Le député européen, vice-président des Républicains François-Xavier Bellamy était l'invité du Grand Entretien, ce jeudi, à l'occasion de la publication de son essai "Espérer - La violence, l'histoire, le bonheur" chez Grasset. Il demande à la France et à l'Europe d'agir pour protéger les Arméniens. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-jeudi-05-octobre-2023-8619213
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00:00 Et avec Léa Salamé, nous recevons ce matin un eurodéputé, également vice-président
00:03 du parti Les Républicains.
00:05 Il publie le 11 octobre prochain « Espérer la violence, l'histoire, le bonheur » aux
00:12 éditions Grasset.
00:13 Vos questions, amis auditeurs et auditrices, au 01 45 24 7000 et sur l'application de
00:21 France Inter.
00:22 François-Xavier Bellamy, bonjour !
00:23 Bonjour !
00:24 Et bienvenue à ce micro, on va parler de votre livre dans un instant, où il est question,
00:28 je viens de le dire, de violence et d'histoire.
00:31 Ce ne sont pas que des sujets théoriques ou philosophiques.
00:34 La violence et l'histoire, elle se déploie en Ukraine, mais aussi dans le Caucase.
00:39 Aujourd'hui, au Parlement européen, vous voterez une résolution sur la situation au
00:44 Haut-Karabakh, alors même que les Arméniens ont été chassés de cette région.
00:49 Est-ce que vous allez la voter, précisément, cette résolution ? Et à quoi peut-elle servir
00:55 ?
00:56 Bien sûr, je voterai cette résolution qui dit la révolte que nous éprouvons aujourd'hui
01:01 devant l'inaction européenne, l'inaction de nos pays et de l'Union européenne face
01:06 à ce qui est en train de se dérouler, sous nos yeux, à nos portes.
01:09 Vous l'avez dit, c'est aux portes de l'Europe que se passe aujourd'hui un processus d'épuration
01:14 ethnique qui est quasiment arrivé à sa fin en quelques jours, sans que personne ne fasse
01:18 rien.
01:19 Nous, nous faisons tout ce que nous pouvons, c'est-à-dire que nous crions.
01:21 Et ça fait des années maintenant que je crie dans le Parlement européen.
01:24 J'ai été en Arménie plusieurs fois, j'ai tenté par tous les moyens, avec d'autres
01:28 collègues, avec des élus du Parlement européen, de plusieurs bords, de plusieurs familles
01:31 politiques, avec nos collègues français, je pense au Sénat qui avait reconnu l'indépendance
01:35 du Haut-Karabakh, à l'Assemblée nationale qui avait pris la même décision.
01:39 Je crois que ce travail-là, nous l'avons fait pour essayer de faire tout ce que nous
01:43 pouvions pour alerter.
01:44 Mais nous n'avons pas la capacité d'agir, ça c'est nos gouvernants qui l'ont.
01:48 Et la question que je me pose aujourd'hui, et la question que je voudrais leur poser,
01:51 c'est pourquoi ne rien faire ?
01:52 Est-ce qu'on est condamné à commémorer ensuite, pendant des années, une nouvelle
01:56 épuration ethnique, un nouveau projet génocidaire ?
01:59 Parce que c'est de cela qu'il s'agit.
02:00 Aliyev le dit, il suffit de l'écouter.
02:02 Il suffit de l'écouter.
02:03 Et ça se passe aujourd'hui.
02:04 Vous voulez faire un génocide arménien ?
02:05 Bien sûr.
02:06 Il a dit "nous chasserons les Arméniens comme des chiens".
02:09 Il suffit de lire les manuels qui sont distribués aux enfants en Azerbaïdjan pour voir la haine
02:14 dans laquelle grandit la jeunesse azerbaïdjanaise.
02:17 Et pardonnez-moi de le dire, mais encore une fois, ça nous concerne.
02:20 Ça nous concerne moralement d'abord, parce que l'Union Européenne est née sur les
02:24 décombres d'un génocide pour que plus jamais une telle situation n'arrive.
02:28 Et ça nous concerne aussi parce que c'est notre propre sécurité qui est en jeu.
02:31 Piratsky le disait à l'instant très bien.
02:32 Ce qui est en jeu, c'est le comportement d'un acteur comme la Turquie.
02:35 Or la Turquie, nous le savons bien, la Turquie menace la Grèce.
02:38 La Turquie occupe Chypre.
02:39 La Turquie a menacé un bateau français il y a quelques semaines, il y a quelques mois.
02:43 Et donc tout ça menace aussi notre propre sécurité.
02:45 Et notre facilité d'aujourd'hui, c'est le danger pour nous.
02:47 Vous dites "nos gouvernements qui ne font rien".
02:49 La ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, était hier à Yerevan en Arménie.
02:52 Elle a donné son accord pour que Paris livre du matériel militaire à l'Arménie.
02:56 Est-ce suffisant ? Est-ce suffisant ?
02:59 Aujourd'hui, les Arméniens ont perdu le Haut-Karabakh.
03:02 Ce qu'ils craignent maintenant, c'est que l'Azerbaïdjan attaque une nouvelle province,
03:08 le Sounig.
03:09 C'est ça qu'ils craignent.
03:11 Est-ce que juste livrer des armes militaires à l'Arménie, ce sera suffisant ?
03:15 Ou est-ce qu'on pourrait imaginer aller plus loin, mettre une force d'intervention française ?
03:20 C'est un premier geste.
03:22 Et moi, je veux dire, je suis dans l'opposition à Emmanuel Macron et à son gouvernement.
03:27 Mais je suis heureux que le président de la République et que son gouvernement
03:31 aient été parmi les seuls à faire les pas nécessaires pour essayer de dénoncer ce qui était en train de se jouer.
03:37 Mais il faudrait aller beaucoup plus loin.
03:38 Et moi, j'ai deux pistes très concrètes à proposer.
03:40 La première, sanctionner Alief.
03:42 On est en train de parler de l'Azerbaïdjan, pardon.
03:44 On ne parle pas de la Chine ou de la Russie.
03:46 Oui, mais il a le gaz.
03:48 Mais en réalité, et c'est la deuxième piste, l'Azerbaïdjan dépend de l'Europe beaucoup plus que l'Europe ne dépend de lui.
03:53 Nous importons une toute petite partie du gaz dont nous avons besoin d'Azerbaïdjan.
03:57 Et d'ailleurs, c'est du gaz russe en réalité.
03:59 Ça fait des mois qu'on le dénonce.
04:01 Avec d'autres collègues, d'autres groupes politiques, on a mis le doigt sur les faits, sur les chiffres, sur les statistiques.
04:06 Et donc, on voit bien qu'on est en train de contourner nos propres sanctions en Russie.
04:09 Essayons de nous passer de ce gaz.
04:11 Franchement, c'est 2% de l'approvisionnement européen.
04:13 On aura largement de quoi l'importer d'ailleurs.
04:15 Et surtout, je crois aujourd'hui, nous avons les moyens de faire reculer Alief.
04:20 Avec des sanctions ciblées, avec la fin de ce contrat gazier qui est une honte pour l'Europe,
04:25 on a les moyens de faire reculer Alief.
04:27 Et à ce moment-là, on aura fait la preuve que nos pays, que nos pays européens,
04:30 sont capables d'être des acteurs géopolitiques clés autour de nos frontières.
04:34 Alors, venons-en à votre livre "Espérer construit" autour d'une question posée par Emmanuel Kant.
04:39 Que met-il permis d'espérer ?
04:41 C'est le fil conducteur des trois conférences qu'on trouve dans le livre
04:44 qui portent sur la violence, l'histoire et le bonheur.
04:48 Parler d'espoir, vous l'écrivez vous-même, n'est pas une évidence aujourd'hui.
04:52 Je vous cite "Le temps est à la grande inquiétude, ou que le regard se tourne.
04:56 Tout semble n'être qu'un tranquillité, instabilité, incertitude du lendemain.
05:02 Vous dites qu'en Occident, l'avenir n'est plus une promesse, mais un danger."
05:06 Alors, face à ce monde bien sombre, on vient d'en parler, là sur l'Arménie,
05:10 je vous pose la question kantienne, que nous est-il permis d'espérer ?
05:15 Essayez de répondre rapidement.
05:17 J'ai voulu parler d'espoir parce que je crois qu'aujourd'hui, c'est ce dont nous avons le plus besoin.
05:21 Et je pense qu'on ne comprend ce que c'est qu'espérer que si on distingue l'espérance de son contraire en réalité,
05:27 qui est l'optimisme. L'optimisme consiste à croire que tout va bien se terminer, quoi qu'il arrive.
05:31 L'espérance, au contraire, consiste à affronter le caractère sombre des temps
05:35 et effectivement, cette inquiétude actuelle.
05:37 Je suis marqué, comme prof aussi, de voir à quel point les jeunes générations grandissent dans l'inquiétude.
05:42 L'inquiétude environnementale, l'inquiétude créée par les grands bouleversements du monde,
05:46 par les inquiétudes migratoires que beaucoup de nos concitoyens éprouvent.
05:50 Et cette peur-là, au fond, il faut y répondre non pas par le déni de réalité,
05:54 qui veut dire l'optimisme, l'idée que de toute façon, tout va bien se terminer,
05:58 qui est au fond une forme d'irresponsabilité, parce que si tout va bien se terminer, quoi qu'il arrive,
06:02 dans ce cas, pourquoi agir ? Pourquoi s'engager ?
06:04 Mais il faut y répondre par un acte d'espérance qui consiste à regarder en face la réalité du monde
06:09 et à choisir d'agir malgré tout pour un bien possible.
06:12 Mais vous, vous voulez agir ou pas, François-Xavier Bellamy ?
06:15 C'est toujours la même question avec vous, vous connaissez les mots de Raymond Haron,
06:18 on ne peut pas être en même temps homme d'action et homme d'études
06:20 sans porter atteinte à la dignité de l'un et au métier de l'autre,
06:23 sans manquer à la vocation de l'un et de l'autre.
06:26 Entre philosophe et politique, on vous entend, vous avez l'œil qui brille quand vous parlez de Kant.
06:30 Est-ce que vous n'êtes pas mieux comme philosophe que comme politique ?
06:34 Moi j'ai une immense estime pour Raymond Haron, mais je crois que sur ce point,
06:38 aujourd'hui en tous les cas, la réalité lui donne tort.
06:41 Il me semble qu'au contraire, il faudrait, comme Bergson le disait,
06:43 réconcilier la pensée et l'action. Il faudrait agir en homme de pensée et penser en homme d'action.
06:48 Mais vous dites vous-même que la politique c'est le monde de la violence,
06:50 que c'est ultra violent, qu'on est forcé à se faire violence soi-même,
06:55 et donc à ne pas réfléchir, à sortir des concepts philosophiques
06:58 pour parfois trahir, pour parfois dire ce qu'on ne pense pas.
07:01 Je n'ai jamais pensé ça. Je n'ai jamais pensé qu'on soit obligé de se renier quand on rentre en politique.
07:06 J'ai toujours cru au contraire que si on était conduit à se trahir,
07:10 c'était toujours d'une certaine manière parce qu'on avait manqué à la ligne qu'on devait garder.
07:15 Vous n'avez jamais trahi vos convictions ? Vous n'avez jamais avalé des coups de bleu ?
07:21 J'ai vécu des moments difficiles, j'ai gagné des batailles, j'en ai perdu d'autres.
07:25 Mais je crois que de tout ce que j'ai pu dire ou écrire, il n'y a rien que je n'assumerais pas aujourd'hui.
07:29 En tous les cas, s'il m'arrivait un jour de dire à quelqu'un "j'ai dit cela ou je me suis tué parce que je n'avais pas le choix",
07:35 je considérerais ça comme une lâcheté absolue.
07:37 On n'est jamais contraint à rien en politique et au contraire, c'est un exercice de liberté que de rentrer en politique
07:42 et de tenter dans le débat public de faire advenir ce que l'on croit nécessaire
07:46 et de rendre possible l'espérance qu'on veut partager.
07:48 Alors quittons un instant le monde du concept pour revenir à l'actualité.
07:53 Au monde des institutions, Emmanuel Macron a prononcé hier un discours à l'occasion du 65e anniversaire de la Constitution de la Vème République.
08:02 Il a proposé deux modifications de la Constitution, l'une visant à modifier l'article 11 qui concerne le champ du référendum,
08:10 l'autre à assouplir les conditions de mise en œuvre du référendum d'initiative partagée.
08:15 Cette réforme pourrait vous permettre un jour d'organiser un référendum sur l'immigration,
08:20 ce que vous réclamez à droite depuis longtemps. Est-ce que vous saluez cette initiative du président ?
08:26 La seule chose qui compte c'est quand est-ce qu'on s'y met.
08:29 Nous on a déjà fait une proposition, on l'a mise sur la table.
08:31 En effet, sur la question de migratoire, il est fondamental que les Français puissent se déterminer
08:37 et déterminer la politique de la nation par référendum.
08:39 Parce qu'on voit bien à quel point cette question est à la fois majeure pour notre avenir
08:43 et en même temps à quel point elle est source de crispations dans le débat public.
08:46 Et donc il faut absolument, c'est la réponse de la démocratie à toutes les contradictions
08:51 qui peuvent survenir dans la conversation civique, il faut que les Français puissent se prononcer.
08:55 Et on a fait pour ça une proposition de loi constitutionnelle.
08:58 Elle est sur la table, on l'a soumise au président de la République depuis longtemps déjà.
09:02 Il ne nous a jamais répondu. Alors si c'est sa réponse hier, on en est très heureux.
09:05 Mais nous ce qu'on attend c'est une date, un mode d'emploi, une action.
09:08 Parce que des paroles il y en a beaucoup, mais des actions il y en a moins.
09:11 Sur l'immigration, vous avez assisté à la messe du pape au vélodrome.
09:13 Le catholique que vous êtes, est-il tiraillé par les mots du pape quand il dénonce en Europe
09:17 le fanatisme de l'indifférence vis-à-vis des migrants ?
09:19 Ou comme le Rassemblement National, vous dites "le pape est un argentin, il ne connaît rien à la situation européenne,
09:24 il fait trop de politique et il est donneur de leçons".
09:26 Mais le pape a raison évidemment. Qui peut être indifférent au fait que des gens meurent en mer Méditerranée ?
09:30 La question c'est évidemment la meilleure manière de répondre à cette situation.
09:35 Et moi je crois que cette situation terrible qui endeuille tout notre continent,
09:39 parce que ceux qui viennent y chercher l'asile meurent sur la route pour y aller,
09:45 cette situation terrible est liée à une seule et unique raison,
09:49 qui est l'impuissance de l'Europe à protéger ses frontières.
09:51 Mais vous, vous voulez fermer, on est bien d'accord.
09:53 Vous voulez tout fermer. Par exemple, là sur les 11 000 arrivés à Lampedusa, c'est zéro migrant.
09:59 On est d'accord. Parce qu'on parle concrètement.
10:03 Parlons concrètement. Vous comprenez très bien une chose, c'est que si c'est 11 000 personnes,
10:06 ce qui va être le cas évidemment, malgré le déni du ministre,
10:09 si ces 11 000 personnes restent sur le sol européen, arrivent sur le sol français,
10:13 alors ça veut dire pour d'autres candidats à l'exil,
10:16 qu'il faut tout risquer pour pouvoir mettre le pied sur le sol européen.
10:20 Parce que quand vous y avez réussi, vous êtes sûr de pouvoir y rester.
10:24 Et c'est ça qui fait que des gens meurent.
10:25 Donc vous vous dites qu'il faut aujourd'hui fermer totalement les frontières.
10:29 Dites-nous exactement votre position. Achemez-la.
10:31 Je veux qu'on en arrive à une situation très claire, qui sera connue de tous,
10:35 on ne peut s'établir sur le sol européen que quand on y est rentré légalement.
10:39 C'est-à-dire que le jour où on aura reconstruit nos frontières,
10:41 où on aura retrouvé la capacité de maîtriser les frontières de nos pays,
10:45 ce jour-là, plus personne ne se n'aura en mer Méditerranée.
10:48 Parce que plus personne ne deviendra touriste.
10:50 Le projet de loi immigration est au Sénat. Il arrive au Sénat.
10:53 Vous connaissez le problème pour vous, c'est-à-dire que vous dites à Gérald Darmanin,
10:57 on veut bien le voter si tu enlèves la disposition sur les métiers en tension,
11:01 la régularisation des sans-papiers dans les métiers en tension,
11:05 parce qu'on manque de mains et il faut aller chercher des mains ailleurs.
11:10 Il ne l'a pas enlevé. La disposition est toujours là.
11:14 Donc vous ne voterez pas ce texte.
11:15 Non. Et exactement pour la raison qu'on vient de dire.
11:18 Si on continue dans la logique de la régularisation des personnes
11:21 qui sont entrées illégalement sur le sol français,
11:23 alors on dit en substance à tous ceux qui veulent chercher un avenir dans notre pays,
11:28 allez-y, tentez tout, si vous arrivez illégalement, vous allez rester.
11:31 Et c'est ça qui fait aujourd'hui le cœur du business model des passeurs.
11:35 Le jour où nous serons suffisamment capables de maîtriser nos frontières
11:39 pour dire que toute personne qui est entrée illégalement sur le sol français
11:42 ne pourra pas y rester, ce jour-là, encore une fois, il n'y aura plus de mort-médecin.
11:47 Et on aura retrouvé la capacité de nos démocraties à maîtriser leur destin.
11:55 S'il y a un 49.3, nous l'avons dit très clairement, sur ce sujet-là,
11:58 les républicains assumeront leur responsabilité.
12:00 C'est un sujet majeur et nous voterons contre tout passage en force du gouvernement
12:04 qui empêcherait notre pays de retrouver la maîtrise de ses frontières.
12:07 François-Xavier Bellamy et Emmanuel Macron ont souhaité hier que l'inscription dans la Constitution
12:12 de la liberté des femmes à recourir à l'avortement aboutisse dès que possible.
12:17 Le président veut, je le cite, "trouver un texte accordant les points de vue
12:21 entre l'Assemblée nationale et le Sénat et permettant de convoquer un congrès à Versailles".
12:26 Vous y étiez opposé à titre personnel, contrairement à Éric Ciotti.
12:31 Vous pensez toujours que c'est une erreur d'inscrire le droit à l'IVG dans la Constitution ?
12:36 Oui, je pense que c'est une erreur.
12:38 D'abord parce que ce droit n'est pas menacé du tout.
12:40 Personne ne remet en cause la loi Veil aujourd'hui dans le débat politique français.
12:43 Je pense que c'est une erreur aussi parce que la Constitution...
12:45 Elle est menacée partout dans beaucoup de pays.
12:47 En France, en tout cas.
12:48 Aux États-Unis, en Hongrie, en Espagne il y a quelques années.
12:51 En France, objectivement, ce n'est pas du tout un sujet.
12:53 D'ailleurs, les chiffres le montrent.
12:55 Donc la question n'est pas là et surtout le débat qui mobilise les Français n'est pas là.
12:59 Et d'ailleurs, si je suis opposé, ce n'est pas seulement moi.
13:02 C'est un François Bayrou, c'est d'ailleurs une grande partie de la majorité.
13:06 Il y a quelques années, il y avait eu une proposition de constitutionnalisation de l'IVG.
13:09 Gabriel Attal s'y était opposé.
13:10 Il avait voté contre.
13:11 Yael Broun-Pivet avait voté contre.
13:13 Elle avait jugé que ce n'était ni nécessaire ni utile.
13:15 Je pense qu'il y a tellement de sujets majeurs pour le quotidien des Français.
13:19 Tellement de sujets pour lutter contre la précarité sociale qui monte.
13:23 Pour lutter contre les tensions qui traversent la société.
13:26 Objectivement, ça me paraît être une forme de diversion qui n'est pas à la hauteur des enjeux.
13:30 Allez, on file au Standard Inter.
13:31 Laurent nous appelle de Metz.
13:32 Bonjour.
13:33 Bonjour, France Inter.
13:34 Question politique, je crois ?
13:36 Tout est politique de toute façon.
13:38 Ah ben voilà, vous avez raison.
13:39 Allez-y.
13:40 Que ce soit au niveau national ou au niveau européen, avec le Parti Populaire Européen.
13:44 Le positionnement est clairement sociologique et identitaire.
13:50 Ce qui vous différencie très très très peu du Rassemblement National.
13:54 Et ce qui ne constitue pas, à mon avis, un programme collectif d'avenir.
13:59 Et quand on voit un petit peu la politique menée par votre chef de file,
14:05 Madame Ursula von der Leyen, qui fait cavalier seule pour l'Allemagne.
14:08 Et on voit les petits jeunes en France comme M. Laurent Wauquiez.
14:12 Je crois que d'un côté on n'a rien à envie à des gens comme M. Orban ou alors celui qui vient d'être élu en République tchèque.
14:20 Donc, quelle est votre question exactement ?
14:23 Est-ce qu'il y a une différence entre les LR et le RN ?
14:26 Et on n'arrive pas à déchiffrer à droite un projet.
14:31 Quel est leur projet collectif d'avenir ?
14:34 D'accord.
14:35 Le positionnement sociologique, on ferme tout, on boucle tout.
14:38 Ce n'est pas une perspective d'avenir à mon avis.
14:40 Mais voulez-vous les séparer LR et RN ou vous voulez-vous les ensemble ?
14:45 C'est des nuances de gris, on va dire.
14:47 Ah, très bien.
14:48 Écoutez, on va essayer de mettre François-Xavier Bellamy devant le tableau
14:52 et lui demander d'expliquer les choses.
14:54 Des nuances de gris.
14:56 Bon, alors, il y avait beaucoup, beaucoup de, peut-être, de complexité dans la question posée.
15:01 Je voudrais simplement redire quelques éléments très simples.
15:04 Ursula von der Leyen n'est pas notre chef de file.
15:06 Elle a été nommée présidente de la Commission européenne par Emmanuel Macron.
15:09 Et d'ailleurs, elle va chez Renaissance dans quelques jours.
15:12 Aujourd'hui, nous, le PPE, nous défendons une Europe qui puisse assumer sa responsabilité géopolitique.
15:18 Et notamment sur la question de l'Arménie, je crois que c'est un élément qui est absolument fondamental.
15:22 Sur la question du rassemblement national...
15:24 Elle a du mal sur l'Arménie, Ursula von der Leyen.
15:26 C'est même un peu pire que ça.
15:28 C'est-à-dire que je n'ai toujours pas entendu de sa part.
15:30 Et j'ai eu l'occasion de lui dire avec beaucoup de vigueur parce que je crois que c'était nécessaire.
15:34 Mais aujourd'hui, le contrat gazier dont elle avait dit qu'il faisait de l'Azerbaïdjan un partenaire fiable de l'Union européenne
15:40 est encore une fois, je le redis, une véritable honte pour nos pays.
15:44 Sur la différence avec l'ORN alors...
15:46 Surtout vous, François-Xavier Bellamy.
15:48 On vous reproche même, il me semble, de votre propre parti d'être le Figaro, écrivez par exemple sur vous,
15:54 la gémillité de François-Xavier Bellamy avec Marion Maréchal.
15:57 Vous êtes jumeau ?
15:59 Non, je ne crois pas.
16:00 D'abord, moi j'assume mes convictions, je ne me définis pas par rapport aux autres.
16:03 Ça a toujours été mon cas.
16:04 Je défends les idées qui sont celles de notre famille politique
16:07 et je défends le programme que nous avons porté dans l'élection européenne de 2019.
16:11 Vous avez des différences avec elle ?
16:13 Vous avez des différences avec Marion Maréchal ?
16:15 La première grande différence...
16:16 Idéologique, de fond ?
16:17 Encore une fois, pas besoin de me définir par rapport aux autres.
16:20 Mais je dirais que la première grande différence, c'est que d'abord, pendant les années qui viennent de s'écouler,
16:24 on a obtenu des résultats absolument majeurs.
16:26 L'ORN, lui, est aux abonnés absents sur tous les sujets.
16:29 Et monsieur qui nous appelait tout à l'heure se demandait si on avait un projet clair.
16:32 J'ai envie de poser la question au Rassemblement National,
16:34 qui a été pour le Frexit, qui maintenant dit le contraire,
16:36 qui a été contre l'euro, qui maintenant dit le contraire.
16:38 On a du mal à suivre exactement leur position sur l'Europe.
16:40 Nous, nous avions un projet clair et nous avons délivré.
16:42 Il y a quelques jours est rentré en vigueur,
16:44 peut-être puisque monsieur parlait du fait qu'il fallait se tourner vers des projets d'avenir,
16:47 je suis d'accord avec lui.
16:48 Il y a quelques jours est entré en vigueur le mécanisme d'ajustement carbone aux frontières.
16:52 C'était notre première promesse de campagne en 2019.
16:54 La barrière écologique.
16:56 Pour faire en sorte que ceux qui importent en Europe
16:58 payent pour le carbone qu'ils émettent quand ils développent un produit.
17:01 Ce qui est une manière à la fois de pousser la décarbonation des grands producteurs mondiaux,
17:05 parce qu'aujourd'hui ça c'est un enjeu majeur,
17:07 il faut décarboner la production en Chine, en Inde, aux Etats-Unis.
17:11 Il faut faire en sorte de créer un incitatif, un levier,
17:14 pour que le marché européen force ses producteurs du monde à sortir du charbon
17:18 pour lutter contre le réchauffement climatique.
17:20 Et le deuxième élément clé, c'est pour redonner de l'oxygène à nos industries.
17:23 Ça c'est des sujets majeurs.
17:24 Et ça c'est nous qui permettons que ce résultat arrive.
17:27 C'était notre premier engagement, nous l'avons tenu, il est rentré en vigueur.
17:30 Après, on me demande de me définir par rapport à d'autres,
17:33 j'ai envie plutôt de demander à ceux qui nous écoutent
17:36 de regarder les résultats, de regarder la réalité de l'action.
17:39 La réalité de l'action, par exemple, sur l'écologie.
17:41 François-Xavier Bellamy, Laurent Wauquiez, a annoncé la sortie de Verdre-en-Alpe,
17:44 la région qu'il dirige, du dispositif zéro artificialisation net,
17:49 piloté par les régions et dont l'ambition est d'arrêter la bétonnalisation des sols en 2050.
17:54 Vous approuvez ce qu'il a décidé de faire ?
17:56 Il faut continuer à bétonner les sols, on y va ?
17:58 Laurent Wauquiez a totalement raison de dénoncer le zéro artificialisation net.
18:03 Pourquoi ? Parce que cette mesure purement technocratique,
18:06 administrative, bureaucratique, est en réalité une manière d'asphyxier le développement de nos territoires.
18:12 Or, aujourd'hui...
18:13 Donc il faut continuer à bétonner les sols ?
18:15 Il faut évidemment protéger notre environnement, mais aujourd'hui...
18:18 Tout en bétonnant les sols ?
18:19 Non, mais le but n'est pas de bétonner pour bétonner.
18:21 Le problème c'est qu'aujourd'hui, on parle tous de développer,
18:25 par exemple, de nouvelles sources d'énergie, on parle d'hydrogène,
18:28 on parle de développement d'une industrie verte,
18:30 mais aujourd'hui, le premier frein au développement de cette transition environnementale,
18:34 c'est qu'il n'y a plus nulle part d'endroit pour construire.
18:36 Même... Écoutez-moi bien...
18:38 Vous avez vu cette couve ? Je la montre.
18:40 Du parisien.
18:41 On verra du parisien ce béton qui grignote nos paysages.
18:44 Non mais Léa Salamé, je vais sur le terrain.
18:46 C'est une réalité.
18:47 Je vais partout en France, une ou deux fois par semaine je fais un déplacement en France.
18:50 Il y a quelques jours, j'étais dans les Alpes de Haute-Provence.
18:53 Je me raconte que j'ai visité ce site industriel.
18:55 Un site industriel, une ancienne usine complètement polluée, une ancienne usine chimique,
18:59 on ne peut même pas construire sur cette usine qui est complètement bétonnée.
19:02 C'est un site industriel qui est en friche.
19:04 On ne peut même pas construire aujourd'hui un site industriel décarboné pour la transition environnementale.
19:08 Pourquoi ? Parce que le ZAN interdit de construire.
19:10 C'est ces aberrations-là auxquelles il faut...
19:12 En attendant, Laurent Wauquiez se met en position de désobéissance civile.
19:16 Il désobéit aux lois votées par le Parlement.
19:19 Vous cautionnez ce genre de comportement ?
19:21 Je crois que le but est de dénoncer le ZAN, de faire en sorte qu'on sorte de cette impasse.
19:27 Nous, on s'est battus au Parlement européen...
19:29 La loi a été votée, il a désobéi aux lois.
19:32 Derrière les plus belles intentions, il y a souvent des impasses.
19:35 Au Parlement européen, on a eu un texte qui s'appelait "Restauration de la nature",
19:38 qui voulait imposer l'équivalent d'un ZAN européen,
19:40 qui voulait condamner les agriculteurs à rendre à la friche 10% des terres agricoles,
19:44 faisant baisser la production alimentaire dans nos pays.
19:47 Tout ce qu'on fera contre le développement de l'économie, de l'agriculture, de la production en Europe,
19:51 on le fera pour augmenter les parts de marché des producteurs du reste du monde,
19:57 qui ont des modèles de production bien plus dévastateurs que les nôtres pour l'environnement.
20:01 Aujourd'hui, le meilleur service que la France puisse rendre à l'environnement, c'est de recommencer à produire.
20:05 François-Xavier Bellamy, Laurent Wauquiez a fait un pas supplémentaire vers sa candidature en 2027,
20:08 en déclarant qu'il veut y consacrer toute son énergie.
20:11 Vous le soutenez, c'est votre candidat, vous êtes Tim Wauquiez ?
20:14 Lui-même n'a pas déclaré de candidature.
20:17 Mais en tous les cas, on a la chance d'avoir dans notre famille politique,
20:20 quelqu'un comme Laurent Wauquiez, qui est un président de région exceptionnel,
20:23 qui démontre par les faits. Parce que je crois que c'est ça qui fait que la politique retrouvera la confiance des Français.
20:28 Qui montre la constance, la cohérence, la clarté d'une ligne.
20:31 Et on a besoin, évidemment, de figures comme la sienne.
20:34 Avant la présidentielle, il y a les européennes.
20:37 Vous étiez tête de liste des européennes la dernière fois.
20:40 Vous le serez également cette fois-ci ?
20:43 La décision ne m'appartient pas, elle appartient à Éric Ciotti.
20:46 Mais vous le souhaitez, vous êtes candidat à être tête de liste ?
20:48 Moi, je serais heureux d'y retourner. Si quelqu'un est meilleur que moi, je serais heureux de le soutenir.
20:51 Mon but, c'est d'être utile pour rendre aux Français cet espoir dont on a tellement besoin.
20:55 Et mon but, c'est de pouvoir faire en sorte de défendre aussi notre bilan et notre ligne.
20:58 Et si je m'engage dans cette bataille, je m'engagerai à fond.
21:01 Parce que je crois que dans cette bataille européenne, se joue quelque chose d'essentiel pour l'avenir du pays.
21:05 Et si Éric Ciotti décidait de la conduire, la liste, lui-même, le patron du parti aurait une cohérence ?
21:12 Ça serait complètement légitime. Encore une fois, moi, je suis là pour servir quelque chose de plus grand que moi,
21:16 qui n'est pas d'abord les couleurs d'un parti, mais qui est une ligne politique qui, je crois, est nécessaire aujourd'hui à l'avenir de l'Europe et de l'Europe en France.
21:23 Encore une fois, ce sera son choix, je le redis, et ce sera le choix de notre famille politique dans son ensemble.
21:28 Et pour moi, ce qui comptera, c'est d'être à la hauteur de cet engagement collectif.
21:31 Un dernier mot sur le Conseil des ministres qui a acté la dissolution de l'organisation catholique intégriste Civita,
21:37 s'accusait notamment d'appeler à entrer en guerre contre la République, y compris en recourant à la force.
21:43 Le ministre de l'Intérieur, le 7 août dernier, demandait à ses services d'instruire ce dossier de dissolution,
21:49 après une énième polémique sur des propos antisémites tenus par Pierre Hilard, lors de la récente université d'été de Civita.
21:57 Vous la comprenez, cette dissolution ?
21:59 Ces propos antisémites, en tous les cas, étaient absolument révoltants.
22:02 La dissolution d'une association, c'est un élément qui fait entrer en jeu des questions d'ordre sécuritaire que je ne connais pas.
22:10 Je ne connais pas cette association.
22:11 Mais ces propos antisémites qu'on a tous vus étaient effectivement complètement scandaleux.
22:16 Et il faut évidemment les combattre avec énergie.
22:18 Merci François-Xavier Bellamy d'avoir été à notre micro ce matin. Il est 8h46.