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Si les actions humaines constituent une forte menace pour la biodiversité, le numérique et ses impacts environnementaux accélèrent ce phénomène. Outre la multiplication des data centers et le développement des objets connectés, toute donnée stockée en ligne consomme de l'énergie. Alors que toutes les prévisions indiquent une explosion de la consommation de data, comment allons-nous optimiser cette augmentation ?

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Transcription
00:00 Alors on termine cette édition qui est consacrée à l'empreinte environnementale, l'empreinte
00:10 sociétale du numérique avec notre rendez-vous avec Vanessa Coruggi qui est juriste environnement,
00:17 membre du Cercle de la Donnée. Bonjour Vanessa. Aujourd'hui on va prolonger la réflexion
00:23 ensemble sur ce thème de l'empreinte environnementale de la donnée, l'empreinte sur le vivant.
00:27 Pourquoi déjà avoir décidé de s'intéresser à ce sujet précisément au sein du Cercle ?
00:33 Alors on s'y intéressait parce que quand on pense à l'empreinte environnementale du numérique,
00:39 on pense principalement au data center, fabrication de nos objets connectés. Il y a beaucoup
00:44 d'informations sur le sujet et c'est là que se situent les principaux impacts. Donc l'objet
00:49 des questionnements ici c'était d'aborder la question de la matérialité de la donnée elle
00:53 même et d'apporter la nuance dans ce qu'on a coutume de considérer comme étant dématérialisé
00:59 dans l'information numérique. Et la dématérialisation c'est le terme qui est utilisé pour parler de la
01:05 transition du papier vers le numérique et ça donne l'impression d'une information qui serait
01:10 éthérée. Mais cette donnée elle a absolument rien d'éthéré. La DEME par exemple estime qu'une
01:18 donnée numérique, typiquement un like sur un réseau social ou une recherche internet parcourt
01:23 à peu près 15 000 kilomètres par an, par action, ce qui correspond à un tiers de la circonférence
01:32 de la Terre. Or ces kilomètres sont parcourus via des infrastructures, des câbles qui sont posés au
01:37 fond des océans et via des satellites qu'on envoie par fusée. Donc l'idée c'était d'engager une
01:44 réflexion sur les impacts très concrets de la donnée numérique en amenant le sujet vers celui
01:50 de l'impact sur le vivant et plus particulièrement sur la biodiversité. Donc ces réflexions
01:56 rejoignent les réflexions sur les impacts sur la santé humaine qui ont déjà été abordées je
02:02 crois dans l'une des émissions précédentes, dans l'optique de se dire comment est-ce qu'on tend
02:07 vers une sobriété qui serait plutôt choisie que subie, notamment dans le domaine du numérique.
02:13 Alors justement comment vous faites ce lien entre la donnée et la biodiversité ?
02:17 Alors effectivement c'est pas forcément très intuitif. Depuis quelques années il y a beaucoup
02:24 d'études très étayées qui sont publiées concernant l'impact environnemental du numérique,
02:29 en prenant les différents aspects, l'ARCEP, l'ADN, GreenIT, SheetProject,
02:35 pour en citer que quelques-uns. Mais leur approche, comme pour l'écrasante majorité des outils de
02:40 mesure de l'impact environnemental, se concentre sur les émissions de gaz à effet de serre. Elle
02:46 est donc très carbone-centrée. Donc le sujet n'est évidemment pas de discuter du réchauffement
02:52 climatique et de ses origines actuelles, mais plutôt d'apporter un éclairage sur ce qui est
02:57 à notre sens un angle mort de beaucoup d'études d'impact environnementaux, qui est celui de
03:02 l'impact sur la biodiversité. Je me permets juste de rappeler en quelques mots ce que c'est que la
03:07 biodiversité. C'est une diversité biologique, donc la diversité du vivant, qui a plusieurs
03:12 composantes, les milieux, les espèces et la diversité des espèces, donc leur diversité
03:19 génétique, et l'ensemble des relations entre ces trois niveaux. On parle de tissu vivant de la
03:25 planète, avec l'idée que si on tire une maille, il ne se passe pas forcément grand-chose, mais si
03:30 on en tire deux, trois, quatre, cinq, c'est tout le tissu qui se défait. Et aujourd'hui, on tire
03:34 sur beaucoup de mailles en même temps, et c'est ce sur quoi nous alertent des scientifiques. Donc
03:40 tout le monde a entendu parler du GIEC, beaucoup moins de l'IPBES, qui est l'équivalent du GIEC
03:45 pour la biodiversité. Et ensemble, ces scientifiques nous alertent sur le fait que ces deux enjeux sont
03:50 à traiter ensemble. Donc l'idée de l'étude ici, c'était d'amener dans le débat la matérialité de
03:57 l'empreinte écologique de la donnée sur le vivant, en complément de la mesure gaz à effet de serre.
04:02 Certains outils des analyses de cycles de vie, alors très peu, concernent les ressources naturelles
04:09 abiotiques, donc non vivantes, et déduisent des impacts sur les écosystèmes. Nous, on n'a pas
04:15 identifié de critères qui permettent de prendre en compte le vivant en tant que tel. Or, on dépend des
04:20 cycles du vivant, des milieux naturels, des espèces sauvages, au moins autant que d'un climat vivable,
04:25 et d'ailleurs les sols, les espèces et le climat ont des rétroactions l'un avec l'autre. Et on a
04:32 tendance à l'oublier, mais on fait partie de ce système du vivant. La dégradation, elle est
04:36 multifactorielle et l'idée, c'est évidemment pas tirer à boulet rouge sur le numérique, mais il y a
04:40 clairement des efforts à faire dans tous les secteurs, et le numérique et la donnée ne fait
04:46 pas exception, surtout avec l'ampleur qu'il est amené à prendre dans les années et les décennies à venir.
04:52 Vannée Sakuroudji, merci beaucoup. Juriste environnement, membre du Cercle de la Donnée, c'était Smartech.
04:56 Merci à tous de nous suivre régulièrement sur Bsmart, en podcast et sur les réseaux sociaux aussi, et en replay.
05:01 [Musique]

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