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Sarah Spitz, journaliste au service économie, fait le point sur les six premiers mois de Sophie Binet à la tête de la CGT et sur son rapport au patronat

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Transcription
00:00 Déjà, il faut savoir que Sophie Binet a été élue dans un contexte chaotique.
00:03 La CGT était au bord de l'explosion.
00:05 Ce n'est pas le grand amour.
00:11 Sophie Binet lance régulièrement des pics à l'encontre du patronat.
00:17 À la fête de l'Huma, elle a dit coup sur coup qu'il y a un grand autoritarisme patronal,
00:22 qu'il ne faut jamais les laisser tranquilles,
00:24 que ce sont eux les assistés en France, biberonnés par les aides publiques,
00:28 que le rapport de force est d'abord sur le terrain, face au patron, etc.
00:32 Dans notre longue interview de Sophie Binet, nous lui avons posé la question
00:36 "Est-ce que vous détestez les patrons ?"
00:37 Sa réponse ?
00:39 Non, il en faut.
00:40 Mais !
00:41 Elle distingue les chefs de petites entreprises et de grandes entreprises.
00:45 Pour elle, les intérêts des dirigeants des grandes entreprises
00:47 sont trop alignés sur ceux de leurs actionnaires,
00:50 et la recherche de profits se fait donc au détriment de la création de valeur
00:54 qui doit servir à payer des salaires et investir.
00:56 Donc en fait, pour elle, les profits ne vont pas de pair
00:59 avec la rémunération et l'investissement.
01:00 Donc elle est porteuse d'une vision marxiste.
01:03 Elle reproche à ses patrons, je cite, de "se cacher derrière les petites entreprises"
01:08 pour, je cite encore, "chouiner et se gaver d'aides publiques".
01:11 Pour inverser cette tendance, Sophie Binet demande que la moitié
01:14 des membres de conseils d'administration des entreprises soient des salariés.
01:22 Déjà, il faut savoir que Sophie Binet a été élue dans un contexte chaotique.
01:26 La CGT était au bord de l'explosion.
01:28 Il a fallu remettre du liant.
01:30 Elle doit ressouder un collectif qui est très divisé
01:32 entre la ligne pro-Philippe Martinez, l'ancien secrétaire général, et ses opposants.
01:36 Les six premiers mois de mandat de Sophie Binet sont marqués par une hyperactivité.
01:40 Elle est à la fois très présente sur le terrain auprès des militants
01:44 et dans les négociations et les concertations menées avec le gouvernement et le patronat.
01:48 C'est une manière de réconcilier deux visions du syndicalisme.
01:51 Le syndicalisme de contestation, qui incarne la lutte,
01:54 et le syndicalisme réformiste, qui cherche le compromis.
01:57 Donc, on la voit sillonner la France, défendre les militants CGT en grève
02:01 à Verbaudet, Gardanne, Clestra, Val d'Une.
02:04 Et en même temps, on voit aussi la CGT à l'Elysée, à Matignon, au ministère du Travail.
02:10 Elle participe aux négociations en cours sur l'assurance-chômage
02:13 et sur le régime des retraites complémentaires.
02:15 Donc, en fait, elle ne pratique pas la politique de la chaise vide.
02:18 [Musique]
02:23 L'agenda social des prochains mois est archi chargé.
02:26 Il faut un accord sur l'Agir Carco,
02:28 c'est-à-dire le régime des retraites complémentaires avant la mi-octobre.
02:31 À cette période, il y a aussi la conférence sociale sur les bas salaires.
02:34 Il faut ensuite un accord sur l'assurance-chômage avant le 15 novembre.
02:38 Après, il faudra aussi négocier dans les prochains mois sur l'emploi des seniors,
02:42 l'usure professionnelle, les reconversions, la valorisation des parcours syndicaux.
02:46 Sur certains de ces sujets, il va falloir notamment manœuvrer
02:49 avec un gouvernement qui restreint le cadre des négociations.
02:52 Et son deuxième défi, ce sont les élections des représentants syndicaux en entreprise.
02:57 70% des CSE doivent être renouvelées dans les prochains mois.
03:00 Donc, il faut convaincre, il faut aller sur le terrain.
03:03 Et c'est important parce que plus un syndicat obtient de voix,
03:06 plus il est représentatif, autrement dit légitime,
03:09 notamment pour faire entendre sa voix lors des négociations au niveau national.
03:13 [Musique]

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