Luc Besson dans TPMP !

  • l’année dernière
TOUCHE PAS À MON POSTE : 100% médias, 100% darka ! 


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00:00 très heureux de vous voir. - Merci de m'avoir invité.
00:02 - Non, c'est un plaisir. Alors Dogman, je l'ai vu, c'est exceptionnel.
00:07 Ça sort demain au cinéma. C'est l'histoire...
00:09 Alors, c'est une histoire vraie, à la base, le départ.
00:11 - Oui, le tout petit départ. - Le tout début.
00:12 Après, c'est parti. Voilà.
00:14 Le tout début, c'est quoi qui est vrai pour nos téléspectateurs ?
00:16 - Non, c'est un petit garçon qui n'est pas très bien traité par sa famille.
00:20 - C'est le moins qu'on puisse dire.
00:23 - Et qui, en fait, va être élevé par une meute de chien.
00:26 - C'est ça. - Ils vont lui donner tout l'amour
00:28 dont il a besoin pour... Pour exister, pour être qui il aimerait être.
00:34 Et après, ça devient un peu une fable sur les 150 vies de ce petit garçon
00:39 qui va passer par... C'est un peu Forrest Gump.
00:41 - Ouais, c'est ça. - Il va passer par tous les états.
00:43 Et on le suit, en fait, à travers toute sa vie.
00:46 - C'est vrai que quand j'ai vu le film... Je te l'ai dit, d'ailleurs, après.
00:50 Je vous l'ai dit après. C'est vrai que je me suis dit...
00:52 Il y a que Luc Besson pour faire ça.
00:54 Je me suis dit, franchement, il faut vraiment avoir un esprit de fou
00:58 pour le faire. Moi, tu vois, je pourrais pas faire ça.
01:00 Non, mais je te jure. T'es parti sur un truc.
01:02 Et après, c'est vrai que c'est incroyable.
01:03 Qui l'a vu, ici, le film ? - Luc Besson.
01:05 - Tout le monde. Pratiquement tout le monde.
01:06 Gilles, franchement. - C'est un chef-d'oeuvre.
01:09 - Ouais, moi aussi, je trouve que c'est un chef-d'oeuvre.
01:10 - C'est un chef-d'oeuvre parce que ça vous prend du début à la fin.
01:13 Vous êtes sous tension. Et cette tension, elle est à la fois
01:15 à grand spectacle, comme vous savez le faire, et aussi intimiste.
01:18 L'acteur Caleb Landry-Jones, c'est un rôle incroyable.
01:22 C'est mieux que le fameux Joker.
01:23 Il y a quelques similitudes, c'est encore mieux.
01:25 Son face-à-face avec la psychiatre est incroyable.
01:28 Toutes ces scènes-là sont extrêmement tendues.
01:31 Votre réalisation est fabuleuse.
01:33 Je ne sais pas, j'ai vu tous vos films, je ne sais pas si c'est pas le meilleur.
01:36 Et très franchement, on se régale du début à la fin.
01:38 Cyril le disait, un film à voir en famille.
01:42 On ne sait plus très bien si on aime les hommes ou les chiens en le voyant,
01:45 mais c'est ça qui est incroyable.
01:46 Et bravo de savoir si bien raconter des histoires.
01:48 Merci. - C'est vrai.
01:50 Et c'est vrai qu'on a fait tout le film, on a peur pour les chiens.
01:53 - Ouais.
01:53 - Tout le film, on se dit voilà, et c'est vrai qu'il y a une relation.
01:58 Est-ce que vous avez une relation particulière avec les chiens ?
02:01 - Enfin, les animaux en général. - C'est ça, ouais.
02:03 - Entre le grand bleu, Atlantis. - C'est ça, exactement. C'est pour ça.
02:06 - J'aime beaucoup les chiens, mais les poules, les dauphins, les Raymontas.
02:10 - OK, très bien. Prochain film donc sur les Raymontas.
02:14 Vous nous avez fourni quelques images du making-of du film, regardez.
02:17 - Mon travail est plus compliqué avec des chiens qu'avec des humains.
02:21 Ça reste un animal, donc quoi, il n'a pas envie, il n'a pas envie.
02:25 - Benji ! Benji ! Benji ! Benji !
02:28 - Allez, on va monter. - Set !
02:30 - Alors sur le film Dog Man, j'étais là pour tout ce qui était doublage de cascade aux mordants.
02:39 C'était moi qui me faisais mordre par les chiens.
02:41 Je vais faire un passage du petit boulet, du petit chien.
02:49 Comme ça, après, moi, je peux faire le chien qui rentre dans le trou au moment où lui, il rentre.
02:53 - Bravo !
02:59 - Luc, est-ce que c'est un des films les plus importants pour vous ?
03:07 Parce que j'ai... Voilà, je vous dis, vous avez fait 11 films d'y série.
03:10 - Le petit dernier, c'est toujours quand même... Voilà.
03:12 - Mais celui-là, il est important pour vous. - Ouais, ouais, il est très important.
03:16 J'ai Christophe Carrière qui m'a écrit, qui me dit, qu'il a trouvé...
03:20 Tu me sais discret, mais là, je peux m'empêcher, Dog Man est la marque, la résurrection d'un grand cinéaste.
03:24 Alors résurrection, il n'a jamais disparu, mais c'est...
03:27 - En retour ! - Non, mais...
03:28 - Géraldine, tu l'as vu ? - Oui, oui.
03:30 Alors moi, j'ai trouvé que c'était un grand cru bessonien.
03:32 Alors personnellement, j'ai adoré Le Grand Bleu, Nikita, Léon, Saboué.
03:35 Donc du coup, j'y ai allé avec aussi Une après-enfant,
03:37 parce que quand on aime beaucoup des grands films comme ça qui vous ont marqué.
03:40 Et franchement, moi, j'ai retrouvé tous vos thèmes de prédilection,
03:43 l'enfance malmenée, l'anti-héros, anti-système, l'enfant aussi tabassé, ravagé,
03:49 et malgré tout, la résilience, et le côté justement humain des animaux et l'inhumanité des humains.
03:55 Donc voilà, évidemment, j'ai adoré ce film.
03:57 J'ai trouvé que c'était un film très fort, très beau visuellement,
03:59 une musique extraordinaire, des acteurs extraordinaires, une très belle mise en scène.
04:03 J'ai vu aussi une mise en abyme, mais on en parlera peut-être plus tard dans l'interview.
04:07 – Parce qu'en fait, je vous ai vu, vous, dans "Syne" tout le temps, tout le long.
04:11 – Ah bon ? – Oui, tout le temps.
04:13 – C'était le chien ou c'était le... ?
04:15 [Rires]
04:17 – Avec les gros de 80 kilos, avec les...
04:19 – Il est incroyable. – Le côté abandonné,
04:22 mais malgré tout résilient et qui se bat.
04:24 – Moundir, je sais que tu viens avec, parce que tu voulais absolument rencontrer Luc Besson.
04:27 – Oui, absolument. Moi, qui lui crue qu'un jour, je serai en face de vous, M. Besson,
04:32 moi qui suis des quartiers, justement, aussi de l'immigration,
04:35 on vous aimait beaucoup dans le quartier parce que vous avez été l'un des premiers,
04:38 en tout cas producteur, à mettre de la diversité dès le début avec Yamakasi.
04:42 Ma première projection presse, alors j'étais comme un enfant, bien évidemment,
04:47 et de ce que j'ai vu, j'ai ressenti quand même une belle âme et une âme familiale,
04:51 parce que j'ai appris que c'était votre fille qui produisait.
04:53 – Votre femme. – Votre femme, pardonne-moi.
04:56 Votre femme, et bien évidemment, moi, je suis très touché de vous voir en face de moi.
05:00 En tant que moi, je devrais faire la queue au casting pour un de vos films,
05:03 j'ai préféré être là où je suis, face à vous, et je tenais à vous remercier
05:06 parce que je suis aussi de cette génération de Léon et tout ça, et merci beaucoup.
05:10 C'est un vrai chef d'oeuvre et vous en faites encore d'autres.
05:12 – T'es la génération de Léon de Bruxelles. – Ah bon ?
05:14 [Rires]
05:16 – Ça n'a rien à voir.
05:18 – Et vous disiez que les spectateurs vont au cinéma pour approcher une certaine vérité.
05:22 Moi, j'ai eu la mienne, en tout cas.
05:24 Merci beaucoup, ça me touche beaucoup.
05:26 Vous allez finir par me faire pleurer, hein ?
05:27 – Non, on n'est pas là pour ça.
05:29 La dernière fois que j'ai pleuré, c'est quand je suis allé manger chez Gilles Verdet.
05:31 [Rires]
05:34 – Vous avez fait une belle surprise, Luc, parce que Lily, un des chiens du film,
05:38 est accompagnée de son dresseur, ils vont ensemble nous faire une petite démonstration.
05:40 Je tiens à dire que Daniel Moreau a très peur des chiens.
05:42 Il y a même ceux qui remusent.
05:44 – Je ne sais pas comment être en nom, mais t'es un chien.
05:46 – Daniel, t'inquiète pas, il va être là, t'inquiète pas,
05:48 et puis t'as Gilles et Mounir à côté de toi, c'est parti.
05:50 – J'adore.
05:52 – Qu'est-ce qu'il va se faire ?
05:54 – C'est un des chiens qui a les rôles principaux.
05:56 – Ah oui, c'est le malheur.
05:58 – Comment ça va ? Merci d'être là.
06:00 – Avec plaisir.
06:02 – Alors, on va faire une petite démo là, pas loin de...
06:04 Est-ce que pas à côté de Daniel ?
06:06 – Oui, je vais être à côté de Daniel.
06:08 – Alors, ça, normalement, il faut le mettre au truc.
06:10 – Voilà.
06:12 – Alors moi, je l'ai déjà fait. Par contre, tiens, qui veut le faire ?
06:16 – Moi, je veux bien. – Mounir, tu veux le faire ou quoi ?
06:18 – Moi, je veux bien. – Tu veux le faire ?
06:20 – Oui, je veux bien.
06:22 [Applaudissements]
06:24 – Lili, c'est quoi comme chien ?
06:28 – Lili, c'est une femelle bergère allemande.
06:30 – Exactement. Elle est très belle.
06:32 – Vous pouvez l'applaudir.
06:34 – Dans le film, elle est incroyable.
06:36 C'est un truc de fou.
06:38 – Elle est super et c'est avec elle, justement,
06:40 qu'on a fait les scènes de mordant.
06:42 Ou le pendu, ou quand elle me mord la main.
06:46 – Exactement. Tu veux essayer ?
06:48 – Oui, je veux bien. Qu'est-ce qu'il faut faire ?
06:50 – Alors, les gens, ils me connaissent.
06:52 – Un petit bonjour. – Un bouffet.
06:54 – Cher connaissance. Bonjour, Lili.
06:56 – Salut, Lili. – Lili, viens.
06:58 – Vous en avez un chien pour aller dans le camion.
07:00 – Lili, assis. Pas bouger.
07:02 [Rires]
07:04 – C'est, comment dirais-je, en fait, dans le film,
07:06 pour pouvoir travailler avec Lili,
07:08 c'est vraiment sur une chienne très équilibrée
07:12 et qui ne mord pas l'humain en soi.
07:14 On utilise un accessoire. Elle est folle de cet accessoire-là.
07:16 C'est du jeu.
07:18 C'est vraiment... C'est que du plaisir pour elle.
07:20 – D'accord. – Pour elle, mais pour moi...
07:22 [Rires]
07:24 – Elle va me bouffer. C'est que du plaisir.
07:26 – T'inquiète. – Donc, en fait, tu peux sortir.
07:28 – Non, je ne sors pas mes doigts.
07:30 – Ah, tu peux sortir tes doigts ? – Je peux sortir mes doigts ?
07:32 – Ah ouais ? T'es sûr qu'il sort les doigts ?
07:34 – Ouais, il peut. – C'est bien comme ça, non ?
07:36 Il conduit, quand même, hein ?
07:38 – Voilà. Juste fléchir les jambes.
07:40 Mets le bras un peu. – Elle arrive.
07:42 – Ouais, elle arrive. – Mais attends, attends, attends !
07:44 Hop ! Oh, oh !
07:46 [Rires]
07:48 – Attends, on fait une répétition.
07:50 – Lili, Lili !
07:52 – Elle va s'énerver.
07:54 – Attends, attends, dis-lui de pas bouger.
07:56 [Rires]
07:58 – Ne bouge pas. Ne bouge pas.
08:00 – Alors, regarde. On va faire en l'aise.
08:02 Là, on a ton bras. Tac.
08:04 – Lili, Lili ! – Ça, c'est bien.
08:06 – Quand je te dis, tu lâches la manchette.
08:08 – Lâche la manchette. Enlève ton bras.
08:10 – Moi, je suis prêt. – Enlève, enlève, enlève.
08:12 [Rires]
08:14 – C'est génial. – On va le faire avec Daniel, maintenant.
08:16 [Rires]
08:18 – Impossible, impossible.
08:20 – Lili, Lili ! – C'est fort.
08:22 – Elle s'amuse, là.
08:24 – Lili, elle est bien. Elle est bien avec nous.
08:26 Merci, en tout cas. Merci.
08:28 Lili, c'est un des personnages principaux.
08:30 – Assis-toi. – Je voudrais que l'on remercie
08:32 ce jeune homme. C'est lui qui fait un travail exceptionnel.
08:34 On va rappeler.
08:36 [Applaudissements]
08:38 – Bravo.
08:40 – Merci à vous. – Merci à vous.
08:42 – Merci beaucoup. Et bravo pour le travail que vous avez fait.
08:44 – C'était un plaisir.
08:46 J'ai vraiment apprécié de travailler avec monsieur Besson.
08:48 – Merci beaucoup. – Merci.
08:50 [Applaudissements]
08:52 [Applaudissements]
08:54 – Lili, elle est incroyable.
08:56 – Lili, elle ne veut pas partir.
08:58 – Non, non.
09:00 – Je crois qu'elle va être chroniqueuse.
09:02 – Cyril, il y en a un, mais il y en a sept, sept en même temps.
09:06 – Il y a eu combien de chiens au total dans le film ?
09:08 – 115. – 115 chiens !
09:10 Et ce garçon, il est incroyable.
09:12 Franchement, c'est un truc de fou.
09:14 Alors l'acteur aussi, qui est un carte d'Hogman, est incroyable.
09:18 C'est pas un acteur qui était très connu du grand public.
09:22 Et là franchement, je crois que c'est le film qui va le révéler.
09:24 Il est incroyable.
09:26 – Oui, j'ai eu une chance incroyable de le trouver.
09:28 – Oui, oui.
09:30 – Surtout, mais tu vois, dès qu'il a lu le script,
09:32 la première chose qu'il m'a dit, il m'a dit,
09:34 il faut six mois de préparation.
09:36 – Oui.
09:38 – Et il avait raison.
09:40 Et la deuxième question qu'il m'a posée, il m'a dit,
09:42 est-ce que ça sera des vrais chiens ?
09:44 [Rires]
09:46 – On a vu que c'était des vrais, là.
09:48 – Mais je pense que si je lui avais dit, c'est des chiens en digital,
09:51 il aurait dit non. – Il aurait dit non.
09:53 – Il voulait vraiment les vrais. – Le film est incroyable.
09:55 Allez le voir. "Hogman", ça sort demain.
09:57 Allez le voir absolument, vraiment, c'est un chef-d'œuvre.
09:59 Vraiment, c'est un film incroyable.
10:01 Moi, j'ai qu'une envie, c'est de le revoir, Luc.
10:03 Alors, j'ai envie, je vais te montrer une image,
10:06 parce que tu es avec nous ce soir.
10:08 Ça me rappelle de ta première télé.
10:10 Première fois que tu as fait une télé. – Oh là, je crois le pire.
10:12 – T'inquiète pas, c'est un délire.
10:14 Ton look est un délire, regarde. C'est ta première télé.
10:16 – Chapeau à Besson, qui a 24 ans aujourd'hui,
10:20 qui réalise son premier long-métrage
10:22 et qui remporte un certain nombre de prix.
10:26 Un film en noir et blanc et sans dialogue.
10:28 Explication ?
10:30 – L'explication au niveau du noir et blanc, c'est pour les décors.
10:34 C'est-à-dire qu'on a tourné dans des ruines vraiment immenses.
10:38 Le noir et blanc amenaient une homogénéité
10:42 et un fantastique immédiatement.
10:45 Et ça nous a séduit énormément.
10:48 – C'est incroyable. J'adore.
10:52 Et Luc, à l'époque, il était habillé comme un prof de l'auto-école.
10:56 J'adore. – Il y a une anecdote,
10:58 c'est en fait, pendant l'émission "Mourouzi",
11:00 il y avait eu une prise d'otage à l'ambassade de Russie.
11:02 – Ah merde, ah ouais.
11:04 – Et moi, j'étais affolé parce que tout le monde ne parlait que de ça.
11:06 Ils me coupaient toutes les trois secondes
11:08 pour partir à l'ambassade et revenir.
11:10 Donc j'étais complètement perdu dans ce que je racontais.
11:12 – Non mais là, moi j'aime bien.
11:14 J'aime bien, je t'aime bien comme ça, je t'aime bien…
11:16 D'ailleurs, t'as souvent…
11:18 T'avais fait des… – Des mèches.
11:20 – Des mèches comme moi, j'avais fait la même coupe que toi un jour.
11:22 Je te jure, je suis allé chez le coiffeur, j'avais dit "je veux la Luc Besson"
11:24 quand t'avais des mèches blondes.
11:26 – Blondes, blondes.
11:28 – Ça boue, ça boue, ouais.
11:30 – Au départ, ça part de Sting, la police,
11:32 qui était mon héros, mon idole,
11:34 qui devait faire ce bouet.
11:36 – Ah ouais, c'est ça.
11:38 – Qui avait dit oui.
11:40 Et puis après, il y avait une tournée mondiale à faire,
11:42 donc ça s'est pas fait.
11:44 – C'est sûr que Sting, il a un petit peu de travail.
11:46 Non mais c'est vrai, c'est vrai.
11:48 C'est vrai, c'est vrai, c'est pas Moondir.
11:50 Voilà, j'adore, je te dis tout, Luc.
11:52 Franchement, c'était vrai,
11:54 Moondir, tu l'aurais vu direct.
11:56 – Il y a plein de gens qui disent que t'es,
11:58 tout le monde disait, ouais, t'es le Spielberg français.
12:00 Est-ce que tu l'as déjà rencontré, Steven Spielberg ?
12:02 – Steven, ouais, ouais.
12:04 – Steven Spielberg.
12:06 – Steven Spielberg, yes.
12:08 – Non, en fait, il y a très longtemps,
12:10 on s'était rencontrés sur un interview
12:12 et à la fin, il m'a dit, tu veux venir ?
12:14 Je suis en train de tourner un truc,
12:16 est-ce que tu veux venir sur le plateau ?
12:18 Alors j'ai dit, bah oui, oui, je veux bien.
12:20 Donc on a pris la petite golfette,
12:22 parce qu'on était à Universal.
12:24 Et là, c'était Jurassic Park, en fait,
12:26 le tournage.
12:28 Donc il y avait des trucs de 5 mètres,
12:30 des monstres de partout.
12:32 Il avait 12 caméras et on a l'impression
12:34 qu'il avait 17 ans.
12:36 – C'est fou. C'est marrant, parce que quand Spielberg
12:38 il te dit, viens, je vais te montrer un truc,
12:40 moi quand Raymond il me dit, viens te montrer un truc,
12:42 c'est les jambes de sa 205.
12:44 C'est bien d'être une vaisseau, quand même.
12:46 C'est pas mal. C'est quoi le film que t'as préféré réaliser ?
12:48 C'est toujours le dernier ou pas ?
12:50 – Il y a une petite faiblesse pour le dernier, quand même.
12:52 Mais en fait, ça dépend. Là, c'était vraiment
12:54 sur le personnage, sur l'intériorité.
12:56 Donc il y a un travail très profond.
12:58 Après, il y a d'autres tournages.
13:00 Jeanne d'Arc, par exemple,
13:02 il y a une moyenne de 900 techniciens
13:06 et 2000 figurants par jour.
13:08 Donc c'est une espèce de machine énorme.
13:10 Il n'y a pas d'effets spéciaux à l'époque.
13:12 Ça, ça reste un bon tournage.
13:14 Le Grand Bleu, on a passé 24 semaines sous l'eau.
13:16 – C'est sûr.
13:18 – On s'en souvient.
13:20 – C'est toujours bien, en fait.
13:22 – Daniel, t'es content de le voir, lui, ce soir ?
13:24 – Oui, parce que c'est vraiment, pour moi,
13:26 le cinéaste culte.
13:28 Et j'ai envie de savoir, quel était votre cinéaste culte
13:30 quand vous étiez gamin ?
13:32 Qui vous a donné envie de faire du cinéma ?
13:34 – Milos Forman, Stanley Kubrick.
13:36 – Volodchinin et Tkoukou, c'était ?
13:38 – Volodchinin et Tkoukou.
13:40 – Là, Raymond, il nous a lâchés. Il croit que c'est
13:42 les joueurs du Spartacus de Moussou.
13:44 [Rires]
13:46 – Il a joué où ?
13:48 – Il a marqué contre la Terre 2 000 ans.
13:50 – Il n'a pas signé un nom.
13:52 – Le film sur Mozart, "Amadeus", Milos Forman.
13:54 – Non, mais on...
13:56 – Et Spielberg aussi, c'est vrai que,
13:58 la première fois qu'on voyait Diana Jones,
14:00 j'ai découvert le premier "Star Wars" à 15 ans.
14:02 C'était incroyable.
14:04 Mais 2001, j'ai...
14:06 2001, "L'Odyssée de l'espace", j'ai 11 ans.
14:08 Et je m'en suis pas remis encore.
14:10 – Luc, est-ce que t'es heureux
14:12 que ton film sorte demain ?
14:14 Est-ce que t'es excité ? Est-ce que t'es...
14:16 – Je suis soulagé.
14:18 – Ah, vraiment ?
14:20 – En fait, c'est toujours la même chose,
14:22 parce que tu fais vraiment de ton mieux.
14:24 T'espères que ça va plaire.
14:26 Tu sais, il n'y a que trois catégories.
14:28 Il y a les gens qui n'aiment pas du tout,
14:30 les gens qui aiment, et ceux qui n'y vont pas.
14:32 Moi, celle qui me rend triste, c'est la troisième.
14:34 Parce que tu dis, bon, ils n'ont pas envie.
14:36 Mais là, je viens de faire quand même
14:38 pas mal de villes en province où ça se passe vraiment...
14:40 Les gens sont vraiment gentils.
14:42 Il y a des standing ovations, ça se passe bien.
14:44 Tu vois ?
14:46 Parce que chaque film, quand tu réussis le film,
14:50 c'est quand même un petit miracle.
14:52 – Là, c'est très réussi, je te le dis.
14:54 – Il faut deux ans pour réussir un film,
14:56 il faut deux minutes pour le rater, on dit dans le cinéma.
14:58 – C'est comme une histoire d'amour.
15:00 [Rires]
15:02 – C'est beau, ce que je dis, Luc.
15:04 – C'est beau, ce que je dis, Luc.
15:06 – Je vais juste dire un tout petit truc.
15:08 En fait, j'ai commencé le cinéma, j'avais 17 ans.
15:10 Mon premier film s'appelait "Moonraker".
15:12 Et ça se tournait dans ce plateau.
15:14 – Ah !
15:16 – Ici, là ?
15:18 – Oui, celui-là et celui d'à côté.
15:20 – Je m'en rappelle, "Moonraker", il n'y avait pas...
15:22 – Oui, c'est avec le requin.
15:24 – Il y avait le gars qui avait les dents de requin.
15:26 Maintenant, c'est Gilles.
15:28 [Rires]
15:30 Non, il a enlevé les dents, mais il est là.
15:32 "Dogman", ça sort demain, les chéries.
15:34 Allez le voir, je vous le dis, c'est un grand, grand film.
15:36 Je me suis régalé, moi, je vais même y retourner ce week-end.
15:38 Je vous le dis, je t'enverrai la photo de la salle, Luc,
15:40 pour que tu puisses vérifier que j'ai bien payé mon petit prix.
15:44 [Rires]
15:46 On est comme ça, on paye et on va voir les films.
15:48 Luc, plus de 30 ans de carrière,
15:50 combien de films tu penses faire encore ?
15:52 T'en as fait 111 films.
15:54 – Produits, non, en mise en scène, j'en ai fait 20.
15:56 – Ouais, je sais, tu ne devais pas en faire 10 au début,
15:58 t'avais dit qu'on ne ferait que 10. – Oui, oui.
16:00 – Moi aussi, j'ai dit que je faisais 10 émissions.
16:02 Ça fait 12 ans que je suis là, non mais c'est vrai.
16:04 Non mais c'est un truc de fou, c'est vrai, au début, moi, j'étais stressé.
16:06 Je te jure, un jour, t'as dit je ne ferais que 10 films.
16:08 Et moi, j'étais en angoisse.
16:10 Tu m'as angoissé et après t'en as fait 20.
16:12 Donc là, tu vas en faire combien ? – Peut-être 2, 3 encore.
16:14 – Quoi, arrête !
16:16 – Non, mais c'est fatiguant. – Mais c'est 12, mets-nous 6, 7.
16:18 – C'est fatiguant. – Non, arrête, mets-nous 6, 7.
16:20 – Non, je n'ai pas envie de faire un film de trop.
16:22 – Pour l'instant, ce n'est pas le cas.
16:24 Moi, j'ai fait l'émission de trop, mais toi, t'as pas fait le film de trop.
16:26 [Rires]
16:28 – T'as peur de l'intelligence artificielle dans le cinéma ?
16:30 – Non.
16:32 – Non ? Parce que c'est vrai qu'il y en a plein qui disent
16:34 "ouais, est-ce que ça ne va pas remplacer les scénaristes, tout ça, les scénaristes ont peur ?"
16:36 – Non, ça va remplacer une partie du travail, ça, c'est sûr.
16:40 Mais en fait, l'intelligence artificielle, elle se nourrit de tout ce qui existe déjà.
16:46 Donc avant qu'il arrive à faire un Dogman, par exemple, il va y avoir du mal.
16:50 – C'est sûr. – Par contre, pour faire Dogman 2,
16:52 ça va être pratique, je vais appuyer sur un bouton.
16:54 – Exactement. – Et tu vas voir.
16:56 – Si tu veux faire un chien, tu me demandes.
16:58 Je le fais très bien.
17:00 36 nominations, t'as eu 5 prix, est-ce que les prix, ça compte pour toi ?
17:04 – Oui, bien sûr.
17:06 – Les mecs qui disent que ça ne compte pas, c'est des mythos ?
17:08 – Non, peut-être qu'ils sont… je ne sais pas.
17:12 – T'aimerais avoir un prix sur ce film ?
17:14 Parce que c'est vrai qu'il… voilà.
17:16 – Très très honnêtement, j'adorerais que lui, il en ait.
17:20 – Ah ouais, c'est ça. – Parce que vraiment, il n'y a pas de film sans lui.
17:22 – Ah bien sûr.
17:24 – J'espère et je prie pour qu'il en ait un,
17:26 parce que probablement, il va partir pour la course aux Oscars, à mon avis,
17:32 parce qu'il est… – Ouais, ça serait énorme.
17:34 Tu vas aller aux Oscars ? – Lui, oui.
17:38 – Et toi, tu ne vas pas passer parce que… – On voit lui à la télé.
17:41 – Je suis dans le quartier, moi.
17:43 [Rires]
17:45 Sinon, je passe avec, je passe une tête, tu vois.
17:47 Je suis sûr, parce que je connais 2-3 personnes là-bas.
17:50 – C'est qui ? – Je connais Valdirajan Rundstaun.
17:52 [Rires]
17:54 Non mais je connais 2-3 acteurs, Léo, tout ça.
17:56 – Léo ? – Oui, Léo.
17:58 – DiCaprio, vous l'appelez Léo ? – Bien sûr, Léo.
18:00 Il me regarde, il m'adore. Yatik Sarraj, avec lui.
18:02 [Rires]
18:03 Il parle un peu arabe.
18:05 Luc, est-ce que tu es heureux ?
18:07 – Bonne question. De temps en temps.
18:10 C'est un peu comme le temps, je pense.
18:12 Il y a des orages et puis il y a du… – Bon, on ne va pas se mentir.
18:15 – De temps en temps, il y a des beaux rayons de soleil.
18:17 – Oui, toi, tu as eu des gros orages, ces dernières années.
18:19 – Oui, enfin, beaucoup de gens. – Oui, je sais.
18:21 – C'est bien de le dire.
18:23 On ne pouvait pas faire cette émission sans te parler
18:25 de ce que tu as vécu ces dernières années.
18:27 Tu as été accusé en 2018, enfin, accusé d'agression sexuelle
18:31 et de viol par une actrice.
18:33 Et c'est vrai que là, en 2018, quand tu apprends ça,
18:37 tu te sens comment ? C'est une blague ?
18:39 – Non, je ne comprends pas. – Tu ne comprends pas, ouais.
18:42 Tu ne vois pas arriver le truc ? – Ah non, non, vraiment pas, non.
18:45 – Tu te dis, ouais, c'est… Donc dessus, tu essaies de faire quoi ?
18:48 Tu te dis quoi ? Qu'est-ce que…
18:50 – Rien, parce qu'il y a deux… Ce qu'il faut, c'est essayer
18:52 de se recentrer et de se dire, d'abord, quand on est innocent
18:55 et qu'on n'a rien fait, assez rapidement, on se dit, bon,
18:58 il n'y a qu'une justice, en réalité, il n'y en a pas plusieurs.
19:01 Il n'y a pas une justice médiatique, une justice…
19:04 Il n'y en a qu'une. Donc, il faut aller se mettre
19:07 en face des policiers, en face des juges,
19:10 et puis dire la vérité, tout simplement.
19:13 Alors, ça prend beaucoup de temps, ça prend 5 ans, 5 juges,
19:18 ça prend beaucoup de… – C'est un sous-travail.
19:21 – Mais je dois dire que je suis assez admiratif du travail
19:24 qu'ils ont fait, parce que c'est des professionnels.
19:26 Ils ne sont pas là pour défendre l'un ou défendre l'autre.
19:29 Ils sont là pour faire un boulot, ils le font bien.
19:32 Et la police, et la justice. Je sais que souvent,
19:35 on les trouve imparfaits, mais on ne peut pas les remplacer.
19:40 – T'as cru en la justice, dès le début.
19:42 Je voudrais dire que c'était une femme avec qui
19:44 tu avais eu une relation extra-conjugale,
19:46 une relation que vous avez reconnue, que t'as reconnue.
19:48 Concernant les accusations d'agression sexuelle et de viol,
19:50 il y a eu plusieurs mois d'enquête, comme tu nous l'as dit.
19:52 Cela a forcément été particulièrement douloureux pour toi.
19:55 Puis la justice a ordonné un non-lieu en première instance,
19:58 confirmé en appel, et en juin dernier, ce non-lieu a été confirmé
20:01 en cours de cassation. Donc aujourd'hui…
20:04 – Et surtout, au départ, je ne suis pas mis en examen.
20:08 – C'est ça, exactement. – Déjà, dès le départ.
20:11 À partir de là… – Donc, il n'y avait pas d'élément.
20:14 – Voilà, c'est ça.
20:16 Mais comment tu t'es senti, Luc ?
20:19 – Juste à la période où ça arrive, quand tu n'es pas mis en examen,
20:25 on est dans une période où si la justice ou les policiers
20:30 avaient eu ça de doute, j'aurais été mis en examen.
20:35 – Exactement, on le voit dans différentes affaires ici.
20:37 – Et c'est normal, en plus.
20:38 – Qu'on traite ici, on le sait.
20:39 Dès qu'il y a un élément, forcément un élément important,
20:43 je vous dis, la personne est mise en examen.
20:45 – Mais il est quand même bon de rappeler qu'accusé ne veut pas dire coupable.
20:49 – Exactement.
20:50 – Juste, accusé ne veut pas dire coupable.
20:53 – Et surtout, on va revenir là-dessus, parce que c'est vrai que pendant
20:56 toutes ces années, c'est long.
20:58 Mine de rien, Luc, on le sait, c'est compliqué de travailler
21:02 quand on est en pleine enquête là-dessus.
21:06 Toi, tu as fait quoi ?
21:09 – Moi, ça n'a pas changé grand-chose.
21:11 En fait, j'ai souffert comme tout le monde pendant deux ans.
21:14 – Ouais.
21:15 – Parce qu'il y a un truc qui s'appelle le Covid.
21:16 – C'est vrai, c'est vrai.
21:17 – Et on était tous logés un peu la même enseigne,
21:19 on était tous enfermés, donc je me suis recentré sur l'écriture
21:23 et mes enfants et ma femme.
21:26 On a renoué tout ça et j'ai beaucoup, beaucoup écrit.
21:29 J'ai dû en écrire 17, je crois, parce que j'adore ça.
21:33 Et ça m'a fait beaucoup de bien, en fait.
21:35 Je suis très heureux de revenir à mes amours d'enfance,
21:40 c'est-à-dire mon petit stylo.
21:42 Je n'ai pas d'ordinateur, je travaille à la main.
21:45 Je prends mes feuilles de papier et le plaisir que j'ai eu…
21:48 Tu sais, à 16 ans, j'ai commencé à écrire un petit truc
21:51 qui s'appelait "Le cinquième élément".
21:53 – C'est un petit truc, c'est sympa.
21:55 Avec Wyss.
21:57 – Que j'ai réalisé, je l'ai écrit à 16 ans, mais je l'ai réalisé à 32.
22:01 Donc j'étais très lent au début.
22:03 – 16 ans, ça passe.
22:05 Pour faire "Le cinquième élément", c'est tellement énorme.
22:08 – Donc je suis revenu dans ces années difficiles
22:11 dont une grande partie, on a tous partagé.
22:14 C'est ce qu'on a en commun tous.
22:16 On a tous souffert d'une façon ou d'une autre.
22:19 Et beaucoup de bonheur à repartir sur ce que j'aime profondément, l'écriture.
22:26 – C'est ça, donc là, tu t'es dit, je le lance à fond.
22:28 – La mise en scène, j'aime bien, mais c'est…
22:31 – C'est pendant cette période-là que tu as écrit "Dogman" ?
22:34 – Oui.
22:35 – C'est ça, là tu t'es dit, je vais y aller à fond.
22:38 Juste, Luc, à un moment, quand il y a ces accusations qui tombent,
22:42 comment tu fais ?
22:44 Pour dire à ta femme, tu lui dis quoi ?
22:47 Tu lui dis, voilà, j'ai fait une faute, voilà.
22:51 – Le problème, c'est qu'il y a une partie où effectivement,
22:54 je ne suis pas innocent, c'est que j'ai eu une relation extra-conjugale.
22:58 Je ne l'ai pas niée.
23:00 – Alors, tu es à côté de Jean-Michel Maire, ça ne le choque pas du tout.
23:03 – Non, non, je rigole.
23:06 – En fait, il y a un moment donné, pour pouvoir dire ça,
23:09 ce n'est pas vrai, il faut aussi dire ce qui est vrai.
23:12 – Bien sûr.
23:13 – Donc, surtout avec sa famille.
23:15 La première partie était vraie, le plus dur, c'était surtout face à mes enfants.
23:19 – Est-ce que tu n'as pas souffert plus pour tes enfants et pour ta femme
23:22 que pour toi, à la limite ?
23:24 – À mon avis, dix fois plus, oui.
23:26 – C'est ça, bien sûr.
23:27 Parce que, toi, je sais que tu savais ce que tu avais fait,
23:30 ce que tu n'avais pas fait, tu savais que tu étais innocent,
23:32 mais tu te dis, les mettre dans une sauce dans laquelle ils n'ont rien à voir…
23:36 – Les enfants, c'est terrible, parce que d'abord, ils étaient petits,
23:39 ils avaient une image de l'amour qui était assez parfaite.
23:42 – Ils avaient quel âge ?
23:44 – Ils avaient à peu près… le plus petit avait 10, 12, 13.
23:49 Et tu sais que tu casses l'image de l'amour chez tes enfants,
23:55 et ça, c'est terrible.
23:58 – Tu es arrivé de pleurer ?
23:59 – Comment ?
24:00 – Tu es arrivé de pleurer pour ça, de te dire que tu n'arriverais pas
24:02 à retrouver l'amour de mes enfants ?
24:03 – Est-ce que j'ai réussi à ne pas pleurer ? Des fois, oui.
24:05 – C'est ça, c'est surtout ça.
24:07 – Non, j'ai pleuré sur eux pendant très très longtemps.
24:10 – Ta femme, elle t'a aidé aussi à reconquérir le cœur de tes enfants ?
24:14 – J'ai une femme exceptionnelle.
24:17 J'ai beaucoup de chance.
24:20 Vraiment, elle est… pfff…
24:22 Je n'ai rien à dire, elle est juste…
24:25 Elle est juste parfaite.
24:26 – Elle t'a dit quoi ? Je vais te soutenir,
24:28 on va affronter cette épreuve ensemble.
24:30 – Non, non, on a mis plein la gueule.
24:32 – Ah ouais ?
24:33 – Non, non, c'est pas le genre.
24:35 C'est pas le genre, mais il faut.
24:38 Il faut, parce qu'il faut comprendre,
24:41 il faut savoir l'amour exactement, où est-ce qu'il est,
24:44 et comment ça fonctionne.
24:47 Donc, j'ai appris ça aussi.
24:50 Mais bizarrement, c'est très drôle d'apprendre l'amour avec ses enfants.
24:55 C'est eux qui m'ont appris.
24:57 – Et aujourd'hui, c'est… voilà.
24:59 – Aujourd'hui, j'ai des enfants merveilleux.
25:02 – Des femmes.
25:03 – Et ça me rend très heureux.
25:05 Ce qui m'a aussi fait beaucoup de peine,
25:07 c'est que je ne condamne pas du tout les médias, l'Internet, etc.
25:13 Mais tu as tes enfants et ta femme qui, eux, vraiment, n'ont rien fait.
25:17 – C'est ça.
25:18 – Et alors ça, c'est…
25:19 – C'est ça, les médias, Internet, pour les enfants, pour la femme, c'est…
25:23 – C'est juste un déversi de choses immondes.
25:27 Et ça, c'est…
25:29 Voilà, la présomption d'innocence, elle est valable pour tout le monde,
25:32 moi, mais eux aussi.
25:35 Donc, ce serait bien de revenir un peu à une forme un peu plus de respect
25:38 entre nous tous.
25:39 – Oui.
25:40 – Voilà, il y a beaucoup d'hommes qui ont fait vraiment des choses sales
25:44 et qu'il faut poursuivre, évidemment, et je suis à fond pour.
25:48 – Tu as dit un truc très vrai, tu l'as vu.
25:50 Tu as dit "attention, pour une femme qui ment, il y en a 99 qui disent la vérité".
25:54 – Non, il y en a, je pense, qu'il y en a même plus que ça.
25:57 – Oui, ben bon…
25:58 – Une qui ment, il y en a 1000 qui ne mentent pas.
26:00 – C'est ça, oui.
26:01 – Mais après, le combat, il faut que…
26:03 Voilà, quand on a un combat, il faut partir…
26:05 On ne peut pas partir sur un combat avec des mensonges, ce n'est pas possible.
26:08 Et puis, il y a suffisamment d'hommes qui se comportent mal
26:11 pour aller sur ceux qui le sont vraiment.
26:13 Ce n'est pas parce que, d'un seul coup, on a un peu de pouvoir
26:18 et qu'on a 60 ans et qu'on est une target parfaite, ça ne sert à rien.
26:23 Ça ne se passe pas dans les médias, l'histoire.
26:26 L'histoire, ça se passe dans les maternelles.
26:28 Il faut mettre de l'argent et aller apprendre aux enfants
26:31 ce que c'est qu'une petite fille, ce que c'est qu'un petit garçon,
26:34 l'ouverture, le genre, tout ça, il faut ouvrir.
26:38 C'est là où il faut travailler.
26:40 Ce n'est pas en allant accuser des gens sans savoir…
26:43 Il n'y a que la justice qui sait.
26:46 La justice, elle tranche, elle dit oui, elle dit non.
26:49 Et il faut la croire, tout simplement.
26:51 – Luc, tu as eu beaucoup d'amis ?
26:53 – Ce que je veux dire ?
26:54 – Tu as toujours eu des amis ?
26:55 – Dans ma vie ?
26:56 – Dans ta vie, tu as eu beaucoup d'amis ?
26:57 – Pas trop.
26:58 – Pas trop ? Parce que j'ai envie de savoir,
27:00 est-ce que tu as eu…
27:02 Est-ce que tu as beaucoup d'amis qui t'ont laissé tomber ?
27:05 – Je pense que chacun d'entre nous, on n'a pas énormément d'amis.
27:08 – Ou bien des mecs du cinéma, des mecs qui étaient…
27:13 – Mais tu sais, je dis toujours que c'est très difficile d'être courageux.
27:17 – Oui, c'est ça.
27:18 – Donc il y a plein de gens effectivement qui…
27:21 Je ne sais pas qui m'aime plus ou qui…
27:23 Mais ils font oula.
27:24 – Oui, de quoi ils disent.
27:26 – Oui, il y a eu du recul.
27:28 Il y a pratiquement 99% des gens que je n'ai pas vus.
27:31 – Ah oui, vraiment ? Quoi qu'ils t'ont…
27:33 – 99,5% disons.
27:35 – Non, je te jure, c'est un truc de fou.
27:37 Quand il y a des mecs…
27:38 – C'est normal, ce n'est pas grave.
27:40 – Je sais.
27:41 – J'ai beaucoup d'indulgence pour la faiblesse.
27:43 – Mais toi, t'es sympa, toi, parce que moi, je n'ai pas d'indulgence.
27:46 – Non, non, ce n'est pas grave.
27:48 – Ah oui, mais les mecs qui disent…
27:50 Est-ce que tu as essayé d'appeler des mecs qui ne te répondaient pas ?
27:52 Tu avais moins de monde au téléphone ?
27:54 – Ah oui.
27:55 – Ah vraiment ?
27:56 – J'ai fait des économies, oui.
27:57 – Ah oui, vraiment ? Ah oui, oui.
27:58 [Rires]
28:00 – Du coup, ça varçonnait.
28:02 – Franchement, c'est ça qui est fou.
28:04 Est-ce que tu avais des mecs qui étaient tout le temps avec toi
28:07 et qui ont disparu du jour au lendemain ?
28:09 Tu les avais souvent au téléphone ?
28:11 – Disons que les gens que tu as autour de toi qui te connaissent depuis très longtemps,
28:14 il n'y en a pas un qui a…
28:16 – Qui a bougé.
28:18 – Non, mais qui est rentré dans le truc.
28:20 – Bien sûr, ouais.
28:21 – Quand on me connaît…
28:23 – Justement, ta femme, les enfants, ils n'ont pas cru un instant ?
28:25 – Non.
28:26 – En fait, ce n'est pas ça que tu avais à leur expliquer.
28:28 Tu avais plus à leur expliquer, voilà, comment…
28:31 – Ben, j'ai trompé.
28:32 – Tu fais une connerie, voilà.
28:34 – J'ai trompé, j'ai essayé de leur expliquer pourquoi.
28:36 Il a fallu que moi, je comprenne pourquoi.
28:38 – Ah ouais ?
28:39 – Si.
28:40 J'ai dû voir un psy.
28:41 – Pourquoi ?
28:42 – Ben, pour voir un psy.
28:44 [Rires]
28:48 Non, pour essayer de comprendre, parce que j'aime ma femme plus que tout,
28:52 j'aime mes enfants plus que tout, et pourquoi on trahit les gens qu'on aime, quoi.
28:55 – Mais ce n'est pas parce que tu as envie de séduire.
28:58 Tu fais un métier de séduction, quand même, un réalisateur…
29:00 – Un petit peu, ça c'est sûr, mais pourquoi tu as envie de séduire ?
29:04 – Donc, c'est là où le psy est intéressant, parce qu'il te ramène à ton enfance.
29:08 – Pourquoi tu as envie de séduire ?
29:10 – Par manque d'amour, au départ, tout simplement.
29:13 – Ouais, c'est ça.
29:14 – Mais, sincèrement, il n'y a pas la peine de baisser les yeux,
29:18 il y en a 50% dans la salle, c'est la même chose.
29:20 – 70.
29:21 – Ça part de là.
29:23 Moi, je suis une famille de parents qui sont divorcés,
29:26 qu'on refait des familles chacun d'un côté, et on m'a mis en pension.
29:30 Tu as 14 ans, démerde-toi.
29:32 Donc, effectivement, tu es en manque d'affection,
29:37 puis dès que quelqu'un te dit "Ah, tu es sympa, tu es jolie, etc."
29:40 tu dis "Ah bon ?" Tu ne sais pas comment ça fonctionne.
29:44 Et mes enfants et ma femme m'ont appris à aimer.
29:50 – C'est vrai que tu nous disais que ta femme, tu avais passé un savon.
29:56 Vous avez passé le savon, vous avez… deux ?
29:59 – Oui. [Rires]
30:03 – Aujourd'hui…
30:04 – Il y a un savon encore.
30:05 – Non, c'est vrai, parce que forcément, là, on en reparle,
30:08 c'est vrai que je suis sûr que quand tu rentres, tu reprends une petite tannée.
30:12 C'est normal, c'est le jeu.
30:15 Je ne dis rien, Luc, je ne dis rien, trace ! [Rires]
30:21 Luc, c'est vrai que moi, je connais ça,
30:24 c'est vrai que le monde de la télé, le monde du cinéma,
30:26 c'est un peu les mêmes gens qu'on fréquente.
30:30 Et est-ce que ça a été plus dur pour toi de monter un film ?
30:33 Bon, il y a eu le Covid, tout ça, mais est-ce que les mecs disaient
30:36 "C'est compliqué, en ce moment, on attend l'issue du procès" ?
30:41 – Alors, moi, je me suis toujours dit que la seule réponse à donner à tout ça,
30:45 c'était… la seule réponse que j'avais à donner, c'était de faire un film.
30:49 – Ouais, c'est ça.
30:50 – Et de répondre avec mon art à moi.
30:53 Donc ma réponse, la voilà.
30:55 – Alors justement, tu te tens… Vas-y, Luc, vas-y.
30:58 – Excuse-moi.
30:59 Mais, donc le scénario, je n'ai pas juste amené un petit scénario,
31:03 j'ai travaillé énormément et c'est vrai que quand j'ai amené le scénario
31:08 à Canal+, à TF1, à des partenaires étrangers,
31:13 pardon, beaucoup de pays qui me suivent depuis 30 ans,
31:16 le film s'est monté en 3 jours.
31:19 – Waouh !
31:20 – Mais pas pour moi, c'est le scénario.
31:23 – Non, c'est pour le film, c'est pour le film.
31:25 – Ils ont lu l'histoire, ils ont dit "Ah ouais, d'accord, ça, on a envie de la voir".
31:29 Donc ça s'est monté très rapidement, en fait.
31:32 – Il y a ma mère qui m'écrit "Cyril a eu beaucoup d'amour,
31:35 mais il est toujours dans la séduction".
31:37 [Rires]
31:39 On se passe de ces commentaires.
31:41 [Rires]
31:42 Non, mais c'est pas une vanne, vraiment, elle m'écrit en direct.
31:44 Alors, j'ai ravi, justement, parce que Luc disait qu'il avait fait un film,
31:47 voilà, pour sortir de tout ça.
31:48 Tu te dis avoir reconnu Luc dans le film ?
31:50 – Oui, pour moi, il y a une mise en abyme, il y a un truc de purgation des passions,
31:53 où moi, je vous vois dans le personnage principal tout le temps, en fait.
31:56 Puisqu'il a abandonné, vous avez été abandonné d'une certaine manière,
31:59 et aussi bien maintenant, quelque part aussi,
32:02 par des gens qui pouvaient vous aimer, qui vous ont tourné le dos.
32:05 Et voilà, et je voulais savoir si vous, vous aviez pardonné,
32:07 ceux qui vous ont tourné le dos.
32:09 – Oui, tout le monde.
32:10 – Vraiment, t'as pardonné, toi ?
32:11 – Non, j'ai aucun problème, j'ai…
32:14 Voilà, cette faiblesse-là, elle est humaine et il n'y a pas de problème.
32:19 – Aucun ressentiment, il n'y a rien du tout ?
32:20 – Non, sincèrement, aucun.
32:22 Les seules choses qui peuvent me rendre fou, c'est si on touche mes enfants.
32:27 – C'est ça, ouais.
32:28 – Voilà, ou là, par contre, je ne pardonne pas, mais voilà, pour le reste, non, non, j'ai pas de…
32:33 – Pourquoi tu les pardonnes ?
32:34 C'est parce que tu te mets à leur place ?
32:35 Tu te dis, qu'est-ce que t'aurais fait, toi ?
32:38 – Non, moi, je sais que je crois être courageux comme garçon,
32:42 donc non, moi, j'aurais pas tourné le dos, mais je comprends qu'on puisse le faire.
32:47 En plus, le cinéma, c'est un métier, ça t'apprend à ne pas avoir peur,
32:51 parce que si t'as peur, il faut changer de métier.
32:53 – Ouais, bien sûr.
32:54 C'est comme si t'étais cascadeur.
32:55 – C'est depuis le début, tu joues avec des sentiments, des gens, des chiens, des baleines,
33:00 non, si t'as peur, il faut…
33:02 – Ouais, faut pas faire ça.
33:03 – Ouais, faut pas faire ça, non.
33:04 – Est-ce qu'avec le recul, aujourd'hui, tu te dis, c'était un passage,
33:11 voilà, c'était écrit, c'était obligé, et aujourd'hui, au contraire,
33:13 je me sens beaucoup mieux, je me sens libéré ?
33:16 – Je me sens… oui, mieux maintenant, oui.
33:19 – Vraiment ?
33:20 – Oui, parce que je suis, grâce à ma famille et à ce psy,
33:26 déjà, j'ai compris les mécanismes, pourquoi on dérive, pourquoi on…
33:31 Tu sais, c'est très drôle quand t'es… enfin, tu sais ça par cœur aussi, mais…
33:34 – Non, non, non.
33:36 – Non, non, mais ce métier, en tout cas, la gloire, les paillettes, etc.,
33:41 te laisse penser que tu es plus intelligent que tu ne l'es,
33:44 que tu es plus beau que tu ne l'es.
33:46 – Moi, je sais que je suis con comme une bite, hein.
33:48 [Rires]
33:50 – Non, mais ce que je veux dire, c'est que tu finis par dire,
33:53 "Ah bon, c'est vrai ?"
33:55 Et en fait, c'est une illusion complète.
33:57 La seule chose qui te rend meilleur, c'est si tu te lèves un peu plus tôt le matin
34:00 et que tu travailles plus sur ton script, c'est la seule chose qui fait
34:02 que tu seras meilleur, y a rien d'autre.
34:04 Je ne suis pas plus beau qu'avant et je ne suis pas plus intelligent qu'avant.
34:07 – Alors si, si, t'es plus beau qu'avant.
34:09 – Ah bon ?
34:10 – Ouais, j'ai vu la vidéo tout à l'heure, t'es dit que plus beau qu'avant,
34:12 c'est la lumière.
34:13 – Je te le dis, t'es de plus en plus beau d'ailleurs, je vais te le dire.
34:15 – C'est la lumière, c'est la lumière.
34:16 – Non, non, non, non, non, j'aime beaucoup, j'aime beaucoup,
34:18 il faut qu'on en parle.
34:19 [Rires]
34:20 Non, non, mais franchement, est-ce qu'à contrario,
34:22 t'as eu justement des gens qui t'ont étonné pendant cette période ?
34:26 – Par la courage.
34:27 – Des mecs, voilà, tu t'es dit, "Lui, franchement, je ne croyais pas
34:29 qu'il allait être aussi proche de moi."
34:31 Et finalement, tu t'es dit, y a des mecs en qui tu ne croyais pas
34:34 qui au contraire étaient proches de toi et t'ont pas lâché.
34:38 – Non, non, je pense que les vrais amis se sont révélés
34:40 être les vrais amis, en fait, tout simplement.
34:42 – Il n'y a pas eu de surprise.
34:43 – Non, non, non, il n'y a pas eu de…
34:45 – Les vrais connards sont enveillés, les vrais connards.
34:47 – Oui, Gilles, tu as une question ?
34:48 – Oui, il y a des acteurs qui vous ont dit, "Non, Luc, le prochain film, sans moi."
34:53 Des acteurs français qui parfois ont pu être véhéments avec vous,
34:56 "Ne m'appelle plus pour tourner, c'est fini."
34:58 Qui ont été très radicaux dans leurs propos ou dans leur attitude envers vous.
35:01 – Non.
35:02 – Il faut du courage pour ça.
35:03 – Non, non, non.
35:04 – D'ailleurs, vous en avez pris un qui est un grand artiste, un rappeur
35:07 et qui joue un rôle exceptionnel.
35:09 – Retourne à Zurich en Allemagne, toi.
35:11 [Rires]
35:13 – C'est bon, merci.
35:15 Luc, est-ce que tu penses être une victime de Me Too ?
35:20 – Non, non, pas du tout.
35:23 C'est tout à fait normal que la parole des femmes se libère.
35:27 Le mouvement est tout à fait normal.
35:29 Moi, je n'ai aucun souci avec ça.
35:31 Je pense par contre qu'il faut se concentrer,
35:34 il faut être sérieux et essayer d'éviter un peu cette espèce de frénésie,
35:40 de folie, etc.
35:42 Il faut être sérieux sur ce sujet, il faut travailler, il faut éduquer.
35:46 Voilà.
35:48 – Merci Luc d'avoir été avec nous.
35:50 [Musique]

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