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Le crash de l'A320 de Germanwings est un accident aérien provoqué par le suicide du copilote Andreas Lubitz, qui a volontairement précipité son avion contre une montagne dans la commune de Prads-Haute-Bléone, dans les Alpes du Sud françaises

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00:00:00 NERBUS à 320 disparaissait des écrans radars avec à son bord 150 personnes.
00:00:05 Mais que s'est-il vraiment passé ?
00:00:08 Nous avons donc décidé de faire un épisode de NERBUS.
00:00:13 Nous avons donc décidé de faire un épisode de NERBUS.
00:00:18 Nous avons donc décidé de faire un épisode de NERBUS.
00:00:21 Nous avons donc décidé de faire un épisode de NERBUS.
00:00:24 Nous avons donc décidé de faire un épisode de NERBUS.
00:00:27 Nous avons donc décidé de faire un épisode de NERBUS.
00:00:30 Nous avons donc décidé de faire un épisode de NERBUS.
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00:00:42 Nous avons donc décidé de faire un épisode de NERBUS.
00:00:45 Nous avons donc décidé de faire un épisode de NERBUS.
00:00:48 Nous avons donc décidé de faire un épisode de NERBUS.
00:00:51 Nous avons donc décidé de faire un épisode de NERBUS.
00:00:54 Nous avons donc décidé de faire un épisode de NERBUS.
00:00:57 Nous avons donc décidé de faire un épisode de NERBUS.
00:01:00 Nous avons donc décidé de faire un épisode de NERBUS.
00:01:03 Le capitaine s'en va du poste.
00:01:06 Le copilote est donc seul aux commandes.
00:01:15 A partir du moment où on voit cet avion qui descend, on ne comprend pas pourquoi il descend.
00:01:26 Le commandement, quand il remonte de l'arrière de l'avion vers le poste de pilotage,
00:01:31 le commandement, quand il remonte de l'arrière de l'avion vers le poste de pilotage,
00:01:34 il voit très bien que l'avion est en descente, il doit se dire "qu'est-ce qui se passe ?"
00:01:37 Le commandement de bord a tapé sur la porte tant qu'il a pu pendant 10 minutes en pleurant.
00:01:47 Les passagers ont pleuré avec lui.
00:01:53 Il veut se suicider mais pas tout seul.
00:01:59 Il veut se mettre à 180 km/h et rentrer dans un mur.
00:02:02 Non, il faut qu'il emmène 149 personnes avec lui.
00:02:05 Bonsoir à tous et bienvenue.
00:02:14 La météo est bonne ce 24 mars 2015 lorsque l'appareil de la Germanwings,
00:02:18 parti de Barcelone direction Düsseldorf, survole les Alpes.
00:02:22 Et pourtant, l'avion se met à descendre.
00:02:25 Insensiblement, lentement, mais inéluctablement.
00:02:29 8 minutes d'une chute que les passagers ont sans doute à peine remarqué au départ,
00:02:33 avant de prendre conscience de l'horreur.
00:02:36 8 minutes au cours desquelles le pilote, bloqué à l'extérieur de la cabine,
00:02:40 a tout tenté, en vain, jusqu'à l'impact fatal dans les Alpes de Haute-Provence.
00:02:45 Comment expliquer ce crash ?
00:02:48 Le bureau d'enquête et d'analyse vient de rendre ses conclusions
00:02:51 et confirme le macabre scénario du suicide du copilote Andreas Nubic.
00:02:57 Seulement, on ne sait pas tout.
00:02:59 Vous allez découvrir des images exceptionnelles d'Andreas Nubic,
00:03:02 entendre les témoignages bouleversants des équipes de secours chargées
00:03:06 de ratisser les lieux du drame,
00:03:08 ainsi que des familles de victimes qui ont accepté, pour la toute première fois, de parler.
00:03:13 Germanwings, que s'est-il vraiment passé ?
00:03:16 C'est un document de Renaud Fessaguet et Alexandre Amaral.
00:03:20 [Musique]
00:03:27 L'Airbus A320 de Germanwings s'est écrasé en fin de matinée dans le massif des Trois-Evêchés vers Dingle-et-Barnes,
00:03:33 les Alpes de Haute-Provence.
00:03:35 [Bruits de l'interprétation en anglais]
00:03:48 148 personnes étaient à bord, il n'y aurait aucun survivant.
00:03:52 [Musique]
00:04:21 Je ne voyais aucun corps.
00:04:23 C'est-à-dire que je ne voyais pas un avion.
00:04:26 Là, je ne voyais plus rien.
00:04:28 Plus rien.
00:04:29 [Musique]
00:04:37 C'est assez hallucinant.
00:04:39 C'est du confetti, c'est pulvérisé.
00:04:41 Il ne faut pas imaginer que tout ait disparu.
00:04:43 [Musique]
00:04:47 Ça ressemble à ça à l'enfer, mais ça s'y approche drôlement.
00:04:51 [Musique]
00:04:54 L'avion est passé sous ces arbres-là, il est passé là nécessairement.
00:04:58 On peut avoir des comptes en Airbus, ce que ça représente, dans ce fond de vallée,
00:05:02 qui arrive là, avec les passagers.
00:05:04 Les passagers ont tout vu.
00:05:06 [Musique]
00:05:31 Ce 24 mars 2015, au matin, aéroport de Barcelone, en Espagne.
00:05:36 Il est 8h30.
00:05:38 C'est un jour comme les autres.
00:05:41 [Musique]
00:05:44 Sur le tarmac, un Airbus de la Germanwings, la compagnie à bas prix de Lufthansa.
00:05:49 [Musique]
00:05:51 Quatre fois par jour, l'avion effectue la navette entre Düsseldorf, en Allemagne, et Barcelone.
00:05:56 [Musique]
00:06:00 Le trajet dure moins de deux heures, et ne présente aucun danger particulier.
00:06:04 [Musique]
00:06:08 Au départ, rien ne distingue ce vol à prix réduit, des 20 000 autres vols commerciaux
00:06:12 qui sillonnent le ciel européen, tous les jours.
00:06:15 [Musique]
00:06:18 Aux manettes, deux pilotes recrutés par la maison-mère, la Lufthansa.
00:06:22 Le commandant de bord, Patrick Sandanheimer, 34 ans, est déjà chevronné.
00:06:28 C'est la seule photo que nous ayons de lui.
00:06:31 [Musique]
00:06:33 Le copilote, Andreas Lubitz, n'a que 27 ans.
00:06:37 Mais sa jeune expérience est compensée par une passion dévorante de l'aviation.
00:06:42 Les deux hommes s'apprêtent à redécoller de Barcelone dans quelques minutes.
00:06:47 [Musique]
00:06:49 Pendant l'escale, ils ont une escale qui est relativement courte.
00:06:51 Le commandant de bord, lui, de son côté, avec son copilote,
00:06:54 il y en a un qui est parti faire le tour de l'avion,
00:06:56 vérifier les trappes, vérifier tous les éléments de secours, le train et tout ce qui s'en suit.
00:07:00 L'autre s'est occupé des pleins, s'est occupé de la préparation de la navigation.
00:07:05 [Musique]
00:07:09 Une fois tout cela fait, le commandant de bord donne le top d'embarquement des passagers.
00:07:13 [Musique]
00:07:15 [Voix de l'avion]
00:07:25 Le vol 9525 de la German Wings pour Düsseldorf est très cosmopolite.
00:07:30 Les 144 passagers appartiennent à 18 nationalités différentes venant du monde entier.
00:07:37 [Musique]
00:07:39 On trouve même deux journalistes sportifs iraniens.
00:07:42 Ils viennent d'assister aux célèbres classicaux, la rencontre mythique Barcelone-Real Madrid.
00:07:48 La veille au soir, l'un d'entre eux a fait un dernier selfie de sa chambre d'hôtel.
00:07:53 [Musique]
00:07:59 Parmi ceux qui s'assoient dans l'Airbus, il y a aussi 16 lycéens d'une petite ville de Rhinanie et leurs deux professeurs d'espagnol.
00:08:06 Ils rentrent chez eux après un séjour linguistique de 10 jours en Espagne.
00:08:12 [Musique]
00:08:19 Il y avait une quarantaine d'élèves candidats à ce voyage, mais la moitié seulement pouvaient partir.
00:08:27 Alors on a fait un tirage au sort avec mes deux collègues d'espagnol.
00:08:31 Ceux qui n'ont pas été retenus ont bien sûr été déçus de ne pas partir.
00:08:35 Quand j'ai pris congé de mes deux collègues, je leur ai souhaité bon voyage.
00:08:40 Je leur ai dit profitez-en, amusez-vous bien avec les élèves et surtout ramenez tout le monde.
00:08:46 [Musique]
00:08:49 Dans l'avion, deux personnalités, deux stars de l'opéra allemand.
00:08:54 D'abord la chanteuse lyrique Maria Radner, une jeune cantatrice au parcours fulgurant.
00:09:00 Elle voyageait accompagnée de son mari et de son bébé d'un an et demi.
00:09:04 Maria était la fierté de son père.
00:09:08 Maria avait 33 ans, c'était une contralto confirmée.
00:09:15 Elle m'avait dit "papa c'est génial, à 30 ans je commence à faire une vraie carrière".
00:09:22 Elle avait chanté sur toutes les grandes scènes du monde.
00:09:25 Elle m'avait dit "mon objectif est de chanter du Wagner à Bayreuth".
00:09:32 La veille du crash, Maria Radner a justement interprété Siegfried de Wagner.
00:09:40 Avec l'autre star de l'opéra de Düsseldorf, Oleg Bryak.
00:09:45 Lui aussi a péri dans la catastrophe.
00:09:49 [Musique]
00:09:59 Maria Radner était sa partenaire de scène.
00:10:06 Et ils chantaient souvent ensemble.
00:10:11 Et je pense même qu'ils étaient assis côte à côte dans l'avion.
00:10:16 [Musique]
00:10:23 Mon père était fait pour l'opéra, c'était sa deuxième nature.
00:10:28 Petit, ça n'a pas toujours été facile pour moi, je ne l'ai pas souvent vu à la maison.
00:10:33 Les autres passagers sont en majorité de jeunes actifs qui prennent souvent l'avion pour leur métier.
00:10:39 Parmi eux, un décorateur d'intérieur espagnol, Robert Oliver Calvo.
00:10:45 Il se rendait en Allemagne pour inaugurer la boutique d'une célèbre marque de prêt-à-porter catalane.
00:10:50 Sa mère pleure aujourd'hui son fils unique.
00:10:54 Le dimanche d'avant, nous déjeunions ici tous ensemble avec Robert et ses enfants.
00:10:59 Et justement, on rigolait en parlant de son voyage.
00:11:04 On lui disait "tu vas encore refaire ta garde-robe gratis?"
00:11:09 Des blagues dans ce genre.
00:11:14 [Musique]
00:11:19 Il avait demandé à ne plus voyager aussi souvent.
00:11:24 D'ailleurs, ça devait être son dernier voyage.
00:11:29 [Musique]
00:11:33 Ce 24 mars, il est juste 10 heures lorsque les derniers passagers s'installent à bord de l'Airbus de la Germanwings.
00:11:40 [Musique]
00:11:51 C'est un Airbus 320. C'est un très bon avion.
00:11:54 C'est un appareil qui peut transporter entre 154 et 180 passagers.
00:11:58 Il était quasiment plat.
00:12:01 [Musique]
00:12:18 On signe les papiers officialisant tout cela.
00:12:22 [Musique]
00:12:26 On ferme les portes. L'autorisation de repousser du parking.
00:12:30 [Musique]
00:12:49 C'est enfin le décollage de Barcelone, direction Düsseldorf.
00:12:54 [Musique]
00:12:59 C'est un avion qui devrait être atteint dans moins de deux heures.
00:13:03 Il est 10h01 et la météo est très bonne ce matin-là.
00:13:08 [Musique]
00:13:26 Ils sont montés directement vers 38 000 pieds.
00:13:29 38 000 pieds, soit un peu plus de 11 000 mètres, l'altitude classique de croisière.
00:13:35 Pour rejoindre l'Allemagne, l'avion va d'abord survoler le sud de la France.
00:13:40 [Musique]
00:13:44 En cabine, quelques minutes après le décollage, le service à bord a commencé.
00:13:49 Rien d'autre à signaler.
00:13:51 [Musique]
00:13:57 Dans le cockpit, tout se passe aussi comme le plan de vol le prévoit, pour le moment.
00:14:03 [Musique]
00:14:07 Il a su une trajectoire un petit peu différente.
00:14:10 À l'aller, il était en contact avec Bordeaux Control.
00:14:13 Au retour, il est en contact avec Marseille Control.
00:14:16 [Musique]
00:14:20 Vous êtes autorisé vers un point qui s'appelle Imar.
00:14:24 Irmar, c'est une balise de navigation située en France, sur la route qui mène l'avion à Düsseldorf.
00:14:31 L'avion est bien au cap 023 vers Imar, et c'est là que tout commence.
00:14:38 [Musique]
00:14:40 Alors que le vol se déroule normalement, et que l'appareil est en pilotage automatique,
00:14:45 le commandant de bord, Patrick Sandanimer, annonce à son coéquipier qu'il va quitter le poste de pilotage.
00:14:52 [Musique]
00:14:57 Un besoin pressant oblige le pilote à quitter le cockpit,
00:15:00 laissant le copilote Andreas Lubitz seul aux commandes de l'appareil.
00:15:05 [Musique]
00:15:10 Le capitaine s'en va du poste.
00:15:12 [Musique]
00:15:18 Il y a juste derrière la porte du cockpit des toilettes.
00:15:23 Les toilettes de cet avion, ce jour-là, sont en panne.
00:15:25 [Musique]
00:15:29 Alors, si les toilettes avancent en hors-service,
00:15:33 le pilote n'a d'autre choix que de traverser tout l'appareil, soit une quarantaine de mètres,
00:15:38 pour rejoindre l'autre sanitaire situé au fond de l'appareil.
00:15:42 [Musique]
00:15:46 Cette panne, a priori anodine, aura plus tard des conséquences essentielles sur la suite des événements.
00:15:53 [Musique]
00:16:07 Sur un site internet spécialisé, nous avons pu retrouver le trajet exact du vol 9525 de la Germanwings.
00:16:14 Ce matin du 24 mars 2015, l'avion affiche bien une altitude de 38 000 pieds,
00:16:20 cela jusqu'à 10 heures 31 minutes et 54 secondes, très exactement.
00:16:25 Tout se passe normalement à bord de cet avion.
00:16:27 Cet avion apparaît en très bon état.
00:16:29 [Musique]
00:16:31 Seulement, une seconde plus tard, les contrôleurs d'Aix-en-Provence s'aperçoivent que l'Airbus est en train de descendre.
00:16:39 On voit cet avion qui entame une descente.
00:16:42 Ils sont surpris, puisqu'il ne l'a pas demandé.
00:16:45 [Musique]
00:16:54 Ils ne comprennent pas, ils appellent.
00:16:56 [Musique]
00:16:59 Une matriculation de l'avion, répondez, donnez vos intentions, pas de réponse.
00:17:05 [Musique]
00:17:09 Ils appellent d'autres avions pour leur demander de faire le relais, ce qui se fait très classiquement.
00:17:13 [Musique]
00:17:19 Bravo Alpha, pouvez-vous contacter le hôtel Victor, lui demander ses intentions.
00:17:24 Ils vont faire ça avec plusieurs avions.
00:17:26 Et puis à chaque fois, ils vont recevoir un message disant, il ne se passe rien.
00:17:29 [Musique]
00:17:31 Comme eux, sur leur radar, ils voient quand même la trajectoire de l'avion, très clairement descendante vers le sol, très stable.
00:17:39 Ils comprennent que ça va mal se terminer.
00:17:41 [Musique]
00:17:43 On le voit sur ce site internet.
00:17:45 L'avion descend tranquillement, sans même d'ailleurs que les passagers ne s'en rendent compte.
00:17:50 [Musique]
00:18:02 L'avion se lance, descend, bon, à la limite, les passagers doivent trouver ça bizarre, mais enfin bon.
00:18:07 Vous êtes en descente, en tant que passager, dans les premières minutes, vous apercevez rien.
00:18:12 Pourquoi l'équipage descend ?
00:18:14 Il descend parce qu'on a dû lui demander de descendre.
00:18:16 Ça ne va pas plus loin que ça.
00:18:18 [Musique]
00:18:20 Si les passagers ne remarquent rien, le pilote, lui, qui sort des toilettes, s'aperçoit très vite qu'il y a un problème à bord.
00:18:27 [Musique]
00:18:29 Le commandant de bord, lui, en sortant des toilettes, il a dû se dire, qu'est-ce qu'on fait là ?
00:18:34 [Musique]
00:18:38 Il est conscient, quand il revient, que l'avion descend, il est commandant de bord.
00:18:41 Il voit, à travers les hublots, quand il remonte de l'arrière de l'avion vers le poste de pilotage,
00:18:46 il voit très bien que l'avion est en descente, il doit se dire qu'est-ce qui se passe.
00:18:49 [Musique]
00:18:55 Il reste quand il revient, première chose, il frappe à la porte.
00:18:58 [Musique]
00:19:03 Il fait le code de secours.
00:19:05 [Musique]
00:19:07 La porte ne s'ouvre pas.
00:19:09 J'aurais été à sa place, j'aurais dit, soit il est mort,
00:19:13 soit un terroriste qui a décidé de conduire l'avion vers le sol,
00:19:17 soit un équipage qui a décidé de se suicider.
00:19:20 [Musique]
00:19:26 Devant le silence persistant de l'Airbus, la défense aérienne décide de faire décoller un Mirage 2000,
00:19:31 de la base d'Orange. C'est la plus proche.
00:19:34 Il ne faut que 7 minutes aux chasseurs pour rejoindre la région où a été signalé l'Airbus A320.
00:19:40 Lorsque le Mirage 2000 parvient dans la zone qui lui a été indiquée par les contrôleurs,
00:19:46 il ne voit rien. Il n'y a pas d'avion dans le ciel, puisque ce qu'il cherche c'est dans le ciel.
00:19:52 [Musique]
00:19:58 Au même moment, l'angoisse envahit la salle des opérations d'Aix-en-Provence.
00:20:02 Malgré les appels répétés des aiguilleurs du ciel, l'Airbus ne répond pas.
00:20:07 Et pourtant, en cas d'urgence, et même si les moyens de communication sont défaillants,
00:20:12 le pilote a bien des moyens de faire comprendre qu'il y a un problème à bord.
00:20:17 Il y a des tas de moyens avec un avion pour envoyer des messages. Il n'y a pas de messages.
00:20:22 [Musique]
00:20:25 On peut faire des tours, des boucles, on peut faire des trajectoires, des triangles,
00:20:30 on peut faire des tas de trucs avec un avion pour dire qu'il y a quelque chose qui ne va pas.
00:20:33 On sait que les radars vont le voir.
00:20:35 [Musique]
00:20:38 Il y a une balise de détresse qu'on peut déclencher. Enfin, vous voyez, il y a des tas de choses
00:20:42 qui pourraient être utilisées si on était dans une situation de détresse, qui ne sont pas utilisées.
00:20:47 Donc, ça veut dire que si elles ne sont pas utilisées, c'est qu'on ne peut pas ou on ne veut pas utiliser.
00:20:55 Pour les contrôleurs d'Aix, une conclusion s'impose.
00:21:00 L'Airbus de la Germanwings n'est pas un avion fantôme, puisqu'il est piloté.
00:21:04 Mais sa courbe de descente laisse présager du pire.
00:21:09 À l'intérieur de la cabine, c'est d'ailleurs le pire qui est en train de se produire.
00:21:14 Andreas, c'est moi, ouvre !
00:21:17 [Musique]
00:21:19 Andreas !
00:21:21 [Musique]
00:21:22 Ouvre, Andreas, pour l'amour de Dieu, ouvre !
00:21:25 [Musique]
00:21:28 Le commandant de bord, il a tapé sur la porte tant qu'il a pu pendant 10 minutes en pleurant.
00:21:32 Et les passagers ont pleuré avec lui, mais il n'y avait pas de solution.
00:21:36 [Musique]
00:21:41 Et quand on voit que la porte ne s'ouvre pas, que l'avion continue à descendre...
00:21:45 [Musique]
00:21:50 On voit que la trajectoire de l'avion ne varie pas d'un poil.
00:21:53 [Musique]
00:21:57 On voit que le commandant de bord n'obtient aucun résultat à ses cris, à ses hurlements.
00:22:02 [Musique]
00:22:04 Et donc, voilà, c'est l'effroi.
00:22:06 Mais j'imagine que dans cet effroi, on espère toujours jusqu'au dernier moment qu'il va se passer quelque chose et que ce n'est pas possible, parce que ce n'est pas possible.
00:22:17 Andreas !
00:22:19 Pour l'amour de Dieu, ouvre cette porte !
00:22:21 [Musique]
00:22:29 À 10h41 très précise, l'avion disparaît des écrans radars d'Aix-en-Provence.
00:22:35 Il vient de s'écraser dans les Alpes du Sud.
00:22:38 Le reste n'est plus que silence.
00:22:41 [Musique]
00:22:48 Quelques minutes plus tard, l'armée de l'air prévient les gendarmes de Haute-Montagne basés à Digne-les-Bains.
00:22:54 Section Ariane des Dignes, l'adjoint Huro, bonjour.
00:22:57 C'est le capitaine David Huro qui est de permanence ce matin-là.
00:23:00 Et le gendarme a bien du mal à en croire ses oreilles.
00:23:04 [Musique]
00:23:09 Quand il me dit A320, je lui dis mais Airbus A320, et je lui dis même genre d'avion avec 150 personnes dedans, et il me dit oui, oui, c'est bien ça, quoi.
00:23:17 On croit vraiment qu'on part sur un souci, peut-être même, on pense même un souci du contrôle aérien.
00:23:25 Jusqu'au bout, on se dit bon, c'est pas possible, quoi.
00:23:27 Pas ici, pas maintenant, pas ça.
00:23:30 [Musique]
00:23:33 Un premier hélico de secours décolle de Digne.
00:23:36 Le capitaine Jean-Paul Marcy est aux commandes.
00:23:39 Dans l'appareil, il y a un autre gendarme, Jean-Sébastien Beau, et un médecin.
00:23:45 L'hélicoptère file en direction du secteur des Trois-Et-Béchets à 10 minutes à Bolles-D'Oiseau.
00:23:52 [Musique]
00:23:56 Les Trois-Et-Béchets, ce sont les montagnes blanches qui sont en face de nous.
00:23:59 [Bruit de moteur]
00:24:01 Voilà, et là, c'est à peu près le secteur où l'appareil a disparu des écrans radars.
00:24:06 [Bruit de moteur]
00:24:11 En fait, on n'a pas eu le temps de se poser véritablement de questions,
00:24:15 parce que tout s'est déroulé très, très vite.
00:24:18 Entre le moment où on a reçu le coup de téléphone initial,
00:24:21 et le moment où on est arrivé sur zone, il s'est coulé une dizaine de minutes, maximum.
00:24:26 On était à la verticale du site, on a immédiatement pu identifier l'épave.
00:24:32 [Bruit de moteur]
00:24:34 Il est 11h09, quand l'hélico arrive sur le site du crash.
00:24:37 Au milieu de l'impact, c'est au bas de la boraine qu'on est en face de nous.
00:24:41 [Musique]
00:24:47 La machine a frappé ici, et s'est déconcentrée sur ce cirque qu'on a en face de nous.
00:24:51 [Musique]
00:24:56 Les gendarmes filment depuis le ciel.
00:24:58 [Musique]
00:25:00 Et ce qu'ils voient, les glaces littéralement d'horreur.
00:25:04 [Musique]
00:25:13 On avait du mal à imaginer que ce soit la carcasse d'un avion.
00:25:18 C'était la première fois qu'on voyait quelque chose de cette ampleur.
00:25:22 Il restait pratiquement plus rien, quelques petits débris fumants de petite taille,
00:25:27 parce que tout avait été pulvérisé à l'impact.
00:25:30 Il restait juste un petit morceau qui était identifiable,
00:25:34 parce qu'il portait encore son immatriculation de l'aéronef,
00:25:38 mais c'était quasiment le plus beau morceau qu'on a pu repérer.
00:25:43 [Musique]
00:25:46 Ce que les premiers secouristes découvrent sur ce flanc de montagne est hallucinant.
00:25:51 Des milliers de débris éparpillés sur trois hectares,
00:25:54 et aucun survivant.
00:25:57 C'est dire la violence du choc.
00:26:00 [Musique]
00:26:05 Le gendarme Jean-Sébastien Beau est le premier à être élitreuillé.
00:26:10 [Musique]
00:26:15 On est creuillé sur le haut du flanc.
00:26:18 Donc sur le haut, à peu près d'un beau rocher, un endroit un petit peu plat.
00:26:24 Et dès le début, on voit plein de débris,
00:26:28 et bien sûr des victimes parsemées sur le flanc.
00:26:31 [Musique]
00:26:34 Moi je suis sorti à pied, au début pour trouver les possibles survivants.
00:26:39 J'ai rafraîchissement vu que ce n'était pas possible.
00:26:42 Une autre mission est alors assignée au premier gendarme secouriste.
00:26:46 Retrouver la boîte noire de l'appareil.
00:26:49 C'était pas un compte ensemblaire, en fait.
00:26:52 Une boîte orange qui faisait un peu plus de taille là.
00:26:55 Donc on me l'a rapidement dit, je suis descendu dans le ballon du semblable le plus accessible.
00:27:00 [Musique]
00:27:06 Et dix minutes plus tard, je suis tombé dessus, avec quelques gravats au-dessus.
00:27:11 J'ai vite remarqué qu'il y avait un voile tricordeur sur le dessus.
00:27:15 J'ai signalé, et voilà comment j'ai trouvé la boîte noire. J'ai eu un coup de chance.
00:27:19 [Musique]
00:27:22 Cette première boîte noire est rapatriée vers Dignes, puis vers Paris.
00:27:26 Elle seule peut à cet instant lever le mystère du crash.
00:27:30 C'est une catastrophe aérienne, et on s'interroge.
00:27:34 Qu'est-ce qui a pu se passer ? Parce qu'il est vraiment tombé à la verticale,
00:27:37 et puis on apprend surtout qu'il n'y a aucune communication.
00:27:41 Toujours on pense à l'accident, à la catastrophe mécanique.
00:27:47 Puis deuxième hypothèse, effectivement, qui sera étudiée très vite aussi.
00:27:51 Pourquoi pas une action de nature terroriste ?
00:27:54 On commençait à parler d'attentats quand même à cette époque-là.
00:27:56 Je vous rappelle qu'on est juste après les fameux attentats de janvier.
00:28:01 Toutes les hypothèses, comme toujours dans une enquête au départ,
00:28:04 où on n'a pas la clé immédiatement de l'affaire et de l'origine, sont ouvertes.
00:28:09 Des hypothèses, mais aucune certitude.
00:28:15 Ironie du sort. Ce 24 mars, le roi et la reine d'Espagne sont en visite officielle à Paris.
00:28:33 Ils viennent d'apprendre la terrible nouvelle du crash.
00:28:38 50 de leurs compatriotes étaient dans l'avion.
00:28:42 Un accident terrible vient de se produire sur le territoire français.
00:28:55 Tous les moyens sont mis en place pour à la fois connaître les circonstances de l'accident
00:29:04 et retrouver les victimes.
00:29:09 Devant la gravité du drame, le roi Félipé décide d'annuler la visite qu'il venait juste d'entamer en France.
00:29:17 Nous voudrions présenter nos plus sincères condoléances aux familles qui ont perdu un être cher aujourd'hui.
00:29:33 Parmi les 50 victimes espagnoles, Robert-Olivier Calvaux, le jeune designer d'origine américaine.
00:29:41 Sa mère se souvient du moment où elle a appris le drame.
00:29:46 J'étais à la maison ce matin-là et ma fille m'a appelé au téléphone.
00:29:53 Elle m'a dit qu'elle avait vu sur son portable qu'un avion qui allait de Barcelone à Dusseldorf venait de s'écraser dans les Alpes.
00:30:04 J'ai tout de suite pensé "non, c'est pas possible, c'est pas possible".
00:30:09 J'ai dit à Marie-Belle "tu sais, il y a beaucoup d'avions qui décollent de Barcelone vers l'Allemagne,
00:30:15 pourquoi tout de suite penser que c'est celui de Calvaux qui s'est écrasé ?
00:30:19 Seulement, les télévisions espagnoles confirment très vite qu'il s'agit du vol de Robert Calvaux.
00:30:26 On ne savait pas à ce moment-là s'il y avait eu des survivants, si c'était une catastrophe totale à laquelle personne n'avait survécu.
00:30:45 Dans ces moments-là, tout est confusion et chaos.
00:30:50 Mais une fois qu'on a compris que c'était une catastrophe et qu'il n'y avait pas de survivants, alors oui, on est allés à l'aéroport.
00:31:03 À l'aéroport de Barcelone, les familles de victimes arrivent dans un état de choc inouï.
00:31:12 Les gens ne peuvent plus s'y accueillir.
00:31:16 Parfois, la colère l'emporte sur la douleur.
00:31:37 Protégés par la police, les proches des passagers sont conduits dans un local, à l'abri des regards.
00:31:44 Dans la salle, ils avaient installé plusieurs tables pour les familles présentes.
00:31:50 Là, ils nous ont demandé comment ils étaient habillés pour qu'on puisse les reconnaître.
00:31:55 Et ils nous ont aussi fait des prélèvements ADN.
00:31:59 À Düsseldorf, le contraste est saisissant.
00:32:06 La presse est tenue à l'écart. Le hall de l'aéroport évacué.
00:32:10 Sur le panneau d'affichage, le vol de la Germanwings est toujours annoncé, mais sans heure d'arrivée.
00:32:17 Les familles des 72 passagers allemands, strictement protégés, arrivent au Kongout dans un désespoir total.
00:32:35 Dans le flot, Klaus Radner, le père de la cantatrice, va apprendre la tragédie par hasard en écoutant la radio.
00:32:42 Sa fille était à bord de l'airbus avec son mari et leur petit garçon.
00:32:47 Je suis parti du bureau vers 11h45 pour aller chercher mes enfants à l'aéroport de Düsseldorf.
00:32:59 Et sur la route, j'ai entendu à la radio que l'avion qui venait de s'écraser était parti de Barcelone à destination de Düsseldorf.
00:33:09 Une fois à l'aéroport, j'ai gagné la zone des arrivées.
00:33:26 J'ai demandé à une des personnes de service s'il n'y avait pas de confusion possible avec un autre avion.
00:33:32 Mais il m'a dit non.
00:33:36 Et puis j'ai reçu une alerte sur mon portable.
00:33:49 Le message disait "aucun survivant dans la catastrophe de Germanwings".
00:33:55 Je me suis dit ils sont tous morts.
00:34:02 Au siège de la Lufthansa, les responsables de la compagnie aérienne sont assommés par ce coup du sort.
00:34:15 Et c'est le PDG du groupe en personne qui prend la parole.
00:34:20 À l'heure actuelle, nous ne pouvons encore rien dire des circonstances de l'accident.
00:34:31 Nos premières pensées et nos premières prières vont vers les familles des passagers et de l'équipage.
00:34:38 C'est vraiment une heure noire pour Lufthansa.
00:34:45 Au soir de ce mardi 24 mars, il reste que les familles des passagers sont au désespoir.
00:34:50 Et surtout frustrées par le manque d'explications.
00:34:54 Comment est-ce possible que cet Airbus A320 si normal, si anodin, avec une bonne météo au départ,
00:35:04 comment est-ce possible qu'il ait pu tomber ?
00:35:09 Mais pourquoi ? Pour quelle raison ? Quelle est la cause ?
00:35:14 Personne n'en sait rien.
00:35:16 Alors, pourquoi l'Airbus de la Germanwings n'a pas envoyé de message ?
00:35:22 Pourquoi n'a-t-il pas lancé d'appel de détresse ?
00:35:25 A-t-il été victime d'un terroriste ?
00:35:28 D'une panne technique ? D'une asphyxie générale ?
00:35:31 Ou pourquoi pas, hypothèse que personne n'ose imaginer, du suicide d'un de ses pilotes ?
00:35:37 Personne n'a de réponse ce 24 mars.
00:35:43 Le pire, c'est de ne pas savoir.
00:36:11 Dans l'Airbus, il y avait 72 Allemands et 50 Espagnols.
00:36:15 Il est donc logique que la chancelière allemande, Angela Merkel,
00:36:20 et Mariano Rajoy, le président du gouvernement espagnol,
00:36:25 soient accueillis par François Hollande, ici, dans le petit village du Vernet,
00:36:30 à quelques kilomètres du lieu du crash.
00:36:38 En saluant les gendarmes et les secouristes qui oeuvrent depuis 24 heures sur le lieu du drame,
00:36:42 les chefs d'Etat prennent soudainement conscience de l'ampleur de la catastrophe.
00:36:47 Sur la droite, vous voyez ces arbres qui descendent, il y a un col.
00:36:51 L'accident s'est produit juste derrière ces arbres.
00:36:55 C'est un site qui a une histoire particulière ?
00:37:05 C'est un site qui est complètement isolé, sauvage, personne n'y va.
00:37:09 C'est proche mais si loin.
00:37:12 C'est proche et inaccessible.
00:37:16 Malgré la présence des officiels, le balai des hélicoptères dans le ciel des Alpes continue.
00:37:29 L'urgence est de parvenir à identifier les corps des 150 passagers
00:37:34 et membres d'équipage.
00:37:36 Un travail harassant et macabre, dirigé par le col. Patrick Touron,
00:37:41 le patron de l'Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale.
00:37:46 On a l'impression, quand on arrive, qu'on ne va jamais y arriver.
00:37:51 C'est tellement immense, c'est tellement hostile qu'on se dit que ça ne va pas marcher,
00:37:56 on ne va pas réussir à aboutir.
00:37:59 Le balai des hélicoptères est un site de recherche criminelle.
00:38:03 Je rentrais d'un crash d'avion de l'Algernon Airlines qui s'était crashé au Mali,
00:38:10 où j'avais eu un avion qui était allé à très grande vitesse sur le sol,
00:38:14 et là où les corps avaient été complètement déchiquetés.
00:38:17 Là on me confirme que c'est à peu près le même scénario.
00:38:20 Alors là, je me suis dit "catastrophe".
00:38:23 Dans la ravine, 70 secouristes et légistes se relaient 24h/24
00:38:28 pour trier les milliers de débris.
00:38:30 Et le pilote m'a dit "oui, il est arrivé apparemment, et il a pris la montagne à pleine vitesse".
00:38:39 Donc là, ce que je sais, c'est que je fais un petit calcul de tête.
00:38:43 700 km/h, 200 m/s, un avion ça fait 50 mètres,
00:38:48 en 1/25 de seconde, j'ai la queue de l'avion qui est venue percuter le nez de l'avion,
00:38:54 1/25 de seconde.
00:38:57 Pour que vous puissiez vous rendre compte, 1/25 de seconde en télévision, c'est une image subliminale.
00:39:04 Et une image subliminale, c'est ça.
00:39:07 Pour les secouristes et les gendarmes, le plus dur n'a pas été de manipuler les bouts de carcasses de l'avion.
00:39:19 C'est bon ?
00:39:20 Mais plutôt de supporter psychologiquement l'inimaginable.
00:39:35 Comme je ne vois pas de corps, je ne voyais que des morceaux,
00:39:39 j'ai fait un rapide calcul en me disant 30 fragments de corps par victime,
00:39:46 150, ça fait à peu près 6000 morceaux qu'il va falloir que je l'analyse ou que je retrouve.
00:39:52 Chaque fragment doit avoir une traçabilité,
00:40:00 ici on a des systèmes de code-barres d'identification,
00:40:03 puis ensuite on relève des éléments identifiants, on leur met un profil ADN,
00:40:07 on leur remet une empreinte digitale, on leur remet une empreinte dentaire,
00:40:10 et ensuite le groupe qui travaille avec le contact avec les familles,
00:40:14 il va me donner une empreinte digitale ou alors l'ADN des parents,
00:40:16 et on va rechercher avec ces éléments, qui est dans la base des victimes,
00:40:20 où se retrouve cette personne, ça nous permet de reconstituer les corps.
00:40:24 L'objectif sur un avion, sur un crash, c'est de permettre aux proches des familles
00:40:34 de récupérer leur corps au plus vite, ce qui paraît une grande attente,
00:40:38 en tout cas c'est notre attention.
00:40:42 Au-delà des fragments de corps, les légistes de la gendarmerie
00:40:45 doivent aussi trier les objets personnels des victimes.
00:40:48 Avec l'ADN, ce sont ces effets qui permettront d'identifier les passagers.
00:40:53 Il y a beaucoup d'éléments qui ne sont pas identifiables ou rapprochables directement,
00:40:57 mais des bouts de jeans, des bouts de vêtements, et ça c'est pareil, on ne veut pas laisser.
00:41:00 Donc en gendarmerie on récupère tous ces éléments.
00:41:03 Il faut bien savoir qu'il y a des éléments qui vont réussir à être identifiés,
00:41:07 puis d'autres, où on peut associer à une victime,
00:41:10 et c'est vraiment pour nous ce qui est toujours le plus dur à vivre,
00:41:12 mais vraiment très dur, c'est lorsque vous avez des...
00:41:17 excusez-moi, des poupées ou des trucs d'enfants,
00:41:28 et ça on ne veut pas le laisser sur site, et donc on y tient beaucoup.
00:41:32 [Musique]
00:41:39 Cela tient du miracle,
00:41:41 mais certaines familles ont pu récupérer des objets personnels de leurs proches.
00:41:45 A Barcelone, les parents de Robert-Olivier Calveau, le jeune designer,
00:41:50 les ont reçus six mois après la catastrophe.
00:41:54 [Musique]
00:41:58 Ah, et belle, pose ça sur la table.
00:42:02 [Musique]
00:42:04 Assieds-toi, assieds-toi.
00:42:06 Alors, voici quelques-uns des éléments récupérés de notre fils Calveau.
00:42:15 Le passeport, et sa photo.
00:42:23 Regarde dans quel état.
00:42:26 L'incendie qu'il y a dû avoir à l'intérieur.
00:42:30 Tout en vivant en Espagne, Robert Calveau était resté citoyen américain.
00:42:36 Et là, on a ses clés, on pense qu'il en reste.
00:42:43 [Musique]
00:42:47 Tout brûlé, regardez.
00:42:52 Et là, c'est son portefeuille, sa carte.
00:43:00 Oui, il y avait toutes les cartes à l'intérieur.
00:43:04 Regarde dans quel état ils sont.
00:43:09 Regarde les pièces.
00:43:14 Oui, elles sont comme toutes oxydées.
00:43:21 [Musique]
00:43:29 On se rend compte avec ça, de ce qui s'est passé dans l'avion.
00:43:33 Peut-être que leurs derniers instants ont été très courts.
00:43:38 Tu te rends compte, l'avion a pris feu.
00:43:42 Regarde ce qu'il reste.
00:43:45 [Musique]
00:43:49 Tous ces objets calcinés témoignent de l'incroyable violence du crash.
00:43:53 Mais ce qui hante le plus les familles, c'est de connaître la vérité.
00:43:57 Et le moins que l'on puisse dire, c'est que dans les heures qui ont suivi la catastrophe, rien n'est fait pour les rassurer.
00:44:04 [Musique]
00:44:12 Retour le 25 mars 2015, 24 heures après le crash.
00:44:18 On s'est convoqué au siège du BEA, situé au Bourget, près de Paris.
00:44:21 C'est le Bureau Enquête et Analyse, un organisme qui dépend directement du ministre des Transports.
00:44:27 Depuis la veille, ces ingénieurs ont sur leur table la première boîte noire.
00:44:31 Mais bizarrement, le patron du BEA n'apporte aucune information sur les causes de l'accident.
00:44:37 Maintenant, il est beaucoup trop tôt pour en tirer la moindre conclusion sur ce qui s'est passé.
00:44:44 Il y a une énorme frustration de la part des familles qui veulent savoir ce qui s'est passé exactement dans cet avion.
00:44:50 Et on ne leur dit strictement rien.
00:44:52 Et pourtant, il y a un élément capital, il y a cette fameuse boîte noire qui détient la vérité, qui détient les conversations dans le cockpit.
00:45:00 Et là, rien, conférence de presse, rien de la part du BEA. On se dit mais qu'est-ce qui s'est passé exactement ?
00:45:07 [Bruit de son]
00:45:12 Écoute Théâtre.
00:45:14 Alors que la catastrophe a eu lieu sur le territoire français, c'est un journal américain, le New York Times, qui va révéler les causes du crash au monde entier.
00:45:23 D'après le New York Times, en effet, il ne s'agit pas d'un accident, mais d'un acte volontaire causé par un membre de l'équipage.
00:45:32 Le pilote de la Germanwings était bloqué à l'extérieur du cockpit avant le crash en France.
00:45:41 Il est certain qu'à la fin du vol, l'autre pilote est seul et il n'ouvre pas la porte.
00:45:47 Comment le journal américain dit lui accès aux données de la boîte noire ? Qui les lui a fournies ?
00:45:54 Alors est-ce que ça peut être un gendarme ? Est-ce que ça peut être un agent du BEA ? Est-ce que ça peut être quelqu'un de l'aviation civile ? On ne sait pas. En tous les cas, il y a eu fuite.
00:46:05 Des fuites émanent du BEA au plus haut niveau, au plus proche de l'enquête, dans les 24 heures, passent par les États-Unis et reviennent. Autant vous dire que le procureur et la justice française n'ont pas du tout apprécié.
00:46:18 Incroyable ! Le procureur de la République de Marseille en personne, chef de l'enquête sur la catastrophe de la Germanwings, avoue avoir été informé en lisant la presse américaine.
00:46:32 Je regrette sincèrement et fortement, pour que les choses soient bien claires, ne pas avoir bénéficié en tant que patron de cette enquête des éléments en temps réel. Voilà, c'est tout pourquoi j'ai dit un peu tard à mon goût.
00:46:46 Le procureur qui n'était pas encore au courant, qui l'apprend par les journaux, franchement, ça ne va pas propre.
00:46:54 Pour mieux faire comprendre ce qui s'est vraiment passé à bord de l'Airbus, le procureur de Marseille va dévoiler le scénario du crash, minute par minute.
00:47:03 Durant les 20 premières minutes, les deux pilotes échangent tout à fait de façon normale, comme deux pilotes normaux au cours d'un vol.
00:47:21 Et on entend à la fois le bruit d'un siège qui recule, puis on entend le commandant de bord demander au copilote de prendre les commandes.
00:47:32 Et le bruit d'une porte qui se ferme.
00:47:45 De toute évidence, le pilote a quitté son poste en laissant le copilote Andreas Lubitz seul dans le cockpit.
00:47:53 À ce moment-là, le copilote est donc seul aux commandes.
00:47:58 C'est alors qu'il est seul que le copilote manipule les boutons de ce qu'on appelle le Flight Monitoring System pour actionner la descente de l'appareil.
00:48:13 On entend plusieurs appels du commandant de bord demandant l'accès à la cabine de pilotage.
00:48:19 "Andreas ! Andreas !"
00:48:24 Il a tapé pour se manifester, pour demander l'ouverture de la porte, et il n'a eu aucune réponse du copilote.
00:48:32 "Andreas !"
00:48:35 "Andreas !"
00:48:37 "Andreas !"
00:48:40 "Andreas !"
00:48:42 "Pour l'amour de Dieu, ouvrez cette porte !"
00:49:01 On entend à ce moment-là un bruit de respiration humaine à l'intérieur de la cabine, et ce bruit de respiration, nous l'entendrons jusqu'à l'impact final.
00:49:11 [Bruit de moteur]
00:49:31 Comment les passagers du vol 9525 de la Germanwings ont-ils vécu leur dernière minute ?
00:49:40 Ont-ils réalisé ce qu'il se passait à bord ?
00:49:43 Toutes les familles des victimes sont tentées par ces questions.
00:49:46 Les parents du jeune Robert-Olivier Calveau voulaient savoir.
00:49:50 La justice française leur a fait écouter l'enregistrement de la boîte noire.
00:49:54 "Nous avons écouté ce qu'il y avait sur la boîte noire, notamment les toutes dernières secondes avec les cris de désespoir des passagers.
00:50:05 Ils en ont coupé un morceau, ils ne nous ont pas laissé tout écouter.
00:50:13 Ce qui est curieux c'est que pendant les dernières minutes, le pilote frappait à la porte, mais on n'entend rien d'autre.
00:50:22 Il n'y a pas d'exclamations, de cris, des appels à l'aide, on n'entend rien d'autre, sauf pendant les dernières secondes.
00:50:34 Tout le monde a vu que l'avion descendait, mais personne ne s'est rendu compte que le copilote se dirigeait contre une montagne.
00:50:47 Personne n'a remarqué qu'un assassin était en train de les assassiner."
00:50:59 Si les familles des victimes parlent d'un assassinat, c'est parce que pour elles, celui qui a précipité l'avion sur les montagnes françaises est un assassin.
00:51:11 Dès le lendemain du crash, le monde entier va découvrir son visage.
00:51:20 Le responsable de ce massacre n'est autre que le copilote de l'Airbus, Andreas Lubitz. Il est encore très jeune, puisqu'il allait vers ses 28 ans.
00:51:30 Il vient d'une petite ville de Rhinanie, entre Cologne et Francfort, monte à bord, et c'est ici qu'est née sa passion pour le ciel et les avions.
00:51:46 Le jeune homme que vous voyez de dos n'est autre qu'Andreas Lubitz. Il a 17 ans lorsque ses images sont tournées à l'aéroclub de Montabor, où il s'entraîne au planeur.
00:51:58 C'est son instructeur qui filme.
00:52:03 Tout jeune déjà, Andreas Lubitz adorait multiplier les piquets au sol.
00:52:16 Ses images exceptionnelles prennent tout leur sens aujourd'hui, car elles montrent que le jeune homme n'est heureux que dans l'ivresse des cockpits.
00:52:37 Quand on voit ses images, on sent qu'il est dans son élément, qu'il est vraiment dans son milieu. Lui, enfant, complexé, sur le plancher des vaches, qui était un jeune homme un peu timide, un peu inquiet,
00:52:49 et bien là, dans cette silhouette qu'on voit juste de dos, on voit quelqu'un qui vit, qui vit résolument, pleinement, et qui est en train de toucher son rêve, qui est celui de devenir un jour un commandant.
00:53:00 Son rêve devient réalité en 2009. Il intègre alors la prestigieuse formation de la Lufthansa en Arizona. C'est la compagnie qui paye sa formation.
00:53:09 Il se frotte alors au pilotage de vrais avions et en profite pour survoler les grands sites américains.
00:53:16 Seulement, très vite, le séjour américain est interrompu, car Andreas Lubitz a un problème que personne n'avait décelé.
00:53:25 Dès son entrée à Lufthansa, ça fait même pas deux mois qu'il est là, en étant abinitieux, c'est-à-dire qu'il n'a encore jamais volé, il débute déjà par dix mois complets de problèmes psychiatriques graves.
00:53:44 Andreas Lubitz rentre en Allemagne où il soigne sa dépression ici, au CHU de Düsseldorf. Les médecins décellent alors une paranoïa aiguë et des tendances suicidaires.
00:53:55 Une première alerte qui va être vite oubliée.
00:53:59 En 2010, Lubitz reprend sa formation et réintègre la Lufthansa. Pour le PDG de la compagnie, cet incident de parcours n'a rien d'anormal.
00:54:14 - Ce que je veux dire, c'est que il y a six ans, dans l'étude, Lubitz a eu une interruption dans sa formation.
00:54:23 Puis il a repris ses fonctions et il a réussi tous les tests, tant sur le plan médical, psychologique, technique et pratique.
00:54:39 Il était 100% apte à piloter sans problème.
00:54:46 Pourtant, les troubles psychiques d'Andreas continuent de plus belle et dans les années qui suivent, les arrêts de travail vont se multiplier.
00:54:56 - Et à partir de là, il vole, il est malade, il vole, il est malade, il poursuit sa formation, il est malade, il finit par voler.
00:55:05 Lubitz termine tant bien que mal sa formation et il devient d'abord copilote.
00:55:11 Seulement, avec ses problèmes psychiatriques, le jeune homme ne passe pas beaucoup de temps dans les airs.
00:55:17 - A l'origine, Andreas Lubitz, on ne sait rien de lui. C'est un copilote parmi tant d'autres et pire que ça, c'est à peine un copilote.
00:55:24 Il a 500 heures de vol pour Lufthansa sur Airbus ou sur simulateur de vol d'Airbus, ce qui est très très peu.
00:55:34 La preuve que Lubitz est malade et qu'il n'est pas apte au métier de pilote tombe le 26 mars 2015, deux jours seulement après le crash.
00:55:51 Ce jour-là, la police allemande perquisitionne l'appartement du copilote à Düsseldorf.
00:55:57 Les enquêteurs saisissent tout ce qui pourrait permettre de comprendre son geste fou.
00:56:02 Des cartons entiers d'antidépresseurs sont saisis et surtout, deux feuilles d'arrêt maladie signées par un psychiatre qui ont été déchirées par Lubitz lui-même.
00:56:13 Des arrêts de travail qui couvrent la période du 12 au 30 mars 2015. Donc, Lubitz n'aurait jamais dû voler ce 24 mars.
00:56:23 Etait régulièrement en proie des psychoses. Exemple, dès 2014, il est persuadé que sa vue faiblit à grande vitesse.
00:56:39 Quelques mois avant le crash, Andreas Lubitz a eu un accident de voiture, somme toute assez banale. L'airbag a fonctionné, a pu lui protéger du corps, mais il a subi un léger traumatisme au niveau de la tête.
00:56:51 Et de là, Andreas Lubitz va penser qu'il est en train de perdre sa vue. Il a eu un décollement de la rétine et qu'il ne va plus voir dans quelques semaines.
00:56:58 Et une horloge se met en marche en se disant "dans quelques jours, dans quelques semaines, je ne verrai plus rien et adieu, adieu mon rêve d'être pilote".
00:57:09 Dans un email envoyé à l'un de ses médecins, Lubitz écrit en effet "comme j'ai peur de devenir aveugle et que je continue à faire une fixation sur mes yeux, je ressas cette idée sans cesse et le stress augmente".
00:57:21 La perspective de perdre la vue rend Lubitz complètement fou. Du coup, le jeune homme consulte tout ce que Montabor et Düsseldorf comptent de praticiens.
00:57:33 Nous avons obtenu le rapport confidentiel du procureur chargé de l'enquête en Allemagne.
00:57:39 Y sont énumérés tous les médecins que Lubitz a consultés durant les derniers mois de sa vie.
00:57:44 Des ophtalmo bien sûr, mais aussi des généralistes, des ORL et bien entendu des psychiatres.
00:57:53 Il a rendu visite à 18 médecins traitants en 11 semaines.
00:57:59 Certains ont été consultés plusieurs fois.
00:58:04 On a calculé que ça fait un médecin par jour en moyenne.
00:58:10 C'est là où vraiment on a trouvé qu'il y avait une anomalie, je veux dire, dans la procédure de Lufthansa.
00:58:20 C'est à dire qu'à partir du moment où il avait été identifié comme dépression grave, il aurait fallu le suivre beaucoup plus.
00:58:28 Autre révélation, dans ce même rapport, le procureur allemand mentionne un email d'Ursula Lubitz, la mère du copilote.
00:58:37 Il n'est pas daté, mais sans doute écrit quelques semaines avant le crash.
00:58:42 La mère d'Andreas est alarmée par l'état mental de son fils et elle supplie son psychiatre de le reprendre en charge.
00:58:50 Sa mère écrit au psychiatre et lui demande de reprendre son fils en traitement. Il ne va pas bien.
00:58:56 Elle est pétri de contradictions. Elle sait que ça ne va pas.
00:59:00 Ça ne va pas dans la tête de son garçon un peu complexe, que des choses se passent, qu'il est dépressif.
00:59:06 Elle va appeler le psychiatre de son fils en disant reprenez-le. Il ne va pas très bien. Il va chuter.
00:59:13 Je le vois. Il est en train de glisser sur une sale pente. Et puis finalement, elle ne va pas, en revanche,
00:59:17 avertir la Lufthansa des problèmes récurrents psychiatriques de son fils parce qu'elle sait que si elle fait ça,
00:59:25 elle va briser le rêve de son fils, son Graal, qui était de devenir pilote de la Lufthansa.
00:59:35 Alors, comment se fait-il que la famille de Lubitz, où les nombreux médecins consultés, n'ait pas prévenu la Lufthansa ?
00:59:43 Il faut dire qu'en Allemagne, comme en France, il y a un tabou, le secret médical. Et il est bien gardé.
00:59:50 On a besoin de ce secret médical, car sans lui, vous n'aurez plus de relations de confiance avec le médecin.
01:00:00 Beaucoup de pilotes, aujourd'hui beaucoup plus qu'autrefois, n'osent plus parler de leur état psychologique.
01:00:07 Ils n'osent pas dire qu'ils sont déprimés, de peur de perdre leur licence.
01:00:14 A cause du secret médical, les problèmes psychiatriques de Lubitz sont passés inaperçus aux yeux de son employeur,
01:00:22 d'autant que rien dans le comportement du jeune homme ne pouvait indiquer un quelconque problème.
01:00:27 Il était en effet très difficile de déterminer cette anormalité de Lubitz, parce qu'il était plutôt beau gosse, plutôt sympa, passionné,
01:00:38 qui faisait bien son boulot, compétent, il était nickel.
01:00:42 Oui, il se présente comme un type en bonne santé qui va bien, mais il a quand même des demandes d'arrêt de travail très régulières.
01:00:47 En 5 ans, il a fait 500 heures de vol, y compris sa formation.
01:00:52 Donc ça veut dire qu'en gros, il a été en congé 6 mois ou 8 mois par an, ou en maladie.
01:00:58 Quand même, vous vous posez des questions. Il y a quand même beaucoup de gens qui ne se sont pas posés de questions.
01:01:03 En effet, ces arrêts de travail réguliers du copilote auraient dû attirer l'attention de la Lufthansa.
01:01:10 Pourtant, les médecins de la compagnie ont toujours considéré Lubitz apte au travail.
01:01:17 Et il y a une explication à cela.
01:01:19 La visite médicale, telle qu'elle est prévue, n'a pas de test fiable sur le comportement des individus.
01:01:25 Vous avez la vue, l'audition, les problèmes cardiaques, etc.
01:01:30 On vous demande "Est-ce que ça va ?" Évidemment, vous allez dire "Oui, ça va."
01:01:34 "Est-ce que vous avez des problèmes ?" "Non, je n'ai pas de problèmes."
01:01:36 Après tout, c'est le métier. C'est vrai que c'est l'angoisse de ne pas être pris à la visite médicale.
01:01:42 Donc on est dans le déni en même temps et on se protège.
01:01:46 Si la Lufthansa n'a pas voulu déceler la psychose rampante chez son jeune copilote,
01:01:51 la famille d'Andreas aurait peut-être pu tirer la sonnette d'alarme.
01:01:56 Toujours est-il qu'aujourd'hui, la famille Lubitz fuit les médias.
01:02:01 Les seuls à se montrer au grand jour sont les grands-parents d'Andreas.
01:02:06 On les voit sur ces images deux jours après la catastrophe.
01:02:10 Ils se sont rendus sur les lieux du drame dans les Alpes du Sud.
01:02:14 Étrangement, Gunther, le père du jeune homme, n'a pas fait le déplacement.
01:02:20 La seule image de lui remonte au soir de la perquisition à son domicile à Montabor.
01:02:27 Mais depuis ce 24 mars fatidique, cette ombre furtive ne se montrera plus au grand jour.
01:02:35 C'est le grand absent de ce drame.
01:02:40 Gunther est un homme assez austère, assez absent dans le giron familial,
01:02:46 car il est très pris par ses activités professionnelles.
01:02:50 Mais il va se rendre compte qu'à un moment donné, ça ne se passe pas très bien pour son fils.
01:02:54 Son fils va mal. Donc il va se rapprocher progressivement par une passion
01:02:59 partagée à la fois par le père et par le fils, qui est la course à pied.
01:03:03 Ils vont même faire un marathon.
01:03:06 Ça aura été un peu leur défi avant qu'arrive cette tragédie.
01:03:11 Grâce au marathon et à la course à pied, le jeune copilote va reprendre goût à la vie.
01:03:16 Et dans la foulée, il se fiance avec cette enseignante, Catherine Goldbach.
01:03:21 Mais le jeune homme reste fragile. Son état dépressif est latent.
01:03:26 Et en 2014, le copilote sombre à nouveau dans la dépression.
01:03:31 Entre ses crises et ses problèmes de vision, sa carrière de pilote est condamnée.
01:03:37 Il le sait, mais il y a un obstacle, un sérieux problème d'argent.
01:03:42 Ce garçon était arrivé à une situation d'impasse professionnelle.
01:03:47 S'il n'exerçait pas comme pilote de ligne chez Lufthansa ou Germanwings
01:03:51 pendant, je crois que c'était 8 ans, quelque chose comme ça,
01:03:55 il allait être obligé de rembourser 70 000 euros, ce qu'il n'avait pas les moyens de faire.
01:03:59 Et finalement, ce garçon, personne ne l'a aidé à s'arrêter.
01:04:02 J'ai vraiment l'impression que c'est dans sa tête depuis très longtemps
01:04:05 que ça y est, il y a quelque chose qui a déclenché le fait qu'il va se suicider.
01:04:10 Andreas Lubitz se sent acculé. Il a décidé d'en finir.
01:04:17 Les enquêteurs vont analyser sa tablette informatique.
01:04:21 Elle va rapidement confirmer les tendances suicidaires du jeune copilote.
01:04:26 L'historique de ses recherches sur Internet révèle qu'au départ,
01:04:30 le jeune homme cherche à mourir vite.
01:04:33 Six jours avant le drame, Lubitz tape, somnifère pour provoquer la mort
01:04:37 ou encore s'y annule et valium sans ordonnance.
01:04:42 Finalement, Andreas Lubitz abandonne l'idée d'un suicide par médicament.
01:04:48 Il voudrait une fin plus violente et plus rapide.
01:04:52 Nous sommes quatre jours avant le crash.
01:04:57 Ses investigations portent désormais sur les portes de cockpit,
01:05:01 leur fonctionnement et les codes d'accès.
01:05:04 Une recherche qui va s'avérer déterminante.
01:05:08 Désormais, Andreas Lubitz sait comment s'enfermer seul dans un cockpit.
01:05:18 Reste un problème, se débarrasser du pilote.
01:05:22 Alors, le jeune homme aurait-tu une idée quelques minutes avant le début du vol aller ?
01:05:28 Est-ce qu'Andreas n'a pas essayé de piéger le pilote
01:05:31 en lui mettant quelques gouttes de diurétique dans le café ?
01:05:35 Et qui aurait provoqué finalement son envie d'aller uriner
01:05:42 et qui aurait laissé toute la place à Andreas Lubitz
01:05:45 pour commettre son entreprise funeste.
01:05:48 La thèse du diurétique semble séduisante.
01:05:52 D'ailleurs, l'enquête montre que lors du vol aller,
01:05:55 le pilote est sorti une première fois pour se rendre aux toilettes
01:05:58 et qu'à ce moment-là, Lubitz en a profité pour manipuler le sélecteur d'altitude.
01:06:03 Pendant ce vol de Düsseldorf vers Barcelone,
01:06:08 le copilote Andreas Lubitz va faire 4 tentatives
01:06:12 avec des fausses altitudes pour faire descendre l'avion.
01:06:16 Le commandant de bord s'est absenté,
01:06:22 il a commencé à reprogrammer le pilote automatique vers le sol.
01:06:25 Il a affiché 100 pieds.
01:06:27 C'est-à-dire 100 pieds, c'est 30 mètres.
01:06:29 Je vous rappelle, 30 mètres par rapport au niveau de la mer.
01:06:31 Là, on est dans une zone où il y a des montagnes,
01:06:33 autant dire qu'il met en dessous du niveau du sol.
01:06:36 Et puis bon, il a changé d'avis, il a retripoté ses boutons.
01:06:42 4 fois, c'est pas une erreur d'affichage.
01:06:50 Pour tourner le petit bouton qui est là,
01:06:53 où il part à 37 000 pieds et marqué 100,
01:06:57 il faut le tourner un petit moment quand même.
01:06:59 Donc c'est pas une erreur de "j'ai dépassé l'altitude que l'on m'a demandé".
01:07:03 Non, c'est vraiment volontairement, il a affiché 100 pieds,
01:07:07 puis il s'est recorrigé, puis on sent qu'il hésite.
01:07:10 A mon avis, il a tenté et il s'est dégonflé.
01:07:13 Et son scénario était prêt et donc,
01:07:15 ça veut dire qu'il se préparait pour le vol du retour.
01:07:18 Il avait prémédité de se tuer, il hésite, on le voit.
01:07:22 4 fois de suite, malheureusement pour lui,
01:07:24 le commandant d'abord ouvre la porte.
01:07:26 Il n'avait pas verrouillé mécaniquement la porte.
01:07:29 C'est toute la différence entre le vol aller et le vol retour.
01:07:32 Pour le vol retour, Lou Bitz est plus que déterminé à se suicider,
01:07:37 mais cette fois, il va penser à tout.
01:07:44 Est-ce l'effet d'un juridique ou tout simplement un besoin naturel ?
01:07:48 Toujours est-il que lors du vol retour, Barcelone-Düsseldorf,
01:07:52 le pilote Patrick Sandein-Aimer est une nouvelle fois contraint
01:07:56 de sortir du cockpit pour aller aux toilettes.
01:07:59 De l'intérieur, on ouvre comme on veut, de l'extérieur, il faut taper un code.
01:08:04 Sauf que pour le cas où il y aurait quelque chose de grave,
01:08:08 il y a un interrupteur qui permet de bloquer le système de code.
01:08:11 C'est le fameux bouton "lock", "unlock".
01:08:14 D'ailleurs, dès que le pilote se dirige vers les toilettes,
01:08:19 Lou Bitz en profite pour bloquer la porte.
01:08:22 Il y a une deuxième chose
01:08:31 qui a toujours existé sous cette porte, on ne l'a pas rajoutée, ça y était avant,
01:08:36 c'est un verrouillage mécanique.
01:08:40 C'est exactement comme vous, vous fermez votre porte à clé
01:08:43 et parfois vous mettez en plus un loquet supplémentaire
01:08:47 pour être certain que personne ne pourra rentrer.
01:08:49 C'est à peu près la même chose.
01:08:51 Alors, lorsque le pilote revient des toilettes, il ne peut rien faire.
01:08:57 Il est comme prisonnier derrière la porte blindée du cockpit.
01:09:01 [Musique]
01:09:11 Aujourd'hui, en dehors du pied de biche et encore, c'est très difficile,
01:09:15 au-delà de l'âge et encore, il faut être costaud.
01:09:18 Pour défoncer une porte de cockpit, ce n'est pas du tout évident.
01:09:21 Donc il n'y a pas de solution pour ouvrir la porte.
01:09:30 Cela semble à peine croyable.
01:09:32 Un pilote d'Airbus transportant 150 personnes
01:09:34 qui ne peut plus revenir s'asseoir à son poste.
01:09:37 Personne n'avait jamais osé l'imaginer, même après le 11 septembre.
01:09:42 Le 11 septembre, des gens entrent dans le poste,
01:09:56 tuent l'équipage, prennent possession de l'avion,
01:09:59 et portent les fameuses tours jumelles.
01:10:01 Quand les Américains ont subi le 11 septembre,
01:10:04 du jour au lendemain, ils ont dit, il y aura des portes sécurisées, des portes blindées.
01:10:08 Et chaque compagnie qui n'aura pas ce système sera interdit de vol aux Etats-Unis.
01:10:13 Cela a été radical.
01:10:15 Toutes les compagnies du monde s'y sont mises.
01:10:17 [Musique]
01:10:28 C'est-à-dire qu'à force de vouloir lutter contre le terrorisme,
01:10:31 on fabrique les outils qui font qu'on ne peut pas lutter contre la folie.
01:10:35 Et qu'on s'est retrouvé avec un commandant de bord dans un avion
01:10:40 qui, pendant dix minutes, ne pouvait pas ouvrir la porte de son cockpit.
01:10:44 Ça, c'est quand même complètement fou.
01:10:49 [Musique]
01:11:10 Le cimetière de Montabor, en Allemagne,
01:11:12 abrite une tombe discrète, un peu à l'écart.
01:11:15 Celle d'Andreas Lubitz.
01:11:19 Sur la croix, juste un surnom.
01:11:21 Andy, pour Andreas.
01:11:23 Mais pas de date précise, contrairement à la tradition allemande.
01:11:28 [Musique]
01:11:34 Lubitz avait promis que son nom serait connu du monde entier.
01:11:38 Il a tenu parole de la pire des façons.
01:11:42 En fracassant son Airbus contre une montagne des Alpes,
01:11:47 et en tuant 149 innocents.
01:11:50 [Musique]
01:11:54 Je vois la plupart des gens que j'ai rencontrés depuis,
01:11:57 qui ne sont pas du tout dans le métier,
01:11:59 ils ont tous cette phrase.
01:12:02 "Mais il ne pouvait pas aller se suicider, tranquille, tout seul ?
01:12:06 Pourquoi il emmène 149 personnes là-dedans ?
01:12:09 C'est effarant."
01:12:11 On est dans le domaine de la psychologie de l'individu.
01:12:15 Il veut partir, il veut se suicider, mais pas tout seul.
01:12:18 Il veut être accompagné quelque part.
01:12:20 [Musique]
01:12:22 Tout au long de l'année 2015,
01:12:24 les hommages aux victimes se sont succédés dans le monde entier.
01:12:27 Comme ici en Allemagne.
01:12:29 La petite ville des lycéens présents à bord
01:12:33 a regardé passer en silence les victimes innocentes de la folie humaine.
01:12:37 Aujourd'hui, l'enquête a levé le voile sur les funestes maladies d'Andreas Lubitz.
01:12:44 Mais les familles continuent de s'interroger.
01:12:46 Elles n'arrivent pas à comprendre pourquoi cette tragédie a pu être possible.
01:12:52 Oui, c'est un meurtrier, c'est sûr.
01:12:58 Je peux comprendre que quelqu'un subisse une dépression
01:13:02 ou se trouve confronté à une maladie psychique.
01:13:05 Ça peut arriver.
01:13:06 D'ailleurs, moi aussi en ce moment,
01:13:10 je suis en traitement et ça m'aide bien.
01:13:14 Mais je ne comprends pas comment un homme peut assassiner 149 personnes comme ça.
01:13:21 Ce n'est pas explicable par une simple maladie.
01:13:41 Oui, j'ai la rage.
01:13:44 Beaucoup de rage.
01:13:47 Parce qu'un accident peut arriver.
01:13:50 Mais là, ce n'est pas un accident.
01:13:53 C'est un assassinat.
01:13:55 Et cet assassin, on l'a laissé monter.
01:13:59 Ce n'est pas un accident.
01:14:02 C'est un assassinat.
01:14:04 Et cet assassin, on l'a laissé monter dans l'avion.
01:14:09 Pour les familles, Andreas Lubitz n'est donc pas le seul responsable de ces actes.
01:14:14 À la cathédrale de Cologne, lors de la messe en hommage aux victimes,
01:14:19 l'heure est au recueillement.
01:14:21 À l'intérieur, les familles et les officiels sont là.
01:14:26 Angela Merkel est venue montrer son soutien aux familles.
01:14:30 Quelques rangs plus loin, les patrons de la Lufthansa sont aussi bien présents.
01:14:37 Pourtant, c'est la compagnie et son fonctionnement que les familles pointent du doigt.
01:14:43 Les responsables du recrutement, les psychiatres, tous ces gens devraient démissionner.
01:14:53 Ils ne sont pas qualifiés pour ce travail.
01:14:56 Il faut les virer.
01:14:58 Il faut changer entièrement tout le système.
01:15:02 Quand quelqu'un n'est pas apte, il faut que la compagnie aérienne puisse être informée.
01:15:07 Si telle personne n'est pas apte, qu'on l'amène à un psychiatre et qu'on le mette dans un hôpital.
01:15:13 Mais pas qu'on le laisse monter dans un avion.
01:15:15 Non, pas lui.
01:15:17 Comment se fait-il que la Germanwings confie à un jeune pilote un avion,
01:15:24 avec 150 vies humaines à bord, sans connaître sa situation, son état mental ?
01:15:31 A cette question, la Lufthansa et sa filiale Germanwings ne répondent toujours pas.
01:15:36 La compagnie allemande fait profil bas.
01:15:39 Ses avocats préparent déjà le procès qui viendra déterminer ses responsabilités.
01:15:44 En attendant, la Lufthansa a du mal à reconnaître publiquement ses défaillances.
01:15:50 Monsieur Spohr, vous avez un employé qui a été attaqué par un avion. Pourquoi vous refusez de lui poser des questions ?
01:15:56 Vous ne trouvez pas dans le public...
01:16:04 Les compagnies aériennes ont beaucoup de mal à faire leur autocritique en public.
01:16:10 Alors qu'elles disent "oui, oui, il faut analyser ce que nous avons fait".
01:16:17 Bien sûr, c'est facile à dire.
01:16:20 Oui, le pilote était malade, nous regrettons, nous allons améliorer nos procédures.
01:16:29 Mais c'était la faute du pilote.
01:16:33 Tout cela est faux.
01:16:35 Comme il est d'usage en pareille circonstance, la seule chose que la compagnie peut offrir pour se dédouaner, c'est de l'argent.
01:16:43 Pour l'instant, il est question de 25 000 euros par victime.
01:16:46 Une somme jugée ridicule par les familles.
01:16:49 Vous savez, si notre fils était vivant, il pourrait subvenir à l'éducation de ses enfants.
01:16:58 Mais maintenant qu'il n'est plus là, maintenant qu'il est mort, c'est à la Germanwings de le faire.
01:17:06 Alors, on espère que cette compagnie respectera ses engagements.
01:17:12 C'est important pour nous, très important.
01:17:15 C'est notre responsabilité.
01:17:17 Dans les semaines qui ont suivi le crash, les familles de victimes sont arrivées en nombre d'Allemagne, d'Espagne, au Vernez, dans des bus affrétés par la Lufthansa.
01:17:32 En rang serré, protégées des caméras indiscrètes, elles ont défilé devant le mémorial improvisé.
01:17:44 Et c'est le maire du Vernez, François Balik, qui les a accueillis.
01:17:50 C'est encore vrai aujourd'hui.
01:17:59 Quand des parents de victimes se présentent, ils leur montrent le chemin vers le site du crash.
01:18:09 C'est le chemin qu'empruntent les familles et les proches des victimes lorsqu'elles veulent se rendre sur le lieu de l'accident.
01:18:16 Elles s'empruntent ce chemin.
01:18:18 Elles viennent régulièrement se rendre, se recueillir sur le site du drame.
01:18:24 C'est là que vous voyez le mieux le site.
01:18:26 Bon, ça fait comme un cirque.
01:18:28 Et le point d'impact est au petit poteau vert qui était au milieu du site.
01:18:34 C'est là que vous voyez le mieux le site.
01:18:36 C'est là que vous voyez le mieux le site.
01:18:38 C'est là que vous voyez le mieux le site.
01:18:40 C'est là que vous voyez le mieux le site.
01:18:42 C'est là que vous voyez le mieux le site.
01:18:44 C'est là que vous voyez le mieux le site.
01:18:46 C'est là que vous voyez le mieux le site.
01:18:48 C'est là que vous voyez le mieux le site.
01:18:50 C'est là que vous voyez le mieux le site.
01:18:52 C'est au petit poteau vert qui a été installé pour montrer le point d'impact.
01:18:56 Le gamin ici, c'était le paradis.
01:19:10 Vous imaginez ici la colline, on n'a pas de problème.
01:19:13 Vous aussi, tout va bien.
01:19:15 Le matin, on se lève, qu'est-ce qu'on va faire de la journée.
01:19:17 C'est le grand bonheur de se retrouver avec ce drame.
01:19:20 Quand on vient là, quand on voit une prenaie d'avions, on y pense.
01:19:25 Quand je suis là, je vois cet avion avec ses passagers.
01:19:30 Imaginez le sang-froid avec lequel se fout un minard à mort 149 personnes.
01:19:36 On imagine cet avion, on va rendre compte, un Airbus,
01:19:40 ce que ça représente dans ce fond de vallée,
01:19:42 qui arrive là avec les passagers.
01:19:45 Les passagers ont tout vu.
01:19:48 Mon fils est resté là-bas.
01:19:50 L'endroit est magnifique et Ferran l'aurait aimé.
01:19:54 De toute façon, il adorait la montagne.
01:19:57 C'est une grande consolation pour moi.
01:20:00 Il est un peu triste.
01:20:06 Il a eu une petite amie, une petite soeur.
01:20:09 Il a eu une petite amie, une petite soeur.
01:20:12 Il a eu une petite amie, une petite soeur.
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