Avec Dov Alfon, journaliste, directeur de la publication et de la rédaction du quotidien français Libération.
Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/en-toute-subjectivite
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00:00 Nicolas Demorand : « 7h21 en toute subjectivité ce matin avec le directeur de la publication
00:03 et de la rédaction du quotidien Libération.
00:06 Bonjour Doval Font.
00:07 Dov, un terme qui revient dans l'actualité vous interpelle, l'avertissement que nous
00:13 traversons une crise démocratique.
00:16 Oui Nicolas, l'expression est d'abord apparue dans le communiqué de l'intersyndicale
00:19 sur la réforme des retraites, s'inquiétant, après l'échec de leur rencontre avec la
00:23 première ministre Elisabeth Borne, d'une situation où, je cite, « à la crise sociale
00:27 s'ajoute la crise démocratique ».
00:29 Or, selon un sondage via Voice publié ce matin par Libération, la crise démocratique
00:34 est là.
00:35 Plus de 3 Français sur 4, 76% des personnes interrogées, estiment la démocratie française
00:41 actuellement en mauvaise santé.
00:43 Là-dessus, 39% sont encore plus critiques, la jugeant même en très mauvaise santé.
00:48 Parmi les sympathisants d'Emmanuel Macron, le résultat est presque aussi alarmant comme
00:53 seuls 49% d'entre eux la trouvent en bonne santé, tandis que 51% de ses électeurs pensent
00:59 l'inverse.
01:00 Ajoutons-y des signes classiques de crise démocratique.
01:03 Une répression policière inouïe de violence contre des manifestants, une inflation qui
01:08 semble n'être une priorité pour aucun membre du gouvernement, et nous voici avec
01:12 la fameuse crise démocratique.
01:13 Ainsi, ils sont 74% à penser que la mauvaise santé de la démocratie est due au moins
01:21 en partie au fait que les élus sont déconnectés des réalités des Français.
01:26 Le premier à s'en inquiéter était Emmanuel Macron lui-même, ou tout au moins l'ancien
01:31 Emmanuel Macron.
01:32 Le 1er mai 2017, dans son grand discours avant le second tour qui allait l'amener à l'Elysée,
01:37 le futur chef de l'État promettait ainsi, je cite "un renouvellement démocratique,
01:42 vrai, profond, celui que nous portons depuis le premier jour parce que c'est la seule
01:46 réponse à la colère de nos concitoyens".
01:49 Il promettait donc d'instaurer une part de proportionnelle dans nos élections par
01:53 une réforme profonde.
01:55 Le président s'étant trompé de réforme, la crise démocratique est là.
01:58 Dove le président a annoncé vouloir reprendre la main très vite, dès ce soir en réalité ?
02:04 Sur quelle planète serait-ce possible Nicolas ? Sur quelle planète ? D'après le même
02:09 sondage qui rejoint là-dessus bien d'autres, plus d'un Français sur deux, 54%, trouve
02:16 la pratique du pouvoir d'Emmanuel Macron trop autoritaire.
02:19 Quand on regarde dans le détail, c'est même plus d'un tiers, 36% de l'électorat
02:23 d'Emmanuel Macron et 60% des retraités, pourtant la catégorie généralement la plus
02:28 acquise à sa cause, qui critiquent la manière de gouverner du président de la République.
02:32 Il est des étoiles dont la lumière nous arrive bien en retard.
02:35 Et il est possible que sur l'une d'entre elles, on est encore en 2017 et on attend
02:40 que le jeune président élu reprenne la main et mène des réformes.
02:43 Mais sur notre planète Nicolas, dans la réalité de la crise que traverse la France, Emmanuel
02:49 Macron doit avant tout réparer le lien avec nos institutions et notre démocratie.
02:53 à l'envers.