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00:00 - Elizabeth Martichoux: Bonjour, Chloé Lauvernier.
00:06 Vous travaillez pour le service des observateurs.
00:08 Vous avez enquêté à plusieurs reprises sur Haïti.
00:12 Il y a quasiment un an, vous sortiez avec les observateurs un numéro
00:16 spécial intitulé "Haïti, dans l'enfer des gangs", réalisé à
00:19 partir d'images amateurs, de témoignages recueillis à distance
00:23 pour illustrer ces principales violences.
00:26 Vous avez recueilli le témoignage d'un homme qui est particulièrement
00:30 frappant. On va voir un extrait.
00:32 Il avait perdu sa femme, ses deux filles, victime d'une tentative de
00:35 kidnapping, ayant mal tourné. On y revient juste après.
00:41 - Un tube légendaire et deux soeurs qui dansent.
00:48 En Haïti, cette vidéo est devenue virale après leur assassinat.
00:56 Sherwood Sonji Desenclos avait 28 ans.
01:00 Sarah G Desenclos, 24 ans. Elles ont été tuées le 20 août avec
01:04 leur mère, Josette Fyss.
01:10 L'assassinat des trois femmes s'est produit en banlieue de Port-au-Prince,
01:20 alors qu'elles se rendaient à l'université.
01:24 Sur la route, elles ont été attaquées par le gang des 400 marozo.
01:32 Il n'existe pas d'image de l'attaque, mais cette vidéo est
01:35 tournée à l'arrivée de la police, qui montre le véhicule de la famille
01:39 Desenclos en feu. Ce jour-là, Jean Simpson Desenclos a perdu sa femme
01:43 et ses deux filles.
01:49 - Arrivé sur les lieux, là où il était totalement désert, on pouvait
01:53 voir seulement la carcasse de la voiture. Je n'ai retrouvé personne.
01:58 Je suis allé dans une pompe funèbre faire le constat des morts.
02:05 Les bandits ont voulu les kidnapper. Elles ont résisté.
02:09 Et à ce moment-là, les malfrats ont fait feu sur les dames.
02:14 C'est toute ma vie qui est partie en fumée.
02:18 - Desenclos a été tué par un gang de 400 marozo.
02:21 - C'est une histoire parmi tant d'autres.
02:41 - C'est un exemple d'une tentative de kidnapping qui a très mal tourné.
02:45 C'est un exemple parmi d'autres. Le port-au-prince est contrôlé en
02:50 grande majorité par les gangs. Ils enlèvent les gens en échange de
02:54 rançons. Lorsque les gangs s'affrontent,
02:58 les habitants sont victimes de balles perdues, voire massacrées.
03:02 Beaucoup d'habitants ont dû fuir leur quartier.
03:06 Il y a encore deux jours, une femme qui vit dans le nord de
03:10 Port-au-Prince me racontait que les gangs avaient envahi son quartier et
03:14 qu'elle était allée se réfugier chez quelqu'un d'autre.
03:18 Elle m'a écrit qu'elle ne savait pas où aller.
03:22 Les gangs sont installés derrière notre maison.
03:26 Des corps de victimes sont devant chez nous.
03:30 Je ne sais pas quoi faire. - C'est difficile d'appréhender ce
03:34 qui se passe là-bas. Les journalistes y vont très rarement.
03:38 Certains habitants ont commencé à rendre justice eux-mêmes.
03:42 - Depuis quelques mois, de simples habitants se sont mis à pourchasser
03:46 les personnes qui soupçonnent d'appartenir aux gangs, parfois pour
03:50 les tuer. C'est un mouvement de justice populaire qu'on appelle
03:54 "bois calé". Il a vu le jour le 24 avril. On avait parlé de ce mouvement
03:58 dans une émission spéciale il y a quelques mois. On va en regarder
04:02 un extrait tout de suite.
04:06 - On a fait un tour de la rue. On a vu des tirs.
04:10 On a vu des tirs dans les rues.
04:14 On a vu des tirs dans les rues.
04:18 On a vu des tirs dans les rues.
04:22 On a vu des tirs dans les rues.
04:26 On a vu des tirs dans les rues.
04:30 On a vu des tirs dans les rues.
04:35 On a vu des tirs dans les rues.
04:39 On a vu des tirs dans les rues.
04:43 - Sur ces images amateurs, les hommes arrêtés bougent encore et
04:47 semblent avoir peur pour leur vie. Des pneus ont été placés là.
04:51 - La population a ensuite
04:55 envahi les lieux pour les exécuter, les brûler.
04:59 ...
05:03 ...
05:07 - A la suite de cet événement, d'autres événements similaires
05:11 ont eu lieu. Plus de 300 membres présumés de gang ont été tués
05:15 depuis cette date selon l'ONU. Ce mouvement de justice populaire
05:19 s'explique par le ras-le-bol des haïtiens face aux gangs.
05:23 Ils ont l'impression que les autorités ne font pas leur travail pour les protéger.
05:27 Dans la lignée de cet événement, le 26 août, on a aussi
05:31 vu des tirs dans les rues.
05:35 - Il y a eu un tiseur évangélique qui a organisé une marche pour aller
05:39 attaquer un gang. Ils sont allés dans le quartier
05:43 de Canahan. C'est dans le nord de Port-au-Prince.
05:47 Malheureusement, le gang a répliqué. Il leur a tiré dessus.
05:51 Au moins une vingtaine de fidèles ont été tués lors de cette tentative
05:55 de déloger les gangs. - Vous nous faites une forme de
05:59 réaction. Vous avez dit que vous n'alliez pas
06:03 faire de délogage. Vous avez dit que vous n'alliez pas
06:07 faire de délogage. Vous avez dit que vous n'alliez pas
06:11 faire de délogage. Comment pourrait-on être accueillis
06:16 sur place? - La queue risque d'être mitigée.
06:20 On a des habitants qui sont assez sceptiques par rapport à l'intervention
06:24 extérieure. Les gens sont traumatisés par le
06:28 fait que les gens ne peuvent pas sortir de leur maison.
06:32 Il y a un certain désespoir sur place.
06:36 Certaines personnes estiment que Haïti ne peut pas s'en sortir seule.
06:40 - Merci beaucoup. On découvrira votre nouveau numéro spécial ce samedi.
06:44 ce samedi diffusé sur nos antennes Haïti.