Dans une étude du Cercle de la Donnée consacrée à « l’empreinte des données numériques sur le vivant », une dizaine d’experts ont mis à jour l’empreinte matérielle de ces données, notamment en matière de santé. Mais alors, faut-il cesser cet usage croissant des données dans le système de santé à l’heure où l’IA nous promet tant de progrès ? Réponse avec Pierre Billard, médecin du sport de la Maison Sport Santé de Meaux et membre du Cercle de la Donnée.
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00:00 Nous sommes connectés avec un docteur, docteur Pierre Billard, médecin du sport de la maison
00:09 Sports Santé de Maux, également membre du Cercle de la Donnée pour une chronique sur
00:15 le monde de la donnée et son impact sur notre santé, un impact bien physique.
00:20 Bonjour Pierre.
00:21 On va reprendre une conversation qu'on a depuis quelques temps avec le Cercle de la
00:26 Donnée à propos de cette étude qui est consacrée à l'empreinte matérielle du numérique,
00:32 cette empreinte sur le vivant.
00:33 Une dizaine d'experts ont mis à jour cette empreinte.
00:36 Cette étude a vocation à interpeller à la fois la société mais aussi les pouvoirs
00:41 publics de ces problématiques en rapport avec la collecte massive de données.
00:45 Vous vous abordez en particulier cet impact sur la santé.
00:49 A première vue, ce n'est pas une évidence.
00:52 Vous allez nous éclairer sur le sujet.
00:54 Oui, merci et bonjour.
00:57 Effectivement, à première vue, ça peut ne pas sembler parfaitement évident ce lien
01:02 entre santé physique et données, peut-être par le caractère assez abstrait et immatériel
01:09 de la donnée.
01:10 J'ai d'ailleurs été associé secondairement à cette étude du Cercle de la Donnée qui
01:15 abordait initialement la santé par le prisme de la santé mentale, par le biais de Sophie
01:21 Mollaveau qui est intervenue sur cette antenne et qui a participé à la rédaction de la
01:27 rubrique portant sur l'impact extrêmement délétère sur la santé mentale.
01:31 Mon intervention a permis d'élargir la réflexion à deux autres domaines de la santé plus
01:38 organiques, la partie maladie et la manière de les prendre en charge.
01:42 On peut identifier au moins deux problématiques pour schématiser.
01:48 La première est celle des écrans, sachant que les écrans constituent réellement la
01:52 première interface entre la donnée et son usager.
01:54 Et là, pour le coup, les effets sur la santé organique sont parfaitement décrits.
01:58 Et le deuxième est celle du poids de la donnée dans l'organisation des soins, qui est un
02:02 petit peu moins lisible et un petit peu moins étudiée, mais qui touche pourtant une modification
02:07 sur l'exercice de la médecine et celle plus globalement de l'organisation du système
02:11 de soins.
02:12 Alors, est-ce qu'il faut s'inquiéter de ce temps d'écran que l'on passe et qui est
02:18 de plus en plus important dans notre quotidien ? Comment vous réagissez face aux applications
02:23 qui nous font faire du temps d'écran mais qui nous incitent à davantage d'activités
02:29 physiques et à diminuer le temps de la sédentarité ? Quel est votre regard là-dessus ?
02:33 Oui, globalement, il faut s'inquiéter.
02:37 Il y a effectivement des applications qui ont vocation, qui permettent de diminuer
02:42 le niveau de sédentarité ou d'augmenter le niveau d'activité physique.
02:45 Donc là, je pense à quelques exemples de notifications ou d'alertes pour passer un
02:51 certain temps assis, faire quelques exercices pour rompre ces temps de sédentarité.
02:55 Je pense également aux applications qui permettent d'inciter à multiplier le nombre de pas
03:02 dans la journée ou à favoriser les déplacements actifs.
03:04 Et puis sur le champ de l'activité physique, on a également réellement des séances d'activité
03:11 physique encadrées en ligne pour favoriser des séances d'accès plus pratiques.
03:16 On peut avoir des partages et enregistrements d'agenda d'activité physique à communiquer
03:21 à tous ses proches pour l'aspect motivationnel.
03:24 Donc oui, il existe des applications qui vont dans ce sens.
03:28 Malheureusement, ce ne sont hélas pas la majorité des applications puisque finalement,
03:34 on a une profusion d'applications qui au contraire augmentent significativement le
03:38 temps passé devant un écran.
03:40 Et on voit que le temps moyen d'usage des écrans dans toutes les tranches de la population
03:45 ne fait que croître et en particulier chez les plus jeunes.
03:49 Or, il est parfaitement établi depuis longtemps que le niveau d'activité physique baisse,
03:56 sachant que les écrans arrivent comme première concurrence chez l'enfant face à l'activité
04:01 spontanée qu'il va vouloir avoir.
04:04 Et donc le niveau de sédentarité, c'est-à-dire le nombre d'heures qui va rester planté
04:08 derrière son écran.
04:09 Donc ces deux éléments ont un impact majeur sur la santé avec une augmentation du nombre
04:14 de maladies chroniques, plus de maladies inflammatoires, plus de cancers, plus de maladies métaboliques.
04:19 On voit l'augmentation de l'obésité, l'augmentation du diabète, l'augmentation
04:23 de toutes les maladies cardiovasculaires et qui de surcroît apparaissent de plus en plus
04:26 tôt.
04:27 Et au final, une augmentation de la mortalité.
04:31 Donc finalement, une population qui avec cette exposition majeure au temps d'écran
04:36 augmente leur sédentarité et je passe rapidement sur les troubles du sommeil et les troubles
04:40 musculosquelettiques associés sont responsables d'une finalement baisse de la qualité de
04:46 vie et une augmentation de la mortalité.
04:49 Autrement dit, l'irruption dans le monde virtuel, dans notre quotidien, c'est extrêmement
04:54 délétère sur la santé et puis on ne voit pas visiblement de changement de trajectoire
04:59 actuelle, même s'il y a une prise de conscience sur ces sujets.
05:02 Prise de conscience, notamment grâce à des rapports comme celui auquel vous participez
05:07 avec le Cercle de la Donnée.
05:09 Merci beaucoup docteur Billard.
05:10 Je rappelle que vous êtes médecin du sport de la Maison Sport Santé de Maux et également
05:14 membre du Cercle de la Donnée.
05:16 Merci à tous de nous suivre.
05:18 C'était Smartech.
05:19 J'étais très heureuse d'animer cette émission et je vous dis à très bientôt.
05:22 [Musique]