Guy Carlier rend hommage à Jean-Pierre Elkabbach

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##GUY_CARLIER-2023-10-04##

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Transcription
00:00 - Il est 7h52, Guy Carlier est là évidemment.
00:02 Laurie, alors le thème de la chronique de Guy aujourd'hui ?
00:05 - Eh bien ce matin, Guy est en mode édition spéciale ou bien plutôt chronique spéciale
00:10 avec la triste nouvelle que nous avons appris hier soir qui lui imposait son thème de chronique du jour.
00:15 Bonjour Guy ! - Bonjour Guy !
00:16 - Bonjour ! Vous avez eu du mal à vous séparer de Brigitte Lahaie.
00:20 - Oui !
00:21 - Et puis j'apprécie particulièrement cette dernière phrase, Brigitte Lahaie, toujours un plaisir.
00:27 - Oui ! Donc bonjour Laurie, bonjour à tous.
00:31 En me réveillant dans la nuit pour écrire cette chronique, j'ai découvert ce message que vous m'avez envoyé Patrick hier soir
00:36 et qui disait, message de la chronique, qui disait "Demain est le cabage".
00:40 Et j'ai pensé au début qu'il s'agissait de l'invité de la matinale.
00:43 J'ai commencé à écrire une chronique sarcastique rappelant les casseroles accumulées au long d'une vie de journaliste,
00:51 certaines complaisances à l'égard de certains politiques. Et puis soudain est apparue cette alerte sur mon smartphone qui disait
00:58 "Jean-Pierre Elkabach est mort". Alors évidemment j'ai recommencé ma chronique car face au deuil, l'ironie est déplacée, au moins pour un temps.
01:06 Vous savez c'est un peu comme une sorte de franchise, comme les assurances, même sur les réseaux sociaux,
01:10 le respect est une valeur inconnue et que depuis ce matin on tire à boulet rouge sur le corbillard qui emmène le corps d'Elkabach.
01:17 "Je ne parlerai pas des casseroles d'autant que je garde de lui le souvenir émouvant d'une nuit que nous avons passée ensemble à Berlin à boire des Morritos".
01:27 Rien que cette phrase est belle et surréaliste. Une nuit à Berlin à boire des Morritos avec Elkabach, on dirait du louride.
01:34 C'était en 2009 pour la célébration des 20 ans de la destruction du mur.
01:39 Une station de radio aujourd'hui disparue qui s'appelait Europe 1, dont quelques anciens se souviennent,
01:43 avait délocalisé son antenne à Berlin et le soir, au hasard d'une promenade dans Berlin,
01:48 je me suis retrouvé dans un estaminet à l'architecture gothique.
01:52 Je me souviens de ces vitraux aux fenêtres, de ce haut plafond aux poutres noircies par des décennies de fumée de cigarettes.
01:58 Et soudain, Elkabach est entré dans ce café berlinois.
02:02 On se connaissait peu, on se croisait parfois à Paris dans les couloirs de la station mais on ne se parlait pas beaucoup.
02:08 Et ce soir-là, dans cette taverne berlinoise, il s'est senti évidemment obligé de s'asseoir à ma table.
02:14 On a commencé par échanger des banalités et puis quand on nous a tendu la carte, il a dit au serveur d'une voix lasse
02:20 "J'ai besoin de retrouver un peu de joie, servez-moi un Morrito."
02:24 Et là, il me confia que comme à chaque fois qu'il venait à Berlin,
02:27 il était allé se recueillir au mémorial des Juifs assassinés et que comme à chaque fois, il en était ressorti détruit.
02:35 Quand il eut fini ce premier verre, on avait l'impression que le sang coulait à nouveau dans ses veines.
02:40 Il en commanda un deuxième et puis d'autres, un peu comme s'il faisait le plein de carburant pour un grand voyage.
02:47 Un grand voyage qu'il m'a emmené cette nuit-là faire dans son passé jusqu'à ce jour terrible de son enfance
02:53 où son père est mort pendant qu'il lisait une prière à la synagogue d'Oran.
02:58 Tout ce qui a suivi ce jour-là dans sa vie, toute la route sur laquelle il croisa De Gaulle, Pompidou, Giscard, Mitterrand,
03:04 Chirac et les autres, il l'a fait pour qu'on connaisse le nom de son père et qu'il soit fier de lui.
03:10 Uniquement pour ça. Voilà pourquoi je n'ironiserai pas ce matin sur Jean-Pierre Elkabbach,
03:16 même si sur la fin, il est parti pour ses news un peu comme ces vieux groupes de rock
03:20 qui se reforment une dernière fois pour une tournée d'adieu qui fera plaisir aux nostalgiques.
03:25 Pour lui, ses news, c'était comme la maison de retraite Les Mimosas.
03:28 Mais au lieu de regarder Motus et de faire les mots fléchés de télé 7 jours en buvant du Mont Basillac,
03:34 il faisait encore du journalisme. Du journalisme comme on joue aux dominos dans les Ehpad.
03:39 De temps en temps, j'allais lui rendre visite au hasard d'un zapping et puis je repartais très vite
03:43 parce qu'on s'ennuie le dimanche dans les maisons de retraite.
03:47 Mais j'étais rassuré de savoir qu'il était toujours vivant.
03:49 J'irai plus le voir sur ses news, mon cher Jean-Pierre,
03:53 mais je garderai toujours le souvenir de l'anniversaire de la chute d'un mur.
03:58 *musique*

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