Les témoins de l'actu du 29/09

  • l’année dernière
Alexandre Boutaud, président des agents d’assurance du Loiret
Transcript
00:00 Il est 8h moins 10, Camille Huppenoir, nos primes d'assurance vont-elles flamber ?
00:05 On en parle dans les Témoins de l'Actu dès maintenant, avec le nombre de sinistres en hausse lié au changement climatique,
00:10 mais aussi aux récentes émeutes urbaines. La question se pose, le tarif de nos contrats a peut-être déjà été revu à la hausse.
00:17 Venez en parler avec nous dès maintenant, 02.38.53.25.25, pour réagir en direct à l'antenne.
00:23 Et à quel point ces tarifs peuvent-ils flamber ? On essaie d'y voir plus clair avec vous Alexandre Boutot.
00:28 Bonjour Camille, vous êtes président de la Fédération des agents d'assurance du Loir.
00:32 Et juste une précision, ces assureurs indépendants, quelle est la différence avec les compagnies d'assurance ?
00:37 L'agent général d'assurance est distributeur des contrats d'assurance d'une compagnie d'assurance.
00:43 Donc vous travaillez avec les compagnies ?
00:44 On travaille avec les compagnies, le vrai, celui qui porte vraiment le risque, c'est la compagnie d'assurance.
00:49 A quelle hausse faut-il s'attendre sur ces contrats d'assurance ? Ces hausses ont-elles déjà commencé finalement ?
00:54 Oui, ces hausses ont déjà commencé début 2023, parce qu'effectivement on le voit bien que les statistiques en termes de sinistralité
01:01 sur les catastrophes naturelles, les tempêtes, ne sont pas au rendez-vous.
01:05 Les compagnies avaient des modèles économiques qu'elles sont en train de revoir.
01:09 À cause du changement climatique ?
01:10 Oui, oui, on ne se rend pas compte dans notre quotidien.
01:16 Une compagnie d'assurance a besoin de visibilité, elle a besoin de prévoir l'avenir.
01:24 Et le pire aujourd'hui, c'est quand on est dans une situation qui, concrètement, n'est pas très bonne.
01:29 Et d'autant plus on sait que l'avenir n'est pas bon.
01:32 On le sait tous, on le voit tous les jours à la télévision.
01:34 Donc c'est effectivement une situation qui n'est pas bonne du tout en termes de signes pour les compagnies d'assurance.
01:41 Et ce qu'il faut bien noter aussi, c'est que jusqu'à maintenant on était quand même très cantonnés dans une logique locale, régionale, voire nationale.
01:48 Oui, par exemple on voit les fissures sur les murs en France, on voit les grèves dans les vignes par exemple.
01:52 Tout ça j'ai envie de dire, évidemment ça existe, évidemment il faut le prendre en compte.
01:56 Mais aujourd'hui on est dans un monde international dans lequel ceux qui, entre guillemets,
02:00 sans faire de mauvais jeu de mots, mais qui font la pluie et le beau temps, ce sont les réassureurs.
02:04 C'est-à-dire que c'est des compagnies d'assurance qui sont au-dessus des compagnies d'assurance traditionnelles que nous nous connaissons.
02:10 Et qui, elles, sont là pour justement gérer le risque d'un point de vue mondial.
02:16 Donc le problème c'est qu'aujourd'hui, enfin le problème c'est pas un problème, heureusement que ça existe.
02:21 Les conséquences de sujets sinistres qu'on va avoir notamment en Inde, au Brésil ou aux Etats-Unis,
02:29 ça se voit en France. Concrètement, financièrement parlant, nous on le ressent, on l'impacte en France.
02:35 Et on parle de quelle hausse ? 10, 20, 30% ?
02:38 Alors ça dépend, ça dépend. Aujourd'hui certaines compagnies d'assurance se repositionnent.
02:43 Je connais moi une petite compagnie française qui a décidé de faire +40% sur les propriétaires de maison.
02:52 Parce qu'il faut bien comprendre que le risque aujourd'hui, quand on parle de tempête, de sécheresse,
02:57 c'est sur les propriétaires et pas sur les locataires. Donc ils ont décidé de faire +40%.
03:01 - Ça paraît énorme. - Mais c'est énorme.
03:03 Et c'est pas quelque chose de prévu, c'est quelque chose qui a été effectué déjà au mois d'avril.
03:07 Concrètement ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'on n'en veut plus, tout simplement.
03:11 Ça veut dire qu'aller voir ailleurs, on s'est pris des gros sinistres, on ne veut plus jouer.
03:16 Il y a un moment où certaines compagnies vont se repositionner sur des risques précis.
03:21 - Il n'y a pas que les particuliers qui sont assurés bien sûr.
03:24 Il y a les communes aussi, on pense aux dégâts à Montargie, 3 mois pile aujourd'hui après ces émeutes urbaines.
03:29 Elles vont avoir de plus en plus de mal finalement les villes, les collectivités à payer, à trouver même des assureurs.
03:35 - Alors vous avez raison, c'est même à trouver.
03:37 Moi ça fait 15 ans que je fais ce métier. Déjà il y a 15 ans pour une collectivité locale, c'était pas évident.
03:43 C'est-à-dire qu'aujourd'hui tout le monde ne le fait pas.
03:45 C'est des compagnies qui sont très spécialisées, qui ont un petit peu leurs critères.
03:51 Et aujourd'hui, j'ai encore vu dans la presse hier, la direction générale d'une très grosse compagnie
04:00 qui ne fait quasiment que de la collectivité locale, ils ont un genou à terre.
04:04 Mais quand je dis un genou à terre, c'est pour ne pas dire deux, et ils sont dans une situation financière qui est catastrophique.
04:10 Ils font appel à Bercy, ils font appel à du refinancement, parce qu'aujourd'hui ils ne peuvent plus.
04:16 - Venez nous rejoindre, vous êtes nos témoins de l'actu au 02 38 53 25 25.
04:20 Venez nous dire si vous avez peut-être déjà, par exemple, revu vos contrats d'assurance.
04:24 On continue d'en parler en tout cas Camille, avec Philippe Mallet que nous accueillons maintenant.
04:29 C'est l'adjoint à Montargie en charge de l'économie et du commerce.
04:32 - Bonjour Philippe Mallet.
04:33 - Oui bonjour.
04:34 - Vous les assurances, vous avez le nez dedans depuis quelques mois puisque vous êtes donc adjoint à Montargie.
04:39 Et vous avez vous-même trois magasins dans la ville.
04:42 Ces émeutes urbaines qui ont fait de gros dégâts dans le centre-ville, notamment rue Doré,
04:46 ont-elles eu des conséquences déjà sur les contrats d'assurance de la ville de Montargie ?
04:52 - Alors sur la ville de Montargie, oui bien sûr, on peut déplorer que notre assureur veut se désengager évidemment des émeutes.
05:00 Et dire que notre franchise aujourd'hui qui était de 7500 euros passe à 2 millions d'euros.
05:07 Donc on sent évidemment que tout de suite un désengagement des assurances.
05:13 On a l'impression d'ailleurs qu'on veut quelque part qu'on s'assure nous-mêmes, comme d'autres collectivités le font à l'heure actuelle.
05:21 - C'est ce que disait Alexandre Boutot, vous avez la sensation qu'on vous pousse vers la sortie finalement à ne plus prendre cette assurance.
05:28 - Exactement.
05:29 - Et vos magasins, avez-vous été touchés et attendez-vous encore après l'assurance ?
05:36 - Moi aujourd'hui j'ai eu trois magasins qui ont subi des émeutes.
05:40 J'ai un magasin, le troisième, on vient de changer enfin la vitrine.
05:45 Les deux autres avaient été changés au départ parce que c'était des petites vitrines.
05:49 Mais sinon pour l'instant je suis toujours dans l'attente des assurances et des remboursements.
05:57 Puisque j'ai eu uniquement un magasin qui a été entièrement indemnisé à hauteur de 75%.
06:03 - Et qu'en est-il de vos collègues, notamment dans cette rue dorée où beaucoup de vitrines avaient été vandalisées, on s'en souvient ?
06:09 - Oui, il y avait 114 vitrines en tout qui ont été vandalisées.
06:12 Et à l'heure actuelle on peut dire qu'il reste encore 30% de vitrines qui sont fermées avec des planches en bois.
06:19 - On parlait de la hausse des contrats Alexandre Boutot, mais est-ce qu'il y a aussi un allongement des délais pour les expertises, les assurances ?
06:27 - Oui, concernant le dossier de menthargie, c'est un dossier que je suis au niveau de mon cabinet puisque j'ai des risques qui sont là-bas.
06:37 Je suis allé plusieurs fois en expertise là-bas.
06:40 Effectivement ce n'est pas simple parce qu'on est sur des multi-interlocuteurs.
06:43 Vous avez la mairie, vous avez la copropriété, les copropriétaires, les locataires.
06:48 Donc c'est extrêmement compliqué de pouvoir gérer tout ce petit monde pour arriver à se mettre d'accord sur, ne serait-ce que tout bêtement, des dates d'expertise.
06:57 C'est arrivé fin juin, on est parti sur juillet/août dans la foulée.
07:02 Donc effectivement tous ces délais qui sont arrivés, enfin ce sinistre en plus est arrivé avec déjà, il ne faut pas l'oublier,
07:11 il y avait d'autres sinistres, des sinistres majeurs en termes de tempête ou de grêle qui avaient déjà énormément immobilisé les services d'expertise,
07:21 des cabinets d'expertise.
07:23 Donc la gestion du temps effectivement est très compliquée.
07:26 - Et ça s'ajoute donc à cette précision des crises.
07:29 Finalement on a l'impression qu'on ne peut pas échapper à la hausse des tarifs des contrats.
07:32 - Aujourd'hui, je vais raconter une petite anecdote.
07:37 Je discutais avec un directeur général de compagnie qui m'a expliqué comment s'est fait, il y a un an,
07:42 le renouvellement des contrats d'une compagnie d'assurance avec son réassureur.
07:46 Le réassureur lui a dit "voilà c'est très simple, c'est ça et c'est pas autrement".
07:49 On lui a dit "non, attendez, on va discuter, on va essayer d'aller voir ailleurs".
07:53 Le réassureur lui a dit "mais vous perdez votre temps, c'est comme ça et c'est pas autrement".
07:57 Et je suis désolé mais vous n'avez pas le choix.
07:59 Et qu'est-ce qu'ils ont fait ? Ils ont signé effectivement dans les conditions qui étaient prévues.
08:04 Il y avait zéro négociation.
08:05 Ce qu'il faut savoir c'est que début janvier, vous aviez des compagnies d'assurance
08:08 qui n'avaient toujours pas renouvelé leur contrat de réassurance.
08:11 On pourrait se dire "oui, ok, d'accord" mais c'est comme si vous vous rouliez sans assurance en voiture.
08:16 C'est exactement pareil.
08:17 Je veux dire, on est sur une situation dans une tendance aujourd'hui où ça se tend de partout.
08:22 - Philippe Mallet qui a un peu les deux visions parce qu'il a la foi en joint à la ville de l'Antargie et commerçant.
08:28 Vous, Philippe Mallet, vous vous posez la question de peut-être ne plus prendre de contrat tout simplement ?
08:32 - Non, c'est pas possible.
08:34 On sait bien qu'il faut être prudent.
08:36 Si vous voulez, nous, en effet, on n'a pas le choix.
08:39 Ça vient d'être dit, on n'a pas le choix.
08:41 Aujourd'hui, si je prends le côté du commerçant, on a des hausses de loyer, on a des hausses de salaire,
08:46 on a des hausses d'assurance, enfin tout est en hausse sauf les chiffres d'affaires qui sont à -20, -30 depuis les émeutes.
08:52 - Est-ce qu'il y aurait un conseil, Alexandre Voutot, où il n'y a pas de solution miracle, on imagine,
08:59 mais est-ce que vous n'avez que un conseil pour choisir un contrat qui n'augmenterait pas encore plus ?
09:05 - Non, c'est très compliqué.
09:07 C'est très compliqué.
09:09 La seule chose qu'on peut espérer, c'est qu'effectivement,
09:11 on n'arrive pas dans des situations comme on est aujourd'hui sur Montargie,
09:14 où effectivement, il faut quand même se rendre compte, ils ont mis une compagnie d'assurance à genoux.
09:19 Ils ont mis une compagnie d'assurance à genoux.
09:22 C'est quand même hallucinant.
09:25 - Quelques heures d'émeute et la compagnie est à genoux.
09:27 - La compagnie est à genoux.
09:29 Il y a eu effectivement Montargie, mais cette compagnie, elle est présente partout en France.
09:32 - Je me souviens de Marseille, Paris, etc.
09:34 - Elle a été la cible de toutes ces nuits d'émeute.
09:39 Pendant une semaine, ça y est, financièrement, elle était à genoux.
09:43 Donc aujourd'hui, c'est extrêmement compliqué.
09:45 Elle n'a pas le choix.
09:47 - La situation est extrêmement tendue sur les assurances.
09:49 Merci d'en avoir parlé ce matin, Alexandre Voutot.
09:51 Merci à vous, Philippe Mallet, d'être intervenu pour la ville de Montargie.

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