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Avec Boris Vallaud, député des Landes, président du groupe PS à l'Assemblée nationale et auteur de "En permanence - ces vies que je fais miennes" (Odile Jacob)

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##L_INVITE_POLITIQUE-2024-10-10##

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Transcription
00:00Jean-Jacques Bourdin, notre invité ce matin, Boris Vallaud, qui est député des Landes et patron des députés socialistes à l'Assemblée Nationale, bonjour.
00:08Bonjour.
00:09Merci d'être avec nous. Vous publiez en permanence
00:12« Ces vies que je fais miennes » chez Odile Jacob. C'est un livre sur votre expérience d'élu local dans les Landes,
00:18portrait de personnes que vous croisez ou que vous recevez dans votre permanence de Saint-Sevet.
00:25Saint-Sevet, il faut savoir, c'est une ville de 5 000 habitants environ, hein ?
00:29Ou un peu moins.
00:30Un peu moins. Même en Pays-Cascon, vous perdez des habitants à Saint-Sevet ?
00:34On en a perdu historiquement. Ça a failli être la préfecture des Landes, ça a été une sous-préfecture, et puis aujourd'hui, ça n'est pas une sous-préfecture.
00:40Bien. La vraie vie, comme on dit, la vraie vie. La vraie vie, c'est quoi dans votre permanence ?
00:46Vous allez nous dire. J'imagine que vous ne parlez pas trop de Lucie Castet, de Jean-Luc Mélenchon, de la Palestine, de communautarisme.
00:55On vous parle de quoi ? De pouvoir d'achat ? De problème du quotidien ?
00:59Exactement.
01:00D'insécurité ? De difficulté à obtenir telle ou telle allocation ?
01:06Absolument. Je vais vous dire, je vais vous faire une confidence, je me suis offert un moment de liberté avec ce livre.
01:11Vous savez, la politique qui ne parle que d'elle n'intéresse personne et ne m'intéresse pas beaucoup.
01:15Je me suis offert cette liberté de la politique qui souvent parle, mais là, elle va écouter, elle écoute.
01:20Et je restitue ce que j'entends dans ma permanence depuis sept ans. C'est des vies difficiles, vous avez raison.
01:25Je parle d'une aide-soignante qui travaille dans un EHPAD, qui aime son métier, qui le fait très bien,
01:30mais qui a le sentiment de mal le faire parce que les moyens manquent, que ses propres bras lui font défaut.
01:36Et quand je lui dis, je vais faire votre portrait, elle me dit, mais pourquoi moi, je ne suis pas intéressante ?
01:40Ça dit quelque chose quand même.
01:41Mais dis-moi, c'est une leçon de vie pour vous ? Pour vous, député, c'est une leçon de vie ?
01:45C'est une expérience humaine et j'essaye de répondre à une question que beaucoup se posent,
01:51c'est qu'est-ce qu'ils savent de nos vies ? Qu'est-ce qu'ils savent nous écouter ? Est-ce qu'ils nous comprennent ?
01:55Est-ce qu'ils essayent seulement ?
01:56J'entends ça tous les jours. Tous les jours, vous aussi.
02:01Mais je l'entends aussi. Mais parfois, j'ai le sentiment que la politique, elle manque un peu de vérité,
02:07un peu de sincérité dans son rapport à la vie des gens.
02:11J'ai, mais je la décris aussi, une dame qui se bagarre pour faire valoir ses droits
02:17dans une sorte de golem, de labyrinthe administratif auquel elle ne comprend rien.
02:21Et pour être franc, quand je travaille avec elle pour remplir un certain nombre de papiers,
02:24j'y comprends pas grand-chose non plus.
02:25Donc moi, je suis législateur, j'ai été fonctionnaire et je vois que parfois, ce que l'on fait n'atteint pas son but,
02:31n'atteint pas les gens auxquels c'est destiné parce que c'est trop compliqué.
02:34Parce qu'un serfa de 24 pages à remplir pour demander une aide, dans lequel on dit décrire le projet de vie de l'enfant,
02:39et bien c'est imbitable.
02:41Je parle d'un commerçant qui ne dort pas la nuit parce qu'il ne sait pas s'il va pouvoir payer ses traites.
02:47Donc tout ça, c'est pas désincarné.
02:48Moi, la politique désincarnée, elle manque son but.
02:51Et donc c'est un retour à l'essentiel, c'est un retour aux choses humaines, c'est s'arracher au brouillard.
02:55– Ça fait du bien de vous entendre, on va voir si à l'Assemblée Nationale, c'est traduit, Boris Vallaud.
03:00– Absolument.
03:01– En l'occurrence, un petit mot encore sur Saint-Sevet.
03:04Il y a une spécialité à Saint-Sevet, c'est le poulet de Saint-Sevet.
03:08– Absolument.
03:09– On est bien d'accord.
03:10J'ai entendu Annie Gennevard, qui est la nouvelle ministre de l'Agriculture,
03:13dire qu'on veut manger du poulet français, mais on ne veut pas d'élevage de poulet près de chez soi.
03:19C'est vrai ou pas ?
03:20– Bien sûr.
03:21Là aussi, parfois dans ma permanence, j'ai des gens qui viennent me voir,
03:23qui me disent, écoutez, moi je suis éleveur mais j'ai des voisins qui ne sont pas contents
03:26parce que j'ai un élevage.
03:27Je dis, écoutez, oui, quand on vient habiter à la campagne,
03:29il y a quand même des chances, et je m'en réjouis, d'avoir des paysans qui travaillent à côté.
03:33Et par ailleurs, je dois vous dire que dans les Landes,
03:35on est assez fiers de notre poulet élevé en liberté.
03:39On tient à cette qualité, on tient à ce savoir-faire.
03:43– Je vous dis ça, Boris Vallaud, je vous dis ça parce que c'est une caractéristique très française.
03:47On veut, on veut, on veut, mais on n'accepte pas que ça soit près de chez soi.
03:51Les prisons, par exemple, les poulets, l'élevage de poulet,
03:54je pourrais prendre 10 exemples comme ça, Boris Vallaud.
03:57– Vous avez raison, vous avez raison, j'en suis le témoin.
04:00Et vous savez, les paysans chez moi, ils font des choses intéressantes,
04:04ils font des journées portes ouvertes, aussi pour expliquer leur métier,
04:07le faire comprendre, le faire partager.
04:09Et je pense que quand on se comprend, les choses se passent en général beaucoup mieux.
04:14– J'appelle le PS à changer de ligne politique.
04:18La ligne avec LFI doit être abandonnée pour retrouver une ligne de gauche de gouvernement.
04:24Vous avez entendu ? C'est Bernard Cazeneuve qui dit cela.
04:27Est-ce que vous répondez à cet appel ? Que lui dites-vous ?
04:30– Moi, je réponds que la gauche doit se poser une seule question,
04:33c'est quelle est sa raison d'être et à quoi elle est utile à la vie des Françaises et des Français.
04:37C'est le sens de ce livre, vous avez raison, je ne parle pas de politique politicienne dans ce bouquin,
04:40je parle de la vie des gens, des fins de mois difficiles,
04:43celles et ceux qui ne peuvent pas compter sur autre chose que sur leur force de travail.
04:47– On est loin du drapeau de la Palestine dans les facs.
04:50– Mais le sujet n'est même pas celui-là,
04:52le sujet de ce qui se passe à Gaza est un sujet sérieux,
04:55comme les attaques terroristes cet octobre sont un sujet sérieux
04:58et qu'on doit être capable d'appréhender en se disant,
05:01en croyant encore à la possibilité de la paix, je sais que c'est difficile,
05:04mais je crois aussi que c'est nécessaire.
05:06Quelle est l'attitude qui doit être la nôtre et celle des socialistes à l'Assemblée nationale ?
05:09Parce que vous avez posé la question, est-ce que ça va se traduire d'une manière ou d'une autre ?
05:13Il ne vous aura pas échappé qu'on est dans l'opposition
05:16et que nous avons contesté le choix qui a été fait par le Président de la République
05:19de nommer en réalité un parti qui est très minoritaire
05:22et qui a perdu très largement ses élections.
05:25Mais nous avons dit aussi maintenant que nous sommes dans l'opposition,
05:27le pouvoir n'est pas passé de l'Elysée à Matignon, il l'est à l'Assemblée nationale,
05:31il l'est au Parlement, au Sénat également.
05:33Et à chaque fois qu'il y aura des propositions qui iront dans le bon sens,
05:36qui amélioreront la vie des Français, nous les soutiendrons.
05:39Et nous ferons nous-mêmes des propositions sur des sujets qui préoccupent les Français.
05:42Je vous en donne un, mais qui est majeur, la question de l'accès aux soins,
05:45la question des déserts médicaux.
05:47Pardon, je parle encore un peu de ma campagne, je parle encore un peu de chez moi,
05:50mais c'est vrai de beaucoup de territoires en France.
05:52Sans nous arriver pas à obtenir un rendez-vous chez un spécialiste,
05:54parce qu'en fait tout simplement il n'y en a pas,
05:56ou parce qu'il faut attendre 6 mois pour avoir rendez-vous chez un ophtalmo,
05:59et bien ça rend dingue.
06:00Et donc nous, nous allons continuer le travail que nous avons déjà engagé,
06:03avec notamment le député Guillaume Garrault,
06:05qui est l'initiateur d'un travail trans-partisan sur la régulation de l'installation des médecins.
06:10On va travailler sur les mammons solos aussi.
06:12Bien, alors on va parler, ça c'est du concret, je suis bien d'accord.
06:16Je crois que les gens s'attendent au concret.
06:18Mais malheureusement vous parlez beaucoup de politique,
06:20donc je vais faire comme vous.
06:21Dites-moi, est-ce que vous allez rompre avec Jean-Luc Mélenchon ?
06:24Mais le sujet n'est pas celui-là.
06:26Il est posé ? Il est posé par Cazeneuve ?
06:28Oui bien sûr.
06:29Il est posé par François Hollande aussi ?
06:30On a ce que dit François Hollande, et je le dis d'une certaine manière.
06:33Il demande le départ d'Olivier Faure, donc le vôtre aussi au passage.
06:36Je ne sais pas si c'est en cet air.
06:38En tout cas tous ceux qui commencent un congrès trop tôt ont tort.
06:42Il a tort ?
06:43Non mais vous savez, je peux vous dire que partout,
06:47quand on franchit les étapes trop vite,
06:49la question c'est pourquoi faire ?
06:51Quelle est la raison d'être de la gauche ?
06:52Comment le parti socialiste est utile ?
06:54Comment dans une union de la gauche plus large que ce que nous avons constitué,
06:57plus large que ce que nous avons constitué,
06:59à l'Assemblée nationale avec des majorités républicaines,
07:01dans le pays, en allant aussi à la rencontre des partenaires sociaux ?
07:04Là vous êtes pour ?
07:05Oui je suis pour, et je suis contre.
07:08Mais d'abord je ne suis pas certain qu'il y ait une unanimité,
07:11mais je ne suis pas là pour prendre parole.
07:13Chez LFI on a vu aussi quelques fractions, quelques fractures se dessiner.
07:17Ce que je sais, c'est que les socialistes ont une responsabilité éminente dans une union de la gauche.
07:21Et c'est vrai dans l'histoire.
07:23C'est d'être une force qui entraîne vers la victoire.
07:28Et moi je ne peux pas me résoudre, si vous voulez,
07:30à la continuation du macronisme sous d'autres formes et avec d'autres visages.
07:34Je le redis dans ce livre.
07:35Moi je vois des gens qui ne vivent pas de leur boulot,
07:38et je peux vous dire qu'ils bossent,
07:39qu'ils bossent tous les matins,
07:40qu'ils bossent dans les services publics,
07:42qu'ils bossent dans leurs entreprises,
07:43qu'ils sont patrons de PME.
07:45Eh bien cela, il faut leur apporter des réponses.
07:47Et les socialistes, avec la gauche la plus large possible,
07:50sans exclusive, mais sans laisser compter pour ce qui nous concerne,
07:53eh bien on doit avancer, être capable de poser vos urnes.
07:56Tout ce qui concerne ensuite...
07:57J'ai trois questions, ensuite vous en parlez du budget,
07:59de questions concrètes.
08:01J'ai trois questions politiques encore à vous poser.
08:03La première, la première.
08:05Présidentielle 2027, candidature unique à gauche,
08:08à condition que ce ne soit pas Jean-Luc Mélenchon.
08:11C'est bien cela.
08:12Je crois que c'est une aspiration majoritaire à gauche.
08:15Donc candidature unique à gauche,
08:17à condition que ce ne soit pas Jean-Luc Mélenchon.
08:20On est bien d'accord.
08:21Je ne crois pas qu'il puisse être le candidat
08:23qui rassemble toute la gauche.
08:24Et si je dois aller un tout petit peu plus loin dans la confidence...
08:26Alors allez-y.
08:27Je crois que les socialistes doivent être en position
08:31d'être de ceux qui sont capables de proposer un candidat
08:35fédérateur, ramenant la victoire la plus large possible.
08:38Donc un candidat socialiste.
08:39Écoutez, franchement, si on n'est pas trop mauvais,
08:42on doit y arriver.
08:43Si on est mauvais, on n'y arrivera pas.
08:44Donc je vais vous dire, ne cherchons pas,
08:47toujours chez d'autres, notre propre faiblesse.
08:50À nous de bosser.
08:51Oui, vous comprenez la colère de Jérôme Guedj, hier ?
08:55Mais je comprends la colère de Jérôme Guedj.
08:57Jérôme Guedj qui est socialiste,
08:59qui souhaitait être président de la commission des affaires sociales,
09:03et qui a été battu, pourquoi ?
09:06Parce que les écologistes n'ont pas voté pour lui.
09:09Je vais être parfaitement clair.
09:10Vous me parlez de l'Union.
09:13Non, ça ne peut pas être ça.
09:15L'Union, quand elle fonctionne, elle aboutit à une élection,
09:18comme c'est le cas à la commission des affaires économiques,
09:21d'une personnalité de gauche.
09:22Je pense que ça n'aurait pas dû se passer comme ça.
09:25Et je l'ai moi-même regretté.
09:27Maintenant que nous en sommes là,
09:29je peux vous dire que nous allons nous battre,
09:31y compris au sein de la commission des affaires sociales,
09:33pour que les économies que propose le gouvernement
09:36ne se fassent pas sur le dos des Françaises et des Français.
09:38Voilà, ça me paraît quand même assez majeur.
09:40– Vous êtes allié à l'EFI, c'est ma dernière question sur l'EFI.
09:43– J'avais bien compris votre question.
09:44– Vous êtes allié à l'EFI, donc à Rima Hassan,
09:46qui menace des journalistes.
09:48Jusqu'à quand, quand même, acceptez-cela ?
09:50– Je n'accepte pas les menaces envers les journalistes.
09:52Je n'accepte des menaces envers personne.
09:54Ça n'est pas l'idée que je me fais,
09:55et du débat public, et de la démocratie.
09:57Et je vais vous dire sur ce sujet sérieux,
09:58j'étais hier soir à une projection en avant-première
10:01d'un documentaire qui a été fait notamment par Anna Assouline.
10:04Vous savez les associations, les guerrières de la paix.
10:06Ils nous ont montré, dans ces territoires en conflit,
10:11des Palestiniens, des Israéliens, qui sont des guerriers de la paix,
10:17qui espèrent la paix.
10:18Je crois qu'on ne peut pas espérer la paix là-bas
10:20si on n'est pas capable de la faire ici,
10:22y compris dans la façon dont on s'exprime,
10:24et dont on parle, et dont on traite de ces sujets
10:26qui sont des sujets sérieux.
10:27Et là aussi, à l'Assemblée nationale,
10:29je souhaite que ce soit un lieu
10:31où nous concevions aussi la possibilité de la paix.
10:33– Un mot sur le Proche-Orient, quelques mots.
10:37Est-ce qu'Emmanuel Macron a eu raison de dire ce qu'il a dit ?
10:40Franchement, sur l'envoi d'armes,
10:43il s'exprimait pour les Américains,
10:45parce que nous, nous n'envoyons rien du tout,
10:47pas d'armes à Israël.
10:49– La question qu'il pose, je suis rarement l'avocat d'Emmanuel Macron.
10:55– Il demande un cessez-le-peu, un cessez-le-feu,
10:58et il dit qu'on n'envoie pas d'armes
11:00quand on demande un cessez-le-feu.
11:02Il a raison ou pas ?
11:03– La question qui aurait été plus intelligente de poser,
11:05c'est comment faisons-nous en sorte
11:07qu'il n'y ait pas d'armes fournies à Israël
11:11qui servent contre les Palestiniens à Gaza.
11:14Mais sans remettre en question ce que, je crois,
11:16tout le monde est d'accord à considérer,
11:20c'est la légitimité de la sécurité d'Israël.
11:22Mais maintenant, oui, on a besoin d'un cessez-le-feu.
11:24On a besoin que les otages qui sont encore détenus soient libérés.
11:27Et que surtout, nous évitions à toute force
11:29l'escalade qui menace au Proche-Orient.
11:31Et quand je regarde le Liban avec lequel j'ai quelques attaches,
11:35vous le savez peut-être,
11:36eh bien je dis la paix.
11:40La paix.
11:42J'ai des Palestiniens et des Israéliens…
11:44– Que le Liban ne soit pas transformé en Gaza.
11:46– Et des Israéliens, oui.
11:48Et qu'une vie valant une vie, on en prenne la mesure.
11:51Vous savez, j'ai des Palestiniens et des Israéliens
11:53qui disent qu'on a tout négocié au moment d'Oslo.
11:57Que les pays européens, les États-Unis,
12:00d'une certaine manière, nous imposent la paix.
12:03La paix.
12:05La paix manque de partisans parfois.
12:07– Boris Vallaud, budget, présentation,
12:10c'est clair, vous ne voterez pas ce budget.
12:12– Écoutez, aujourd'hui, on ne sait pas ce qu'il est,
12:14et je vous rappelle que je ne sais pas
12:16ce que sauront les majorités pour le construire.
12:19Vous pourriez le voter ?
12:21Si c'est un budget que la gauche à l'Assemblée nationale
12:25aura inspiré, on peut battre le gouvernement ?
12:30Ça peut ne pas être le budget du gouvernement ?
12:33– C'est-à-dire ?
12:35– Écoutez, nous on va faire des propositions,
12:37on en a formulé hier sur les recettes.
12:39– J'ai lu.
12:40– Non mais ce n'est pas rien, parce qu'on ne veut pas
12:42que la situation qu'a laissée Bruno Le Maire,
12:45qui est calamiteuse, qui est catastrophique
12:48pour nos finances publiques,
12:50que le remboursement du Quai courant de l'encoute
12:52soit fait par toutes ces vies difficiles dont je parle.
12:54On veut que la solidarité soit partagée.
12:58– A priori, vous ne voterez pas contre ?
13:03– Je dis que nous allons voter tout ce qui ira dans le bon sens,
13:06que nous espérons que dans une majorité républicaine,
13:09la réciproque sera vraie.
13:11Nous ferons des propositions, je pense que sur un certain nombre.
13:13Je pense à la taxation des super-profits ou des super-dividendes,
13:16ça se rapproche d'un certain nombre de propositions.
13:18– Vous votez ?
13:19– Ce sont nos propositions.
13:20– Vous la votez ?
13:22– C'est notre proposition, donc on va la voter.
13:24Et les recettes exceptionnelles qui sont celles proposées par le gouvernement,
13:32je ne sais pas si Gabriel Attal ou Gérald Darmanin les votera,
13:36mais nous on les votera, bien que l'on considère
13:38qu'elles ne sont pas suffisantes,
13:40la justice fiscale ne peut pas être exceptionnelle et temporaire.
13:43– S'il y a 49.3, motion de censure ?
13:46– Écoutez, moi je ne veux pas préjuger de ce que sera le débat parlementaire.
13:49Mais évidemment qu'à un 49.3, quand on fait un 49.3,
13:53on s'expose aussi à la possibilité d'une motion de censure.
13:56Mais si vous faites le pari, au fond, d'un parlementarisme réel retrouvé,
14:01si vous faites ce pari-là, si vous pensez qu'on doit pouvoir,
14:05texte par texte, trouver des majorités républicaines,
14:08si vous pensez que sur des questions de recettes,
14:10et donc de justice fiscale, vous pouvez convaincre,
14:12y compris ceux qui aujourd'hui sont vos adversaires,
14:14eh bien je crois qu'il faut s'y engager résolument,
14:18je vais vous dire sincèrement.
14:19– Donc être constructif.
14:20– Sans naïveté.
14:21– Vous serez constructif sur le budget, sur la discussion budgétaire.
14:25– Oui, vous avez compris ce qui est notre ligne.
14:27La justice fiscale, que ce ne soit pas les classes populaires,
14:30les classes moyennes qui payent le quoi qu'on leur coûte,
14:32y compris avec des impôts sur la vie,
14:34et c'est déjà ce qui est dans les annonces du Premier ministre.
14:36Vous savez que quand vous reculez de 6 mois
14:38la regularisation des pensions,
14:40eh bien ça veut dire que beaucoup de gens modestes
14:44vont avoir une sorte de perte de plusieurs centaines d'euros.
14:48– Oui, c'est retraite de la sécurité sociale.
14:50– Mais c'est pas rien.
14:51– Mais c'est pas rien.
14:52– C'est pas rien pour ceux pour lesquels les fins de mois sont difficiles.
14:54– Report de 6 mois.
14:55– Quand vous avez une pension d'un peu plus de 1 500 euros par mois,
14:58eh bien sur 6 mois, c'est plusieurs centaines d'euros
15:00qui vont vous manquer.
15:02Je vois du bitatif, mais on l'a calculé.
15:04– Il y a du bitatif sur le calcul, mais bon, c'est pas grave.
15:06– Je vous le passerai, parce qu'on a fait ça, ça.
15:08– C'est pas grave, Boris Bollet.
15:10– Sérieusement, et je crois même que les chiffres ont été confirmés.
15:12– C'est un report, c'est un report, effectivement.
15:14– Oui, et donc c'est d'une certaine manière un impôt sur la vie,
15:16un impôt en creux, comme les déremboursements
15:18ou l'augmentation des franchises médicales.
15:20– À propos des retraites d'ailleurs, c'est la réforme des retraites,
15:23alors évidemment le Rassemblement national,
15:26j'attends de voir si le 31, effectivement,
15:29le Rassemblement national demande ou pas
15:31l'abrogation de la réforme des retraites.
15:33Vous voterez si le Rassemblement national demande l'abrogation de la réforme ?
15:36– Vous savez, il y avait un premier rendez-vous pour le Rassemblement national
15:39pour vérifier la sincérité de son souhait d'abroger la réforme des retraites.
15:42C'était la motion de censure il y a deux jours, ils n'ont pas voté.
15:44Ils ont soutenu un gouvernement qui ne prévoit pas de l'abroger.
15:47Il y avait d'autres choix qui étaient possibles.
15:49Donc je ne crois pas à leur sincérité, premièrement,
15:51et deuxièmement, ils n'ont pas de groupe au Sénat.
15:53À la différence des groupes de gauche,
15:55qui vont pouvoir à la fois débattre dans leur niche parlementaire
15:57à l'Assemblée nationale, puis au Sénat,
15:59pour l'abrogation de la réforme des retraites.
16:01On a besoin de justice.
16:02Ça a été une violence sociale, pour ceux qui commencent tôt,
16:05qui ont des carrières longues, des carrières pénibles,
16:07et puis ça a été aussi une brutalité institutionnelle.
16:09– Dis-moi, à propos des retraites, parce qu'on n'en parle pas,
16:11et on en a un peu parlé finalement lors des discussions sur la réforme,
16:16comment se fait-il qu'il y ait une injustice entre le public et le privé ?
16:19Pourquoi ? Expliquez aux Français.
16:21Pourquoi est-ce que la retraite du privé est calculée sur les 25 meilleures années ?
16:26– Il faut aussi regarder ce qu'ont été les revenus dans une vie entière.
16:31– Et le revenu du privé quand vous allez travailler au SMIC,
16:34quand vous êtes toute votre vie ?
16:36– Laissez-moi terminer, Boris Vallaud.
16:38Ce que je veux dire, c'est que le montant moyen des pensions
16:41est à peu près équivalent.
16:43Par ailleurs, vous savez que les règles de calcul,
16:45y compris des pensions de la fonction publique, ont été changées.
16:49Moi, ce que je veux dire, c'est que là où on a des sujets
16:53qui sont encore orphelins, qui étaient très imparfaitement traités,
16:56c'est par exemple la retraite…
16:58– Une avancée.
16:59– Oui, mais qui est insuffisante, et notamment s'agissant des conjointes.
17:03Vous savez, j'ai reçu il n'y a pas très longtemps dans ma permanence,
17:06une dame qui est aide à domicile auprès des personnes âgées,
17:09qui elle-même a plus de 64 ans et est obligée de continuer à travailler
17:12parce qu'elle était épouse de commerçants,
17:15et donc elle n'a pas toutes ses cotisations, etc.
17:17Et elle me dit, je vais m'occuper de gens qui ont mon âge.
17:19Donc là, il y a des situations orphelines dont il faut se saisir.
17:22– Boris Vallaud, pourquoi dans la réforme des retraites
17:25êtes-vous absolument opposé à une part de capitalisation ?
17:29– Parce que ce n'est plus un système dans lequel les actifs
17:33sont solidaires des retraités,
17:36et dans un système qui se perpétue de génération en génération.
17:39Ça veut dire qu'en réalité, on fait le pari d'une forme de spéculation
17:43sur les pensions de retraite, parce que les pensions de retraite…
17:45– Vous avez une assurance-vie.
17:47– Oui, mais ça, sauf que l'assurance-vie,
17:49on est libre de la contracter ou de ne pas la contracter.
17:52– C'est de la capitalisation.
17:54– Et je ne suis pas certain qu'il fallait placer entre les mains
17:57de fonds de pension australiens, par exemple,
18:00les retraites des Françaises et des Français.
18:02– C'est-à-dire que vous placez dans les fonds de pension australiens
18:05vos économies, mais pas…
18:07– Moi, en l'occurrence, je n'ai pas d'assurance-vie, donc je…
18:10– D'accord, vous, pas.
18:12– Oui, mais il y a la question du choix qui est fait par les uns et par les autres.
18:17Il y a celui de cette solidarité et d'un mode de fonctionnement qui…
18:22Voilà, on ne va pas faire courir des risques à nos retraités.
18:25– 18 milliards d'euros de déficit de la Sécurité sociale.
18:28Beaucoup plus qu'annoncé par le Président du gouvernement,
18:30qui était à 10 milliards, je crois, dans le budget préparé l'année dernière.
18:34On est à 18 milliards, il va bien falloir faire des économies.
18:36On les fait où, ces économies à la Sécurité sociale ?
18:39– Jean-Jacques Bourdin, en 2017, quand Emmanuel Macron
18:42est arrivé aux responsabilités, les comptes avaient été restaurés.
18:49Le périmètre de la Protection sociale, qui est plus large que la Sécurité sociale,
18:52était excédentaire, excédentaire.
18:54Qu'est-ce qui s'est passé depuis ces temps ?
18:56Il s'est passé que nous nous sommes privés,
18:58le gouvernement a privé les Françaises et les Français de recettes.
19:01– Et qu'il y a eu le Covid aussi.
19:02– Oui, mais quand vous faites 50 milliards ou 60 milliards
19:05de baisse d'impôts d'hiver pendant ce quinquennat,
19:09qui manque chaque année à nos services publics,
19:12quand vous refusez de mettre à contribution, par exemple,
19:14les multinationales qui consolident 40% de leurs résultats dans des paradis fiscaux,
19:18c'est-à-dire qui manquent, grosso modo, 20% des recettes de l'impôt sur la société
19:22à tous les pays de l'Union Européenne, à la fin, ça se ressent.
19:25Et donc, quand on appelle à de la justice fiscale dans la durée,
19:28et pas de façon exceptionnelle, c'est parce qu'en réalité,
19:30un peu plus de solidarité, on vit tous mieux.
19:33– Non, mais à la Sécurité sociale, 18 milliards, que faites-vous ?
19:37– Eh bien, très concrètement, on se pose…
19:39– Quelles mesures proposez-vous pour réduire ce déficit ?
19:41– Je vais vous en donner une très exactement.
19:43On se pose la question, par exemple, de l'efficacité de l'exonération
19:47d'un certain nombre de cotisations à partir d'un certain seuil de revenus.
19:50Est-ce que ça crée de l'emploi ou est-ce que ça n'en crée pas ?
19:53Eh bien, on dit, mais c'est assez bien documenté par des économistes aujourd'hui,
19:58qu'au-dessus de 2 SMIC, en réalité, les exonérations n'ont pas d'incitation
20:03sur la création d'emplois.
20:04Est-ce que là, il n'y a pas finalement des cotisations à redonner à l'assurance maladie,
20:10à l'assurance sociale, pour précisément pouvoir financer cette Sécurité sociale ?
20:17Vous savez qu'une des curiosités…
20:19– C'est-à-dire qu'on remet des cotisations au-delà de…
20:21– À partir d'un certain seuil ? – Voilà, au-delà de 2 SMIC et demi.
20:24– Ou il est démontré, de façon empirique, par des économistes,
20:28qu'il n'y a pas eu l'effet d'entraînement.
20:30– Vous renchérissez le coût du travail ?
20:32– Oui, sans que c'est un effet défavorable sur l'emploi.
20:35C'est quand même intéressant de le faire.
20:37Là où, en revanche, on sait que ça a un effet incitatif,
20:39évidemment, le meilleur exemple, c'est au niveau du SMIC.
20:42Eh bien, là, il n'est pas question de revenir dessus.
20:45Vous voyez, la question de l'efficacité de la dépense publique,
20:48ce n'est pas un truc réservé à Bruno Le Maire.
20:50D'ailleurs, il n'en a pas fait la démonstration.
20:52– Merci Boris Vallaud d'être venu nous voir ce matin sur l'antenne de Sud Radio.
20:56Patrick Roger sera avec vous à partir de 9h.
20:59Je rappelle le titre de votre livre, Boris Vallaud, qui est en librairie quand ?
21:06– Mais qui est déjà en librairie.
21:08– Qui est déjà en librairie, en permanence.
21:10C'est « Vies que je fais miennes » chez Odile Jacob.
21:12– Merci. – Il est 8h57.

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