"C'est inadmissible !" : Enquête ouverte après la diffusion d’une vidéo signée DZ mafia

Sud Radio

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Transcript

00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.

00:04Il est 8h-20, Maître Alain Lhôte, bonjour.

00:08Bonjour Monsieur Bourdin, merci de m'avoir invité.

00:11Ça me fait plaisir de vous recevoir Maître Lhôte.

00:14Vous êtes avocat pénaliste au barreau de Marseille, avocat de la Défense pénale,

00:18dans des dossiers de trafic de stupéfiants, partie civile pour les victimes d'assassinats sur fond de trafic de stupéfiants.

00:25Vous avez été, comme moi j'imagine, étonné, surpris, indigné par l'invraisemblable vidéo de la DZ Mafia

00:35réfutant l'implication du gang dans les derniers homicides de Marseille.

00:40Mais depuis quand un gang de trafiquants de drogue en France communique de cette manière ?

00:49On cherche effectivement les qualificatifs, stupéfiants, renversants, surréalistes.

00:55C'est la première fois moi dans ma carrière que je vois ce genre d'événement.

00:59Alors, vous savez que le trait de Marseille a entamé une enquête pour essayer d'identifier les protagonistes de cette pantalonade.

01:08Il ne vous a pas échappé que ça échappe pour de bon complètement au code traditionnel de la mafia italienne.

01:16La mafia italienne se caractérise par la discrétion. Là, ce n'est pas du tout le cas.

01:22Donc le problème qui est derrière cette pantalonade, s'agit-il véritablement de membres de cette organisation

01:29ou de gens qui se comportent comme des guignols sur les réseaux sociaux, qui posent les problèmes que vous connaissez ?

01:36L'enquête va nous le dire très rapidement, je pense.

01:39Oui, la DZ Mafia est devenue une marque, en quelque sorte, est en train de devenir une marque, maître.

01:45Tout à fait, c'est comme une marque de lessive ou de prêt-à-porter.

01:50Reste à savoir qui endosse cette marque.

01:53Est-ce que ce sont véritablement des protagonistes impliqués dans le trafic

01:58ou bien ce sont des gens qui, à l'aube des réseaux sociaux, veulent absolument apparaître, avoir leur petit moment de gloire ?

02:04Et c'est tout les questions que pose cette vidéo, d'autant qu'il faudra bien que le législateur s'interroge aussi à un moment

02:15sur le point de savoir comment on peut diffuser des images aussi surréalistes que celles-là.

02:21Exactement ! Comment ces images peuvent-elles être diffusées, sans contrôle, sans rien, comme ça ?

02:31Alors, pas de filtre, pas de contrôle, a priori de l'opérateur.

02:36Ça pose, je veux dire, un endroit de gros problème, car une vidéo de cette nature...

02:41Moi, j'ai gardé, comme vous le disiez, pour justement, M. Bourdin, le souvenir des conférences de presse du FNLC.

02:48Là, ils ont repris les mêmes codes et ça passe sans problème sur des vidéos.

02:55Là, ça pose un problème de contrôle par l'État de l'activité de ces réseaux sociaux.

02:59Il faudra que le législateur, pour que c'est une image de cette nature, elle n'a pas à figurer sur les réseaux sociaux,

03:05quand on connaît les dégâts que causent les réseaux sociaux.

03:08Donc, c'est absolument inadmissible, intolérable, et le parquet de Marseille a eu raison d'engager cette enquête.

03:15Évidemment ! On dirait les cartels mexicains, un peu, hein ?

03:19C'est l'image qu'on veut donner.

03:22Il y a beaucoup de comparaisons qui sont faites avec la Marseille italienne, dont je soulignais tout à l'heure la discrétion.

03:28Là, on parle de mexicanisation de cette activité.

03:34Je crois qu'il faut essayer de garder un petit peu son sang-froid et savoir qui est derrière déjà cette vidéo.

03:43Si on arrive à savoir quels sont les protagonistes, ça permettra un petit peu d'appréhender le phénomène,

03:48de mieux le comprendre pour mieux le combattre.

03:51— Mais maître Lot, on connaît quand même les patrons, si je puis dire, de cette désaide mafia. On les connaît ?

03:59— Alors, on les connaît effectivement, puisque la police a procédé à beaucoup d'interpellations.

04:04Il y en a qui sont réfugiés à l'étranger. On connaît un petit peu les protagonistes.

04:10Maintenant, bon, vous savez aussi bien que moi que la réponse pénale à Marseille,

04:14elle est extrêmement forte, puisque la 7e chambre est l'une des plus répressives de France,

04:19que la cour d'assises des Bouys-du-Rhône prononce régulièrement des peines de 30 ans de réclusion criminelle avec 2 tiers de sureté.

04:25J'entendais hier le procureur M. Besson proposer la création d'une cour d'assises spécialisée,

04:32d'un régime pénitentiaire adapté. Autant de débats à l'heure actuelle qui préoccupent tous les praticiens du droit.

04:40— Cour d'assises spécialisée, ça me paraît indispensable. Qu'est-ce que vous en pensez, maître Lot ?

04:47— M. Bourdin, la question, c'est de savoir si on peut trouver de salut, notre salut, dans la création.

04:54Vous savez que les cour d'assises spécialisées existent déjà, notamment en matière de trafic de confessions.

05:00Est-ce que la réponse pénale suffira à endiguer ce phénomène ?

05:07Moi, je crois, je suis pas convaincu à 100% que la création d'une juridiction supplémentaire permette de régler le problème.

05:14— Oui, je comprends. Merci beaucoup, maître Lot. Merci d'être avec nous.

05:18Et merci pour tout le travail que vous faites auprès des victimes de ces trafics de stupéfiants.

05:23Il est 7 h 46. Vous êtes sur Sud Radio.

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