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00:00Peut-être le début d'une sortie de crise, enfin en Haïti, le Premier ministre Ariel Henry a remis officiellement sa démission ce jeudi
00:08et laissé la place à un conseil présidentiel de transition.
00:13Jacques Nessi, bonjour, vous êtes politologue à l'Université des Antilles,
00:17chercheur associé au Centre de Recherche sur les Pouvoirs Locaux dans les Caraïbes.
00:20Vous êtes auteur de l'affaire Petro-Caraïbes en Haïti.
00:24Merci d'être avec nous.
00:26C'est cet instant, sein de neuf membres, huit hommes et une femme qui va tenter de restaurer l'ordre dans un pays ravagé par la violence des gangs.
00:35Un gouvernement doit voir le jour. Quelle sera sa légitimité pour amener l'ordre ?
00:40Il faut bien dire que c'est ce qui a fait défaut à Ariel Henry.
00:44Sa légitimité va se mesurer à ses actions, à son efficacité.
00:49La première mesure que la population attend, c'est la pacification de la société haïtienne.
00:55C'est-à-dire la fin de la puissance des gangs et la possibilité en sorte que la société haïtienne se normalise.
01:04C'est-à-dire la réouverture des ports, des aéroports, des routes,
01:07puisqu'on sait très bien que ces gangs réellement maîtres, en tout puissant,
01:11occupent les 90% du territoire de Port-au-Prince notamment.
01:17Ensuite, les pays tuent, mettent le feu, incendient les universités, les facultés, les hôpitaux, les établissements publics.
01:28C'est une situation tragique sur le conseil présidentiel.
01:33Ce conseil présidentiel, sur lequel mise tout espoir, la première difficulté, c'est sa composition.
01:42Sa composition est hétérogène, puisqu'il ressemble à des partis politiques
01:48qui, pour la plupart, sont responsables de la catastrophe actuelle,
01:53et qui vont aussi concourir aux prochaines élections.
01:56Le deuxième défaut, la deuxième difficulté, c'est que ces partis politiques risquent de considérer
02:04que cette gouvernance patrimoniale avec les pratiques politiques de l'autre en Haïti,
02:11à travers du gâteau national, la répartition du pouvoir avec différents ministères et différentes directions centrales.
02:18Et puis, le troisième défaut, c'est donc la possibilité de sortir de ces liens incestueux
02:25entre les gangs et ces différents acteurs, membres du conseil présidentiel.
02:32Le ministre des Finances, Patrick Boisvert, exercera les fonctions de Premier ministre par intérim.
02:37Il est l'homme de la situation ?
02:40Non, d'ailleurs, il est très critiqué parce que sa gestion est mise en doute,
02:43puisqu'on sait très bien qu'il est ministre depuis un certain temps, plus de trois ans,
02:48sous Jovenel Moïse et puis sous Ariel Henry.
02:51Et puis, il faut le rappeler, étant donné que c'est un pouvoir qui n'a aucun compte à rendre,
02:56autrement dit, le principe de la reddition des comptes est bafoué.
02:59Donc, c'est un pouvoir, d'ailleurs, c'est l'un des éléments de la feuille de route du conseil présidentiel,
03:07essayer de se prononcer sur la gestion, sur la qualité de la gestion des affaires publiques de ce gouvernement.
03:15Donc, Patrick Boisvert, pour citer son nom, a une mission très courte,
03:21ne serait-ce que sans doute pour se soumettre au formalisme juridique et constitutionnel,
03:27est installé comme Premier ministre, mais il faut espérer que sa gestion va être très courte.
03:34Mais il est aussi aux affaires depuis quelque temps, puisque Ariel Henry est empêché depuis février,
03:40depuis février à Puerto Rico puis à Washington.
03:43Donc, c'est lui qui est aux manettes, Patrick Boisvert, le ministre des Finances.
03:48Donc, pour le moment, on attend, après l'installation du conseil présidentiel,
03:52la désignation du président du conseil présidentiel, puis la formation du gouvernement.
03:57Ça va être encore une étape assez importante, la formation assez laborieuse de ce nouveau gouvernement.
04:04Haïti n'a ni président ni parlement, on l'a dit, gangréné par la violence des gangs armés,
04:08qui a fait plus de 2 500 morts et blessés, ne serait-ce que pour cette année,
04:12selon des statistiques de l'ONU, cette violence, qui peut en venir à bout, d'après vous ?
04:18Eh bien, il faut d'abord pacifier cette société, soit trouver des moyens de combattre ces gangs.
04:26Mais la police nationale, qui a montré sa capacité durant ces dernières semaines,
04:31parce qu'il faut le souligner, les gangs ont menacé plusieurs fois de s'approprier du palais national.
04:38Et c'est grâce, si vous voulez, aux forces résiduelles de la police nationale,
04:42que ces gangs n'ont pas pu parvenir à leur fin.
04:48Il faudrait renforcer la puissance de la police nationale haïtienne,
04:53en tant qu'équipement, en tant qu'hommes.
04:55Quand sera déployée la force de police mise sur pied par le Kenya ?
04:59Alors, on sait que les Haïtiens sont méfiants d'ordinaire envers les forces d'interposition venues de l'étranger.
05:04C'est toujours le cas aujourd'hui ?
05:07Oui, il y a toujours eu des méfiances compte tenu des résultats qui ont été engorgés
05:12durant les deux, trois dernières interventions, 2004, 2000, 1994.
05:19Ces interventions n'ont pas pu aboutir à des résultats.
05:21Mais il faut le souligner, les Haïtiens y ont aussi leur part de responsabilité,
05:25puisque la communauté internationale a accompagné les acteurs haïtiens
05:28à la mise sur pied d'un ensemble d'institutions.
05:30Par exemple, la police nationale, la réforme de l'Aïssis.
05:34Ce sont les Haïtiens, eux, de leur côté, qui ont dilapidé les investissements
05:38qui ont été faits dans la mise sur pied de ces institutions.
05:42Il y a une part aussi de l'international, avec la négligence du Canada,
05:47qui a dégradé l'image de toute intervention internationale.
05:51Mais pour le moment, cette intervention internationale,
05:53elle peut être une bonne chose dans la mesure où la force de police haïtienne
05:59ou les forces armées d'Haïti n'ont pas les moyens de faire face à la toute-puissance des gangs.
06:04Cette force milice nationale aura toute sa place pour accompagner la police nationale
06:09et les forces armées d'Haïti balbutiant à mater les gangs
06:13et à faire régner l'ordre, la sécurité sur tout le territoire haïtien.
06:17Merci Jacques Nézy d'avoir été avec nous.
06:19On va partir tout de suite pour Port-au-Prince.
06:21Rejoins-nous Joseph Varin sur place journaliste pour Radio-Télévision Caraïbes.
06:25Bonjour Joseph Varin.
06:26Quelle est la réaction justement des Haïtiens à la prestation de serment
06:32de ce conseil présidentiel de transition ?
06:36Alors la réaction, ça ne fait vraiment ni chaud ni froid.
06:39Donc quand on constate la réaction du public.
06:43D'ailleurs on ne pensait pas vraiment, on ne s'attendait pas vraiment à grand chose
06:49concernant l'installation du conseil présidentiel.
06:53Donc c'était toujours ça.
06:55Donc c'est une nouvelle qu'on accueille un peu à froid.
06:57Déjà une nouvelle qui se faisait quand même attendre
07:00puisque normalement le conseil présidentiel a mis du temps avant de s'être installé.
07:07Car on sait très bien que c'était un peu difficile tout ça avec le gouvernement haïtien.
07:12Je veux parler du gouvernement des missionnaires.
07:14Tantôt qui a mis le processus un petit peu en retard.
07:19Jusqu'à la publication dans le journal Le Moniteur.
07:22En fait nommant les neuf membres du conseil présidentiel de transition.
07:28Mais là pour le moment, c'est une nouvelle qui est reçue comme ça.
07:32Donc de façon très froide.
07:34Alors tout le monde attend tout simplement qu'est-ce que le conseil va donner comme résultat.
07:39Merci Joseph Varin d'avoir été avec nous.
07:42Voilà ce qu'on peut dire de la situation en Haïti.