• il y a 7 mois
À 8h20, premier numéro d'une série de Grands Entretiens "grand format" à l'occasion des élections européennes du 9 juin prochain. François-Xavier Bellamy, tête de liste LR, est l'invité spécial de la matinale pendant une heure sur France Inter. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-lundi-27-mai-2024-6868623

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00:00Et ce sont des matinales grand format que vous propose France Inter dans la dernière ligne droite de la campagne des Européennes.
00:07Six têtes de liste, six émissions et une heure d'entretien dont voici le déroulé.
00:13Avec Yael Ghos, questions sur le programme et l'actualité, puis des zooms sur les questions écologiques, internationales et économiques.
00:21Après 9h, nous rejoindrons deux jeunes électeurs qui s'apprêtent à voter pour la première fois aux Européennes.
00:28Ils débattront avec la tête de liste invitée.
00:31Amis auditeurs, je ne vous oublie pas, vous aurez évidemment aussi la parole.
00:35Je compte sur vous au 01 45 24 7000 et sur l'application de France Inter.
00:42François-Xavier Bellamy, bonjour.
00:43Bonjour.
00:44Et merci d'avoir accepté notre invitation.
00:46Merci de votre invitation.
00:47Vous êtes la tête de liste LR, eurodéputé LR sortant.
00:51Après l'entretien avec Yael Ghos, place donc aux journalistes et aux éditorialistes du 7-10.
00:57Célia Kyré vous interrogera sur l'agriculture, Pierre Haski sur l'Ukraine, Dominique Seux sur les voitures électriques.
01:04Mais d'abord, question pour situer l'enjeu de ces élections.
01:09Avec l'Ukraine, la guerre est de retour depuis plus de deux ans sur le continent européen.
01:14Pierre Haski en parlait à l'instant.
01:16Par ailleurs, la présidentielle de novembre prochain aux États-Unis peut ouvrir une période d'incertitude géopolitique et avoir un impact sur l'Europe.
01:26Diriez-vous que les européennes du 9 juin sont les plus importantes de l'histoire de ce scrutin ou qu'elles sont juste une élection intermédiaire parmi d'autres ?
01:38Non, bien sûr, elles sont décisives parce qu'elles se vivent dans le contexte du retour de l'histoire.
01:43Pendant longtemps, l'Europe a cru à la fin de l'histoire.
01:45C'était le titre de Fukuyama, ce livre qui annonçait que la mondialisation allait mettre fin à tous les conflits, toutes les tragédies des temps passés.
01:56Et nous vivons aujourd'hui, évidemment, la fin de la fin de l'histoire, le retour de la guerre sur le continent européen.
02:02Nous sommes aussi confrontés, il ne faut pas l'oublier, à la menace du terrorisme islamiste qui reste forte, à la trajectoire de plus en plus conflictuelle des grandes puissances mondiales.
02:11Et on pense notamment à la Chine.
02:13Et bien sûr, quoi qu'il arrive aux États-Unis, le mouvement isolationniste américain semble clairement engagé.
02:19Donc il faut absolument que les Européens mesurent aujourd'hui leurs responsabilités dans l'avenir qui se dessine.
02:25Le retour du tragique de l'histoire, on croirait entendre Emmanuel Macron dans le texte, quand vous parlez, François-Xavier Bellamy,
02:31lors de son deuxième discours de la Sorbonne, le 24 avril dernier, il a dit que l'Europe pouvait être mortelle.
02:36Elle peut mourir, disait-il, et ça dépend uniquement de nos choix.
02:40Vous partagez avec lui cet enjeu existentiel de l'Europe ? Vous partagez ça avec le président de la République ?
02:45Je crois en tous les cas que l'Europe peut sortir de l'histoire.
02:47Et que le grand risque, c'est qu'elle...
02:50Par sortir de l'histoire, je veux dire qu'elle ne puisse plus maîtriser les moyens de décider de son avenir.
02:57Qu'elle devienne la vassale de puissances qui décideront pour elle de ce que sera son destin.
03:03Et ça, c'est le très grand danger.
03:05Qu'est-ce que ça veut dire exactement que l'Europe peut mourir ? Je n'en sais rien.
03:08Mais ce que je vois tous les jours, c'est la réalité du double décrochage que nous vivons aujourd'hui.
03:14Il y a un décrochage de l'Europe par rapport au reste du monde.
03:17Et puis, il y a un décrochage de la France par rapport à l'Europe.
03:20Parce qu'il ne faut pas nier la réalité de cet appauvrissement du pays que les Français constatent tous les jours.
03:26De ce déclin économique, mais pas seulement économique.
03:28C'est à travers notre trajectoire budgétaire, par exemple.
03:32À travers notre déficit commercial qui dit le fait que nous sommes plus dépendants que jamais à l'égard de nos importations.
03:39Eh bien, le fait que nous ne sommes plus aujourd'hui capables de décider de ce que sera notre avenir.
03:44Et ça, je pense que les Français le perçoivent et qu'ils veulent évidemment faire de cette élection européenne.
03:49Ils doivent faire de cette élection l'occasion de retrouver les moyens de maîtriser notre destin.
03:54C'est le cœur du projet que nous voulons partager avec eux.
03:56On vous a vu pousser un coup de gueule sur France 2 jeudi soir,
03:59après le duel entre Jordan Bardella et Gabriel Attal, avec deux visions tranchées de l'Europe.
04:04Comment est-ce que vous définissez, vous, le clivage de cette élection ?
04:07Est-ce qu'on assiste à une bataille entre pro-européens d'un côté qui veulent plus d'intégration
04:12et des souverainistes nationaux de l'autre ?
04:14Ou est-ce que vous refusez ce manichéisme ?
04:17Non, aujourd'hui, ce que j'observe, c'est que vous disiez deux visions tranchées.
04:20Moi, je vois surtout deux représentants de familles politiques qui ont changé du tout, tout, tout leur ligne sur l'Europe.
04:26Et notamment, le Rassemblement national qui, il y a cinq ans encore, disait qu'il voulait sortir de l'Europe,
04:32sortir de l'euro, sortir de l'OTAN, qui dit le contraire aujourd'hui,
04:36qui a été pour la PAC, puis contre, puis pour à nouveau,
04:39qui a été contre Frontex pendant des années, quand nous défendions l'agence Frontex,
04:42qui aujourd'hui recrute son directeur exécutif auquel il refusait les augmentations de budget.
04:46C'est l'incohérence à tous les étages.
04:48Et de l'autre, pourquoi l'incohérence ?
04:49Derrière le en même temps macronien, il y aura eu aussi toutes les contradictions possibles
04:54entre ce qui était promis à Paris et ce qui était fait à Bruxelles.
04:56Nous, nous sommes clairs et constants.
04:58Et moi, je crois que la vraie question de cette élection européenne,
05:01et c'est pour ça que j'ai été révolté par l'organisation de ce débat,
05:03la vraie question de cette élection européenne,
05:05ça n'est pas de savoir si on veut plus ou moins d'Europe.
05:08Ça n'est pas de savoir si on va revivre le deuxième tour de la présidentielle
05:11entre M. Macron et Mme Le Pen.
05:13La vraie question de cette élection européenne, c'est qu'il y a, en Europe,
05:16deux formations politiques qui structurent le débat démocratique.
05:20D'un côté, la droite européenne, qui va, selon toute probabilité,
05:23sortir très renforcée de cette élection, celle à laquelle nous appartenons avec les Républicains.
05:27Et de l'autre côté, la gauche sociale-démocrate, qui est le deuxième grand pilier.
05:31Et la grande question, c'est dans quelle direction allons-nous engager l'Europe aujourd'hui ?
05:35En Europe, c'est comme en France.
05:37Il y a une politique de gauche, il y a une politique de droite.
05:40Il y a une manière de gauche d'envisager la question migratoire,
05:43il y a une manière de droite de la regarder.
05:44Il y a une manière de gauche de regarder les défis économiques,
05:47et puis il y a des réponses de droite aux questions économiques.
05:50On va en parler aujourd'hui, mais c'est ça la vraie question de cette élection européenne.
05:54Évidemment. Venons-en à votre programme.
05:56François-Xavier Bellamy, 59 mesures dévoilées le 14 mai.
06:00Vous parlerez, je le rappelle, dans quelques instants, en détail, du réarmement de l'Europe.
06:04C'est un thème qui est dans votre programme avec Pierre Haski,
06:07de l'agriculture avec Célia Kiré, des enjeux industriels avec Dominique Seux.
06:12Mais sur ces 59 mesures, philosophiquement,
06:15laquelle vous semble la plus emblématique de l'Europe que vous comptez défendre ?
06:20C'est difficile d'en retenir une seule, mais je dirais une mesure qui me paraît déterminante.
06:25La clé de voûte.
06:28Une mesure qui me paraît déterminante,
06:30c'est le fait de compléter le mécanisme d'ajustement carbone aux frontières.
06:33Parce que ça dit la manière dont on doit envisager la transition environnementale.
06:37Je crois que le vrai défi pour l'Europe n'est pas de rendre la vie impossible à ce qui produit sur son sol,
06:41mais d'utiliser sa force à elle. Parce que l'Europe a une force immense.
06:45Et je crois que les Français ne mesurent pas à quel point, aujourd'hui,
06:48nous avons un levier pour agir, qui est notre marché européen.
06:51Ce marché, on a souvent reproché à l'Europe de s'y réduire, de n'être qu'un marché,
06:56qu'une politique commerciale.
06:57Mais aujourd'hui, on peut faire de ce marché un levier politique
07:01pour pousser les grands producteurs mondiaux vers la décarbonation,
07:04vers la transition environnementale, dont nous avons besoin si nous voulons transmettre
07:08un monde vivable à nos enfants et aux générations qui viennent.
07:12Et ça, c'est aussi une manière pour l'Europe d'affirmer sa puissance,
07:15d'affirmer un levier de puissance pour les pays européens,
07:18de faire en sorte que leur voix compte dans le débat aujourd'hui.
07:21On regarde parfois la Chine avec peut-être un peu de timidité ou de crainte,
07:26comme si on était finalement dépendant d'elle au point de ne plus pouvoir rien lui dire.
07:30Mais c'est le contraire aujourd'hui.
07:32La Chine est plus dépendante de l'Europe que l'Europe n'est dépendante de la Chine.
07:37Et donc, le sujet, c'est qu'aujourd'hui, ce ne sera peut-être plus le cas dans dix ans,
07:41mais aujourd'hui, nous avons encore les moyens de pouvoir créer les règles du jeu.
07:44Et je crois qu'il faut absolument que les Etats de l'Union européenne
07:49s'en donnent les moyens aujourd'hui.
07:50Ce qui nous a frappé, François-Xavier Bellamy, en lisant votre programme avec Nicolas Demorand,
07:55ce sont les nuances assez légères entre votre programme et celui de Jordan Bardella,
08:00en particulier en ce qui concerne la politique migratoire de l'Union européenne.
08:03Comme lui, vous prenez le traitement des demandeurs d'asile aux frontières extérieures de l'Union.
08:08Ça, c'est le PPE, c'est la droite européenne qui tente ce projet-là depuis des années.
08:12Et vous allez plus loin en proposant de construire des barrières physiques
08:16pour lutter contre l'immigration illégale.
08:18Ça fait penser aux murs de Donald Trump qu'il voulait construire à la frontière mexicaine.
08:23Des murs où, en Europe, avec des contrôles à l'intérieur de l'Europe aussi.
08:27Comment on fait avec ces murs ? Qu'est-ce que vous voulez construire exactement ?
08:30D'abord, c'est le Rassemblement national qui est totalement inconstant sur ce sujet.
08:33Et nous, nous avons gardé notre ligne.
08:35Ces propositions-là, elles sont faites par la droite européenne depuis des années maintenant.
08:40Nous avons déposé au Parlement, dans le cours du dernier mandat,
08:43un amendement pour que le budget européen puisse financer la construction de ces infrastructures physiques.
08:48Qu'est-ce que c'est ? Décrivez-nous, c'est quoi ?
08:49Ils sont demandés par 12 Etats membres de l'Union européenne,
08:53quelle que soit leur couleur politique.
08:54Ces Etats membres, ils sont en première ligne face à la crise migratoire.
08:57Ce sont notamment les Pays-Baltes, c'est la Pologne, c'est la Finlande.
09:01En Finlande, c'est un ministre écologiste qui a signé pour la construction d'un mur
09:05de plusieurs centaines de kilomètres de long à la frontière avec la Russie.
09:08Pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui, la fragilité de l'Europe dans la protection de ses frontières extérieures
09:14est utilisée par des puissances étrangères qui veulent déstabiliser nos pays.
09:18Vous vous souvenez de la crise migratoire organisée par Poutine et Loukachenko
09:23à la frontière de ces pays ? On se souvient de ce qu'avait fait Erdogan
09:28à la frontière de la Grèce et de la Bulgarie.
09:30Et donc, il faut effectivement, là où il y a des centaines de kilomètres
09:34de frontières physiques à protéger, qu'on construise les infrastructures.
09:37Mais le mur, vous le voyez d'où à où ? Vous le concevez comment ?
09:40Mais encore une fois, ça dépend beaucoup des reliefs, ça dépend de la géographie,
09:44ça dépend des points de vulnérabilité potentielle.
09:47En Finlande, il y a une immense frontière terrestre très facile à franchir
09:53entre la Finlande et la Russie. Et donc, je le répète,
09:55c'est un gouvernement composé de ministres de gauche qui ont lancé
10:00la construction de ce mur, non pas pour arrêter des chars,
10:03parce qu'évidemment, si un jour Vladimir Poutine décidait
10:05d'envahir la Finlande, un simple mur ne suffirait pas à l'arrêter,
10:08mais pour empêcher l'utilisation de la migration comme un élément
10:15dans une guerre hybride qui menace aujourd'hui nos démocraties.
10:18François-Xavier Bellamy et Ursula von der Leyen n'ont pas exclu de gouverner
10:22avec ECR, le groupe européen d'extrême droite qui compte notamment
10:26dans ses rangs le parti espagnol Vox et Fratelli d'Italia de Giorgia Melloni.
10:31Pour vous, une alliance avec ECR n'est pas tabou ?
10:35Alors nous, nous disons d'abord avec les Républicains que nous souhaitons
10:39une alternance à la tête de la Commission européenne.
10:41Nous ne redonnerons pas, nous ne donnerons pas notre confiance
10:44à Ursula von der Leyen. Elle n'était déjà pas notre candidate en 2019,
10:47c'est Emmanuel Macron qui l'a nommée à ce poste.
10:48Ça c'est étonnant, il faut quand même expliquer aux Français qui nous écoutent,
10:50vous êtes la droite française mais vous êtes contre la tête de liste de la droite européenne.
10:55Comme d'ailleurs beaucoup d'autres formations politiques de la droite européenne.
10:58Il y a eu un débat à l'intérieur de notre famille politique
11:01et aujourd'hui le vrai sujet va commencer au lendemain de l'élection européenne
11:05quand nous aurons l'occasion, parce que c'est le PPE qui va arriver en tête
11:09de cette élection selon toute probabilité, c'est donc entre nous
11:12que le débat va se faire sur la question de savoir qui sera à la présidence
11:16de la Commission européenne dans les cinq ans qui viennent.
11:19Nous sommes les seuls à pouvoir faire en sorte que cette alternance advienne
11:22et au sein de la droite européenne, au sein du PPE, nos amis italiens,
11:26de Forza Italia, des collègues d'autres délégations nationales
11:30disent comme nous la nécessité de ce changement.
11:33Et donc ça, ça se jouera le lendemain de l'élection.
11:36Nous avons été, vous savez, dans l'opposition à des textes majeurs
11:39portés par la Commission européenne.
11:41Le pacte vert et le pacte asile-immigration.
11:44Un certain nombre de textes du pacte vert, notamment le texte
11:47restauration de la nature qui devait geler 10% de la surface agricole en Europe.
11:51Le plan Farm to Fork qui devait faire baisser la production agricole.
11:54Donc ces textes-là, nous nous y sommes opposés.
11:56Sur les questions migratoires, nous nous sommes confrontés durement
11:58à la Commission européenne.
11:59Et sur ECR, alors, c'était la question que je vous posais.
12:02C'était la question que je vous posais.
12:03Sur une alliance avec ECR, est-ce que la question n'est pas taboue ?
12:08En fait, au Parlement européen, il n'y a pas de coalition,
12:11pour que tout le monde nous comprenne.
12:12Ça veut dire que les majorités se font texte par texte, vote par vote,
12:15parfois amendement par amendement.
12:16Et, au risque de vous surprendre, il m'est arrivé très souvent,
12:19mais comme d'ailleurs à nos collègues macronistes par exemple,
12:22même à nos collègues socialistes, de voter des propositions
12:25qui venaient du groupe ECR.
12:26J'ai eu moi-même, dans la commission de l'industrie où j'ai travaillé
12:29pendant 5 ans, l'occasion de travailler très régulièrement
12:32avec des collègues du groupe ECR.
12:33Donc je ne vois pas au nom de quoi on dirait aujourd'hui
12:36« Oh là là, mais c'est scandaleux, on ne parlera jamais avec eux.
12:38Ce serait complètement agréable. »
12:39Idem avec le groupe de Marine Le Pen, quel qu'il soit ?
12:42Le groupe de Marine Le Pen, lui, la question est plus vite résolue.
12:45Parce qu'en fait, ils ne travaillent pas.
12:48Ils ne sont pas là, ils ne font pas de propositions,
12:50ils sont totalement absents.
12:51Et donc la question ne se pose même pas.
12:54La vérité du RN, c'est qu'il fait rêver les Français
12:57en leur disant vivement le 9 juin,
12:59mais il a déjà gagné l'élection européenne.
13:01Et les Français lui ont fait confiance en 2019,
13:03et même en 2014.
13:05Pendant 5 ans, ils avaient 23 députés,
13:073 fois plus de députés que nous.
13:08Mais ils n'auront pas gagné une seule bataille,
13:11même pas mené une seule bataille.
13:12Parce que le Parlement européen, c'est être au combat tous les jours,
13:16matin, midi et soir.
13:17Y compris d'ailleurs à l'intérieur de notre propre formation politique.
13:19Vous le disiez, nous avons des débats au sein de la droite européenne.
13:22Mais c'est normal, c'est l'Europe.
13:24Moi, je suis là pour faire entendre la voix des Français
13:26dans le débat européen.
13:27Et y compris au sein de la droite européenne.
13:29Mais pour ça, il faut être au travail matin, midi et soir.
13:32Parce que les Français qui travaillent le savent bien,
13:34si on ne s'y remet pas tous les jours, on n'obtient aucun résultat.
13:37Matinal spécial grand format consacré aux élections européennes.
13:41François-Xavier Bellamy, la tête de liste LR.
13:44Et notre invité, il est 8h36.
13:50Et on accueille maintenant Célia Kihiré, spécialiste environnement
13:53à la rédaction de France Inter.
13:55Célia, pour commencer, vous souhaitez interroger François-Xavier Bellamy
13:59sur l'agriculture et les agriculteurs.
14:01Oui, on va parler tout à l'heure protectionnisme écologique,
14:03puisque ce sujet vous tient à cœur.
14:05Mais d'abord, les agriculteurs.
14:07Vous étiez en Bourgogne, dans une ferme, il y a quelques jours.
14:09Ils ont été très en colère cet hiver.
14:11Depuis, l'écologie est présentée comme l'ennemi n°1,
14:14le bouc émissaire par certains,
14:16à tel point que l'environnement et les enjeux climatiques
14:18passent au second plan dans cette campagne.
14:20L'Europe a été pointée du doigt.
14:22Est-ce que c'est vraiment un problème, l'environnement ?
14:25Les agriculteurs ne sont pas, je vais vous surprendre,
14:28ils ne sont pas en colère contre l'environnement.
14:31Au contraire.
14:32J'étais avant-hier, effectivement, en Bourgogne,
14:34dans un élevage, comme je l'ai fait pendant 5 ans,
14:37rencontrer les agriculteurs.
14:39Et ils m'ont dit ce que je les ai entendus dire pendant 5 ans.
14:41Nous sommes les premiers écologistes.
14:43Parce que nous connaissons la nature.
14:45Parce que nous en prenons soin.
14:46Parce que c'est notre métier.
14:47Parce que c'est notre vie.
14:48C'est notre engagement.
14:50Et je crois que ce qui révolte aujourd'hui les agriculteurs,
14:53c'est qu'on veuille faire croire qu'ils seraient
14:55des ennemis de l'environnement.
14:57Et aujourd'hui, leur grand problème, c'est l'aberration
14:59des normes qui leur sont imposées.
15:01Y compris du point de vue environnemental.
15:03Prenez par exemple ce que me racontaient ces agriculteurs avant-hier,
15:05la question de la gestion de l'eau.
15:07Aujourd'hui, si vous curez des fossés,
15:09comme leurs parents, leurs grands-parents l'ont fait
15:12pendant des années, des siècles même,
15:15si vous entretenez les cours d'eau,
15:17vous risquez d'être surveillés, contrôlés, condamnés
15:21par la police de l'eau qui viendra vous expliquer
15:24que si vous avez touché un ruisseau,
15:26vous avez potentiellement atteint une zone humide
15:28à force de ne rien entretenir.
15:30Là, on voit des inondations qui se répètent un peu partout
15:32et on se dit, oh la la, quelle catastrophe !
15:34Comment ça se fait que la nature soit en train de se dérégler ?
15:36Mais en réalité, le vrai problème,
15:38c'est qu'on s'interdit d'agir sur la nature.
15:40Je le dis comme eux.
15:42La nature, c'est aussi une assurance-vie pour les agriculteurs.
15:44Néanmoins, vous avez voté contre certains textes
15:46comme la restauration de la nature,
15:48des textes pour la biodiversité.
15:50Ce n'est pas une solution aussi, la nature ?
15:52Mais justement, ce texte, restauration de la nature,
15:54qu'est-ce qu'il disait ? Parmi les mesures qu'il proposait,
15:56il y avait la nécessité de détruire
15:58des barrages ou des installations qui sont posées
16:00sur les cours d'eau. Parce que derrière le texte
16:02restauration de la nature, il y avait l'idée,
16:04si vous voulez, que la nature est plus naturelle
16:06si l'homme en disparaît. Il y avait par exemple
16:08cette proposition absurde d'interdire
16:10d'entretenir les forêts, d'interdire
16:12de ramasser le bois mort dans les forêts.
16:14Et ensuite, qu'est-ce qui va se passer ? On va s'étonner
16:16qu'il y ait des incendies massifs. On va s'étonner que les forêts
16:18soient moins bien protégées. Mais évidemment,
16:20si vous voulez protéger les forêts des incendies,
16:22il faut les entretenir. Je le dis comme prof
16:24de philo aussi, parce que c'était mon métier.
16:26Cette vision un peu rousseauiste
16:28qui voudrait que pour que la nature soit naturelle,
16:30il faut que l'homme disparaisse
16:32de la nature, c'est cette vision-là
16:34qui met en danger la nature.
16:36Donc oui, moi je dis que derrière
16:38cet agenda, il n'y a pas du tout l'écologie.
16:40Il y a en réalité une vision
16:42idéologique qui organise la décroissance
16:44dans nos pays, qui met l'homme
16:46sous surveillance, qui jette le soupçon
16:48sur tous ceux qui travaillent avec la nature
16:50et les agriculteurs en premier. Et je pense
16:52que ce qui les met le plus en colère, parce qu'ils sont
16:54toujours en colère, ce qui les met le plus en colère
16:56c'est ce sentiment de défiance
16:58qu'il leur est imposé.
17:00Voilà un autre sujet, pas idéologique cette fois,
17:02les pesticides. Dossier sensible,
17:04l'Europe a rayé l'objectif de diviser par
17:06deux leur utilisation d'ici 2030.
17:08Vous avez voté pour. Est-ce que c'est une
17:10victoire pour vous ? Est-ce que c'est définitif ou reporté ?
17:12Le vrai sujet des pesticides
17:14c'est qu'on ne peut pas interdire
17:16d'une part si on n'a pas de solution
17:18alternative, et deuxièmement
17:20on ne peut pas interdire, parce que ça c'est
17:22scandaleux, ce qu'on accepte d'importer.
17:24Parce que si on interdit
17:26aux agriculteurs européens
17:28d'utiliser des molécules, et qu'ensuite
17:30parce qu'on ne produit plus, on importe
17:32tout ce qu'ils faisaient sur notre sol
17:34venu de pays extérieurs, qui non seulement
17:36utilisent ce qu'on a interdit chez nous
17:38mais bien d'autres molécules encore qu'on a
17:40interdit depuis beaucoup plus longtemps, on se retrouve
17:42devant une aberration absolue. On offre
17:44des parts de marché au modèle de production qui
17:46abîme le plus l'environnement. Donc vous ne serez jamais le député
17:48qui vote pour une diminution des produits
17:50phytosanitaires. Bien sûr que si, et non seulement on l'a
17:52voté, mais là pour le coup il faut que chacun prenne ses
17:54responsabilités. Nous on a voté le texte
17:56pour réduire l'utilisation des produits phytosanitaires
17:58après qu'on l'ait équilibré, qu'on
18:00l'ait corrigé, qu'on l'ait amendé, pour faire
18:02en sorte qu'il soit plus rationnel dans son application.
18:04Et qui a voté contre ce texte ?
18:06Deux groupes ont voté contre. D'un côté
18:08l'extrême droite qui vote contre tout, et
18:10de l'autre côté, pardon de le dire,
18:12les Verts, les socialistes,
18:14les députés macronistes, qui trouvaient que le
18:16texte n'était pas assez radical à leur goût.
18:18Et donc ils ont détruit la possibilité
18:20que nous avions d'engager effectivement
18:22une diminution des pesticides. Vous savez,
18:24les agriculteurs eux-mêmes le souhaitent. Il n'y a aucun
18:26agriculteur qui de gaieté de cœur utilise
18:28des produits. D'abord ça coûte de l'argent, ensuite
18:30l'impact sur la santé il est pour eux les premiers.
18:32Et justement, qu'est-ce que vous prévoyez pour la santé des agriculteurs ?
18:34Ce sont vos électeurs ? Ce sont souvent les principales
18:36victimes ? Qu'est-ce que vous prévoyez ?
18:38Mais justement, encore une fois, il faut effectivement
18:40réduire le plus possible notre usage
18:42des pesticides, mais d'abord
18:44à condition de
18:46trouver des alternatives. Donc il faut
18:48qu'on travaille massivement sur la recherche.
18:50Nous, nous avons voté par exemple
18:52en faveur du texte sur les nouvelles techniques
18:54génomiques qui permettent de faire
18:56évoluer de l'intérieur
18:58le génome des plantes pour qu'elles se
19:00défendent mieux par exemple contre des maladies.
19:02Prenez par exemple l'exemple de la banane dans les Antilles.
19:04C'est un exemple très intéressant. Dans les Antilles, la banane
19:06a été pendant très longtemps l'objet
19:08d'utilisation massive de produits phytosanitaires
19:10extrêmement dangereux. On pense au chlordécone évidemment.
19:12Aujourd'hui, ceux qui les cultivent
19:14sont sortis de 80% de ces produits. Vous avez
19:16une maladie, la sarcosporiose, qui est en train de
19:18dévaster nos productions de bananes.
19:20On a aujourd'hui une technique génomique
19:22qui permet de lutter contre cette maladie
19:24sans utiliser les produits phytosanitaires.
19:26Nous avons défendu cela. Les écologistes
19:28y sont opposés. Allez leur demander pourquoi ?
19:30Parce que c'est la condition pour sortir effectivement
19:32de ces pesticides dangereux.
19:34Merci Célia Kigré.
19:36Pierre Aski est
19:38avec nous et vous interroge François-Xavier
19:40Bellamy sur vos
19:42propositions sur l'Ukraine.
19:44J'ai essayé de comprendre où étaient vos
19:46lignes rouges par rapport à l'engagement
19:48et au soutien à l'Ukraine.
19:50Vous partagez une partie de l'analyse du Président
19:52de la République sur l'Ukraine mais
19:54vous n'allez pas aussi loin par exemple sur
19:56l'adhésion de l'Ukraine à l'Union Européenne
19:58ou d'autres sujets. Où sont
20:00véritablement vos lignes rouges ? Jusqu'où
20:02êtes-vous prêt à aller ? La première
20:04chose à faire c'est qu'il faut d'abord
20:06commencer par les premiers pas nécessaires.
20:08Aujourd'hui, la France est très en retard dans le
20:10soutien qu'elle doit réellement
20:12aux Ukrainiens. Parce que moi, je ne crois pas
20:14qu'on soutiendra l'Ukraine avec de fausses promesses.
20:16Avec la spéculation aberrante
20:18sur l'envoi de troupes au sol
20:20en Ukraine que même l'OTAN a démentie.
20:22Que la plupart des pays européens
20:24ont démenti eux aussi. Le vrai sujet,
20:26la plupart d'entre eux, le vrai sujet
20:28aujourd'hui, c'est d'apporter aux forces ukrainiennes
20:30les moyens matériels, les armes,
20:32les munitions dont elles ont besoin pour soutenir
20:34leur effort de guerre face à l'attaque
20:36de la Russie. Et là, de ce point de vue là, je crois
20:38que nous ne sommes pas aujourd'hui au rendez-vous.
20:40J'étais avec le général Christophe Gomart
20:42qui est le numéro 3 de notre liste, qui est ancien patron
20:44des forces spéciales françaises. Nous avons été
20:46visiter une usine d'armement
20:48il y a quelques semaines de cela
20:50qui fabrique des véhicules blindés. Aujourd'hui,
20:52ils ont une seule ligne de production pour
20:54l'Ukraine. Ils reconditionnent
20:56des véhicules blindés, parfois très
20:58anciens, de nos propres forces armées.
21:00Et ils ne sont pas passés
21:02ni au 2.8 ni au 3.8 parce que
21:04personne ne le leur a demandé. On devrait pouvoir
21:06faire beaucoup plus parce que ces véhicules, ils sauvent
21:08des vies tous les jours sur le terrain.
21:10Est-ce que vous êtes pour l'autorisation de permettre
21:12à l'Ukraine de frapper le territoire russe
21:14avec les armes qu'on lui livre, notamment
21:16les missiles Scalp à longue portée ?
21:18C'est une demande du président Zelensky.
21:20Je crois que le vrai défi, c'est de garantir
21:22que l'Ukraine peut se défendre avec les armes
21:24qu'on lui confie. Et on ne peut pas en permanence
21:26dire que c'est nécessaire que nous
21:28défendons le droit international parce que
21:30ce qui est en jeu en Ukraine, c'est
21:32le respect du droit international, le respect
21:34des frontières internationalement reconnues.
21:36Le fait qu'effectivement, un pays ne peut
21:38pas, la Russie, décider
21:40par la violence de renverser
21:42des frontières internationalement reconnues.
21:44On ne peut pas répéter ça en permanence
21:46et simultanément changer notre doctrine
21:48d'emploi sur des armes qui sont confiées
21:50à l'Ukraine aujourd'hui pour défendre son territoire.
21:52Moi je crois qu'il faut se garder d'une logique
21:54d'escalade et qu'il faut maintenir la vocation
21:56défensive des armements qui sont donnés
21:58à l'Ukraine. Est-ce qu'on n'est pas un peu dans la
22:00contradiction dont je parlais dans ma chronique tout à l'heure
22:02et qui est celle pointée par le président Zelensky ?
22:04On veut sa victoire, mais on ne lui en donne pas
22:06les moyens. Mais c'est ce que je dis, on ne donne
22:08pas assez les moyens à l'Ukraine de soutenir son effort de guerre.
22:10Quand vous freinez, par exemple, l'usage
22:12des armes qui lui sont livrées,
22:14vous ne lui donnez pas vraiment le moyen. Non, le vrai problème,
22:16c'est d'abord, et c'est évidemment ce que demande
22:18au premier chef, le président Zelensky,
22:21ce qu'il demande, c'est que ces livraisons
22:23d'armes soient effectivement opérées
22:25et que les promesses soient suivies des faits.
22:27Et aujourd'hui, là-dessus, un pays comme la France,
22:29et pardon de le dire, mais vu depuis Strasbourg
22:31et Bruxelles, le regard de nos voisins
22:33européens est souvent assez dur sur la France
22:35et sur le président français, qui fait
22:37la leçon au reste de l'Europe en parlant
22:39d'esprit de défaite ou en accusant
22:41ses partenaires de l'acheter, alors qu'en réalité
22:43la France est très, très en deçà
22:45des livraisons concrètes auxquelles
22:47on pourrait s'attendre de la part du pays
22:49qui a la première armée conventionnelle d'Europe
22:51aujourd'hui et qui a la deuxième industrie
22:53de défense exportatrice dans le monde.
22:55On est très en deçà de ce qu'on devrait pouvoir faire
22:57pour les forces ukrainiennes.
22:59Notre dossier chaud du moment, Gaza.
23:01Comment réagissez-vous à ce qui s'est passé
23:03cette nuit, ce bombardement d'un camp
23:05de personnes déplacées, 35 morts ?
23:07Et est-ce qu'il faut changer de politique
23:09et d'attitude vis-à-vis d'Israël dans cette guerre ?
23:11C'est évidemment absolument terrible.
23:13Je crois qu'il faudra faire
23:15toute la lumière sur les conditions
23:17de cette frappe et sur ses conséquences réelles.
23:19Moi, je le dis depuis
23:21des mois, nous n'avons jamais changé
23:23de ligne. Je crois qu'il faut rappeler
23:25qu'Israël a le droit de se défendre
23:27parce qu'Israël est agressé.
23:29Dans cette affaire, beaucoup semblent l'avoir oublié.
23:31Beaucoup nient aujourd'hui, malheureusement,
23:33la réalité du 7 octobre qui a été
23:35un attentat terroriste islamiste.
23:37Le premier pogrom antisémite
23:39de l'histoire du XXIe siècle
23:41par le nombre de victimes qu'il a faites.
23:43Mais Israël a le devoir de se défendre
23:45dans le respect du droit international. C'est une évidence.
23:47Et nous, nous avons demandé un cessez-le-feu
23:49humanitaire au Parlement européen depuis des mois.
23:51Nous disons aujourd'hui,
23:53malgré tout, je crois que c'est ce qui doit être rappelé,
23:55que cette guerre pourrait s'arrêter
23:57demain, si le Hamas
23:59choisissait enfin
24:01de libérer les otages qu'il retient
24:03et de baisser les armes. Et c'est ça la condition.
24:05Et le premier bourreau de la population
24:07civile palestinienne aujourd'hui,
24:09c'est le Hamas qui est le responsable
24:11de cette spirale de l'enfer.
24:13Est-ce qu'il faut reconnaître l'État palestinien comme l'ont fait l'Espagne
24:15ou l'Irlande la semaine dernière ?
24:17Il faudra mettre un jour en œuvre
24:19une solution à deux États.
24:21En tout cas, pour moi, je ne suis pas un spécialiste,
24:23je ne prétends pas l'être parce que c'est un sujet
24:25d'une infinie complexité, mais je crois que c'est la seule
24:27voie nécessaire pour avancer vers la paix.
24:29Mais cette voie-là n'est pas possible
24:31aujourd'hui, c'est une certitude.
24:33Et je crois que c'est un grand danger de reconnaître aujourd'hui
24:35un État palestinien parce que ce serait
24:37potentiellement donner le sentiment
24:39qu'on donne raison à ceux qui ont déclenché
24:41cet attentat terroriste du 7 octobre.
24:43Il me semble qu'aujourd'hui, l'urgence absolue
24:45c'est de mettre fin à ce conflit,
24:47de préserver les populations civiles,
24:49de libérer les otages.
24:51Et évidemment, c'est encore une fois
24:53la première responsabilité dans les mains des dirigeants
24:55du Hamas et de ceux qui les sponsorisent
24:57dans le monde aujourd'hui.
24:59Merci Pierre Haski. Et la parole
25:01maintenant à Dominique Seux,
25:03François-Xavier Bellamy.
25:05Dominique qui veut vous parler
25:07d'économie et de voitures électriques.
25:09Oui, bonjour François-Xavier Bellamy. On fait vraiment
25:11des virages à 90 degrés sur les sujets.
25:13On va parler de voitures.
25:15Effectivement, vous avez pris une position
25:17très très serve. C'est aussi un sujet géopolitique.
25:19C'est aussi un sujet géopolitique
25:21et vous allez sans doute nous le dire.
25:23C'est à la fois un sujet économique, écologique
25:25et évidemment très concret pour tous les Français.
25:27Vous êtes défavorable
25:29à l'interdiction de la vente
25:31à partir de 2035 des voitures
25:33thermiques neuves au profit
25:35des 100% électriques. Pourquoi ?
25:37Parce que c'est un contresens.
25:39C'est un contresens économique,
25:41industriel, géopolitique, social
25:43évidemment, et même écologique.
25:45Et nous avons voté contre
25:47cette mesure et nous disons aujourd'hui
25:49que nous reviendrons sur cette mesure.
25:51Un contresens géopolitique
25:53parce qu'en fait, on se donne
25:55comme norme
25:57le terrain sur lequel la Chine
25:59a 10 ans d'avance sur nous. On ne pouvait
26:01pas faire un plus beau cadeau au régime
26:03de Pékin et à sa stratégie
26:05affichée de surproduction
26:07industrielle dont le but est de dévaster
26:09notre capacité de produire. Il faut
26:11absolument sortir de la naïveté sur ce
26:13sujet fondamental. C'est aussi
26:15un contresens environnemental
26:17parce que, évidemment,
26:19l'électrique aura
26:21sa place dans la transition
26:23écologique. Evidemment
26:25que pour les mobilités
26:27il sera utile, notamment pour
26:29les mobilités de courte distance.
26:31Mais miser tout sur une seule technologie
26:33c'est en réalité rendre un très mauvais service
26:35à la cause de l'environnement. Parce que
26:37sur les longues distances, je pense
26:39par exemple, j'étais il y a quelques jours visiter un dépôt
26:41de bus au Biomethane.
26:43Aujourd'hui, l'Union Européenne
26:45après avoir financé cette technologie
26:47qui bénéficiait à nos agriculteurs, qui a décarboné
26:49les transports, veut l'interdire au profit du
26:51tout électrique. Mais si vous faites des bus
26:53électriques avec des batteries
26:55extrêmement lourdes, vous avez un impact
26:57environnemental sur l'extraction de matériaux.
26:59J'ai bien entendu votre argumentation.
27:01Il y a juste un petit problème, c'est que
27:03vous n'êtes pas du tout
27:05sur la même ligne que les constructeurs automobiles
27:07français qui répètent depuis des
27:09jours et des jours, et même des semaines
27:11qu'il faut maintenir
27:13l'échéance de 2035
27:15parce qu'ils disent qu'on ne va pas arrêter
27:17toutes les 10 secondes de nous changer d'indication.
27:19Carlos Tavares,
27:21le patron de Stellantis, a pris une position
27:23extrêmement ferme, et Lucas Demeo
27:25je crois l'a dit au Président de la République français,
27:27en tout cas il y a encore peu de jours. Alors,
27:29les constructeurs allemands sont plutôt effectivement
27:31sur votre ligne. Vous, vous ne jouez pas
27:33dans la même cour que les constructeurs
27:35français. Alors d'abord, vous qui connaissez bien
27:37le monde de l'industrie, vous devez savoir qu'il y a aujourd'hui un débat
27:39très vif à l'intérieur de l'industrie automobile
27:41française. Il est fermé ?
27:43Non, non, il n'est pas fermé du tout. Et moi,
27:45je suis en contact régulier avec le monde
27:47de l'industrie, avec les ingénieurs, les
27:49chercheurs, parce que ce qui compte pour moi, c'est de
27:51comprendre comment fonctionne aujourd'hui
27:53cette équation industrielle. Beaucoup disent
27:55d'ailleurs, tout simplement, qu'on n'y arrivera pas
27:57en réalité. 2035, l'interdiction
27:59du moteur thermique, de manière brutale,
28:01le 100% véhicule électrique, c'est la
28:03fausse bonne solution. Mais attendez,
28:05vous dites à Carlos Tavares,
28:07en gros, vous n'y pensez pas grand-chose en voiture.
28:09Pardon, Carlos Tavares a été
28:11le premier à dire
28:13avec beaucoup de vigueur que l'Europe
28:15faisait n'importe quoi sur ce sujet.
28:17Je reprends son expression.
28:19Il ne dit plus ça aujourd'hui. Et je note
28:21alors aussi que vous êtes un peu en contradiction
28:23avec ce que dit le PPE, votre
28:25parti européen qui,
28:27après avoir hésité, c'est vrai,
28:29lors de son dernier congrès,
28:31ou de sa réunion de désignation de sa
28:33future candidate, Ursula von der Leyen,
28:35a dit qu'on va
28:37rester sur cette ligne de 2035.
28:39Donc, vous n'êtes pas sur la même ligne que les constructeurs
28:41français, pas tout à fait sur la même ligne
28:43que le PPE, parce que vous êtes un peu
28:45isolé. Le PPE, dans son manifeste,
28:47a posé un principe très simple, qui est que
28:49à l'occasion de la clause de revoyure de
28:512026, nous réintroduirons le
28:53principe de neutralité
28:55technologique. Je pense que ce principe est fondamental.
28:57Il faut que tout le monde le comprenne. Encore une fois,
28:59personne, ni l'industrie automobile,
29:01ni le PPE, ni moi,
29:03ne dit aujourd'hui que l'électrique
29:05n'a pas son importance dans la transition
29:07environnementale. Il y a évidemment une
29:09transition à faire, notamment vers l'électrique.
29:11Mais le tout électrique, en revanche,
29:13est une erreur, et il faudra
29:15réintroduire ce principe de neutralité technologique.
29:17Le rôle du politique, vous savez, c'est
29:19finalement aussi un débat très fondamental
29:21sur ce qui doit être le travail
29:23du législateur. Le rôle du politique,
29:25ça n'est pas de choisir une technologie.
29:27Le rôle du politique, c'est de fixer un cap.
29:29Et ce cap, c'est la décarbonation.
29:31Charge ensuite à l'industrie de trouver
29:33la technologie. Et si M. Tavares, ensuite,
29:35pardon, je termine juste par là, si M. Tavares
29:37considère que pour lui, la bonne option, c'est
29:39100% électrique, alors rien ne l'empêche
29:41de faire que c'est l'empire.
29:43Est-ce que vous ne vous dites pas, quand vous parlez aux ingénieurs,
29:45s'il y avait un moyen de faire
29:47un moteur thermique à 1 ou 2 litres
29:49au 100, on le saurait, parce que la promesse avait été
29:51faite il y a une quinzaine d'années, et elle n'est jamais
29:53arrivée. Donc technologiquement,
29:55est-ce qu'il ne vaut mieux pas mettre toutes
29:57ses forces, et c'est en train de se faire, sur
29:59électrique, plutôt que de laisser espérer,
30:01y compris en consommateur,
30:03un rêve qui n'arrivera pas ?
30:05Réponse rapide. Mais je crois que
30:07le plus important, c'est de faire confiance à la recherche.
30:09Je parlais encore tout récemment avec
30:11les équipes de recherche et
30:13développement d'un grand constructeur
30:15français, qui me disait
30:17à quel point aujourd'hui, l'un des grands dommages
30:19de cette décision qui a été prise au
30:21Parlement européen, qui, je le répète, est le plus
30:23grand cadeau qu'on pouvait faire au régime de Pékin,
30:25le plus grand dommage qu'elle a eu, c'est qu'on a fait
30:27faire, mais immédiatement, les centres de recherche
30:29de beaucoup de constructeurs sur la décarbonation
30:31des moteurs. Vous renoncerez, si vous êtes élu,
30:33vous battrez pour que la date de 2005
30:35soit abandonnée.
30:37Merci Dominique Seux.
30:39Et direction, il est 8h52,
30:41direction le Standard Inter.
30:47Pour toutes vos questions, amis auditeurs,
30:49à François-Xavier Bellamy, tête
30:51de liste LR, notre invité ce matin.
30:53Feysal,
30:55bonjour et bienvenue.
30:57Oui, bonjour, merci M. Demorand
30:59de prendre ma question. Je vous en prie, on vous écoute.
31:01M. Demorand, moi j'aimerais poser
31:03une question à M. Bellamy.
31:05Tout à l'heure, il a dit que
31:07la Chine dépendait de l'Europe
31:09et non pas l'Europe
31:11qui dépend de la Chine. Je voudrais lui poser une toute petite
31:13question. Tous les textiles
31:15qu'il a à la maison, viennent d'où ?
31:17Et ils sont fabriqués où ?
31:19S'il connaît la provenance, s'il vous plaît.
31:21Merci Feysal pour
31:23cette question sur les textiles
31:25j'imagine de provenance chinoise.
31:27Costume bleu marine et chemise un peu
31:29bleu ciel.
31:31Sur ce point, beaucoup de
31:33produits que nous consommons tous les jours sont importés
31:35de Chine. Vous avez totalement raison. Le textile
31:37c'est plus large que la Chine. Il y a aussi beaucoup
31:39de textiles qui viennent d'Inde par exemple.
31:41Mais en réalité, c'est aussi un signe
31:43de dépendance. Parce que la Chine aujourd'hui
31:45voit les marchés américains se fermer
31:47de plus en plus. Son premier marché
31:49de débouchés, c'est l'Europe. Et elle a
31:51besoin des exportations vers l'Europe
31:53pour équilibrer son modèle économique, industriel
31:55et même son tissu social.
31:57Et donc si aujourd'hui l'Europe veut fixer
31:59ses conditions, elle le peut.
32:01La Chine a un besoin vital
32:03d'exporter vers l'Europe. C'est aussi une
32:05dépendance. Vous savez, quand on importe beaucoup
32:07d'un pays étranger, on est
32:09dépendant de lui. Mais ce pays,
32:11si vous êtes son seul marché d'exportation,
32:13il est aussi dépendant de vous. Et donc à nous de fixer
32:15les règles maintenant, parce que nous avons
32:17et c'est un point fondamental, encore une capacité de production.
32:19Pourquoi ? Par peur de la puissance ?
32:21De se penser comme puissant ?
32:23Je pense qu'il y a une forme de timidité.
32:25Il y a aussi le fait que pendant très
32:27longtemps, peut-être par paresse, on a regardé
32:29finalement cette répartition
32:31mondiale du travail comme une espèce de
32:33facilité. On avait les Etats-Unis
32:35qui inventent, l'Europe
32:37qui consomme et qui réglemente, et puis l'Asie
32:39qui produit. Mais ça n'est plus possible de s'installer
32:41dans cette situation-là, parce que
32:43notre modèle de consommation nous a rendus
32:45vulnérables. Il faut le reconnaître
32:47avec beaucoup de lucidité, si
32:49nous voulons éviter que demain, nous ne soyons
32:51dépossédés des moyens de maîtriser notre destin.
32:53C'est aussi un enjeu démocratique absolument majeur.
32:55Victor Austandard,
32:57bonjour, vous nous appelez Limoges.
32:59Oui, bonjour M. Le Morand, bonjour
33:01M. Bellamy. Alors
33:03écoutez, je voulais
33:05simplement vous dire que
33:07actuellement, au niveau
33:09de l'Europe depuis Giscard d'Estaing
33:11et les autres, M. Sarkozy,
33:13M. Barroso, Mme
33:15Berleyenne, vous avez
33:17brisé l'industrie
33:19française, vous avez brisé
33:21la fonction publique. Je suis enseignant,
33:23je sais de quoi je parle.
33:25Et aujourd'hui, nous avons
33:27des problèmes
33:29énormes au niveau de l'hôpital,
33:31au niveau de la justice,
33:33de l'enseignement, etc.
33:35Et vous complésez, ça fait
33:3735 minutes qu'avec des journalistes
33:39extrêmement courtois, vous avez pu dérouler
33:41votre
33:43laïus, mais je pense
33:45qu'en inversant, déjà M. Sarkozy
33:47avait inversé
33:49les résultats du référendum
33:51européen, nous avons été
33:53bafoués, humiliés,
33:55et je sais que
33:57je ne suis pas Macron, ni
33:59pour Mme Le Pen, et encore
34:01moins pour M. Mélenchon, mais au niveau
34:03de la citoyenneté,
34:05je suis vraiment
34:07désorienté.
34:09Vous n'avez aucune proposition,
34:11ce n'est que blabla,
34:13et donc des éléments de langage
34:15avec des communicants.
34:17Et on entend votre colère,
34:19Victor, à notre égard d'ailleurs,
34:21mais je ne me défausse pas, surtout
34:23à l'égard de François-Xavier Bellamy,
34:25qu'est-ce que vous répondez à Victor ?
34:27Je voudrais simplement vous dire que
34:29je suis professeur moi aussi,
34:31je ne suis pas un politique de métier,
34:33je me suis engagé en politique pour la raison
34:35exacte que vous évoquez, c'est-à-dire
34:37parce que je vois avec inquiétude
34:39notre pays qui décline,
34:41qui s'appauvrit, je le disais en commençant,
34:43si vous m'avez entendu, vous voyez que
34:45je ne triche pas avec ce constat,
34:47au contraire. Et mon travail
34:49à moi, ce n'est pas
34:51de poursuivre
34:53ce qui a été mené au cours des
34:55dernières décennies, mais de réussir à faire en sorte
34:57que l'Europe change en fin de cap. Beaucoup des problèmes
34:59que vous avez évoqués sont d'abord des problèmes
35:01de la France, des problèmes
35:03de notre pays à l'intérieur de l'Europe, qui est
35:05aujourd'hui en effet en train de décrocher.
35:07On n'a jamais vu
35:09à ce point nos services publics essentiels
35:11fragilisés dans tous les domaines.
35:13Et la crise, notamment de l'école qui nous réunit,
35:15c'est la crise la plus inquiétante pour l'avenir
35:17de notre pays. Ça, c'est d'une certaine manière
35:19un sujet que les Français ont dans leurs mains, et ne nous
35:21défaussons pas sur l'Europe, parce que le problème
35:23n'est pas européen. Il y a beaucoup de pays en Europe qui,
35:25avec les mêmes règles que nous, s'en sortent
35:27beaucoup mieux. Mais il y a aussi évidemment
35:29un très grand changement de cap à obtenir en Europe.
35:31Demain, je serai au sein de la
35:33première force politique européenne, et nous
35:35sommes les seuls à pouvoir réussir
35:37à obtenir ce changement dont l'Europe a tellement
35:39besoin. C'est le sens de notre projet. Vous disiez qu'on
35:41n'a pas de proposition, mais on en fait beaucoup.
35:43On a parlé de quelques-unes, et je crois qu'on a
35:45besoin aujourd'hui de réussir
35:47cette alternance, parce que c'est
35:49effectivement nécessaire pour retrouver
35:51confiance dans la vie démocratique.
35:52Une question d'actualité française, avant d'en revenir
35:54à l'Europe. Oui, Gabriel Attal, qui a présenté
35:56hier, dans le détail, le contenu de la réforme de
35:58l'assurance-chômage, a compté du 1er décembre.
36:00Il faudra avoir travaillé 8 mois sur les
36:0220 derniers pour pouvoir bénéficier
36:04de l'assurance-chômage. Et le Premier ministre
36:06cite l'Allemagne, le Portugal ou
36:08la Belgique pour justifier ces nouvelles règles.
36:10Est-ce que vous saluez cette réforme, qui s'inspire
36:12très largement des LR, des Républicains
36:14en France ? Ça fait longtemps que
36:16nous disons, en effet, que l'un des grands enjeux
36:18pour le pays, c'est de réussir à sortir de cette
36:20situation aberrante. On a
36:22aujourd'hui en France des millions de chômeurs
36:24inscrits, et
36:26simultanément, on a partout dans le pays,
36:28moi j'entends tous les jours, partout
36:30dans le pays, dans toutes les entreprises,
36:32chez les artisans, les commerçants, les restaurateurs,
36:34comme chez les grandes entreprises industrielles,
36:36on n'arrive pas à recruter. Donc, il faut qu'on
36:38arrive à faire en sorte de recréer
36:40le lien entre la France
36:42et le travail. On est le pays de l'OCDE
36:44où le nombre d'heures travaillées par
36:46habitant est le plus faible. Il n'y a que la Turquie qui
36:48soit derrière nous. Donc, bon point pour le Premier ministre
36:50Gabriel Attal ? Ça fait longtemps qu'il aurait fallu le faire.
36:52Donc, voilà, si ça avance dans la bonne direction,
36:54tant mieux. Moi, je ne suis pas dogmatique, mais on en avait
36:56effectivement besoin depuis vraiment longtemps.

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