00:04 Après le programme d'Art d'Art, elle produit Amusez-vous, amusez-moi ! pour Arte, une série
00:09 humoristique à découvrir tous les vendredis.
00:11 Bonjour Fouzia Kesh Kesh.
00:13 Bonjour Céline.
00:14 Quelle formidable idée cette mini-série où des chefs-d'oeuvre de la peinture prennent
00:17 vie.
00:18 C'est très court, 2 minutes, on apprend plein de choses sur le tableau et son auteur mais
00:21 on rit beaucoup aussi.
00:22 Pour cette quatrième saison, vous avez choisi 10 nouveaux tableaux.
00:25 Il y a 3 épisodes pour chacun.
00:27 On a Cézanne, Modigliani, Degas ou encore Courbet.
00:30 Chaque pastille s'ouvre sur le tableau, le vrai, dans son musée.
00:33 Puis d'un coup, il s'anime grâce à des comédiens qui au départ prennent la même
00:37 pause puis se mettent à bouger, à parler.
00:39 Comment vous est venue cette idée ?
00:40 C'est une bonne question.
00:43 Je pense que cette idée m'est venue par mon parcours, évidemment.
00:48 A la fois l'ADN de D'Art d'Art, mon enfance à 17 ans quand j'ai ma première relation
00:55 avec une œuvre d'art, c'était La Joconde que j'allais découvrir ensuite au musée.
01:03 Et là, je me dis "mais elle est tellement petite".
01:06 Mais je pense que tout le monde s'est dit la même chose.
01:08 La déception parce qu'on se dit toujours "tiens, La Joconde est le tableau emblématique"
01:14 et à la fois, pourquoi on aimerait La Joconde finalement ? Plus qu'un autre tableau parce
01:22 que tout le monde l'a aimé.
01:23 Moi je l'aime, je tiens à le dire et j'ai appris à l'aimer parce que j'ai appris à
01:28 la connaître, j'ai appris à avoir une relation avec Mona Lisa, avec Lisa Gherardini plus
01:33 précisément parce que derrière ces tableaux, vous avez des personnages qui ont posé, qui
01:38 ont une histoire.
01:39 Moi j'ai toujours été une rêveuse.
01:41 Mon moment préféré dans mon enfance c'était d'aller me coucher parce que je pouvais inventer,
01:46 rêver, imaginer des histoires.
01:48 Et donc ensuite effectivement, il y a eu la période d'ardar qui m'a énormément nourrie.
01:55 Évidemment un jour, je suis au musée avec mon fils qui a 4 ans parce qu'il voulait
02:03 aller voir Van Gogh.
02:04 Je crois que beaucoup d'enfants aiment cet univers de Van Gogh très coloré, très présent.
02:09 Il est devant l'autoportrait de Van Gogh et il n'est pas content et il me dit "non,
02:14 non, ce n'est pas du tout ce que je voulais voir".
02:16 "Ah bon, mais qu'est-ce que tu voulais voir ? Qu'est-ce qui se passe ?" Il me dit "moi
02:20 je veux qu'il me parle".
02:23 Donc c'est votre fils qui vous a soufflé l'idée ?
02:26 Je vais le faire parler.
02:28 Mais c'est plein de...
02:29 Comme je vous disais, ça mûrit en vous et à un moment je lui dis "mais tu as raison,
02:33 on va le faire parler".
02:34 Un jour.
02:35 Alors l'une des originalités de ce programme, c'est le scénario.
02:39 Vous mélangez l'histoire du tableau à l'actualité, ça donne des anachronismes très drôles.
02:44 Vous avez eu le joueur de cartes de Cézanne qui se met à parler de la loi anti-tabac
02:46 et qui dit "on va arrêter de filer la pipe".
02:48 La femme aux yeux bleus de Modigliani qui est présente sur les réseaux sociaux.
02:52 Vous auriez pu vous contenter de raconter des anecdotes sur le tableau ? Pourquoi mélangez-vous
02:56 du contemporain ?
02:57 Mais raconter des anecdotes sur le tableau, nous serions sur un autre format.
03:03 On est sur un format qui est une fiction.
03:05 Donc à un moment il faut une narration, il faut effectivement ce mélange du vrai et
03:10 du faux et que ces personnages prennent vie.
03:12 Vous avez dit une chose qui était importante, c'est ce switch entre le moment où on est
03:16 dans le musée et j'avais cette envie justement qu'on puisse avoir cet effet bluffant.
03:22 Vous prendre par surprise, on vient dans la série, qu'on aime ou qu'on n'aime pas
03:26 l'art, on est en tout cas à un moment donné bluffé.
03:28 Parce que vous avez cet aspect figé des personnages.
03:31 J'avais envie que vous pensiez que c'est un tableau et ensuite ça prend vie.
03:34 Mais quand ça prend vie, Céline, ces personnages sont au 21ème siècle et ils ont la vie de
03:41 tous les français et ils ont aussi ces problématiques.
03:44 Et à ce moment-là, j'ai envie que vous les aimiez, j'ai envie qu'il y ait de l'empathie.
03:48 Ils peuvent être en colère, ils peuvent avoir envie de sortir de ce tableau et ils peuvent
03:52 aussi nous raconter des anecdotes autour de leur vie.
03:54 Je voulais qu'on écoute un extrait mais malheureusement le temps passe tellement vite,
03:57 on ne va pas le faire.
03:58 Je vais juste expliquer par exemple le désespéré de Gustave Courbet.
04:02 Pour ceux qui ne le visualisent pas, c'est cet autoportrait sous les traits d'un jeune
04:05 homme qui a le regard fixe et les mains crispées dans ses cheveux.
04:07 Ça démarre comme ça, dans "Amusez-moi" puis vous le faites aller à la station service
04:12 et là ils se rendent compte que l'essence est beaucoup trop chère.
04:15 À quel moment vous vous dites "Tiens, Gustave Courbet va parler du prix de l'essence" ?
04:18 Je travaille avec une équime.
04:21 C'est vrai que dès le départ sur la charte que j'avais écrite et même la bible, il
04:26 était important qu'on utilise aussi, que les sujets soient des sujets d'actualité.
04:30 Après, il y a toute l'imagination.
04:32 Effectivement, chacun apporte ses idées et à un moment on tranche.
04:35 À l'époque, l'essence n'était pas si chère.
04:37 Ça date d'il y a plus de deux ans.
04:40 Vous étiez visionnaire en plus.
04:41 Le décor, les postures des personnages sont exactement les mêmes que sur le tableau original.
04:47 Comment vous faites pour vérifier chaque détail ?
04:49 Écoutez, vos auditeurs auront peut-être l'occasion de voir le making-of où on explique
04:56 justement avec toute l'équipe chaque détail et millimétrée.
05:01 C'est-à-dire création de costumes, création des perruques, du maquillage.
05:05 Chaque tableau est différent.
05:06 On recommence, on se renouvelle à chaque fois.
05:08 Chaque saison est un casting différent et des constructions de décors différents.
05:12 On ne se repose jamais.
05:15 On se renouvelle à chaque fois.
05:17 Justement, vous parlez du casting, c'est complètement dingue.
05:19 Les acteurs ressemblent terriblement aux personnages du tableau.
05:23 Je parlais de Gustave Courbet.
05:25 C'est dingue !
05:27 Baptiste Gillérion, c'est la promesse.
05:29 La promesse, c'est, et d'ailleurs on m'avait dit c'est impossible, je l'ai rendu possible.
05:33 Rien ne m'arrête.
05:35 C'est possible.
05:36 On a des merveilleux comédiens qu'on met en avant en scène autour d'un rôle principal.
05:41 C'est merveilleux, on a beaucoup de talent et les sosies existent et les comédiens ensemble.
05:48 Ça fonctionne et ça fait un Courbet exceptionnel.
05:50 Un décor précis, un casting précis lui aussi.
05:53 Ça coûte combien de faire un tel programme ?
05:55 C'est deux minutes à l'antenne, mais ça vous coûte combien ?
05:57 Beaucoup d'argent.
05:58 Je ne sais pas si je dois le dire, mais c'est public.
06:02 Arte participe à hauteur de 270 000 euros.
06:06 Et ensuite, je vais chercher des compléments auprès du CNC ou d'autres partenaires.
06:11 270 000 euros pour une série ou pour chaque épisode ?
06:14 Pour chaque épisode.
06:15 Attention, je parle uniquement de la participation d'Arte.
06:19 On est sur des sommes assez élevées et ça dépend aussi du tableau.
06:23 Savez-vous si votre série a amené des gens au musée et des jeunes notamment ?
06:27 Oui, et moi j'interviens dans les écoles ou dans les hôpitaux pour enfants, beaucoup.
06:33 Oui, moi je me souviens d'une intervention que j'avais eue en 2019 dans un lycée polyvalent
06:41 à Frennes, rapidement.
06:42 Vous aviez une classe Bac professionnel commerce.
06:48 Suite à mon intervention, ils ont mis en place une exposition de médiation culturelle
06:54 autour des tableaux.
06:55 Et ça a permis dans ce lycée où les étudiants polyvalents et professionnels ne se rencontraient
07:00 jamais, puisqu'il y a un clivage, de se rencontrer autour de cette exposition.
07:04 Oui, souvent on me dit "vous avez changé mon regard sur l'œuvre d'art".
07:08 Et ça c'est probablement une belle satisfaction pour vous.
07:11 Merci beaucoup Fouzia Kachkach.
07:12 C'est moi qui vous remercie.
07:13 Merci beaucoup Céline.

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