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Stela souffre d'hyperhidrose, une transpiration excessive souvent localisée aux niveaux des aisselles, des pieds et des mains. Pour nous, elle se livre sur cette maladie qui affecte son quotidien, mais aussi ses relations sociales.

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Transcription
00:00 Moi je trouve ça dégueulasse, moi jamais tu me touches avec des mains comme ça.
00:02 Je suis atteinte d'hypérhidrose, c'est une maladie qui se caractérise par la transpiration excessive.
00:07 Ça touche différentes parties du corps, ça peut être les mains, les pieds, les aisselles, le visage, ça dépend des personnes.
00:11 C'est embêtant par exemple quand on doit écrire, quand on doit toucher les gens.
00:14 Ça me touche sur les mains, les pieds et les aisselles.
00:17 Les mains ça va être tout ce qui est contact humain, tout ce qui est aussi manuel.
00:20 Toucher du papier, aussi pour le social, donc toucher des gens en hiver, qu'ils fassent chaud ou froid.
00:24 Que moi je sois stressée, pas stressée, ça va être vraiment tout le temps.
00:27 Chez moi je porte tout le temps des chaussettes pour éviter de glisser sur le carrelage.
00:31 En primaire ça me dérangeait, mais je ne regardais pas forcément les autres enfants
00:34 pour me demander est-ce qu'eux ils transpirent autant que moi.
00:36 Quand je rentrais de l'école le midi pour manger, en général je me changeais.
00:38 Au collège j'ai commencé à me rendre compte que moi c'était quand même plus que les autres.
00:42 Aussi parce que les gens me posaient des questions.
00:44 T'as des oreilles tout le temps, pourquoi tu transpires autant ?
00:46 Pourquoi tu mets un papier sous ta main quand tu écris ?
00:48 J'ai toujours pris la peine d'expliquer aux gens que je suis comme ça,
00:52 c'est pas quelque chose que j'ai choisi, j'y peux rien.
00:54 J'avais une amie au collège qui me demandait de pas la toucher parce que ça la dérangeait
00:57 ou qui a peut-être déjà lâché un petit cri parce que je l'ai touchée sans faire exprès.
01:01 J'ai eu des commentaires sur les réseaux de personnes qui disent
01:03 "moi je trouve ça dégueulasse, moi jamais tu me touches avec des mains comme ça,
01:06 désolée mais tu peux comprendre les gens qui trouvent ça dégueu,
01:09 tu peux comprendre les gens que ça dérange, que ça surprend.
01:11 Les gens qui vont dire que t'es dégueulasse et ne me touche jamais de la vie,
01:15 ça je comprends pas."
01:16 Quand je transpire je ressens pas, j'ai pas forcément chaud,
01:19 j'ai des sensations assez désagréables au niveau des mains.
01:21 Il y a des moments où je transpire et j'ai les mains qui deviennent toutes rouges.
01:24 J'ai souvent les doigts qui gonflent aussi à cause de ça.
01:26 Des fois je suis en ville et je me rends compte que tout ce que je touche est mouillé,
01:28 je dois avoir toujours des mouchoirs dans mon sac,
01:30 mon téléphone est tout le temps sale, tout ce que je touche est trempé.
01:33 L'argent par exemple, quand je vais au supermarché
01:36 et que je dois donner la monnaie à la caissière, si c'est un billet,
01:38 je demande à mes amis de tenir le billet pour moi et de payer pour moi.
01:41 Quand les gens réagissent et quand les gens s'essuient par exemple juste après,
01:44 je le remarque, je peux pas dire que je suis triste ou énervée ou fâchée contre eux
01:48 parce que je pense que je ferai la même chose.
01:50 C'est pas méchant, c'est normal.
01:51 J'en ai parlé avec ma dermatologue, elle m'a serré la main,
01:54 elle m'a fait m'asseoir, elle me demande pourquoi est-ce que t'es là.
01:57 Je souffre d'hyperhydrose, j'aimerais bien un traitement.
01:59 Elle me dit "ah oui j'avais remarqué".
02:00 Elle m'a dit qu'il existe l'ionophorese,
02:02 un traitement où on a deux bacs avec de l'eau et des plaques électriques
02:06 et on met ses mains ou ses pieds dedans.
02:07 Et il y a un courant électrique qui passe à la surface de la peau, ça picote.
02:11 On peut régler l'intensité du courant, c'est pas dangereux non plus.
02:13 Si on fait pas attention, on peut avoir des petites brûlures,
02:15 surtout si on le fait trop souvent.
02:17 Au début, ça va être trois fois par semaine.
02:18 Quand ça commence à faire effet,
02:20 on va diminuer les séances jusqu'à par exemple une fois par mois.
02:22 Aujourd'hui, je me sens pas forcément mieux qu'avant.
02:25 Ça m'handicape toujours autant au quotidien.
02:27 Je suis toujours autant en train de me dire
02:28 "t'as pas le choix, tu dois faire avec, tu dois vivre avec".
02:31 C'est un peu dommage de savoir qu'il n'y a pas de traitement
02:35 pour toute la vie qui soit vraiment radical.
02:38 J'aimerais bien qu'ils fassent des recherches là-dessus
02:40 et qu'ils trouvent un traitement.
02:41 Quand j'ai commencé à en parler sur les réseaux
02:42 pendant le premier confinement,
02:43 ce que je voulais, c'était que les gens comprennent
02:46 ce que je ressens en leur montrant avec des images.
02:49 J'avais besoin que les gens me comprennent
02:50 parce que quand j'en parlais,
02:51 ils avaient tendance à me dire "tu dramatises la chose".
02:53 Puis j'en ai aussi parlé sur les réseaux
02:55 pour que des personnes se reconnaissent là-dedans.
02:57 Et c'est ce qui est arrivé.
02:58 J'ai été vraiment surprise de voir le nombre de personnes
03:00 qui traversent la même chose au quotidien.
03:03 C'est pas une fatalité.
03:04 On peut quand même faire sa vie avec ça.
03:06 Il faut juste apprendre à vivre avec,
03:07 se dire qu'on n'est pas seul et qu'on peut en parler aussi
03:10 et que ça fait du bien de savoir qu'on n'est pas tout seul
03:11 et qu'il y a des gens qui traversent la même chose
03:13 et qui ont les mêmes anecdotes, les mêmes expériences,
03:15 les mêmes petites astuces.

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