• il y a 9 mois
Le programme animé créé par Claire Doutriaux décrypte avec rigueur et malice les différences culturelles entre la France et l’Allemagne.

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Transcription
00:00 Et votre invitée média, Céline Baydar, courrie !
00:02 Vous êtes pressée de l'entendre, Salia ?
00:04 Je suis impatiente !
00:05 Et votre invitée est donc la créatrice d'un programme emblématique d'Arte, il s'appelle Carambola.
00:09 J'ai fait de ces 20 ans chaque dimanche pendant tout le mois de mars.
00:13 C'est un film animé d'une dizaine de minutes qui montre donc les spécificités culturelles des Français et des Allemands.
00:18 Bonjour Claire Doutriau !
00:19 Bonjour !
00:20 On apprend plein de choses et c'est très drôle ce programme.
00:22 Ça va évidemment du port de la bière kunschtock, on ne peut pas y échapper,
00:26 à la manière de couper le fromage en passant par la numérotation des rues ou la drague,
00:31 tout ce qui nous sépare de nos amis allemands et qui nous permet de mieux les comprendre finalement.
00:35 En 20 ans, vous avez créé 700 numéros, plus de 2000 sujets.
00:40 Quand justement vous avez lancé Carambolage, Claire Doutriau, vous pensiez que ça durait aussi longtemps et que vous auriez de la matière ?
00:46 Jamais ! Évidemment jamais !
00:47 Moi j'étais très sincèrement persuadée qu'au bout d'une année,
00:51 tout ce qui était dans ma tête entre la France et l'Allemagne, ce serait fini.
00:55 Jamais je n'aurais cru que 20 ans plus tard, nous serions toujours là.
00:58 Il y a encore des sujets que vous n'avez toujours pas traités ?
01:00 Plein ! J'ai des listes entières, sur mon iPhone, j'en ai plein !
01:03 On peut avoir quelques exemples ?
01:05 Je pensais à ça l'autre jour, il y a eu la cérémonie au Panthéon pour les Manoukhiens.
01:11 Moi je rêve, bien sûr, dans un an vous aurez un sujet, une émission spéciale, certainement une émission complète,
01:17 pour expliquer aux Allemands ce que représente pour les Français le Panthéon,
01:22 les Manoukhiens, décrypter ça et l'apporter à l'autre pays, c'est un plaisir permanent.
01:29 Vous êtes Française, vous avez vécu en Allemagne, c'est cette double culture en quelque sorte
01:33 qui vous a donné l'idée de lancer Carambolage, à force de vous dire "tiens c'est marrant en France, on ne fait pas du tout comme ça" ?
01:38 Oui, c'est surtout qu'après avoir vécu en Allemagne une quinzaine d'années,
01:41 quand je suis revenue en France, c'était en 1990,
01:43 j'ai trouvé que les Français avaient une vision très passéiste de l'Allemagne,
01:47 qu'ils ne connaissaient pas l'Allemagne contemporaine, j'avais envie de leur flanquer des morceaux d'Allemagne,
01:51 j'avais aussi envie de flanquer aux Allemands des morceaux de France.
01:54 Vous savez, je partage ça avec plein de personnes à l'heure actuelle,
01:57 quand on a plusieurs langues, plusieurs cultures, on mène une sorte de dialogue permanent avec soi-même,
02:01 on en devient un peu fou, moi c'est très thérapeutique, j'ai trouvé la façon d'exprimer ça,
02:06 et quand un sujet est travaillé, il est sorti de la tête.
02:09 La première émission c'était le 4 janvier 2004, vous vous souvenez des sujets ?
02:13 Oui, il y avait quelque chose sur la galette des rois que les Allemands ne connaissent pas,
02:17 après vous me posez une belle colle, il y avait ça, il y avait cette onomatopée charmante,
02:22 le cuicui des enfants français pour onomatopée pour un oiseau,
02:28 tandis que les petits Allemands font pipipip, et peut-être que...
02:31 Alors voilà, j'ai mal révisé, je ne sais plus...
02:34 Et je n'ai pas la réponse, donc je ne peux même pas vous aider.
02:36 Toutes tes prétextes, c'est justement à raconter l'autre.
02:38 Oui, à partir du moment, si vous voulez, on fait très attention à ne pas tomber dans les stéréotypes,
02:42 et pour ça, on a un garde-fou qu'on a gardé depuis le début de l'émission,
02:46 c'est vraiment de partir de choses concrètes.
02:49 Un mot, un objet, un uniforme, l'aménagement d'un bureau de ministre, quelque chose de concret qui existe.
02:54 Le pèze d'un cliché.
02:55 Oui, pas le français râleur et l'allemand qui boit de la bière.
02:57 Non, certainement pas.
02:58 Alors une fois que vous avez... Bah qu'est-ce qu'il y a ? On est dans le cliché là, on est d'accord.
03:02 Une fois que vous avez le sujet, comment vous construisez une émission ?
03:05 Parce qu'il y a du graphisme, il y a du texte, comment ça se fait ?
03:09 Pour moi, c'était très important que les émissions soient gays, qu'elles soient vives, qu'elles soient enjouées,
03:14 et donc j'ai fait appel à beaucoup de graphistes.
03:17 Il y a une soixantaine de graphistes qui travaillent sur Carambolage, il y en a en France, il y en a en Allemagne,
03:22 il y en a maintenant en Espagne aussi.
03:24 Et donc c'est un travail spécial.
03:26 Je dirais que surtout ces graphistes sont souvent des artistes.
03:29 C'est un travail très spécial parce que c'est très précis iconographiquement.
03:32 Si vous êtes dans une cuisine allemande, il faut que la bouteille de liquide de vaisselle soit allemande, etc.
03:38 Donc nous, nous passons notre temps à vérifier que tout est juste.
03:41 Les graphistes, on leur propose des textes, si ça leur va, ils commencent, ils font un petit bout, ils nous le montrent,
03:48 et puis après on avance peu à peu, pas à pas, en commentant leur travail.
03:52 Et tout ça prend combien de temps, une émission ?
03:54 Alors, grosso modo, dans un Carambolage, il y a trois sujets généralement en animation.
03:59 Si je prends un sujet de trois minutes, c'est la question que je pose toujours,
04:02 à votre avis, combien de temps met un graphiste pour faire un sujet de trois minutes ?
04:05 Très très long.
04:06 C'est en jour, au moins.
04:08 Moi je compte grosso modo une minute par mois.
04:11 Ah, en mois ?
04:12 Ah bah tiens !
04:13 Ah oui d'accord.
04:14 Ah bah tiens.
04:15 Donc vous ne pourriez pas être à un rythme quotidien ?
04:18 Ah non, c'est pas une émission d'actualité du tout.
04:20 Nous on réagit plus tard.
04:22 Il y a des graphistes qui sont plus rapides, il y en a d'autres qui sont plus lents, ça dépend aussi des méthodes,
04:25 parce qu'ils ont plein de méthodes différentes, il y en a qui dessinent, il y en a qui…
04:28 Mais donc nous, nous sommes très loin de la télévision rapide et du flux.
04:33 D'une chaîne d'info en continu finalement.
04:35 Dans lequel des deux pays on regarde le plus carambolage ? En France ou en Allemagne ?
04:39 Arte est plus vu en France.
04:41 Donc carambolage est aussi plus vu en France.
04:44 Ça c'est dû, je ne vais pas rentrer là-dedans, des considérations historiques au moment où la 7 a été créée, puis Arte.
04:49 Et en France il n'y avait que quelques chaînes hertziennes, terrestres, tandis qu'en Allemagne il y avait déjà le câble.
04:53 Donc carambolage est davantage vu aussi.
04:56 Mais ça marche très bien en Allemagne.
04:58 Mais il y a un appétit des Allemands pour apprendre à nous connaître, nous Français ?
05:01 Mais totalement.
05:02 Mais vous savez, les Allemands ils viennent en vacances en France.
05:04 Vous, vous allez en vacances en Allemagne ?
05:06 Peut-être davantage depuis carambolage est un peu plus rare.
05:10 Vous avez tort, parce qu'il y a vraiment de très jolies villes.
05:12 Et puis Berlin est devenu quand même le Barcelone des jeunes maintenant.
05:15 On sait que même des sujets très légers, en apparence, peuvent avoir des conséquences diplomatiques.
05:20 C'est déjà arrivé que l'un des deux gouvernements vous fasse savoir qu'il n'avait pas aimé la façon dont vous présentiez telle ou telle caractéristique nationale ?
05:28 Je vais vous dire que non.
05:30 On a eu au tout début, tout début de la première année, quelques téléspectateurs français qui trouvaient un peu choquant
05:35 que des Allemands se permettent d'avoir une petite ironie sur des mœurs françaises.
05:39 Ça s'est très vite calmé.
05:40 Mais sinon, nous n'avons jamais créé d'incident diplomatique, même si Arte a eu peur au début.
05:45 Je dois dire que derrière, comme vous le disiez, derrière ce ton très léger, il y a des recherches en béton armé.
05:50 Vraiment, ce sont des journalistes.
05:52 Et puis après, on est sur le fil, mais on fait toujours très attention.
05:57 Il existe, vous l'avez dit, Claire Doutriau, maintenant un carambolage espagnol depuis le mois d'octobre.
06:01 Alors là, on n'est pas dans une comparaison avec une autre culture.
06:03 C'est plutôt du décryptage des mythologies de ce pays.
06:07 Pourquoi l'Espagne ?
06:09 Alors, c'est un choix.
06:10 Ça, c'est une demande d'Arte, de la direction d'Arte, puisque Arte devient de plus en plus européen.
06:15 Donc, on ne peut pas faire tous les pays à la fois.
06:17 Il ne faut pas noyer non plus notre démarche.
06:20 Donc là, c'est une collection.
06:21 Effectivement, comme vous disiez, ce n'est pas une émission.
06:23 C'est une collection d'une cinquantaine de mythologies, de sujets espagnols.
06:28 Donc, ça va du drapeau, de la fête nationale, aussi aux objets, des expressions, etc.
06:34 Et donc, c'est pour l'instant uniquement sur le web, sur le net, sur les réseaux sociaux et sur arte.tv.
06:40 Et il y aura éventuellement des versions italiennes, polonaises ?
06:43 Alors, écoutez, l'avenir le dira.
06:44 Jeannette Conrad, qui est la directrice en chef, décidera aussi des évolutions.
06:51 Mais il se trouve que cette collection espagnole marche tellement bien
06:54 que je crois qu'elle va vivre une deuxième année.
06:56 Et elle marche bien sur les réseaux sociaux.
06:58 Il faut dire que ce sont de petits formats.
07:00 Et ça, c'était très précurseur de lancer ça il y a 20 ans,
07:02 parce que ça marche très bien pour les réseaux sociaux.
07:04 Je ne le savais pas.
07:05 Ça, c'est malgré moi.
07:06 Je vais avouer.
07:07 Je n'avais pas imaginé ça.
07:08 Et donc, c'est très regardé par les jeunes.
07:10 Oui, très.
07:11 Merci beaucoup.
07:12 On vous souhaite encore 20 ans de plaisir, de sujets et de carambolage.
07:15 Alors, donnons-nous rendez-vous.
07:16 Exactement.
07:17 Merci.
07:18 On vous laisse le serre tous les dimanches du mois de mars à 19h30 sur Arte.
07:21 Merci beaucoup.
07:22 Merci à toutes les deux.

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