Garantir le secret des sources - En toute subjectivité

  • l’année dernière
Avec Dov Alfon journaliste, et directeur de la publication et de la rédaction du quotidien Libération.

Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/dov-alfon-en-toute-subjectivite
Transcript
00:00 7h20 en toute subjectivité ce matin avec le directeur de la publication et de la rédaction
00:05 du quotidien Libération.
00:06 Dov Alfon, bonjour ! Bonjour Nicolas ! Dov, vous dénoncez cette semaine une offensive
00:11 judiciaire et gouvernementale contre le secret des sources qui tombe au plus mauvais moment.
00:16 Oui Nicolas, à la veille des états généraux de l'information qui devrait s'ouvrir
00:20 la semaine prochaine sous le haut patronage de l'Élysée et de Reporters sans frontières,
00:25 quoi de mieux pour détendre l'atmosphère que quelques arrestations de journalistes.
00:30 Et c'est ainsi que mardi dernier, vers 6h du matin, des enquêteurs ont débarqué
00:34 au domicile de la journaliste Ariane Lavrieux et l'ont placée en garde à vue, garde
00:39 à vue qui a duré 39h.
00:40 En cause, une enquête qu'elle a publiée dans Disclose prouvant que des informations
00:45 transmises par le RNF à l'Égypte dans le cadre de la coopération antiterroriste
00:51 avaient été détournées par le régime pour réprimer ses opposants.
00:55 Quelques heures après qu'Ariane Lavrieux ait été enfin relâchée, ce sont trois
00:59 journalistes de Libération, Ismail Alissa, Fabien Leboux et Antoine Chirère, qui étaient
01:04 convoqués pour être entendus en tant que suspects par la brigade criminelle de la police
01:09 judiciaire de Lille.
01:10 En cause cette fois-ci, une série d'articles sur la mort d'Amin Lecnoun, tué par un
01:14 policier de la BAC en juin dernier.
01:16 Dans leur enquête, les journalistes de Libération soulignent les manquements de l'IGPN et
01:21 de la justice d'instruction dans la conduite des investigations.
01:24 Tous ces articles dénoncent une vérité dérangeante et aucun n'a été démenti.
01:29 Traiter leurs auteurs comme suspects pour avoir fait leur métier, les soumettre à
01:33 un interrogatoire brutal pour découvrir leurs sources, franchir une ligne rouge qui n'aurait
01:38 pas dû être dépassée.
01:39 Et Dov, ces pratiques contre le journalisme ont ravivé des souvenirs anciens chez vous.
01:44 Oui Nicolas, j'ai connu ce genre d'intimidation, puisque avant de devenir directeur de l'IB,
01:49 j'étais le directeur du quotidien israélien Aharetz.
01:51 Un de mes journalistes, Uri Blau, avait été mis en examen pour avoir révélé que l'armée
01:56 israélienne avait falsifié des documents judiciaires pour pouvoir mener des opérations
02:00 illégales dans les territoires palestiniens.
02:02 J'avoue ne pas m'être attendu à trouver de pareille brutalité en France.
02:06 On les accusait d'être un quatrième pouvoir, voici les journalistes français, maintenant
02:11 soupçonnés d'être une cinquième colonne.
02:13 Ce message antidémocratique résonne dans le monde entier.
02:15 Le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, ne s'y est
02:20 pas trompé ce week-end.
02:22 Interrogé à l'ONU sur l'arrestation arbitraire du journaliste Stanis Boujakaïra Tshiamala,
02:29 il a rappelé l'arrestation en France de la journaliste Ariane Lavrieux pour illustrer
02:33 la parfaite légitimité de l'arrestation du journaliste congolais.
02:36 Au classement mondial de RSF sur la liberté de la presse, la France est cette année à
02:41 la 23ème place.
02:43 Elle était 11ème il y a 20 ans.
02:45 Il est temps de rejoindre les pays occidentaux qui ont inscrit le secret des sources journalistiques
02:50 dans la loi et d'arrêter notre dégringolade.
02:53 Merci Dove et à lundi prochain !

Recommandée