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Guillaume Durand reprend le chemin de la télévision vendredi 13 octobre après son cancer de la mâchoire. Il animera l’émission littéraire « Au bonheur des livres » précédemment présentée par Denis Olivennes, diffusée chaque vendredi à 23h. Son ambition : dénicher le nouveau « Bonjour Tristesse ». Il espère recevoir Patrick Modiano pour la première émission. Guillaume Durand a arrêté en juin dernier 15 ans de matinale sur Radio Classique .

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Transcription
00:00 Laurent Vallière, votre invité média aujourd'hui, revient à la télévision après son opération pour un cancer de la mâchoire.
00:05 Bonjour Guillaume Durand.
00:06 Bonjour à tous.
00:07 On est ravis de vous recevoir.
00:08 Je vous félicite de vous lever encore à 5h du matin ou à 4h du matin.
00:11 Ah bah oui, je peux vous saluer.
00:12 Je vous salue jusqu'au mois de juin dernier, donc bravo à vous.
00:15 Alors le 13 octobre…
00:16 C'est pas de l'aube.
00:17 Mais vous continuez à vous lever tôt, vous êtes arrivé très tôt pour cette interview.
00:21 Bah c'est une habitude, ça devient au bout de 15 ans, on ne peut pas s'empêcher de…
00:25 C'est un style de vie.
00:26 C'est un style de vie.
00:27 Donc ça sonne à… Vous vous réveillez à quelle heure ?
00:29 Ça ne sonne plus, mais je me réveille.
00:31 Alors le 13 octobre, vous reprenez l'émission littéraire de la chaîne Public Sénat "Au
00:35 bonheur des livres" que présentait jusqu'ici Denis Oliven.
00:38 Ça sera le vendredi à 23h.
00:41 Vous aviez déjà succédé à Bernard Pivot en 2001 sur France 2.
00:45 Et à Gilda, j'arrive toujours après celui qui a marqué l'espace.
00:50 Bon alors première question quand même, comment allez-vous ?
00:52 Bah ça va bien, ça va très bien.
00:53 Autrement je ne serais pas là ce matin.
00:55 J'ai parlé souvent de cette affaire parce que vous connaissez le livre, puisqu'on
01:00 est là pour parler de littérature, qui s'appelle "Marx, Frieds Orn", qui est un des premiers
01:04 grands livres sur le cancer, qui est un livre absolument admirable d'un bourgeois suisse
01:09 qui a l'impression que ce cancer finalement lui est tombé sur la tête parce qu'au
01:12 fond il explique ce qu'a été sa famille d'hypocrites, de zurich, etc.
01:17 Et ce livre quand je l'ai relu malade, je l'ai trouvé absolument insupportable parce
01:22 que j'ai l'impression, mais on parle de littérature quand on parle de maladie.
01:25 Il y avait une cause, que c'était une fatalité ?
01:27 Bah c'est-à-dire que voilà quoi, en fait j'étais dans mon lit au bord de quelque
01:30 chose parce que je devais expliquer quelque chose, en rien.
01:33 Une sorte de punition, il est terrible ce bouquin.
01:35 Exactement, voilà.
01:36 Et en fait j'ai jamais bu, j'ai fait une carrière de drogué très limitée, je ne
01:42 me rue pas sur le beurre, plus je ne sais pas quoi d'autre.
01:46 Donc c'est vraiment une sorte de destin qui s'abat sur vous avec des médecins formidables.
01:53 À la place de la mâchoire, ça ne va pas empêcher de parler dans "Au bonheur des livres".
01:56 J'ai ma jambe, donc je suis une sorte de cyborg.
01:59 Et il faut prendre ça avec une certaine forme de gaieté et espérer, parce que quand la
02:05 rentrée littéraire est là, que ce soit vous, Samia, moi et tous les gens qui aiment
02:09 la littérature, qu'est-ce qu'on se dit au fond ?
02:11 On se dit tout d'un coup on va tomber sur "Place de l'étoile" de Modiano, on ne
02:14 l'a jamais entendu parler, et on se dit tiens, Modiano arrive et des années après
02:18 il est prêt de Nobel de littérature.
02:19 On se dit qu'on va tomber sur "Extension du domaine de la lutte" de Houellebecq et
02:23 on se rend compte de la place que Houellebecq a pris dans le bon et dans le mauvais sens
02:27 dans la société française d'aujourd'hui.
02:28 Donc c'est ça qu'on attend.
02:29 Et arrivent 490 livres que vous lisez, que Samia lit aussi, que moi je lis par passion
02:36 et pour des raisons professionnelles.
02:37 Et on est à l'affût de ça.
02:39 On se dit tiens, bonjour Tristesse, où est-ce ?
02:41 Alors c'est une revanche de revenir ? C'était un rêve, vous vouliez revenir à la télé ?
02:45 Ah non, je me suis oublié avec moi.
02:46 Je n'ai pas l'intention de finir ma carrière avec, comment dirais-je, 25 formes de défibrillateur
02:53 plus une faire fusion.
02:54 Vous n'êtes pas de ceux-là, vous n'êtes pas de l'école Michel Drucker par exemple.
02:57 Ça fait très longtemps que moi je n'ai pas été comme ça, j'ai beaucoup abandonné.
03:00 En venant ce matin, je réfléchissais, jamais je n'ai demandé quelque chose.
03:05 Il y a toujours un type, là c'est Maldély.
03:07 Christophe Maldély, le président de Public Sénat.
03:09 Voilà, qui m'a téléphoné un jour en me disant, j'aimerais que tu reprennes, c'était juste après le Renaudot.
03:15 Parce que j'ai eu la chance d'avoir le Renaudot, donc j'en étais très fier.
03:19 Il m'a dit, écoute, ça serait bien que tu nous rejoignes.
03:21 J'avais travaillé avec lui à France 2, France Télévision, en grande liberté pour faire des émissions littéraires.
03:27 On disait qu'il avait des émissions sur l'Europe, auxquelles je tiens énormément.
03:29 Des émissions de musique, que je continue sur Radio Classique.
03:32 Et donc, j'ai dit oui, après avoir réfléchi.
03:36 Ça n'avait aucun rapport avec l'idée de carrière, elle est de loin derrière moi.
03:40 Alors, qu'est-ce qu'il faut changer ?
03:41 Vous aviez repris la succession de Bernard Pivot et de son Bouillon de Culture avec Campus en 2001.
03:46 Qu'est-ce qu'il faut faire aujourd'hui comme émission littéraire en 2023 ?
03:49 Il y a déjà la grande librairie d'Augustin Trappenard, alors comment ça va ?
03:52 D'abord, le constat c'est qu'il y en a très peu.
03:55 Et que ce soit, enfin, prenez les choses, peinture, zéro.
03:59 C'est dur de faire aimer ces arts-là au grand public, le livre comme la peinture.
04:05 Sonia, vous savez, le problème c'est qu'on est très coupable.
04:09 C'est-à-dire qu'on surcommande l'intervention du président de la République hier soir.
04:14 Et on sous-commande la rétrospective de Nicolas Destal au Musée d'Art Moderne.
04:19 C'est de notre faute.
04:21 C'est-à-dire que, c'est évidemment la vie sociale, mais on est en...
04:25 Ce qui est le contraire de la littérature, la littérature c'est vous.
04:28 Alors, de quel livre vous avez envie de parler, de faire découvrir à vos téléspectateurs,
04:32 vous qui faites partie du prix Maison Rouge à Biarritz et qui avez lu beaucoup de livres cet été ?
04:37 On a deux solutions quand on démarre après les autres.
04:40 C'est soit on reprend les livres dont tout le monde a parlé,
04:43 Western, de Maria Pourchet ou d'autres livres.
04:46 Soit on se dit qu'on va aller vers quelque chose qui est lié plus à l'actualité.
04:50 À ce moment-là, vous pouvez lire Gaspard Koenig qui a publié "Houmous"
04:54 ou Thomas Gunzig, le belge, qui écrit "Rocky, dernier rivage"
04:58 qui sont sur le thème de l'écologie post-apocalyptique.
05:02 Donc là, on est dans la littérature, mais pas l'actualité.
05:05 Ou alors, vous vous dites, on va trouver un normalien de 24 ans
05:08 ou une jeune femme qui sort d'on ne sait pas où,
05:11 comme avait été Jean Roux à l'époque quand il était kiosquier.
05:14 Et on va essayer de le faire ou de la faire découvrir aux gens.
05:17 Et vous avez choisi quoi alors ?
05:18 Et bien, on n'a rien choisi du tout parce qu'on attend...
05:21 Patrick Modiano, c'est ça ? Vous espérez qu'il vienne ?
05:23 Alors, on aimerait bien que Modiano vienne pour "La danseuse"
05:25 parce que ça sort juste au moment où l'émission démarre.
05:28 Donc on serait dans l'actualité.
05:30 Mais si notre prix Nobel de la littérature, chéri,
05:33 préfère rester chez lui ou plutôt faire ce qu'il a envie de faire,
05:37 on ne va pas le forcer.
05:38 Guillaume Durand, d'autres journalistes de votre génération,
05:40 je pense à Jean-Claude Dassier, Gérard Carré-Roux,
05:42 sont devenus éditorialistes à CNews.
05:44 Vous, ça ne vous a jamais tenté de faire chroniqueur ?
05:46 Je l'ai fait. D'abord, je l'ai beaucoup fait dans la presse écrite.
05:48 J'ai écrit dans "L'Opinion" pendant des années.
05:51 Je pense que je vais recommencer dans "Le Parisien" dans peu de temps.
05:55 Mais cette année, après cette espèce de "bunding" pris dans la tête,
05:59 je me suis dit que je n'allais pas rentrer le 29 août ou le 25,
06:03 mais plutôt le 25 septembre et prendre un mois de plus.
06:06 Ça fait 15 ans que je me lève à 5 heures du matin, du calme.
06:11 Et en plus, j'ai la chance d'avoir fait une carrière longue.
06:17 Mais franchement, je crois que les gens qui me connaissent
06:19 savent que je ne suis pas vraiment carriériste.
06:22 Pour une raison simple, ce n'est pas du tout une question d'un trait de caractère,
06:25 parce que je m'intéresse à beaucoup d'autres choses
06:28 qui me permettent de vivre très tranquillement,
06:31 en plus de ma carrière grand public,
06:33 quand elle va bien ou quand elle va très mal.
06:35 Parce que ça m'est aussi arrivé de vivre soit les traversées du désert,
06:38 soit les choses violentes.
06:40 Donc, cet arrière-cours, par exemple la peinture,
06:45 ça m'aide beaucoup, la vie de famille, mes enfants.
06:49 Et ça nourrit les livres et ça nourrit l'envie de lire surtout.
06:52 Merci Guillaume Durand.
06:53 Merci à vous.
06:54 Au bonheur des livres, c'est donc le 13 octobre prochain sur Public Sénat.
06:57 Merci Laurent.

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