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Xerfi Canal a reçu Olivier Meier, professeur à l'Université Paris Est Créteil, Observatoire ASAP, dans le cadre de la parution du livre "Cultiver ses différences, et celle des autres".
Une interview menée par Laurent Faibis.

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Transcription
00:00 [Musique]
00:09 Bonjour Olivier Meyer.
00:10 Bonjour Laurent Félix.
00:11 Alors Olivier Meyer, on vous connaît sur Xerfi Canal,
00:14 parce que vous y faites régulièrement des chroniques de management,
00:21 mais vous êtes avant tout professeur des universités
00:25 et vous êtes directeur de l'Observatoire ASAP.
00:28 Alors moi ASAP, je comprends As soon as possible,
00:30 mais je crois que ça ne doit pas être ça.
00:32 C'est un peu différent, ça veut dire action sociétale et action publique.
00:35 Et c'est vrai que j'anime une organisation qui réunit à la fois
00:39 des enseignants-chercheurs et des experts, des professionnels, des consultants,
00:42 pour produire un certain nombre de recherches,
00:45 plutôt impact social et sociétal,
00:48 visant à réfléchir sur les transformations actuelles
00:51 sur le plan du numérique, du social, du sociétal,
00:55 et ce que ça peut entraîner aujourd'hui dans le cadre des organisations.
00:58 Alors ce qui est frappant dans vos chroniques,
01:01 qui se réunit dans ce livre,
01:03 et sur lequel vous exprimez sur Xerfi Canal,
01:07 c'est que ce n'est pas du tout théorique,
01:09 c'est très proche des réalités.
01:11 Et compte tenu de l'évolution de la recherche en management,
01:15 de l'enseignement, c'est un petit peu étonnant,
01:17 c'est un petit peu atypique dans le monde de l'enseignement en management.
01:20 C'est vrai, c'est vrai.
01:21 D'où ça vient ?
01:22 Alors ça vient souvent d'une histoire personnelle,
01:25 je ne vais pas vous surprendre en disant ça,
01:27 qui en fait me conduit souvent par rapport à la recherche
01:31 à raisonner toujours en trois temps.
01:33 Il y a un premier élément qui me tient à cœur,
01:36 c'est de recourir un peu à l'intuition, au ressenti, à l'observation,
01:41 que j'essaie dans un deuxième temps pour le coup,
01:44 de confronter aux théories, aux modèles,
01:46 et il ne faut pas du tout caricaturer cet apport.
01:49 La richesse est réelle, mais je le fais dans un deuxième temps
01:53 où on trouve finalement des grilles d'analyse,
01:55 des grilles de lecture tout à fait passionnantes,
01:57 que après je mets à l'épreuve des faits,
01:59 et là je retourne généralement sur le terrain.
02:02 J'aime échanger et interagir avec des professionnels,
02:05 notamment avec des dirigeants, des entrepreneurs,
02:07 pour progressivement me faire une idée.
02:09 Et de ce point de vue-là, c'est vrai que des supports type Zerficanal
02:14 sont intéressants puisqu'ils sont un peu la rencontre
02:17 de ces trois étapes.
02:19 C'est pour ça que je me sens assez à l'aise dans ce dispositif,
02:23 puisqu'il allie souvent une idée originelle,
02:26 un appui théorique ou scientifique certain,
02:29 que je confronte après à une réalité du terrain
02:31 que j'essaye après de partager, de diffuser auprès du grand public.
02:35 - Alors le titre de votre recueil de chroniques,
02:39 c'est "Cultiver ses différences et celles des autres
02:42 pour un management de la distinction atypique".
02:45 Alors on a décortiqué un petit peu ça.
02:47 Cultiver ses différences.
02:49 Peut-on cultiver ses différences quand on parle de science de gestion,
02:53 de science, de science du management,
02:56 et cultiver ses différences dans l'entreprise ?
02:58 - Voilà. Alors ça, c'est ce qui me tenait vraiment à cœur
03:02 et quelque part une des idées-forces que j'essayais de développer
03:06 dans les chroniques et finalement dans le cadre de cet ouvrage,
03:09 c'est que je suis moi intimement persuadé que le dirigeant entrepreneur
03:13 doit essayer autant que faire se peut naturellement
03:16 de sortir d'une logique de conformité sociale, sociétale, culturelle.
03:20 Je suis très frappé qu'on y est tous un peu soumis
03:24 à une sorte de diktat en termes de normes de conduite et de comportement,
03:28 ce qui explique d'ailleurs que beaucoup de dirigeants
03:30 ont parfois un discours un peu convenu.
03:32 Je ne dis pas en off, je dis officiellement.
03:34 Et pour moi, je trouve ça dommage car ça peut prendre parfois le pas
03:37 sur une certaine forme d'authenticité managériale,
03:40 de conviction personnelle et de système de valeur.
03:44 Et au regard de mon histoire personnelle et de ce que je ressens,
03:48 je considère qu'un dirigeant entrepreneur n'est pas un manager classique,
03:52 n'est pas un collaborateur, c'est une personne qui certes prend
03:56 des décisions difficiles mais parfois impopulaires.
03:59 Qui dit impopulaire, c'est parfois qui va à l'encontre des normes.
04:03 Donc on voyait bien qu'on est en dehors de la notion normalement de conformité,
04:06 qui doit avoir une perspective différente parce que sinon,
04:09 pourquoi justifier qu'il soit dans le cadre du sommet stratégique
04:13 pour justement éclairer, inspirer et entraîner ses collaborateurs et ses épics ?
04:18 Un élément d'ailleurs que je développe dans les chroniques,
04:21 c'est quelqu'un aussi qui doit faire preuve d'habilité.
04:24 J'aime le mot ingéniosité qu'on utilise rarement.
04:27 On parle souvent de compétence et d'intelligence.
04:29 Je pense aussi qu'il doit avoir une certaine forme d'ingéniosité,
04:32 voire même, j'ose le dire, de ruse.
04:35 Là, je fais naturellement allusion au principe de Machiavel
04:38 qui est l'objet aussi d'une chronique,
04:40 et qui doit intervenir toujours à bon escient et au bon moment.
04:43 Et si je devais rajouter une dernière qualité dite distinctive,
04:46 pour reprendre le titre de l'ouvrage,
04:48 c'est une personne qui pour moi est animée en permanence
04:51 par le goût de l'innovation, de l'expérimentation,
04:54 qui doit toujours explorer de nouveaux modèles de développement,
04:57 de nouveaux modèles d'affaires, surtout dans un environnement dynamique,
05:00 et toujours rechercher, c'est ça que je trouve passionnant
05:02 quand j'échange avec des entrepreneurs,
05:04 de nouvelles voies de collaboration, de nouveaux modes d'interaction
05:07 avec les différentes parties prenantes.
05:09 Donc ces différents éléments m'amènent à dire
05:11 que la distinction est un élément clé,
05:13 et si moi, puisque je suis aussi, comme vous l'avez rappelé, professeur,
05:17 je pense que ça devrait être davantage mis en valeur
05:20 sur la figure de l'entrepreneur au niveau de l'éducation et de la formation.
05:24 Ce n'est pas un manager classique, ce n'est pas un collaborateur,
05:27 c'est une personne qui prend excessivement de risques,
05:30 qui est capable de gérer des doutes et des questionnements,
05:32 et souvent dans ces moments-là, il est seul,
05:35 psychologiquement, même sa famille peut difficilement l'aider dans ces moments-là,
05:39 et je pense qu'il faut rendre hommage à ce type de figure,
05:43 qu'on a trop tendance, me semble-t-il, à caricaturer.
05:45 Mais le propre d'un dirigeant ou d'un haut manager,
05:48 c'est de prendre des décisions qui sont parfois difficiles,
05:51 d'en prendre beaucoup, d'être sous tension nerveuse sans arrêt,
05:56 et en même temps d'être politiquement correct,
06:00 de tenir des éléments de langage,
06:03 - Comment on arrive à tenir sa langue ? On ne peut pas dire n'importe quoi ?
06:07 - C'est honnêtement la grande difficulté,
06:10 et je pense que les décennies actuelles n'ont fait que renforcer cette pression,
06:16 et se dictater un peu en termes de contraintes,
06:19 et moi je pense qu'il faut retrouver la noblesse de l'audace,
06:22 la noblesse du risque,
06:24 et favoriser en interne et en externe la notion de confrontation des idées et des points de vue.
06:30 C'est-à-dire qu'il y a une belle notion qu'on met toujours en avant,
06:33 c'est la diversité, mais ce n'est pas une diversité de type marketing qui doit être mise en valeur,
06:37 c'est une diversité de personnalité, une diversité de points de vue,
06:41 une diversité de valeurs, où tout le monde doit pouvoir s'exprimer,
06:45 et le dirigeant doit accepter la confrontation,
06:49 accepter même la contestation, pour pouvoir en fait avancer.
06:54 Et je crois que l'élément aujourd'hui, la grande évolution que j'ai aimé à développer,
07:01 c'est cette notion d'influence minoritaire,
07:04 c'est-à-dire qu'on est dans un monde aujourd'hui où il y a beaucoup de revendications,
07:08 beaucoup de contestations, de type sociale, sociétale et culturelle,
07:12 et le dirigeant entrepreneur doit assumer ces contestations, ces pressions,
07:17 et oser en fait donner son avis, quitte même à dire "je ne suis pas d'accord".
07:22 Vous dites qu'il faut assumer de ne pas être un dirigeant comme les autres,
07:26 donc de ne pas avoir le même discours, de ne pas avoir le même comportement,
07:29 d'être authentique, de montrer ses faiblesses.
07:33 Et un élément, et vous le savez bien Laurent, c'est un élément qui me tenait à cœur dans une des chroniques,
07:39 si on doit retenir une chose de la culture américaine,
07:43 il y a beaucoup de défauts dans ce modèle américain,
07:45 il y a une chose que je trouve belle, c'est le rapport au risque et le rapport à l'échec,
07:50 c'est-à-dire que je pense qu'en fait, échouer, ça c'est un élément qui me tient à cœur,
07:55 notamment si des jeunes nous écoutent.
07:58 L'échec est la meilleure source d'apprentissage,
08:01 la meilleure source d'enrichissement personnel dans le développement personnel et professionnel dans l'individu,
08:07 et ça doit être un curseur visiblement de réhabilitation de ces notions d'échec.
08:11 D'ailleurs je suis toujours frappé, quand je parle avec des dirigeants et des entrepreneurs,
08:18 que finalement on s'aperçoit que ça n'a jamais été un processus linéaire leur parcours,
08:22 et que finalement, c'est là où on revient entre le discours convenu,
08:26 réflexion stratégique, planification, stratégie ultra sophistiquée,
08:32 et la réalité des choses, et la faillibilité, la rationalité optimale,
08:37 et in fine on s'aperçoit qu'il y a eu un peu de chance,
08:41 il y a eu de l'intuition, il y a eu du culot, il y a eu un peu de courage,
08:44 il y a eu du scepticisme même de la part de son entourage, des semi-moqueries,
08:48 quand la personne est tombée on dit "il ne reviendra plus, il est retombé une deuxième fois",
08:53 on a dit "le pauvre Henri, vraiment là, j'aimerais pas être à sa place",
08:58 et puis le Henri s'est relevé, et à un moment donné,
09:01 une combinaison particulière de situation et d'événements fait que.
09:05 Et ça, je trouve ça beau, et en termes presque de saga,
09:10 ma tristesse, il s'avère que je suis un peu aussi dans un environnement d'entrepreneuriat,
09:14 de par mon histoire personnelle, on a trop tendance à assimiler la figure du capitaliste financier
09:20 à la figure du capitalisme familial, entrepreneurial,
09:25 et moi je trouve qu'il y a des belles choses à retenir sur cette deuxième figure,
09:29 où il y a beaucoup d'histoires fortes, et où finalement, les notions d'émotion,
09:33 de sentiment, d'affect ou d'expérience sont souvent essentielles à la réussite d'une entreprise.
09:41 Alors vous allez beaucoup plus loin, je vais vous pousser dans vos retranchements,
09:44 dans la provocation, parce que vous prenez en quelque sorte,
09:47 pour les managers et dirigeants, le droit à la paresse,
09:51 et vous dites "il faut savoir s'ennuyer".
09:54 Oui, alors vous avez raison, j'ai voulu en fait mettre un peu,
09:58 même si c'était peut-être un peu provocateur, le contre-pied de toujours,
10:02 vous avez bien compris Laurent, la système normatif qui me gêne.
10:06 C'est-à-dire que je suis toujours frappé aujourd'hui,
10:10 qu'on associe l'efficacité managériale à la performance.
10:13 Le superbe hauteur.
10:14 Voilà, le superbe hauteur, le pragmatisme, l'efficacité, la rentabilité,
10:19 la productivité, la rationalisation, l'optimisation, le suractivisme.
10:24 Bon, je ne dis pas, et je ne conteste pas ces critères, je dis qu'il y en a d'autres.
10:28 Et je pense toujours, vous l'avez rappelé, je suis professeur,
10:32 et je trouve qu'on culpabilise trop les jeunes.
10:35 L'ennui, ce n'est pas ne rien faire forcément, ça peut l'être évidemment.
10:39 Ça peut être aussi un élément où on développe son imagination, sa créativité.
10:43 On a le droit de rêvasser dans une réunion ?
10:45 Comment ?
10:46 Est-ce que ça peut être utile de rêvasser dans une réunion ?
10:48 Je pense à un moment donné, pour poser des questions pertinentes, voire décalées,
10:51 qui permettent de montrer une autre perspective au problème qui est posé, je pense que oui.
10:56 Est-ce que rêvasser dans une réunion, ce n'est pas un moyen d'utiliser son inconscient, son autre intelligence ?
11:01 Là, vous touchez du doigt à une dimension jungienne qui me plaît.
11:04 Oui, j'en suis persuadé.
11:05 Je pense vraiment que la rationalité fige un peu notre manière de voir les choses et de penser,
11:12 et qu'il y a beaucoup de clairvoyance qui peut émerger si, en fait,
11:18 on a une certaine forme d'approche contemplative.
11:20 Certains philosophes le prenaient, un grec et autres, une certaine forme d'écoute active.
11:25 Et souvent, vous voyez, par exemple, je vais vous donner un exemple concret.
11:28 On dit aux jeunes ou aux moins jeunes d'ailleurs, voyager pour découvrir le monde.
11:33 Je ne nie pas que c'est formidable.
11:35 J'ai eu la chance en plus de voyager, donc je ne me nie pas.
11:38 Mais le voyage n'est pas que le voyage géographique, il peut être aussi le voyage intérieur.
11:43 C'est ça simplement que je voulais dire.
11:45 Et dans le même esprit, toujours par rapport à prendre une certaine distanciation
11:50 par rapport à des normes que je trouve trop origines,
11:52 c'est pour ça que je m'étais permis aussi dans une chronique de mettre en avant le manager introverti.
11:57 Parce que vous voyez bien où je veux en venir.
11:59 C'est qu'a priori, le grand manager, il est extraverti, il est surcommuniquant, il est formidable,
12:04 il a de l'humour, il a la réponse.
12:06 C'est le super héros.
12:07 C'est le super héros.
12:08 Alors le pauvre gars qui, lui, n'a pas forcément ça, donc c'est un mauvais.
12:11 Et bien moi, je ne crois pas du tout.
12:13 Et ce que j'ai essayé de développer et qu'on retrouve dans l'ouvrage,
12:15 c'est qu'un manager introverti, il peut parler au bon moment et à bon escient.
12:19 Il peut avoir un sens aigu de l'observation.
12:21 Et j'ai remarqué quelque chose qui m'a toujours marqué,
12:24 c'est que l'extraverti est très bon en public, dans des grandes réunions auditoires,
12:29 beaucoup moins à l'aise dans l'interpersonnel.
12:31 Il regarde rarement les gens dans les yeux.
12:33 Ça m'a toujours marqué.
12:34 Alors que l'introverti, il a une intensité de vue et de discussion dans l'interpersonnel.
12:41 Or, il y a des fois, des deals, des négociations se passent en petits comités.
12:45 Donc l'introverti peut avoir tout son...
12:47 Mais l'introverti, en réunion, il peut être plus à l'écoute.
12:49 Il peut davantage rêvasser, regarder ce qui se passe.
12:52 - Voilà, exactement.
12:53 - Faire marcher sa machine à idées.
12:54 - C'est exactement...
12:55 C'est pour ça que ce deuxième chapitre, qui a été réuni comme ça dans les livres,
12:59 c'était pour mettre en avant peut-être aussi d'autres qualités
13:04 qui méritent en fait d'être actées et posées,
13:08 quand on parle de qualité managériale.
13:10 - Alors peut-être pour terminer, est-ce qu'on ne peut pas aborder tout cet ensemble de chroniques ?
13:15 On nous enseigne dans les bonnes universités, les bonnes écoles,
13:18 que les décisions doivent être rationnelles,
13:20 même si parfois la rationalité est limitée.
13:23 Et vous vous permettez de faire l'apologie de la débrouillardise et de l'improvisation.
13:29 - Exactement.
13:30 - Je vous signale que j'ai ici un livre de jazz.
13:34 Et le jazz, c'est la science de l'improvisation.
13:37 - J'aime beaucoup aussi la musique, donc on se retrouvera sur ce point.
13:41 Il s'avère, et là c'est intéressant, c'est venu d'ailleurs paradoxalement de mon travail de thèse.
13:46 Là on retrouve à l'aspect scientifique, où figurez-vous, j'ai travaillé dans le champ des fusions-acquisitions,
13:51 donc a priori la rationalité, le monde des économistes, des financiers.
13:56 Et j'ai amené à travailler sur une manœuvre stratégique passionnante,
13:59 qui sont les acquisitions de symbiose,
14:01 qui sont en fait une politique de croissance externe, mais basée sur l'innovation conjointe.
14:05 Ce qui fait qu'on a besoin de l'entité acquise pour créer de la valeur.
14:08 Et donc ce n'est pas une logique d'absorption.
14:10 Et dans ce type de processus d'intégration,
14:13 je me suis aperçu que l'émergent, l'improvisation, l'influence minoritaire
14:18 étaient finalement des critères clés de succès pour réussir ce type de manœuvre.
14:23 Et au fil du temps, au fil de mes recherches, aussi naturellement de mes échanges et discussions,
14:28 toujours avec des dirigeants et entrepreneurs,
14:30 je suis aujourd'hui convaincu qu'il y a beaucoup de rationalisation a posteriori.
14:35 On rationalise le discours.
14:37 Voilà, ce qui fait très bien, on retrouve le discours convenu, formidable, etc.
14:40 On fait la claque et en fait, beaucoup de décisions stratégiques ne relèvent pas
14:44 de processus linéaire, séquentiel, objectif avable et mesurable,
14:48 et souvent d'aller-retour plutôt, d'essai-erreur.
14:52 Il y a même un mot dans la littérature sur les sciences de gestion,
14:55 on parle de bricolage, ça veut bien dire on bidouille, j'ose employer ce terme.
14:59 Et à un moment donné, cette combinaison d'événements d'action font que.
15:04 Et finalement, même quand on prend un peu de recul,
15:06 on peut s'apercevoir que cette position qui pourrait apparaître
15:10 dans un premier temps un peu iconoclaste, est assez finalement logique
15:13 et compréhensible, une décision stratégique, qu'est-ce que c'est ?
15:16 C'est souvent dans un environnement concurrentiel, hyper compétitif.
15:20 Donc c'est par rapport à la concurrence.
15:22 Or, une décision stratégique, pour qu'elle soit stratégique,
15:24 doit être distinctive, doit avoir un avantage concurrentiel distinctif,
15:27 puisqu'on se réfère à la concurrence.
15:29 Si c'était un avantage classique, ce n'est plus de la stratégie.
15:32 Et on voit bien que dans ce cadre-là, les modèles traditionnels figés
15:35 formatés, planifiés, ne sont pas forcément les meilleurs remèdes.
15:39 Et que souvent, on doit développer davantage une pensée autonome.
15:43 J'y crois beaucoup, je reviens toujours à l'authenticité, à la conviction.
15:46 Une pensée créative, on en a aussi parlé, et une pensée aussi critique,
15:50 sur laquelle le dirigeant va s'appuyer pour progressivement forger
15:54 sa propre vision des choses et sa propre conduite.
15:57 Et c'est souvent dans ces moments-là que cette conviction profonde va l'aider,
16:01 même dans ces périodes de doute et de questionnement.
16:03 Parce que dans les périodes du doute et de questionnement,
16:05 c'est rarement la rationalité qui aide le dirigeant-entrepreneur,
16:08 c'est plus sa foi intérieure.
16:10 J'ai bien retenu que le dirigeant, le manager, doit se débrouiller,
16:14 doit improviser et doit bidouiller.
16:16 Merci Olivier Meyer.
16:17 Merci beaucoup Laurent.
16:19 [Musique]

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