Philippe de Villiers passe en revue l'actualité de la semaine dans #FaceAPhilippedeVilliers. Présenté par Eliot Deval
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00:00 Et toute la question était de savoir s'il allait adresser à un message politique.
00:03 Et il allait l'adresser à qui et pourquoi.
00:07 On va écouter le pape François et vous allez nous dire ce que vous en pensez.
00:10 On écoute le pape François.
00:16 Chers amis, nous sommes également à un carrefour.
00:24 D'un côté, la fraternité qui féconde de bonté la communauté humaine.
00:30 De l'autre, l'indifférence qui ensanglante la Méditerranée.
00:37 Nous ne pouvons plus insister aux tragédies des naufrages,
00:42 provoquées par des trafics odieux et par le fanatisme de l'indifférence.
00:47 Les personnes qui risquent de se noyer, lorsqu'elles sont abandonnées sur les flots,
00:53 doivent être sécourues.
00:56 C'est un devoir d'humanité, c'est un devoir de civilisation.
01:01 Un devoir d'humanité, un devoir de civilisation.
01:04 Philippe Le Villier, quel regard vous portez sur ce message ?
01:08 Alors, il y a eu deux discours.
01:12 Il y a eu un serment d'abord et un discours ensuite.
01:17 D'abord le serment sur la Sainte Vierge, Notre-Dame de la Garde.
01:23 Là, c'était le pape de Rome, le pape de l'Église catholique,
01:27 qui parle de l'intercession de la Sainte Vierge, qui parle de Notre-Dame de la Garde,
01:31 qui veille sur la ville de Marseille et qui veille sur toute la France.
01:37 Moi, j'étais ému.
01:40 C'est le pape de Fatima, c'est le pape de toute la tradition, Jean-Paul II, etc.
01:45 La Sainte Vierge, c'est le lien de ceux qui sont des croyants hors de l'ordinaire de l'Église.
01:54 C'est le dernier cordon de tendresse, la Sainte Vierge.
01:58 Et après, on a eu un discours devant l'Astel.
02:04 Là, ce n'était plus le pape de Rome, c'était le pape de Lampedusa.
02:08 C'était d'ailleurs son premier déplacement.
02:09 Oui, alors je vais être très prudent parce que je n'ai pas tout compris.
02:12 J'ai compris qu'en fait, ils partageaient le monde en deux.
02:15 Il y avait les tenants de la fraternité et les tenants de la haine.
02:24 Mais j'ai été gêné, je vais vous dire pourquoi.
02:28 Et mon devoir ici, c'est de peser mes mots, bien sûr.
02:34 J'ai été gêné parce qu'il manquait pour moi trois messages essentiels.
02:42 Alors d'abord, quand on est devant la mort d'un homme,
02:48 et spécialement en mer, on s'incline et on est triste.
02:55 C'est un malheur.
02:57 Le christianisme individuel, la chrétienté la plus élémentaire,
03:02 c'est de s'émouvoir devant la misère, devant le malheur.
03:06 Si moi, je suis devant un migrant qui est tout seul,
03:09 évidemment, je vais lui tendre la main.
03:12 Mais là, on est sur un principe qui touche à la paix des hommes
03:18 et on est obligé d'appliquer le principe de saint Thomas d'Aquin.
03:21 La paix, c'est la tranquillité de l'ordre.
03:25 Et quelle que soit la mission de chacun, l'ordre, c'est important.
03:33 L'ordre.
03:34 Et en fait, l'ordre nous oblige à penser à tous les petits,
03:39 le migrant dans le malheur,
03:41 mais aussi le petit qui souffre de l'immigration chez nous.
03:45 Et donc, le premier message qui a manqué,
03:48 et peut-être qui va venir demain,
03:51 c'est le message pour les pays d'origine,
03:56 qui nous envoient leurs migrants sans se soucier de leur richesse,
04:06 de leur prospérité, de leur indépendance, de leur rayonnement.
04:11 Ils s'appauvrissent pour enrichir le rêve de ceux qui finiront dans un cauchemar.
04:19 Le deuxième message, donc il aurait fallu leur dire,
04:24 la transhumance, le déracinement, la déportation de la misère,
04:28 ce n'est pas la solution.
04:30 Le déracinement n'est jamais une solution pour un homme et pour une famille.
04:34 Un homme qui arrive tout seul en France, qui n'a plus d'attache,
04:38 qui n'a plus de passé, qui n'a plus d'origine, qui n'a plus de famille,
04:41 c'est un drame, c'est une tragédie.
04:43 Deuxième message pour les passeurs, vous êtes des criminels,
04:50 parce que ce sont les passeurs.
04:52 Sur les ONG, votre bienveillance est responsable et parfois coupable
05:01 de tous ces drames qui arrivent en mer.
05:05 Et puis enfin, un message pour les pays d'accueil.
05:11 Il n'y a pas eu le mot France prononcé.
05:13 – Il y a eu l'Union Européenne.
05:15 – Alors, il y a eu l'Union Européenne, voilà.
05:17 Mais l'Union Européenne, ce n'est pas la France.
05:22 Et j'ai pensé tout de suite à Jean-Paul II en 1980 qui dit,
05:26 "France, fille aînée de l'Église, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ?"
05:34 Là, on en est loin.
05:35 Il arrive en France, ce qui me gêne le plus, c'est que ce pape dit,
05:41 "Je suis à Marseille, je ne suis pas en France."
05:43 Il a déjà fait le coup à Strasbourg.
05:45 Il est venu au Conseil de l'Europe qui fait la promotion du hijab,
05:49 le voile islamique, et il a dit, "Non, non, je ne suis pas en France,
05:51 je suis au Parlement européen."
05:53 Marseille n'est pas une extraterritorialité.
05:56 Marseille, tout le monde est fier de Marseille et tout le monde est fier de l'OM en plus.
06:00 Et tout le monde se sent, les Marseillais se sentent français.
06:04 Et je trouve que le pape a grand tort de négliger les nations.
06:11 Jean-Paul II était le pape des nations.
06:13 Benoît XVI était le pape du dogme de la liturgie, mais aussi des nations.
06:17 - Deux papes que vous avez d'ailleurs rencontrés.
06:18 - Il faut respecter les nations.
06:20 - Deux papes que vous aviez rencontrés ?
06:22 - Oui, les deux.
06:25 Et en fait, je me souviens, le pape Jean-Paul II,
06:28 immense pape qui a fait tomber le mur de Berlin, n'ayez pas peur.
06:31 Et le pape suivant, il m'a dit un jour, il m'a parlé de la barque de Tiberiade.
06:37 Je pensais à lui avec tout à l'heure le discours du pape.
06:41 Mais la barque de Tiberiade, il m'a dit, c'est l'église.
06:43 Et la barque de Tiberiade, elle est en train de couler.
06:46 Il avait raison.
06:47 - Philippe, vous êtes catholique.
06:48 Vous avez souvent été caricaturé en catholique, ultra conservateur,
06:52 traditionnaliste par vos opposants.
06:54 Quand on vous écoute aujourd'hui, on comprend que vous n'êtes pas d'accord
06:56 avec le discours du pape, le discours politique du pape.
06:59 Comment vous vivez ça ?
07:01 Comment vous vivez cette opposition de fond avec le souverain pontife
07:04 qui est aujourd'hui en poste ?
07:05 Est-ce que, comment vous vivez aussi le fait que parfois des gens
07:08 qui sont vos opposants politiques peuvent vous dire, mais regarde,
07:11 ton pape est d'accord avec moi et n'est pas d'accord avec toi ?
07:15 - En fait, moi, je suis un non-raciné.
07:20 Et à chaque fois que je me pose une question,
07:23 je reviens à mes racines pour chercher la réponse.
07:27 Je pense qu'un homme ne peut respirer et vivre qu'entre l'humus et la lumière.
07:35 S'il n'y a pas la lumière, il n'y a pas la transcendance,
07:38 il n'y a pas l'idée de la survie.
07:42 S'il n'y a pas l'humus, on se dessèche et on meurt.
07:48 Et donc, en fait, ce qui me sauve, c'est que je n'écoute pas trop les avis extérieurs
07:55 et je me console en me disant, le pape, quand il fait de la politique,
08:02 c'est comme quand Macron fait de la religion, je les écoute moins.
08:06 - Mais pourquoi vous dites que le pape fait de la politique ?
08:09 Qu'est-ce qu'il y a de politique dans ce discours, très concrètement ?
08:11 Dans son message, parce que c'est un message humaniste, idéaliste,
08:15 mais au fond, il n'a pas la main sur ce qui peut se passer.
08:18 - Alors, justement, il donne un avis extérieur.
08:24 Alors, que le pape fasse de la politique,
08:28 la doctrine sociale de l'Église ne lui interdit pas.
08:32 Par exemple, il pourrait dire, demain, à Emmanuel Macron,
08:38 je vous rappelle la phrase du décalogue, "tu ne tueras pas",
08:42 en mettant en garde Emmanuel Macron sur son projet de loi épouvantable,
08:48 sur le suicide assisté, puisque Macron veut absolument aller à la messe du pape,
08:53 ce qui est tout à fait normal, puisqu'il est président de la République,
08:56 on est en France et le pape est un chef d'État et un chef de l'Église.
09:00 Tout à fait normal, dans des places de Mélenchon.
09:03 Mais il ne faut pas qu'il y aille pour rien, ou alors le pape,
09:05 il ne faut pas qu'il vienne pour rien.
09:06 Donc, des paroles comme ça, des paroles d'ordre spirituel
09:14 qui s'appliquent à une situation politique de grande difficulté pour les hommes politiques,
09:18 je pense qu'aider aujourd'hui ceux qui sont en charge de la cité,
09:25 c'est comprendre qu'il y a une charité individuelle et une charité collective,
09:34 et que certaines vertus personnelles peuvent devenir des vices publics,
09:39 comme l'a très bien dit Richelieu.
09:41 En d'autres termes, qu'il dise à chacun,
09:44 soyez charitable, soyez attentif, soyez bon, soyez généreux, il est dans son rôle.
09:49 Mais s'il se substitue au chef d'État pour parler de la haine,
09:53 sous prétexte qu'il y a des migrants qui meurent et qui sont entre les mains de passeurs,
09:58 et poussés par des pays qui sont irresponsables,
10:01 et qui arrivent dans un pays où ils sont perdus,
10:05 ils sont perdus et ils nous perdent.
10:07 Parce que, qu'est-ce qui se passe aujourd'hui ?
10:09 Les gens qui nous regardent, il y en a peut-être qui vont penser à ce que je vais dire maintenant.
10:13 Nous devenons, grâce à des gens comme ce pape,
10:18 étrangers dans notre propre pays.
10:20 C'est ça qu'il veut ?
10:23 Non, et s'il allait en Argentine aujourd'hui,
10:27 et que l'Argentine n'était plus l'Argentine mais submergée par des vagues migratoires,
10:31 je pense que le pape argentin ne raisonnerait pas comme ça.
10:34 Une phrase qui m'a marqué, qui peut-être vous a marqué,
10:37 "Marseille doit être une mosaïque d'espérance pour la France, pour l'Europe, pour le monde,
10:42 une mosaïque de paix également pour l'Union européenne."
10:46 Est-ce que Marseille peut, doit symboliser cela ?
10:51 Quand j'ai entendu ça, je me suis dit,
10:54 on n'a pas le même paradis devant nous,
10:57 et on n'a pas le même enfer.
10:59 Lui, il pense que l'enfer, c'est les frontières,
11:02 les nations, les identités.
11:05 Et il pense que le paradis, c'est le paradis diversitaire de l'homme global.
11:10 Là-dessus, il n'est pas très loin d'Emmanuel Macron.
11:12 C'est-à-dire, en gros, il a décrit avec sa mosaïque, le mot clé, la mosaïque,
11:16 il a décrit une société multiculturelle.
11:19 C'est-il que les sociétés multiculturelles sont toujours multiconflictuelles et multidéculturées ?
11:25 C'est-à-dire qu'on va tout perdre, on va perdre notre civilisation.
11:29 Et moi, ce que j'attends du pape, j'espère que demain, il prononcera ces mots.
11:34 C'est qu'il prononce le mot civilisation, la civilisation chrétienne.
11:39 – Il a parlé de civilisation, devoir de civilisation, de secourir, voilà ce qu'il dit.
11:44 Mais pas la civilisation comme vous l'entendez.
11:46 – La civilisation, si vous voulez, pour être dans l'oblation, il faut procéder à quelque chose.
11:55 Il faut déjà avoir des liens.
11:57 Si vous n'avez plus de liens, si vous êtes un homme délié,
12:00 si vous êtes un homme débarrassé, dépouillé de votre passé, de vos racines, de vos croyances,
12:07 vous allez vers l'autre, mais dans le vide identitaire.
12:11 Et donc, vous ne portez pas secours, vous êtes dans le désespoir.
12:15 Et donc, en fait, ce discours humanitaire, il plaît évidemment à tous les progressistes
12:23 qui entendent là que va s'installer à la place de l'Europe aux anciens parapets,
12:34 eh bien, une société multiculturelle avec de nouvelles harmonies,
12:42 parce que les progressistes veulent faire de l'Europe et de la France un espace d'expérimentation,
12:50 un laboratoire planétaire du paradis diversitaire.
12:53 – Philippe, on va avancer un tout petit peu, mais avant, parce que au cœur de cette première journée,
12:59 journée, vous l'avez dit, très politique, il y a la question migratoire,
13:01 et on parlera de la question migratoire dans un instant.
13:03 Il y a eu le discours du pape François, mais juste avant lui,
13:07 c'était Monseigneur Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille, qui prenait la parole.
13:12 Vous allez me dire ce que vous en pensez, parce que lui aussi, et peut-être lui un peu plus,
13:16 a eu des mots extrêmement forts sur la question migratoire.
13:19 – Quand des marins disparaissent en mer, c'est bien sûr un drame pour leur famille,
13:26 mais cela faisait partie des risques de leur métier.
13:31 Mais quand des hommes, des femmes et des enfants, ne connaissant rien à la navigation,
13:38 fuyant la misère et la guerre, sont dépouillés de leurs biens par des passeurs malhonnêtes,
13:45 qui les condamnent à mort en les faisant monter sur des embarcations vétustes et dangereuses,
13:52 c'est un crime.
13:54 Et quand les institutions politiques interdisent aux organisations non-gouvernementales,
14:01 et même aux navires qui croisent dans ces eaux, de porter secours aux naufragés,
14:07 c'est un crime tout aussi grave et une violation du droit international maritime le plus élémentaire.
14:15 – Philippe de Villiers.
14:17 – Alors, il y a un point positif, il parle des passeurs.
14:20 – Oui, très clairement.
14:24 – Mais en fait, ce qu'ils veulent, tout c'est clair, c'est organiser la grande transhumance.
14:36 Bon, si on les écoute, l'Afrique, avec 1,4 milliard d'habitants,
14:45 va se déverser dans l'Europe, impuissante, et ça en sera fini de nos vieilles nations.
14:52 Moi, je ne veux pas, je n'accepte pas que les évêques nous laissent mourir.
14:59 Moi, je ne veux pas mourir, moi aussi j'ai le droit de vivre.
15:02 Comme les marins en mer, il a raison de dire que c'était un drame, un marin qui meurt en mer,
15:06 un migrant qui meurt en mer, mais moi, je ne veux pas mourir, c'est mon pays, ce sont mes racines.
15:13 Depuis des décennies, des familles se succèdent pour protéger cette terre,
15:19 pour protéger ce patrimoine, pour protéger ce trésor.
15:23 Pourquoi les évêques, ils n'écoutent pas ça ? Pourquoi ils ne nous écoutent pas ?
15:26 Pourquoi ils veulent nous faire crever ?
15:29 Pourquoi c'est la préférence humanitaire, toujours, plutôt que la préférence pour les petites gens
15:39 qui ne peuvent plus se défendre, qui ne peuvent plus défendre leur mœurs,
15:42 qui ne peuvent plus défendre leur langue, qui ne peuvent plus défendre leur mémoire,
15:45 la mémoire commune.
15:47 Notre nation est en train de mourir, et on a des clercs qui nous expliquent qu'en plus, on est coupable.
15:53 Parce qu'il y a des marins, parce qu'il y a des migrants qui meurent en mer,
15:56 et on est coupable parce qu'on n'aide pas les ONG.
15:59 Les ONG qui sont largement subventionnées pour faire un travail de subversion, de subversion.
16:04 Donc moi, je ne veux pas mourir.
16:06 Je ne veux pas mourir.
16:07 Moi, ma famille, mes enfants, mes petits-enfants, je veux qu'ils restent en France
16:11 et qu'ils soient fiers d'être français.
16:14 – Est-ce que vous avez un mot à rajouter là-dessus ?
16:17 – Je note une image qui m'a frappé, c'est le pape qui parlait, qui serrait la main,
16:21 alors ce n'est probablement pas sa faute, ce n'est pas lui qui a voulu cette image,
16:23 mais qui serrait la main à des humanitaires de SOS Méditerranée,
16:26 qui est l'ONG qui est la plus souvent citée dans ce genre de cas,
16:29 qui vient en aide, qui encourage un peu ce que vous avez dit Philippe.
16:32 Et c'est vrai qu'entre ça et les discours,
16:36 on a le sentiment qu'il y a une vraie volonté de…
16:40 Moi, je me suis posé la question, c'est une question que je vous pose d'ailleurs,
16:42 est-ce que vous croyez que le pape a conscience des enjeux
16:44 que nous vivons nous politiquement en France en ce moment ?
16:48 Il y a énormément de débats sur l'immigration.
16:49 Il a écrit son texte, je crois, avant l'homme Pédouza,
16:53 mais il l'a prononcé tel quel.
16:54 Est-ce que vous pensez qu'il a conscience de ce qui se passe chez nous,
16:57 de débats qui traversent nos sociétés,
16:58 des angoisses identitaires dans nos sociétés,
17:01 et qu'il le dit quand même ?
17:02 Ou est-ce que vous pensez, c'était la théorie au début,
17:04 il est argentin, il vient de très loin,
17:06 il ne comprend pas tout ça et ça lui passe très au-dessus ?
17:08 - Alors moi, ce que je pense, là aussi je pèse mes mots,
17:13 c'est qu'il a fait une croix sur l'Europe.
17:18 Il le dit en privé d'ailleurs.
17:19 - C'est-à-dire ?
17:21 - Il pense qu'il n'y a plus d'avenir pour l'Europe.
17:24 Il pense que le christianisme, s'il doit se développer,
17:27 se développera ailleurs.
17:29 C'est d'ailleurs le sens de tous ses voyages.
17:31 Regardez la carte de ses voyages.
17:33 - Là, j'ai du mal à vous suivre, Philippe,
17:35 puisqu'il est à Marseille et il explique que Marseille
17:37 doit être une mosaïque d'espérance pour le monde.
17:40 - Il vient expliquer ce que Marseille doit être, une mosaïque, etc.
17:44 Mais son opinion sur le fond, c'est que l'Europe n'est pas sa préoccupation.
17:54 L'Europe chrétienne n'est pas sa préoccupation.
17:58 Sinon, il s'intéresserait à la filianderie de l'Église, quand même.
18:02 Il ne s'y intéresse pas.
18:03 Et ce qu'il s'intéresse, il est venu au Conseil de l'Europe, quand même.
18:09 C'est tout un programme.
18:11 On ne peut pas dire que le Conseil de l'Europe,
18:12 ce soit l'Europe, ce soit l'Europe des nations.
18:14 Donc, je pense qu'il a fait un choix, un choix stratégique avec ceux qui l'entourent.
18:20 C'est de déployer le chrétiennisme ailleurs.
18:22 Il rêve d'être reçu en Chine.
18:25 Il l'a dit récemment.
18:28 Et donc, il rêve de l'Asie, de l'Afrique.
18:31 Il fait un choix stratégique.
18:33 C'est un choix inouï.
18:35 Parce qu'en fait, s'il perd l'Europe, il perdra Rome.
18:40 Mais c'est un choix.
18:42 Vous parlez de Rome, justement, et ça nous fait la transition avant la publicité.
18:46 Je le dis aux téléspectateurs, on avait énormément de thèmes à traiter
18:48 dans cette première partie.
18:50 Mais force est de constater que vous aviez beaucoup de choses à dire sur le pape.
18:54 Et c'est vrai que cette journée historique nous impose de s'arrêter un temps
18:57 et de comprendre ce qui peut se passer et de décrypter ce discours-là.
19:01 Avançons un tout petit peu, puisqu'on va parler de la question de l'immigration.
19:07 Il y a eu une arrivée de plus de 10 à 12 000 migrants sur les côtes italiennes
19:11 en toute clandestinité.
19:12 Et il y a eu un papier éclairant cette semaine de Chantal Delsol,
19:16 philosophe, publié dans le Figaro.
19:18 Pourquoi je fais cette transition ?
19:20 Puisque vous me parlez de Rome.
19:21 Crise migratoire.
19:23 Quelle leçon tirer de la chute de l'Empire romain ?
19:26 Pourquoi ce lien historique entre la vague migratoire qu'on est en train de vivre
19:30 et la chute de l'Empire romain ?
19:34 En 399, l'ambassadeur Cinesios de Cyrene, la Cyrenaïque, se déplace,
19:46 il va à Constantinople rencontrer l'empereur Arcadius et lui dit ceci.
19:54 Un prince qui en vient à confier la garde de sa frontière,
20:02 Reims, Danube, le Limès, à des peuples barbares, Burgondes, Ostrogoths,
20:11 qui n'ont pas été élevés sous les lois de Rome,
20:13 qui ne savent rien du mos maiorum, la pietas, la fides, les moeurs de Rome,
20:18 les dieux de Rome, la mémoire de Rome,
20:21 est un prince qui a perdu le sens commun.
20:23 Un peuple qui confie les travaux de portefeuille,
20:28 parce qu'il s'adonne à l'ossium, à la paresse,
20:31 les travaux de portefeuille aux barbares qui nettoient les rues.
20:34 Un peuple, le même peuple, qui choisit des esclaves
20:39 plutôt que des citoyens romains qui ne veulent plus travailler
20:42 et qui ont pour devise mourir en s'amusant.
20:45 Un peuple qui confie les terres abandonnées aux barbares qu'on appelle les colons,
20:50 c'est un peuple qui va mourir de l'hospitalitas, l'accueil de l'hôte.
20:55 - Donc vous partagez ce discours. - 399 ce discours,
20:59 406 les grandes invasions barbares, 410 le sac de Rome.
21:05 Mais dit-on, ce grand passage,
21:09 on est passé de la Rome impériale à la Rome barbare.
21:14 Et Chantal Delsol, membre de l'Institut, avec sa brillante intelligence,
21:19 a fait allusion dans un article du Figaro à ce qui pourrait nous advenir.
21:24 - Et vous partagez cette inquiétude.
21:27 - Oui, parce que quand les peuples perdent le goût, le sens de la frontière,
21:32 on ne peut plus rien faire pour eux.
21:36 - Philippe de Villiers, Geoffroy Lejeune, un temps de répit,
21:39 quelques minutes de publicité, on revient dans un instant.
21:42 Je vais vous le demander, puisque je le répète, on avait beaucoup de choses à traiter.
21:45 Est-ce que vous voulez continuer de traiter de la question de migratoire après la publicité
21:49 ou on avance un petit peu et on va voir d'autres thèmes ?
21:52 On voit d'autres thèmes ? On va ajouter une déclaration peut-être, celle de M. Attali.
21:56 - Ah, ça c'est magnifique. - Magnifique ?
21:58 - Ah oui, je vais lui rendre hommage.
22:00 - Eh bien rendons-lui hommage après la pub.
22:02 Il est 19h30, la suite de "Face à Philippe de Villiers"
22:09 avec Geoffroy Lejeune, bien sûr, et Philippe de Villiers, évidemment.
22:12 Dans la première partie, vous êtes revenu en longueur sur ces déclarations du pape François.
22:19 Et on a voulu continuer la discussion puisqu'au cœur de son discours,
22:23 il y avait la question migratoire, celle des réfugiés.
22:25 Et il y a une déclaration cette semaine qui a fait grand bruit, celle de Jacques Attali,
22:31 qui semble avoir effectué une sorte de virage à 180 degrés.
22:34 Dans l'idéologie européenne, depuis 1958, on a tout fait pour détruire les frontières internes,
22:39 très bien, mais aussi externes.
22:40 On a commencé par les droits des douanes extérieures et aujourd'hui, nous sommes une passoire.
22:45 L'Europe est une passoire aux investissements étrangers, aux produits étrangers.
22:51 L'Europe ne veut pas se protéger.
22:54 Jacques Attali, plus mondialiste des mondialistes, s'inquiète pour les frontières de l'Europe.
22:59 Je n'y comprends plus rien à Philippe de Villiers.
23:01 Éclairez-nous.
23:02 J'accueille avec chaleur humaine un migrant qui vient vers moi, Jacques Attali.
23:09 Bienvenue au club.
23:12 Mais il faut savoir quand même que Jacques Attali, c'est l'artisan, l'un des inspirateurs de Maastricht
23:20 et l'un des inspirateurs de la constitution européenne de 2005.
23:25 Donc en 1992, il était à la manœuvre avec François Mitterrand sur Maastricht.
23:30 Et là, il nous disait "Vous, les anti-maastrichtiens, les Pasqua, Séguin, Villiers, Le Pen, Chevenemans,
23:45 vous devriez arrêter la politique parce que comme le dit mon ami Alain Minc,
23:52 vous n'êtes plus dans le cercle de la raison".
23:55 Et il y avait Jacques Delors, le démocrate chrétien, qui rappliquait derrière en disant
23:59 "Comment peuvent-ils, ces monstres, dire des choses pareilles ?
24:04 Ils veulent garder des frontières".
24:07 Alors que depuis la chute du mur de Berlin, on va vers les ponts,
24:13 on va vers la fin des frontières, on va vers l'ouverture,
24:17 on va vers un monde unique, on va vers la fin de l'histoire,
24:21 on va vers une Europe post-historique, post-nationale, post-territoriale.
24:26 Le seul espace de la démocratie, disait-on au Conseil de la Caine, c'est l'absence de frontières.
24:34 C'était la doctrine, c'était la religion.
24:36 Jacques Attali était le grand prêtre et voici que le grand prêtre, tout à coup, nous dit
24:40 "Ah mais on s'est trompé, mais j'aurais voulu être à la place du journaliste de service public pour lui dire
24:46 "Mais bonhomme, tu t'es bien planté, mais t'as planté tout le monde avec toi".
24:53 Michel Onfray me disait ce matin un truc que j'avais oublié, c'est la cerise sur le gâteau.
25:00 C'est qu'en fait, c'est lui, Jacques Attali, qui s'est vanté récemment
25:04 d'avoir introduit, instillé comme aurait dit Mitterrand,
25:09 un codicil dans le traité de Lisbonne pour qu'aucun pays ne puisse en sortir.
25:23 Il y a un codicil, un article qui interdit à tout pays de sortir du traité de Lisbonne d'exciter Jacques Attali.
25:32 Et donc en réalité, il est fier de son œuvre et le voilà qui, sans aucun contradicteur,
25:38 sur la chaîne de service public, France 5, c'est bien la chaîne du comité de salut public,
25:44 et donc qui dit "Mais voilà, on s'est planté".
25:49 Et attendez, l'expression "l'Europe est une passoire", vous savez de qui elle est ? Votre serviteur.
25:54 Et à chaque fois que je disais ça sur un plateau de télé, il fallait voir ce que je me prenais dans la gueule
25:59 d'Yvan Leval, etc., qui disait "mais c'est vraiment, c'est fascisant, ça rappelle la peste brune".
26:07 - Oui, mais il ne dit pas "on s'est planté" d'ailleurs.
26:09 - La vraie question qu'on s'est tous posé quand on a entendu cette déclaration, c'est pourquoi ce changement de pied ?
26:15 Moi j'ose une théorie, c'est soit les conséquences de l'immigration sont maintenant visibles au pied de l'endroit où habite Jacques Attali,
26:22 et à ce moment-là, il a ouvert les yeux à ce moment-là, soit il est quand même intelligent, il est quand même brillant, savant, etc.
26:28 Il a vu l'opinion complètement changer et il a épousé ça. Vous, c'est quoi votre théorie sur le changement de pied ?
26:35 - Moi, depuis que j'ai écouté le pape, je suis dans l'humanitaire, je lui donne sa chance. Il est sincère.
26:41 - Non mais en fait, ce n'est pas le seul Jacques Attali, c'est la déclaration fracassante qui vient prouver qu'il y a un petit mouvement d'une partie des élites malgré tout,
26:47 qui durcit le ton sur l'immigration parce qu'il y a une prise de conscience globale.
26:51 - Non mais c'est simple, on a une Europe aujourd'hui qui est soumise à l'OTAN comme jamais, elle n'existe pas cette Europe.
26:58 Où elle est la souveraineté européenne de Macron, discours de 2017 à la Sorbonne.
27:03 Et on a une Europe qui se décompose sous la pression de l'immigration et qui devient effectivement une société multiculturelle.
27:11 Donc Jacques Attali, il a peur, il a peur de son œuvre.
27:14 Ça arrive dans l'histoire, ça arrive dans l'histoire que, vous savez, il y a beaucoup de grands hommes qui à un moment donné se sont repris.
27:24 Et sur la fin, on dit "je me suis planté".
27:30 - Bah c'est jusqu'à le regroupement familial bien sûr.
27:33 - C'est bien, ça plairait au peuple, la culpabilité.
27:38 - Mission.
27:39 - Mea culpa. Et qui permet le pardon, cette alchimie du sentiment qui convertit le mal en nouvelle chance.
27:43 Donc moi je pardonne à Jacques Attali en disant "mais venez avec nous, vous êtes un magnifique souverainiste Jacques".
27:49 - Philippe De Villiers, pardonnez-moi de vous dire ça, il n'y a pas de "mea culpa".
27:53 Il ne dit pas "on s'est trompé".
27:56 Il explique qu'aujourd'hui l'Europe est une passoire, mais il ne dit pas "nous avons été responsables de ses difficultés".
28:03 - Laissez-le tranquille, il est sur la route.
28:06 - Peut-être une chose aussi.
28:08 - Ah allez, un dernier mot.
28:10 - Peut-être aussi la grande peur des européistes et des gens qui ont construit l'Europe, de voir l'Europe aujourd'hui mourir sous les coups de l'immigration.
28:15 L'Empendouza, peut-être que c'est un choc pour lui.
28:17 Vous pensez que l'Europe va mourir à cause de cette crise ?
28:19 - Je pense que déjà, regardez comment elle est tirée à eux et à dire.
28:25 L'Angleterre est partie, elle n'a pas demandé son reste.
28:29 Entre l'Allemagne et la France, je ne sais pas si vous êtes au courant, mais ça se passe très mal.
28:33 Entre la France et l'Italie, ce n'est pas le grand amour.
28:37 En fait, j'avais un ami, Dominique Souchet, un grand diplomate, qui me disait hier
28:41 "la France s'est fâchée avec tous les pays qui assurent sa sécurité".
28:44 C'est-à-dire qu'il n'y a plus de diplomatie.
28:46 Macron a cassé le corps diplomatique, il l'a supprimé.
28:52 Et la seule chose qu'il a faite, il a créé un poste d'ambassadeur au LGBT.
28:58 C'est le seul acte notable des dernières...
29:02 Donc forcément, il ne sait plus quoi faire.
29:05 Ils font n'importe quoi, parce qu'ils voient que le destin de cette Europe est en train de s'échapper.
29:13 Et l'Ukraine, ça ne se passe pas très bien, contrairement à ce que la propagande raconte.
29:18 Et donc, on continue à financer, on continue à financer, et pendant ce temps-là, on abandonne l'Arménie.
29:23 On abandonne l'Arménie.
29:24 - On va en parler dans un instant, du haut au carabar.
29:26 - Parce que c'est grave ce qui s'est passé.
29:28 L'Union européenne a failli, c'était un naufrage.
29:32 - Philippe, on parlera évidemment, Philippe Devilliers, du haut au carabar dans cette deuxième partie.
29:37 Je voudrais qu'on revienne sur ce qui va se passer demain.
29:40 Il y a cette visite du Pape, qu'on est en pleine Coupe du monde de rugby,
29:44 qu'il y a une menace terroriste importante des policiers qui sont sollicités au quotidien.
29:49 Il y a une manifestation qui va être organisée à l'appel de la CGT, de la France Insoumise, d'Europe Écologie-Les Verts,
29:54 du syndicat de la magistrature, tiens, tiens, notamment, d'une centaine d'associations, un peu partout en France.
30:00 Je cite "contre les violences policières, le racisme systémique et pour les libertés publiques".
30:05 Robert Ménard a réagi sur notre antenne cette semaine.
30:08 Il dit "cette manifestation est une honte, mais pas question de l'interdire".
30:12 - La manifestation de samedi, c'est une honte.
30:15 - Honte, l'interdire ?
30:16 - Je ne sais pas s'il faut l'interdire.
30:18 - Hier, à votre place, le préfet de police de Paris, Laurent Nunez, il a dit l'interdiction, non ?
30:23 - Non, je suis contre les interdictions dans tout un tas de domaines,
30:29 peut-être parce que toute ma vie, elle a été contre ça.
30:31 Je ne crois pas que ce soit la réponse, mais il faut dire ce qu'ils sont.
30:35 Il faut dire que ces gens-là qui se présentent comme les défenseurs des plus faibles,
30:40 les plus faibles dans nos quartiers, c'est eux qui veulent le plus de police.
30:45 - Bon, pas d'interdiction pour Robert Ménard et pour vous.
30:48 On aurait dû l'interdire, cette manifestation.
30:50 - Oui. - Pourquoi ?
30:51 - Parce que la police, aujourd'hui, est le dernier rempart de la paix civile.
31:00 Les forces de l'ordre nous protègent.
31:05 Il y a une triple coïncidence.
31:09 Première coïncidence, c'est l'anniversaire, hélas, de la mise à mort de la jeune iranienne
31:19 qui a été exécutée parce qu'elle avait son voile de travers en Iran.
31:27 Or, ils font une manif pour la Baïa.
31:30 Deuxièmement, cette semaine, le ministre de l'Intérieur a étalé les chiffres,
31:38 pour la première fois, des risques exogènes et endogènes,
31:46 pour reprendre son expression, je crois.
31:49 Il y a un attentat qui est déjoué tous les deux mois, dit-il,
31:54 et il y a 5000 personnes aujourd'hui, en France, sur le territoire français,
31:58 qui sont des dangers publics.
32:01 Et donc, est-ce que c'est le moment de tirer dans le dos de la police ?
32:06 Ces gens-là, Mélenchon et les autres, ils tirent dans le dos de la police.
32:10 Et les gens qui tirent dans le dos de la police,
32:12 alors que la population française a besoin de la police,
32:16 et que beaucoup de policiers se font traîner derrière les voitures
32:20 parce qu'ils sont obligés de tirer sur des gens qui ne respectent pas leurs ordres.
32:27 – Vous parlez de refus d'obtempérer à Sochaux.
32:29 – Voilà.
32:30 Eh bien, c'est ça la honte, en fait.
32:34 Donc, moi, je pense qu'il y a des moments où on ne peut plus,
32:38 parce que là, il y a…
32:41 Et puis, troisième chose, Birmingham,
32:44 il y a la ville industrielle de Grande-Bretagne,
32:49 voient ériger une statue géante d'une femme voilée.
32:55 C'était la ville industrielle par excellence.
32:58 Et donc, c'est un symbole.
33:00 Donc, en fait, on voit que petit à petit, on cède du terrain.
33:04 Et laisser ces gens-là manifester contre la police,
33:08 c'est démoraliser la police.
33:10 S'il y a bien un corps social qui tient encore le choc
33:13 et qui se comporte de manière héroïque,
33:16 il nous reste les pompiers, la police, l'armée, les infirmières, les médecins,
33:21 tous les métiers à magistère qu'on les protège de grâce, qu'on les protège.
33:26 – Parlons à présent de Gabriel Attal
33:28 qui a fait de la lutte contre le harcèlement scolaire une priorité.
33:31 Le suicide de Nicolas le 5 septembre dernier et le drame de Trot.
33:35 Vous avez d'ailleurs, avec le journal du dimanche au froid,
33:37 révélé les échanges qu'il y a pu avoir.
33:39 La main courante, vous avez eu le témoignage de la maire
33:41 qui a parlé pour la première fois dans votre journal.
33:44 Le plan d'action du ministre se présente en trois étapes.
33:47 La première, un audit de l'inspection générale,
33:49 puis la création d'un plan d'action pour chaque semaine,
33:52 chaque académie, pardonnez-moi, et enfin une évaluation des résultats.
33:55 Cette semaine, il y a eu un cas de harcèlement, notamment par message,
34:01 et la police est allée chercher le harceleur dans la classe.
34:05 Vous allez écouter les parents d'élèves,
34:07 les représentants des parents d'élèves,
34:09 qui étaient plutôt choqués que des policiers entrent dans la classe
34:12 pour interpeller cet individu.
34:14 Ce qui a choqué deux gamins, c'était la force des policiers.
34:18 Cinq dans une classe, sincèrement c'est choquant.
34:21 Déjà quand on voit un policier avec sa tenue et tout, ça choque.
34:26 Alors cinq pour embarquer un gamin de 14 ans,
34:29 je pense qu'ils auraient pu faire autrement.
34:31 Choquant que des enfants dans l'établissement,
34:34 puisqu'on les confie à l'éducation nationale, soient interpellés par la police.
34:39 Je ne sais pas si c'est une procédure habituelle,
34:41 mais peut-être qu'il faudrait trouver d'autres solutions.
34:43 Des policiers qui interpellent un élève harceleur, est-ce que ça vous choque ?
34:49 Non.
34:51 Et je pense que, moi je suis surpris des premières décisions de Gabriel Attal.
35:00 Sur la baïa, c'est net, c'est courageux.
35:05 Et sur le harcèlement, je suis surpris parce que je ne pensais pas qu'il y aurait une rupture
35:12 aussi nette avec son prédécesseur qui était en train d'entraîner le mammouth à l'abîme.
35:19 Lui, il a pris le mammouth à bras le corps et il prend des décisions.
35:24 Mais il est au pied de la grille d'entrée.
35:31 Et maintenant tout commence.
35:34 Vous lui conseilleriez quoi à Gabriel Attal ?
35:38 Je lui dirais en trois mots, la blouse, le sanctuaire, le dépôt millénaire.
35:47 Alors la blouse, la société ne doit plus entrer dans l'école.
35:52 La société, les influences idéologiques, le wauquistan avec l'écriture inclusive dehors.
36:00 Si jamais il fait ça, alors là je fais un tweet, le champagne.
36:06 S'il fait ça, l'écriture inclusive dehors.
36:09 Et puis le LGBT, le LGBT n'a pas à intervenir dans les écoles comme l'association Outrance
36:17 qui était intervenue, je ne sais pas si vous vous souvenez, dans une école pour expliquer que les hommes peuvent être enceints, etc.
36:23 Les drag queens, tout ça, dehors.
36:26 Ce n'est pas la place. L'école doit être un sanctuaire.
36:30 Et dans le sanctuaire, il doit y avoir la mémoire vivante du dépôt millénaire.
36:35 Si on veut faire des petits français, et l'école elle sert à ça, à faire des petits français,
36:40 il faut qu'on leur offre nos héros, nos gloires et nos chefs-d'oeuvre,
36:43 sinon ils iront chercher d'autres héros, d'autres gloires et d'autres chefs-d'oeuvre.
36:46 Donc le roman national ou rien.
36:49 Et enfin, et là c'est un conseil plus personnel,
36:53 quand j'étais secrétaire d'État à la Culture, j'étais allé voir Jacques Chirac, puis François Mitterrand,
36:58 et je leur avais dit, voilà, si on veut donner aux jeunes français une verticalité sur le plan intellectuel et culturel,
37:10 faire un peuple amateur, faire un peuple amoureux, faire un peuple tout court,
37:15 il faut l'éducation artistique, c'est-à-dire la fréquentation des chefs-d'oeuvre,
37:21 l'apprentissage d'une ou plusieurs disciplines et l'histoire de l'art.
37:27 C'est-à-dire faire pour les disciplines de la sensibilité ce que Jules Ferry a fait pour les disciplines de la connaissance.
37:36 Si on fait cela, on va donner à chaque petit français un horizon, une sensibilité, et les sortir de l'exil de l'âme.
37:48 Ça, et puis planter un arbre.
37:51 C'est intéressant ça, planter un arbre, parce que vous savez que le président de la République a annoncé que chaque enfant de sixième devait planter un arbre,
38:00 et après cette déclaration, il a été critiqué.
38:02 Un enfant n'a rien à faire, pourquoi il planterait un arbre ?
38:05 C'est à tort, parce que moi j'ai fait ça en Vendée, quand j'étais président du conseil général, et j'ai observé la chose suivante.
38:12 À la Sainte-Catherine, chaque enfant plantait un arbre.
38:17 Un enfant qui plante un arbre, il regarde la vie différemment, parce qu'il s'inscrit dans le temps long.
38:25 Il regarde son arbre pousser, il le voit souffrir, parfois mourir,
38:30 il le voit grandir, il grandit avec cet arbre, et il a une manière de regarder le monde qui est différente.
38:39 Un enfant qui écoute le sanglot long du violon, et un enfant qui plante un arbre,
38:45 il pratique la doctrine de Saint-Exupéry, non pas se regarder les uns les autres dans l'empathie,
38:52 ça n'existe pas, c'est artificiel, mais regarder dans la même direction.
38:55 Vous ne donnez que de bons points dans cette seconde partie.
38:59 À Gabriel Attal et à Emmanuel Macron pour les arbres.
39:01 Et à Jacques Attali.
39:03 L'homme des bons points.
39:05 Mais non, mais c'est très... Attendez, pas un reproche que je fais à mon frère.
39:09 Mais bien au contraire.
39:11 La chaudrisation, on l'a redouté, elle arrive.
39:13 Vous êtes en train de me reprocher ma liberté.
39:15 Absolument pas, je ne vous reproche rien, j'écoute attentivement ce que vous allez dire sur ce dernier terme.
39:20 Parce que comme vous aviez été très critique cet été, à l'encontre de Gabriel Attal,
39:26 vous avez dit "j'ai été surpris", vous avez été bluffé par le ministre.
39:30 Oui, il vaut mieux dire les choses comme ça.
39:33 Mais simplement, attention, parce que...
39:35 Le défi est immense.
39:37 Maintenant, comme on dit dans le Tour de France, on a passé les étapes de plat.
39:41 On est au pied de la montagne.
39:43 Voyons si c'est un grimpeur.
39:46 Parlons de l'actualité internationale à présent.
39:50 Et dans l'actualité internationale cette semaine, il y a cette offensive armée de l'Azerbaïdjan
39:54 reprenant le contrôle d'une enclave du Haut-Karabakh, tenue par les Arméniens.
39:58 On le voit à l'image.
40:00 Des frappes dans une enclave où les Arméniens se sont affaiblis après plusieurs mois de blocus.
40:06 Écoutez, Franck Papazian, qui était l'invité de l'heure des pros, et hier Pascal Pro,
40:11 je vais vous poser cette question, ce sera notre dernière question, pourquoi l'Europe ne bouge pas ?
40:16 Aujourd'hui, il y a un risque de génocide.
40:18 Il faut que le monde se réveille, il faut que la communauté internationale se réveille.
40:21 Il faut envoyer des troupes d'interposition sur place, des casques bleus.
40:25 Il faut faire respecter la paix et il faut sauver le peuple arménien.
40:28 Le peuple arménien est en danger.
40:30 En 2023, le monde ne doit pas être régi uniquement que par les intérêts.
40:36 Aujourd'hui, il y a un peuple à sauver.
40:38 Il y a un peuple à sauver.
40:40 Et je pense justement qu'il n'y a aucun intérêt sur place.
40:43 Il serait bien inspiré de prendre cette initiative-là.
40:46 Pourquoi l'Europe ne fait rien aujourd'hui ?
40:49 Vous avez dit que je faisais des compliments.
40:54 Là, je ne vais pas faire un compliment.
40:57 C'est terrible ce que je vais vous dire.
41:01 L'Union européenne s'est déshonorée.
41:04 Madame von der Leyen a cédé à la pression de l'industrie allemande
41:15 qui craignait que Poutine coupe le robinet de gaz.
41:22 Elle a donc, contre tous les conseils avisés, décidé d'aller à Bakou.
41:32 Et à Bakou, elle a rencontré le président Aliyev.
41:37 Elle a même dit que c'était un homme fiable et de confiance.
41:41 Elle a conclu un accord avec lui pour récupérer du gaz,
41:47 12 milliards de mètres cubes, en 2023.
41:52 Et elle est rentrée à Bruxelles.
41:55 A cause du gaz, aujourd'hui l'Europe ne bouge pas.
41:58 On a échangé la liberté d'un peuple, le haut Karabakh,
42:04 contre le gaz azéri.
42:07 Et il se trouve que les spécialistes vous diront que ce gaz a la moitié russe.
42:13 Donc pour échapper au gaz russe, on est allés chercher le gaz azéri.
42:19 Et pour aller chercher le gaz azéri, on a accepté la contrepartie
42:24 de M. Aliyev et de M. Erdogan.
42:26 Vous nous foutez la paix sur l'Arménie.
42:28 Et moi je dis que c'est un crime.
42:30 Je connais les Arméniens, ce sont mes frères en génocide.
42:32 Je suis allé planter un arbre au Mémorial en 2008,
42:36 avec le président Sirkossian.
42:40 Et je suis retourné récemment, il y a un an, en Arménie.
42:45 Je suis descendu dans la fosse à Khorvirat,
42:48 là où a été enfermé pendant 13 ans Grégoire l'Illuminateur.
42:54 Enfermé, il aurait dû mourir, il n'est pas mort.
42:58 Et le roi qui le poursuivait, parce qu'il était chrétien,
43:04 le roi ne l'était pas, est tombé malade.
43:07 Et quand il est tombé malade, le seul qui a pu le guérir,
43:09 c'est Grégoire l'Illuminateur.
43:12 Et le roi l'a gracié.
43:14 Et Grégoire l'Illuminateur a fondé l'église chrétienne d'Arménie à Khorvirat.
43:21 C'est la première église chrétienne du monde.
43:25 C'est-à-dire que le christianisme est né,
43:29 la première terre chrétienne, c'est en face du mont Ararat à Khorvirat,
43:34 avec Grégoire l'Illuminateur.
43:36 Et donc, si on a un peu le sens des proportions,
43:39 le sens des vraies dimensions de l'âme,
43:42 si on a le sens de la perspective et un tout petit peu d'imaginaire,
43:47 on se dit, on ne peut pas laisser ce peuple mourir,
43:50 on ne peut pas laisser ajouter au génocide de 1915 l'ethnocide de 2023.
43:56 Oui, Madame Van der Leyen a du sang sur les mains.
44:00 Merci Philippe de Villiers pour cette émission.
44:02 Merci également à vous Geoffroy Lejeune.
44:04 Dans un instant, on se retrouve, puisque c'est le départ de l'heure des pros,
44:08 et on reviendra sur les déclarations très politiques,
44:11 en première partie, du pape François à Marseille.
44:14 À tout de suite.
44:15 [Musique]