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Le vice-président Afrique de la Banque mondiale, à la tête du département Afrique de l'Ouest et Afrique centrale, est le Grand Invité de l’économie RFI/Jeune Afrique de cette semaine.

L’entretien est à découvrir en intégralité sur Jeune Afrique : https://www.jeuneafrique.com/

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Transcription
00:00 Ecodici, Ecod'ailleurs, le grand invité de l'économie RFI Jeune Afrique, Aurélie Mbida, Bruno Faure.
00:09 Bonjour à tous, bienvenue. J'ai le plaisir de recevoir un nouveau grand invité de l'économie RFI Jeune Afrique en compagnie de ma camarade Aurélie Mbida, chef du pôle économie à Jeune Afrique. Bonjour Aurélie.
00:24 Bonjour Bruno.
00:25 Nous sommes avec une personnalité qui est au cœur de l'actualité de cette fin d'année 2023. La crise climatique, la crise énergétique, la crise de la dette, les changements politiques en Afrique, les nouveaux rapports entre l'Occident et ce qu'on appelle le Sud global.
00:41 Bonjour Ousmane Diagana.
00:43 Bonjour Monsieur Faure.
00:45 Vous êtes le vice-président de la Banque Mondiale chargée de l'Afrique de l'Ouest et de l'Afrique centrale. La Banque Mondiale et l'UEFMI qui tiennent en ce mois d'octobre à Marrakech au Maroc leurs assemblées annuelles.
00:57 On y parlera du financement de la transition énergétique, de l'aide aux pays endettés, bien d'autres sujets encore événements majeurs qui ne s'étaient pas déroulés en Afrique depuis un demi-siècle.
01:09 Le continent étant de fait au centre de toutes les attentions. L'institution que vous représentez est l'une des principales sources de financement dans les pays en développement.
01:20 Elle est un interlocuteur incontournable et à ce titre, Ousmane Diagana, votre parole doit être écoutée par nos auditeurs, nos lecteurs et nos internautes.
01:29 D'abord, pour faire mieux connaissance avec vous, un résumé de votre parcours avec Aurélie.
01:35 Oui, enfin en tout cas, votre CV, Ousmane Diagana, vous poussez les portes du siège de la Banque Mondiale à Washington en 1992, pour ne pas y rester,
01:45 puisqu'au final, vous êtes immédiatement déployé sur le continent au Bénin en tant que chargé des opérations du bureau de Cotonou jusqu'en 2000.
01:56 Vous travaillez et dirigez les équipes techniques de la banque dans plusieurs pays, donc le Bénin, le Togo, le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger et le Sénégal.
02:06 Une trajectoire somme toute logique quand on regarde votre parcours universitaire après votre enfance en Mauritanie, un diplôme au Sénégal,
02:16 troisième cycle, options finance et fiscalité à l'École Nationale d'Administration de Dakar, une maîtrise en sciences économiques toujours à Dakar,
02:27 avec une spécialité en planification, analyse économique, développement, puis au fil de l'eau, des stages et formations dans le secteur du développement humain,
02:36 de l'éducation à l'Institut des études de développement de Sussex au Royaume-Uni, puis à Harvard aux États-Unis.
02:44 Vous avez choisi d'être fonctionnaire international, mais à l'origine, vous auriez voulu être enseignant.
02:51 En effet, je vais saisir l'opportunité pour exprimer toute notre gratitude aux enseignants.
02:59 Hier, c'était la journée internationale des enseignants pour d'abord ce qu'ils font pour le monde, mais également en contribuant nécessairement à la prospérité des nations,
03:12 parce que sans éducation, il ne saurait y avoir de richesse.
03:16 Ce sont des enseignants qui, tous les jours, oeuvrent à cette mission extraordinaire, je dirais une sorte de sacerdoce.
03:24 J'ai voulu moi-même, dans mon parcours, embrasser la carrière d'enseignant quand j'ai eu mon baccalauréat,
03:35 parce que j'admirais tellement ce métier, grâce aux femmes et aux hommes qui m'ont enseigné depuis les primaires jusqu'aux secondaires,
03:44 à suivre leurs traces, mais le hasard, par la suite, m'a orienté vers l'économie et les finances.
03:51 Un métier difficile quand même. On connaît les contraintes budgétaires dans pas mal de pays, les revendications de ce fait de pas mal d'enseignants qui disent
04:01 qu'on n'est pas assez payé par rapport à notre utilité sociale, par rapport à notre investissement.
04:07 Absolument. Et pour moi, de toute façon, l'éducation n'a pas de prix.
04:11 Et donc, quelque soit ce qu'on mettra au service de l'éducation, ce ne sera jamais suffisant.
04:16 Et on ne saurait payer également les enseignants leur juste valeur compte tenu de ce qu'ils représentent pour chacun d'entre nous,
04:24 mais également pour les pays qu'ils servent et pour le monde.
04:27 Mais c'est vrai qu'il a cependant un coût et il faudrait que les pays, les nations tiennent cela en compte dans leurs politiques budgétaires
04:37 pour que les enseignants soient encore toujours motivés et qu'ils continuent à produire des services de qualité.
04:43 La suite de votre parcours avec Aurélie.
04:45 En tout cas, voilà, l'institution financière mondiale vous colle à la peau puisque vous y évoluez rapidement.
04:50 À la fin de 2000, vous êtes affecté dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord.
04:55 Vous occuperez plusieurs postes de spécialiste de l'éducation, puis de leader sectoriel et coordonnateur du programme de développement humain basé à Rabat, au Maroc.
05:06 Dans ce cadre, Ousmane Diagana, vous avez mis en œuvre des programmes innovants, notamment au Maroc, au Yémen, à Djibouti.
05:13 Vous pouvez dire en quelques mots en quoi ils étaient innovants.
05:16 Oui, ça ne me rajeunit pas d'abord parce que ça me rappelle de très bons souvenirs, quoique un peu anciens.
05:22 J'étais au Yémen quand le pays était relativement calme.
05:25 J'ai passé quatre années formidables de ma vie de professionnel et je me suis enrichi culturellement dans un pays très beau, avec des gens très, très sincères.
05:36 C'était entre 2000 et 2003 où j'étais, comme vous l'avez dit, responsable des programmes d'éducation.
05:42 À l'époque, compte tenu des disparités qu'on pouvait voir au niveau de la société du Yémen, en particulier le faible accès à l'éducation des filles et donc son impact sur un développement inclusif,
05:58 avec mon directeur de l'époque, on s'était assuré que presque 90% de nos ressources pour le Yémen soient consacrées au secteur de l'éducation.
06:10 Et ça nous a permis de préparer des programmes extrêmement intéressants, aussi bien pour ce qui concerne l'accès des filles à l'éducation primaire,
06:17 mais encore beaucoup plus important, l'accès des filles à l'enseignement secondaire, parce que c'est à ce niveau du cycle de l'éducation qu'on peut véritablement impacter qualitativement et durablement sur la société.
06:29 Par la suite, on m'a affecté en effet au Maroc pour être le coordonateur du programme sectoriel pour le développement humain.
06:37 Et je suis content de pouvoir repartir au Maroc plusieurs années plus tard, en 2007, avant d'être nommé comme représentant résident de la Banque mondiale au Niger.
06:48 Donc repartir au Maroc dans le cadre de ces assemblées, c'est quelque chose que j'attends avec beaucoup d'impatience.
06:54 On va en parler.
06:55 Vous mentionnez effectivement Niger en 2006, vous avez été représentant résident de la Banque, puis le Mali en 2009.
07:02 Cette même année, vous recevez le prix du meilleur manager du groupe de la Banque mondiale.
07:06 Bravo !
07:07 De 2011 à 2013, vous dirigez les opérations au Tchad, en Guinée, au Mali et au Niger, avant d'être nommé à votre premier gros poste, si je puis dire, en 2014,
07:18 où vous devenez directeur des opérations de la Banque mondiale pour la Côte d'Ivoire, le Burkina Faso, le Togo, le Bénin et la Guinée.
07:24 Vous êtes basé à Abidjan, en Côte d'Ivoire.
07:26 Puis ensuite, pendant trois années, jusqu'en 2018, vous retournez à Washington, chapeautez le département d'éthique et de déontologie du groupe,
07:36 puis les ressources humaines durant deux ans.
07:39 Et enfin, c'est le 1er juillet 2020 que vous prenez la vice-présidence de l'Afrique, de l'Ouest et du Centre à la Banque mondiale.
07:46 22 pays, des dizaines et des dizaines de projets, des milliards de dollars de ressources.
07:52 Vous avez plus de 30 ans de maison, essentiellement au service du continent africain.
07:57 L'Afrique, c'est là où la Banque mondiale est la plus attendue ?
08:00 C'est là où la Banque mondiale est la plus attendue.
08:03 C'est vraiment un continent qui m'écheville au corps.
08:06 Je suis africain, très fier de l'être.
08:09 Je suis un pire produit de l'école africaine, comme vous l'avez dit aussi.
08:13 J'ai fait mon primaire, mon secondaire dans mon pays, Natale-la-Mauritanie.
08:18 Le supérieur au Sénégal, même si j'ai eu par la suite d'autres formations hors du continent.
08:26 J'ai passé le gros de mon temps en tant que professionnel du développement sur l'Afrique.
08:32 Je dois dire que les différents postes que j'ai occupés et les différents lieux d'affectation que j'ai pu avoir dans l'institution,
08:39 pour moi, il n'y a pas de différence en termes de taille.
08:44 Ils sont tous du même niveau d'importance.
08:47 Mon poste d'opération office au Bénin au début de ma carrière, ou bien de représentant résident au Niger,
08:57 sont tous aussi importants que mes postes de directeur, d'abord pour le pays du Sahel.
09:02 J'ai eu le plaisir et le privilège d'être le premier directeur pour le pays du Sahel,
09:07 au moment où le Sahel n'était pas ce qu'il est en termes de stabilité sur le plan politique et sur le plan institutionnel.
09:13 Par la suite, visuellement en Côte d'Ivoire, où je m'occupais essentiellement des pays du Golfe de Guinée.
09:18 Ce sont des postes difficiles, mais tous intéressants.
09:22 Par la suite, on m'a demandé de partir au niveau de la Banque mondiale, au siège,
09:26 où j'ai occupé à la fois des responsabilités sur le plan corporate, donc administratif,
09:31 pour m'occuper des valeurs de l'institution, de la déontologie professionnelle que le staff de la Banque mondiale doit avoir.
09:37 Par la suite, aujourd'hui, je suis très fier d'être le vice-président de la Banque mondiale pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre.
09:43 Le globetrotter de la Banque mondiale, le couteau suisse de la Banque mondiale, Ousmane Diagana,
09:48 le vice-président de cette Banque mondiale chargée de l'Afrique de l'Ouest et centrale,
09:53 et le grand invité de l'économie RFI Jeune Afrique, entretien à lire sur le site de Jeune Afrique,
09:58 à visionner, à partager, à commenter sur nos chaînes YouTube.
10:02 N'oubliez pas non plus les réseaux sociaux.
10:04 Bonne émission à toutes et à tous.
10:06 (Générique)
10:16 Ousmane Diagana, on a déjà parlé de pas mal de choses.
10:20 Marrakech d'abord, le lieu des assemblées du FMI et de la Banque mondiale maintenu un mois après le séisme qui a dévasté cette région.
10:29 Pas question de changer de lieu ?
10:31 Non, je dois dire tout d'abord, et vous avez très bien dit, M. Ford, à l'anterne de cette émission,
10:37 que nous sommes dans un contexte mondial marqué par des crises multiples qui se chevauchent.
10:44 La crise, bien entendu, climatique, la crise alimentaire comme résultat aussi pour ce qui concerne les pays de l'Afrique,
10:54 de l'enrichissement du coût de la vie à cause de l'inflation, résultat de la guerre en Ukraine, les conflits, etc.
11:06 Et quand on regarde de près, la plupart de ces crises sont provoquées ou viennent de l'extérieur,
11:13 mais ont des impacts très forts et très visibles en Afrique, affectant de manière disproportionnée les conditions de vie des populations.
11:19 Et puis pour ne rien arranger, donc, dans cette région de Marrakech, cette terrible catastrophe.
11:23 Cette terrible catastrophe. Donc, le fait d'avoir envisagé de tenir ces assemblées annuelles hors de Washington,
11:33 et cette fois-ci en Afrique, depuis 50 ans, vous l'avez dit aussi, M. Ford, on n'a pas eu l'occasion de faire cette réunion.
11:41 Ces réunions-là sur le continent africain, c'est un signal, c'est un symbole, mais en même temps, c'est quelque chose qui se justifie.
11:49 L'Afrique n'est pas à la marge du monde. L'Afrique est au centre du monde parce qu'il y a un certain dynamisme qui est là-bas.
11:57 Et bien sûr, il y a beaucoup de défis qui sont là. Et le maintenir dans ce contexte difficile aussi, c'est un signal très fort en termes de solidarité
12:05 avec le Maroc qui passe, dont les populations, en particulier celles de Marrakech, ont connu des moments difficiles à cause de ces crises-là.
12:13 – Et justement, en restant sur le Maroc, la Banque mondiale va soutenir le pays, même si c'est loin d'être le pays le plus pauvre du continent ?
12:21 – Le Maroc et la Banque mondiale tiennent un partenariat de très longue date. La Banque mondiale a toujours été présente au Maroc.
12:29 Vous l'avez dit, j'ai été moi-même coordonnateur de nos programmes sectoriels dans notre bureau au Harawa.
12:34 Et à l'époque, je m'occupais essentiellement des questions de développement humain et des questions de l'éducation.
12:40 Par la suite, le Maroc, c'est un pays qui a des systèmes et des structures en termes administratifs extrêmement fortes,
12:47 animées, parfois dirigées par des cadres extrêmement compétents.
12:51 Donc le Maroc est un pays qui a toujours été capable de formuler des politiques publiques,
12:56 dont les besoins de financement ont été bien identifiés et bien chiffrés,
13:00 ce qui lui a toujours permis de bien dialoguer avec la Banque mondiale et aussi le Fonds monétaire international.
13:05 Et pour ce qui concerne la Banque mondiale, effectivement, les financements pour le Maroc ont toujours été importants.
13:10 Et à cause de ces problématiques actuelles, qui sont aussi liées au changement climatique,
13:15 c'est clair que la Banque mondiale continuera de soutenir le Maroc.
13:18 – Alors, puisque l'on parle du Maroc, on va écouter sa ministre de l'Économie, Nadia Feta Alawi,
13:24 qui a présenté, il y a quelques jours, les enjeux de ses assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale.
13:31 [Nadia Feta Alawi]
13:36 – C'est un honneur pour tous les Marocains que Marrakech accueille ses assemblées annuelles.
13:41 [Nadia Feta Alawi]
13:45 50 ans après le Kenya, c'est l'occasion de faire revenir ces institutions sur le continent africain,
13:50 car nous considérons que les défis mondiaux ont davantage d'écho ici, en particulier après les dernières crises.
13:57 [Nadia Feta Alawi]
14:04 Dès la création du FMI et de la Banque mondiale,
14:07 ces assemblées ont constitué un rendez-vous important sur la chaîne mondiale pour répondre aux défis et aux problèmes,
14:13 pas seulement ceux des finances publiques ou des financements,
14:16 mais aussi de plus grands défis, comme la santé après le Covid,
14:20 comme le changement climatique ou encore les bouleversements géopolitiques dans le monde.
14:27 Ces assemblées seront donc l'occasion d'y répondre,
14:32 en particulier pour les pays en développement qui sont les plus en difficulté face à ces enjeux.
14:37 [Nadia Feta Alawi]
14:41 – L'Afrique encore plus concernée que les autres continents par les défis du moment,
14:45 nous dit Nadia Feta Alawi, Ousmane Diagana, vous êtes d'accord ?
14:48 – Totalement d'accord, je voulais saluer le leadership d'abord de Mme Alawi,
14:52 jusqu'à l'année passée elle était la présidente du caucus africain.
14:55 Vous savez, on est à l'intérieur de la Banque mondiale,
14:58 les pays africains sont organisés pour s'entendre autour de leurs priorités
15:03 et qu'il y a une voix qui porte cela dans le cadre du dialogue que nous avons avec nos clients.
15:08 C'était Mme Alawi qui a joué ce rôle-là jusqu'à la fin de l'année passée.
15:13 Effectivement, les problématiques que nous mentionnons sont d'actualité,
15:17 elles concernent chacun des pays africains, elles concernent donc tout le continent.
15:22 Je crois qu'on ne saurait dire de manière plus claire quel est le point qu'elle a mentionné.
15:28 – Aurélie Mbida de Jeune Afrique.
15:30 – Alors sur quel sujet, même si vous n'allez peut-être pas tout nous dire aujourd'hui,
15:33 mais sur quel sujet peut-on attendre des annonces à Marrakech ?
15:37 Est-ce qu'il va s'agir plutôt d'augmenter la capacité d'emprunt des pays à faible revenu,
15:42 des taux préférentiels peut-être pour les pays émergents ?
15:46 Sur le sujet de la taxation carbone, quels vont être les grands axes ?
15:50 – Je dois dire que les assemblées annuelles sont à la fois des événements ordinaires et extraordinaires.
15:56 Ordinaire dans la mesure où elles se tiennent chaque année.
15:59 C'est une institution qui a 75 ans d'existence, chaque année on tient des assemblées,
16:04 je dirais même deux fois par an.
16:06 On a les petites assemblées qu'on appelle les assemblées du printemps,
16:09 qui ont lieu à Washington, et puis il y a les grandes assemblées
16:13 qui ont lieu une fois sur trois à Washington, sur trois ans à Washington.
16:19 Donc évidemment en tant qu'institution de développement,
16:22 on va s'intéresser à toutes les questions liées au développement.
16:26 Mais cette année, effectivement c'est ce qui fait le caractère extraordinaire
16:30 de ces assemblées annuelles, ce sont la persistance de certaines crises
16:35 et l'émergence de crises nouvelles.
16:37 Et tout ceci demande des réponses rapides,
16:41 et en termes de financement, faire l'effort que ces financements soient massifs.
16:45 Donc l'institution est en voie de transformation depuis la demande
16:50 de certains de nos administrateurs qui a conduit un travail de fonds,
16:56 et puis par la suite depuis l'arrivée de notre nouveau président.
17:00 Donc cette transformation en cours de l'institution va être annoncée.
17:04 Elle se veut une démarche qui doit rendre la Banque mondiale meilleure
17:12 et la Banque mondiale plus grande.
17:14 Donc on aura certainement l'occasion de parler de ces choses-là,
17:18 et c'est déjà ceci qui va être annoncé.
17:21 - Renforcer la capacité de prêt de la Banque mondiale,
17:25 permettre des emprunts plus massifs ?
17:27 - Oui, en tout cas renforcer le volume,
17:32 donc augmenter le volume de financement pour l'Afrique.
17:34 La Banque mondiale ne fait pas que des prêts,
17:37 et surtout pour ce qui concerne l'Afrique,
17:39 en particulier les pays les moins développés au niveau de l'Afrique,
17:44 et il y en a beaucoup,
17:45 l'essentiel de ce que nous faisons dans ces pays-là,
17:47 en termes de financement, c'est des dons,
17:49 et parfois beaucoup d'assistance technique,
17:52 et la génération de savoirs, donc de connaissances,
17:55 qui permet aux décideurs politiques de définir des politiques publiques
18:00 qui sont pertinentes.
18:03 Oui, la Banque mondiale est une institution mondiale, naturellement,
18:09 et donc par conséquent,
18:10 il y a des pays qui sont en différentes capacités de financement,
18:14 et il y en a donc pour certains où on doit être beaucoup présents
18:17 avec des financements en termes de prêts plus importants également.
18:20 - Alors justement, venons-en au contexte macroéconomique
18:23 en Afrique subsalarienne.
18:25 - Alors oui, voilà, à la Banque mondiale,
18:27 vous êtes responsable de 22 pays, vous l'avez dit,
18:29 qui ont disparaîté entre les pays de l'Ouest et l'Afrique centrale,
18:33 même entre eux, vous avez un bandeau qui va du Sénégal à la Centrafrique.
18:38 Comment expliquez-vous, plus de trois ans après la première grosse crise
18:42 dans la crise sanitaire du Covid,
18:44 que des pays soient résilients et d'autres s'effondrent aujourd'hui ?
18:49 - Oui, effectivement, c'était un constat.
18:54 Si je regarde les statistiques que nous produisons,
18:59 évidemment, quand il y a eu la Covid,
19:02 le taux de croissance était pratiquement zéro.
19:05 Pour certains pays, il était même négatif.
19:09 Par la suite, à la faveur des accompagnements divers et variés,
19:13 mais également les efforts qui ont été accomplis par les pays eux-mêmes,
19:18 en 2022, on a pu atteindre un taux de croissance relativement important
19:23 jusqu'à 3,6 %.
19:27 Cette année, il va être un peu plus bas à cause des crises dont on a déjà parlé,
19:35 mais également à cause de ces instabilités politiques et institutionnelles
19:38 que nous voyons au niveau de l'Afrique.
19:41 Même s'il y a des pays qui échappent à cette instabilité,
19:46 je pense que quand on fait l'agrégation des challenges auxquels les pays sont confrontés,
19:51 on voit bien que le continent vert, dans son ensemble,
19:55 a été tiré vers le bas en termes de croissance économique pour l'essentiel.
19:58 D'où la nécessité d'investir sur la résilience des communautés,
20:03 sur les infrastructures, mais également créer les conditions
20:08 d'un contrat social beaucoup plus fort entre les populations et leurs gouvernants.
20:14 Est-ce que certains pays, certains grands pays vous inquiètent ?
20:17 On pense au Nigeria qui semble en perte de vitesse avec une croissance
20:21 qui ne devrait être que de 2,9 % cette année.
20:25 Compte tenu de la taille du Nigeria, surtout au niveau de l'Afrique de l'Ouest,
20:30 mais également dans le monde de façon générale,
20:32 si ça ne va pas très bien au Nigeria, ça va avoir un impact global sur l'Afrique.
20:37 Si le taux de croissance en Afrique pour 2023 va baisser,
20:41 c'est essentiellement parce que le taux de croissance au Nigeria
20:44 n'a pas été au niveau où il devrait être.
20:47 Ça c'est très clair.
20:48 Mais aujourd'hui j'aimerais voir le Nigeria de manière beaucoup plus positive,
20:52 avec un nouveau gouvernement qui est là, qui a annoncé des mesures très fortes,
20:57 surtout pour ce qui concerne les aspects économiques et fiscaux,
21:02 à travers la suppression de la subvention qui a été accordée aux produits pétroliers,
21:11 au règlement des problématiques de taux de change multiples,
21:15 et donc l'harmonisation de ces taux de change.
21:18 Je pense que le Nigeria, qui représente 50 % du PIB de l'Afrique de l'Ouest,
21:23 et aussi 50 % de la population en Afrique de l'Ouest,
21:27 évidemment chaque fois qu'il fait des choses positives,
21:29 ça va se traduire également par une amélioration sur le plan économique et social en Afrique,
21:36 mais particulièrement aussi pour le Nigeria.
21:38 Parce que n'oublions pas que le Nigeria, parmi les cinq pays du monde
21:41 qui ont un taux d'extrême pauvreté très élevé, en fait partie malheureusement.
21:46 Si on regarde un petit peu vos chiffres d'engagement sur le continent,
21:50 on voit qu'en 2022, la Banque mondiale a engagé moins de 40 milliards de dollars en Afrique.
21:59 On était sur un niveau de 60 milliards en 2019.
22:04 Est-ce qu'il y a une raison à cette différence ?
22:06 Non, la Banque mondiale, surtout pour ce qui concerne le guichet que nous appelons
22:11 le guichet de l'Association internationale de développement,
22:13 qui prête sur la base des crédits concessionnaires, donc taux zéro,
22:20 période de grâce de 10 ans remboursable sur 40 ans,
22:24 fait essentiellement l'accompagnement des pays de l'Afrique,
22:29 de l'Afrique subsaharienne et en particulier de ma région.
22:33 Quand je regarde les chiffres de ma région, je suis très fier de ce que nous avons fait depuis la COVID.
22:39 Quand je prenais la tête de ce département, on avait un total de financement
22:45 pour les 22 pays de l'Afrique de l'Ouest et du Centre de 38 milliards de dollars.
22:49 Aujourd'hui, au moment où je parle, on est à 53 milliards de dollars.
22:53 Donc sur trois ans, j'ai augmenté notre financement pour l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique du Centre
23:00 de 15 milliards de dollars supplémentaires.
23:03 Ceci n'a été possible parce qu'on a pu aussi mobiliser beaucoup plus de ressources dans le cadre de l'IDA.
23:11 Et deuxièmement, on a diminué le nombre de projets tout en augmentant la taille des projets.
23:17 Donc c'est véritablement ici l'objectif d'être plus sélectif pour être sur des secteurs
23:22 beaucoup plus impactants, aussi bien sur le plan économique que sur le plan social.
23:27 Justement, vous avez déjà parlé, puisque l'on parle de choses concrètes,
23:31 du développement des infrastructures essentielles pour le développement économique de l'Afrique.
23:39 Est-ce que vous avez un exemple ou quelques exemples en tête de projets que vous avez financés
23:45 et qui ont eu un impact concret à court terme ?
23:48 Oui, oui. Alors là, je vais commencer par l'énergie parce que c'est le grand défi pour le continent.
23:54 Et c'est le défi qu'il faut régler pour que vraiment le ruissellement de toutes les transformations
24:01 qui sont voulues sur l'ensemble de l'économie soient visibles.
24:04 Au moment où je vous parle, on a à peu près 15 milliards de dollars de programmes énergétiques
24:09 pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre.
24:12 Dans quel pays ?
24:13 Partout. Je dirais avec une focalisation pour l'ensemble des pays de la CEDEAO.
24:18 Vous savez, on a pu véritablement avancer sur l'interconnexion régionale au niveau de l'Afrique de l'Ouest
24:27 pour de telle sorte qu'il faut avoir un marché unique qui permettra d'augmenter rapidement l'accès à l'électricité.
24:34 D'ici la fin du mois de l'année, je vais aller soit à Banjul, soit à Bissau,
24:40 justement pour participer à l'inauguration de grands programmes que nous avons financés
24:44 dans le cadre de l'organisation pour la mise en valeur du fleuve Gambie.
24:48 Au Cameroun, on a le programme de Nachtigal.
24:52 On a également financé un programme d'interconnexion entre le Cameroun et le Tchad.
24:57 Et même en Centrafrique, qui est un des pays où le taux d'accès à l'électricité est le plus faible,
25:02 8% seulement des Centrafricains ont accès à l'électricité.
25:05 Nous venons de mettre en place un programme décennal de plus de 200 millions de dollars.
25:10 Je vais aller à Bangui aussi au début du mois de novembre
25:15 pour participer à l'inauguration de la centrale solaire de Danzeh,
25:19 qui va permettre véritablement d'augmenter significativement l'accès des Centrafricains.
25:23 Donc priorité énergie.
25:24 Priorité énergie, mais pas seulement énergie.
25:27 Je donne ça compte tenu des externalités positives qui pourraient résulter du financement de l'électricité.
25:33 Le développement humain, c'est un secteur important pour nous.
25:36 L'éducation dans tous ses composantes, depuis la petite enfance jusqu'à l'enseignement supérieur.
25:42 La santé, on a mis en place un programme de prévention d'abord,
25:48 parce que la Covid a démontré qu'il faut certainement investir sur les programmes de soins, etc.
25:56 Mais également, il faut surtout investir dans ces programmes de prévention.
25:59 Et ceci demande aussi qu'on regarde la chaîne des valeurs dans son ensemble,
26:04 de la formation des personnels enseignants jusqu'à la gouvernance du système global, du système sanitaire.
26:10 Et comment on place le curseur ? Justement, on parle d'énergie, santé, éducation.
26:14 Il y a aussi la lutte contre les changements climatiques.
26:17 Comment on fait pour piloter ces décisions quand on est Banque mondiale ?
26:22 C'est une très bonne question.
26:24 Les questions de développement sont de toute façon toutes liées.
26:27 Quand on investit sur la résilience des populations à travers des financements climats,
26:34 on investit nécessairement sur des programmes de lutte contre la pauvreté.
26:37 Mais certains disent quand même que tout ce qu'on dépense pour lutter contre le changement climatique,
26:44 pour s'adapter, ça peut être au détriment d'autres programmes.
26:48 Justement, la pauvreté, la question de la dette, d'autres questions encore.
26:54 Est-ce qu'on n'en fait pas trop ? Je suis un peu provocateur,
26:58 mais est-ce qu'on n'en fait pas trop dans la lutte contre le changement climatique ?
27:02 Est-ce qu'il n'y a pas des priorités encore plus urgentes ?
27:04 On peut se poser cette question, effectivement.
27:07 Mais personnellement, je ne crois pas à l'effet d'éviction dans ce sens-là.
27:11 Surtout de la façon dont nous approchons les questions climatiques au niveau de la Banque mondiale.
27:15 Nous n'approchons pas la question climatique comme une problématique de développement à part.
27:20 Nous approchons la question du climat et du développement en même temps.
27:24 Et c'est dans ce cadre d'ailleurs, comme je disais tantôt,
27:30 en tant qu'institution, pas seulement de financement, mais d'institution de savoir,
27:35 nous avons lancé il y a deux ans une initiative qui est la production pour chacun des pays du monde,
27:41 pas seulement des pays pauvres, des rapports climat et développement.
27:46 Pour essayer de voir véritablement les liens entre les deux et savoir dans ce cadre,
27:50 quels sont les programmes intégrateurs qu'il faut promouvoir afin qu'on sache que
27:55 quand on règle les questions de climatique, en même temps on règle les questions de développement.
28:00 Et pour ce qui concerne les pays les plus pauvres, on investit également pour que la pauvreté soit combattue et soit éliminée à terre.
28:07 Pour terminer sur le climat, il y a le grand sujet de la COP,
28:11 il y a la COP 28 de Dubaï fin novembre et début décembre.
28:15 Finalement dans ces événements on promet beaucoup de choses, mais il n'y a pas beaucoup de choses qui suivent derrière.
28:20 Est-ce que selon vous c'est utile, c'est toujours utile une COP où les discussions se font dans d'autres endroits ?
28:27 C'est vrai, je peux comprendre la frustration des pays, en particulier les pays africains.
28:34 Depuis que la COP existe, il y a eu beaucoup d'annonces, peut-être quand on voit ça à l'échelle mondiale, moins d'actions.
28:42 Mais je crois d'abord que c'est toujours une très bonne chose d'avoir la communauté internationale,
28:48 avec les différents pays, avec les composantes dans les pays, être autour de la même table pour dialoguer, pour échanger.
28:56 Et deuxièmement, pour ne parler que spécifiquement de la Banque mondiale,
29:00 toutes les annonces que nous avons faites ont été respectées et parfois on a fait plus que ce qu'on a annoncé.
29:05 Quand je regarde aujourd'hui les financements au niveau de la région que je dirige, l'Afrique de l'Ouest, l'Afrique centrale,
29:12 38% des financements que nous avons mobilisés l'année passée sont allés directement à des problématiques de climat,
29:19 mais essentiellement des questions d'adaptation au changement climatique et des questions de renforcement de la résilience des communautés.
29:26 Aujourd'hui, nous sommes en train de parler de programmes pour la vallée du fleuve Sénégal,
29:32 qui est une zone affectée par les changements climatiques et qui s'adresse malheureusement
29:37 par les migrations des jeunes africains de cette région vers le monde, en particulier vers l'Europe.
29:44 Je pense que des programmes climat qui permettent de créer des emplois sur la base des richesses et des potentialités dans cette zone
29:52 vont non seulement contribuer à créer des emplois, donc à laisser hésiter ces jeunes là-dessus de leur terroir,
29:57 mais permettent également de contribuer au développement de ces pays.
30:01 Ce n'est qu'un exemple que je donne et parmi beaucoup d'autres exemples qui existent.
30:05 Les promesses et les actes de la Banque mondiale.
30:08 On va en parler tout de suite avec son vice-président chargé de l'Afrique de l'Ouest et centrale,
30:13 Ousmane Diagana, grand invité de l'économie RFI Jeune Afrique.
30:17 La Banque mondiale, une institution incontournable, mais aussi parfois critiquée.
30:25 Le FMI, tout comme la Banque mondiale, sont de vieilles institutions, on l'a dit, nées de la conférence de Bretton Woods en 1944.
30:33 Vous êtes parfois l'objet de reproches sur votre politique de prêts aux pays pauvres.
30:39 Écoutez ce que dit Broulaï Bagayoko, c'est le secrétaire permanent du comité pour l'annulation de la dette du Tiers-Monde.
30:47 Il nous a envoyé ce message de Bamako.
30:49 Nous acquisons le FMI et la Banque mondiale d'avoir conçu et imposé aux États africains les programmes d'ajustement structurel dans les années 82 et 91,
31:02 qui ont mis en génous le développement social et économique de nos États.
31:08 Ces programmes d'ajustement structurel ont également imposé le brandage de nos secteurs porteurs,
31:15 notamment la privatisation des sociétés et entreprises publiques.
31:19 Nous acquisons également ces institutions d'avoir nous imposé un modèle de développement social et économique qui n'est pas conforme à nos réalités culturelles.
31:32 Donc nous avons besoin de l'argent pour concevoir notre propre politique de développement, et c'est tout le développement androgène.
31:44 Donc ce sont également des intérêts qui sont prohibitifs, qui sont usuriers.
31:53 Le secrétaire permanent du comité pour l'annulation de la dette du Tiers-Monde, organisateur de manifestations à Marrakech lors des assemblées annuelles, Ousmane Diagana,
32:04 vous n'êtes pas épargné, enfin en tout cas la Banque mondiale n'est pas épargnée.
32:07 Comment vous répondez à ces critiques sur un positionnement jugé trop libéral de la Banque mondiale ?
32:15 Deux choses que je voulais corriger des propos de Michel Bakayoko.
32:21 La première, c'est que les politiques d'ajustement qui ne sont plus d'actualité du tout au niveau de la Banque mondiale n'avaient jamais été imposées.
32:28 C'était le résultat d'une faillite de gestion macroéconomique, sociale, qui ont amené des pays à vivre au-delà de leur capacité et de leurs moyens.
32:40 Donc il fallait s'ajuster, comme on le fait au niveau des familles.
32:43 On perd bon peu de familles quand on voit que ces ressources ne permettent plus de faire face à leurs besoins.
32:51 La deuxième chose, c'est que la Banque mondiale, en tant que session de financement, ses taux d'intérêt sont loin d'être duraires.
32:59 Je l'ai déjà dit, pour tout l'ensemble des pays africains, il n'y a pas de taux d'intérêt, c'est zéro.
33:06 Les financements sont très longues durées, s'il s'agit des prêts.
33:09 Pour les pays du Mali, du Niger, la plupart du temps on fait des dons.
33:14 Et pour les autres pays du Libériné intermédiaire, les taux d'intérêt sont 7% au maximum.
33:21 Maintenant je suis totalement d'accord avec lui qu'il faut des politiques de développement endogènes,
33:27 donc bâties dans un cadre consensuel par les populations et les États, bien sûr,
33:35 et proposées aux institutions de financement, y compris la Banque mondiale,
33:40 pour que justement nos financements puissent être alignés par rapport aux besoins de développement.
33:45 Et je suis aussi d'accord avec lui que compte tenu véritablement de la pression de ces crises sur les économies
33:51 et par conséquent sur les populations, il y a lieu de trouver un mécanisme
33:56 qui permet au pays de dégager des ressources fiscales et en même temps des financements pour le développement plus conséquents
34:05 pour créer de meilleures opportunités pour les populations.
34:07 – Mais ce que disait aussi Broulaye Bagayoko s'agissant des prêts,
34:11 c'est que, en tout cas prêter aux pays pauvres pour rembourser les capitaux privés,
34:16 c'est un principe qui peut inciter à prendre des risques excessifs,
34:20 notamment au regard aux pays émergents ou en développement.
34:25 C'était un point aussi.
34:26 – Oui, et de toutes les façons je suis d'accord avec vous,
34:29 on ne doit pas s'apaisantir énormément sur l'élément risque pour contribuer à faire orienter des financements pour l'Afrique.
34:40 Je pense que la façon dont les risques sont estimés, communiqués sur l'Afrique sont très dissuasifs
34:48 et par conséquent réduit les possibilités d'investissement, notamment d'investissement privé en Afrique.
34:55 Et sans investissement privé, bien entendu, on n'aura pas la possibilité de renforcer le développement économique
35:00 et surtout à travers la création des emplois.
35:02 – Donc vous n'aggravez pas les problèmes, vous les réduisez,
35:06 vous ne favorisez pas les multinationales comme le disent souvent les alter-mondialistes.
35:12 – Oui, en tout cas il faut contribuer à créer un cadre qui permet l'émergence de champions nationaux,
35:21 d'entreprises locales, en particulier petites et moyennes entreprises en Afrique.
35:27 Aujourd'hui lorsqu'on regarde la situation de l'entrepreneuriat en Afrique,
35:31 on voit qu'il n'y a essentiellement que des micro-entreprises,
35:34 et donc des entreprises en moyenne qui ne peuvent pas créer plus de 5 emplois par entreprise.
35:42 Et donc du coup ne peuvent pas répondre à la problématique de création d'emplois,
35:47 l'un des défis les plus importants auxquels les pays africains sont confrontés.
35:52 Je vous dis, juste pour donner un chiffre, j'en finirai par là,
35:55 l'Afrique dans sa globalité ne crée pas aujourd'hui plus de 3 millions d'emplois par an pour ses jeunes.
36:02 Et chaque année c'est 12 millions de jeunes qui rentrent sur le marché d'emploi.
36:06 Vous voyez le décalage, il est extrêmement important, et quand on est dans une telle situation,
36:11 évidemment les frustrations peuvent contribuer aussi à des instabilités sur le plan politique et institutionnel.
36:18 Dernière question sur le plan macroéconomique, vraiment sur la dette.
36:23 Je voulais juste revenir sur le système d'urgence, l'ISSD, qui a été lancé pendant le Covid,
36:31 il a été remplacé par le cadre commun, mais en fait si on regarde bien, il prend beaucoup de temps à aboutir,
36:37 il y a pour l'instant que le Tchad je crois qu'il soit parvenu, et la Zambie, pourquoi ça prend du temps ?
36:45 C'est une frustration que nous partageons, il a suscité beaucoup d'espoir, la mise en place de ce cadre commun.
36:52 Le processus a été très long, et par conséquent les résultats qui ont été obtenus jusqu'à présent sont décevants,
37:02 si je puis m'exprimer ainsi. Le Tchad, je suis responsable, donc j'ai été fortement impliqué personnellement,
37:08 pour ça c'était un cas qui nous a beaucoup mobilisés au niveau de la Banque mondiale,
37:14 on a voulu contribuer au changement de cela justement pour avoir un résultat rapide,
37:20 mais c'était le début de quelque chose, les leçons ont été tirées, et nous espérons que ça va aller en s'améliorant.
37:27 Mais le plus important en ce qui concerne la dette, c'est de dire qu'effectivement à cause de ces crises multiples,
37:34 son volume a augmenté significativement en Afrique, il a pratiquement doublé sur les dix dernières années.
37:41 Aujourd'hui l'encours de la dette en Afrique a atteint presque 800 milliards de dollars, c'est énorme.
37:46 Aujourd'hui les pays africains consacrent à peu près 28% de leurs revenus au financement du service de la dette.
37:52 Aujourd'hui il est au tour d'intérêt, pas au niveau de la Banque mondiale,
37:56 la Banque mondiale fait essentiellement des financements concessionnaires ou donne des dons,
38:00 contribuent au renseignement bien entendu de la dette,
38:04 et donc ça contribue significativement à la crise de la dette,
38:07 crise qu'il faut véritablement contribuer à juguler à travers un programme de réduction significative de la dette, j'en conviens.
38:16 Alors cette question de la dette comme d'autres questions, on sait qu'elle alimente une forme de défiance entre les pays africains,
38:25 le sud plus généralement, et ce qui est vu comme l'Occident, ce qui est décidé ailleurs,
38:32 la Banque mondiale, le FMI, l'état Washington, c'est loin, ils prennent les décisions à notre place, ou pour nous,
38:39 mais sans nous connaître, sans connaître nos réalités. Qu'est-ce que vous répondez ?
38:43 Alors je dirais d'abord, en tant que Banque mondiale, vous avez fait référence tout à l'heure à l'initiative de la suspension de la dette dans le cadre de la Covid,
38:55 c'est une initiative que nous avons prise,
38:57 deuxièmement, je ne reviendrai pas sur les mécanismes de financement,
39:01 mais également les prédoyés que nous faisons constamment vis-à-vis des autres partenaires financiers
39:09 pour que véritablement les besoins de financement de l'Afrique puissent être pris en compte à travers un financement massif sous forme concessionnelle.
39:17 Maintenant ceci dit, il faut regarder la chose des deux côtés, ce qui apporte le financement et ce qui demande le financement.
39:24 Je pense que pour ce qui demande le financement, en particulier les états, la question de la transparence au niveau de la gestion de la dette et du capital,
39:32 la question de l'efficacité dans l'utilisation des dépenses publiques résultant des prêts qui ont été obtenus, c'est fondamental.
39:40 Donc c'est ça aussi qui permettra véritablement de tirer le bénéfice du taux politique d'endettement.
39:46 Il n'y a pas un pays au monde qui n'est pas endetté.
39:48 Si la crise de la dette est beaucoup plus visible et beaucoup plus forte en Afrique,
39:52 il faut faire une analyse holistique de la situation pour pouvoir dégager des pistes de solutions
39:59 pour que ce qui doit être changé soit changé de manière efficace.
40:03 Mais sur cette colère vis-à-vis de ce qui vient d'ailleurs d'un siège à Washington ?
40:10 Washington, en ce qui concerne la Banque mondiale, aujourd'hui pour nous c'est la capitale,
40:14 c'est vrai que la grande administration de la Banque mondiale est à Washington.
40:19 Tous nos vice-présidents sont là-bas, le président de la Banque, mais le travail au quotidien se fait à partir du terrain.
40:26 M. Bakayoko, vous avez un très grand bureau là-bas.
40:31 Je n'ai pas souvenance d'un programme que j'ai amené au Conseil d'administration de la Banque mondiale
40:38 qui n'a pas été conçu et discuté non seulement avec les États,
40:43 mais également avec les parties prenantes que sont les populations.
40:48 Je crois qu'il y a un changement très important au niveau de la Banque mondiale
40:54 qui s'est opéré au fil des ans.
40:57 D'une institution fortement centralisée à Washington quand elle a été créée en 1944
41:04 à une institution décentralisée où on a aujourd'hui plus de 55% de nos professionnels sur le terrain,
41:10 donc moins de 45% à Washington, je crois qu'il y a eu un changement qualitatif qu'il faut noter.
41:16 Pour alimenter notre discussion, je voudrais que l'on écoute à ce propos
41:21 un extrait de l'intervention de Mamadi Doumouia, le président de la transition guinéenne.
41:27 C'était lors de l'Assemblée générale des Nations Unies à New York.
41:31 Quand les richesses d'un pays sont dans les mains d'une élite
41:36 alors que le nouveau né meurt dans les hôpitaux par manque de couveuse,
41:42 il n'est pas surprenant que dans de telles conditions nous assistons à des transitions
41:51 pour répondre aux aspirations profondes du peuple.
41:55 L'Afrique souffre, Mesdames et Messieurs,
41:59 elle souffre d'un modèle de gouvernance qui lui a été imposé.
42:05 Un modèle certes bon et efficace pour l'Occident,
42:12 qui l'a conçu au fil de son histoire,
42:15 mais qui a du mal à passer et à s'adapter à notre réalité.
42:23 J'aimerais dire que la greffe n'a pas pris.
42:26 La greffe n'a pas pris, dit le président de la transition guinéenne.
42:30 L'Afrique souffre d'un modèle de gouvernance qui n'est pas adapté à ses coutumes.
42:35 Vous qui connaissez bien le continent, Ousmane Diagana,
42:38 qui est né, qui travaille depuis des années,
42:41 comment vous expliquez ces changements qui sont en cours dans un certain nombre de pays ?
42:47 Certes, après plus de 60 ans d'accession à l'indépendance,
42:54 la plupart des pays africains constatent que les différents indicateurs sociaux et économiques
43:03 sont parmi les plus faibles du monde.
43:06 C'est une source de frustration et de déception,
43:09 bien entendu pour le gouvernement, mais surtout pour la population africaine.
43:15 C'est la pauvreté qui alimente les putsch ?
43:18 Ça peut être une explication.
43:20 Certainement, il y a la pauvreté, la crise de la gouvernance en termes de manque de redevabilité,
43:27 en termes d'absence d'inclusion forte des communautés et des populations
43:33 dans la définition des politiques et dans leur mise en œuvre, dans leur suivi,
43:38 en termes parfois aussi, je dois dire, de misalignment
43:42 de ce que les différents partenaires proposent aux pays africains.
43:46 Les pays africains ne peuvent être véritablement réduits à des situations de consommateurs
43:52 de ce qui vient de l'extérieur, aussi bien en termes de conseils qu'en termes de projets de développement.
43:56 D'où cette défiance contre la France, l'Europe et l'Occident parfois en général.
44:03 On peut comprendre en tout cas la frustration des pays africains.
44:09 Moi, je serais plus à l'aise de commenter sur cela quand viendraient des populations.
44:16 Vous voyez, quand aujourd'hui, encore, je l'ai dit, dans des pays où l'autoroute,
44:23 en moyenne en Afrique, je pense que la proportion de la population qui a accès à l'électricité,
44:30 c'est très très très très faible.
44:32 L'accès à l'eau potable demeure problématique.
44:36 Les enfants qui partent à l'école et qui sortent au terme de primaires,
44:41 qui ne savent pas lire, c'est à peu près 9 enfants sur 10.
44:44 Quand vous voyez cela, et bien sûr, et qu'on dise véritablement qu'on a un montant X
44:50 qui est mobilisé en termes de financement, on peut se poser des questions.
44:54 Mais je crois qu'il faut d'abord balayer devant sa propre porte en disant
44:58 que ceux qui sont responsables de la gestion des États, c'est d'abord les gouvernants.
45:03 Donc quelle est leur part de responsabilité dans ça ?
45:06 Je pense que ce débat doit être fait au niveau de la société africaine,
45:09 au niveau des différents États africains, pour trouver des solutions idoines.
45:13 Je pense que ça me paraît être la voie la plus sage, si vous voulez.
45:19 Si l'on parle des États et qu'on y regarde de plus près,
45:22 en fait on constate deux Afriques de l'Ouest, par exemple,
45:25 où il y a un front côtier qui est plutôt stable, on va dire,
45:28 et puis il y a un autre front dans les terres qui est en pleine révolution,
45:32 revendication, redéfinition, je ne sais pas comment qualifier.
45:35 Ces deux fronts peuvent-ils vraiment coexister ?
45:38 Nous ne sommes pas en train de reprendre quelques années au développement qui a été gagné ?
45:44 Oui, c'est une très bonne description, mais en même temps, en Afrique,
45:48 il y a des principes qui sont immuables.
45:52 La continuité territoriale est une réalité.
45:55 On quitte un pays, on entre dans un autre sans avoir aucune différence,
45:59 que ce soit dans l'Afrique de l'Ouest, entre l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique centrale.
46:03 Je pense que la Côte d'Ivoire n'est qu'une continuation du Mali ou du Burkina Faso.
46:08 Il y a quand même des frontières.
46:09 Il y a des frontières, mais les frontières sont plutôt issues d'un arbitrage
46:15 qui est fait dans un contexte bien déterminé.
46:17 Mais la réalité des populations, c'est différent.
46:19 Je pense que celui qui vit à Sikasso ne fait pas de différence,
46:22 même si les citoyens maliens, avec son parent ou son ami qui vit à Korogo,
46:29 entre le Mali et la Côte d'Ivoire, entre le Nord, entre le Nigeria,
46:34 et certaines régions du Nigeria et le Cameroun,
46:37 c'est la même population, les gens rentrent et sortent comme ils veulent.
46:40 Donc il y a la continuité territoriale et il y a la porosité des frontières.
46:43 Ce qui fait que, véritablement, séparer les pays, c'est extrêmement difficile.
46:48 C'est pour cela, d'ailleurs, je vous reviens, et je suis d'accord avec vous,
46:51 quand on parle aujourd'hui des défis du Sahel,
46:56 il est important, bien sûr, de réfléchir à des réponses rapides,
47:01 définies avec les Sahéliens eux-mêmes, mais il est aussi important d'aller au-delà du Sahel,
47:05 de mettre ça dans le contexte de l'Afrique occidentale et l'Afrique centrale dans son ensemble.
47:10 Donc ça veut dire que ce qui est arrivé au Mali, au Burkina Faso, en Guinée, au Niger,
47:16 pourrait arriver aussi en Côte d'Ivoire, au Sénégal, au Bénin, au Togo ?
47:22 Ça pourrait arriver partout dans le monde, en particulier en Afrique.
47:27 Et c'est pour cela, aujourd'hui, tout en investissant sur comment on mitige,
47:35 où on a tenu les risques et les conséquences négatives des conflits,
47:40 il faut investir suffisamment, aussi bien sur le plan intellectuel
47:44 que sur le plan des financements, dans la prévention,
47:47 afin que, véritablement, toutes ces populations qui quittent un pays
47:52 pour aller vivre dans l'autre pays voisin,
47:56 soit dans une logique de contribution à la stabilité économique dans ces pays d'accueil,
48:06 et non dans une logique qui menerait à une contagion
48:12 qui pouvait véritablement s'étendre dans les autres pays de notre continent.
48:18 Et vous-même, dans le cadre de votre travail, y a-t-il une différente d'approche
48:22 lorsque l'on est dans un pays où l'exécutif, par exemple, est installé depuis longtemps,
48:28 comme au Cameroun, en Côte d'Ivoire, par rapport à un autre pays
48:34 dans lequel vous devez apporter votre appui,
48:36 alors que c'est un nouveau gouvernement plutôt transitoire dans les pays poutchistes ?
48:41 Oui, d'abord, on essaie de tirer constamment des leçons, des expériences,
48:47 de notre implication dans les pays, surtout dans ces pays
48:51 qui sont tombés dans des crises de gouvernance, des crises politiques,
48:57 afin que ceux qui sont encore stables puissent continuer d'être stables.
49:04 On vient de financer un programme régional de cohésion sociale
49:09 et de création d'emplois dans les pays des golfes de Guinée,
49:12 donc Côte d'Ivoire, Ghana, Bénin et Togo, ensemble, d'un montant de 450 millions de dollars,
49:18 en investissant essentiellement dans les villes secondaires
49:22 pour que les emplois puissent être créés partout, à travers des programmes transformationnels.
49:31 Mais en même temps, on avait pour des pays comme le Mali et le Niger,
49:39 ou le Tchad ou le Burkina Faso, un financement à travers un guichet
49:44 qu'on appelle "financement additionnel pour la prévention et la résilience",
49:49 qui est un montant additionnel que nous accordons au pays,
49:53 afin de permettre de faire face aux conséquences des conflits.
49:57 On a étendu maintenant ces mécanismes à des pays des golfes de Guinée
50:01 pour qu'on essaie d'être impliqué dans la gestion économique et sociale des pays pendant qu'il y a tant.
50:09 C'est-à-dire pendant que les effets de conflits ou de situations qui sont conflictogènes
50:18 sont encore en état de latence, avant qu'ils ne deviennent beaucoup plus manifestes.
50:24 Pourtant, vous y avez, dans ces pays où il y avait des conflits, suspendu temporairement ces financements.
50:31 Ils sont revenus. Pour quelles raisons ?
50:34 Je vais lui annoncer. Nous faisons une pause quand il y a des crises de cette nature,
50:42 juste pour prendre du recul, pour bien comprendre les conséquences de ces conflits.
50:48 Et ensuite, on fait une évaluation pour essayer de voir comment on doit reprendre.
50:52 Mais on n'a jamais définitivement suspendu des financements.
50:56 Aujourd'hui, au Mali, j'interviens à travers des projets de développement
51:01 et j'ai créé les conditions pour une supervision adaptée de ces projets-là,
51:06 en tenant compte, bien entendu, du fait que le contexte sécuritaire aujourd'hui au Mali
51:11 ne me permet pas d'aller superviser mes projets partout.
51:14 J'ai fait la même chose au Burkina Faso.
51:17 En Guinée, nous avons repris nos financements.
51:19 En Tchad, nous avons repris nos financements.
51:22 Donc, la Banque mondiale a une stratégie pour les pays dits fragiles ou les pays en conflit
51:29 qui est fondée sur deux principes.
51:32 Le premier principe, c'est que, quelle que soit la nature du conflit, nous devons rester présents.
51:38 On ne doit pas se retirer.
51:40 La deuxième chose, c'est de dire aussi que dans ces pays,
51:44 il faut des programmes qui sont orientés et qui sont focalisés sur des réponses urgentes
51:49 aux besoins des populations qui sont les premières victimes des conflits.
51:54 Donc, à travers un investissement dans des programmes tels que l'accès des enfants à l'éducation,
51:59 les programmes de santé, les programmes d'accès à l'eau potable et j'en passe.
52:03 Effectivement, l'objectif, c'est de rétablir la confiance.
52:07 Il nous reste encore quelques toutes petites minutes avec Ousmane Diagana,
52:10 président de la Banque mondiale chargée de l'Afrique de l'Ouest et centrale.
52:14 On va parler de votre chef, le nouveau président, Adjai Banga,
52:19 qui veut faire souffler un vent nouveau sur votre institution.
52:23 Écoutez ce qu'il disait il y a quelques jours, c'était lors d'une conférence internationale à New York.
52:29 Quand on ajoute l'insécurité alimentaire, la dégradation des sols et les défis du multilatéralisme,
52:39 j'ai l'impression que nous sommes dans une véritable tempête.
52:42 Et dans cette tempête, une institution comme la Banque mondiale est plus que jamais nécessaire.
52:46 Le fait de disposer de personnes si intelligentes pour mener nos actions,
52:50 mais sans pouvoir y parvenir en tant qu'institution,
52:52 me pousse à penser qu'il y a quelque chose de dysfonctionnel.
52:55 Notre institution doit être réformée et pilotée autrement.
52:58 Je m'attendais à ce que ce soit différent.
53:01 J'ai été surpris et j'ai trouvé que c'était un obstacle.
53:04 Ceux qui nous critiquent disent que nos employés ne s'intéressent pas à eux.
53:07 Ce n'est pas vrai, ils s'en soucient. Mais c'est l'institution qu'il faut changer.
53:11 Adjaye Banga, le nouveau président de la Banque mondiale, c'est un Américain d'origine indienne.
53:21 Il nous dit qu'il y a des dysfonctionnements au sein de la Banque qui ne sont pas dus aux personnes,
53:27 mais à l'institution elle-même. Qu'est-ce qu'on change ?
53:30 La Banque mondiale est une bureaucratie, c'est une institution.
53:34 Elle peut souffrir des tards de toute bureaucratie.
53:38 Avec l'arrivée d'Adjaye Banga comme président de la Banque mondiale,
53:42 il y a un souffle nouveau que nous constatons au niveau de notre institution.
53:48 D'abord, il apporte son expérience personnelle en provenance du secteur privé.
53:55 Il a été le PDG de Mastercard.
53:59 Il est natif d'un pays en voie de développement, mais qui a fait une grande partie de sa vie professionnelle aux États-Unis,
54:08 dont il est citoyen aujourd'hui.
54:10 C'est quelqu'un qui, avant de prendre fonction, a parlé à beaucoup de leaders et à beaucoup d'autres groupes de population dans le monde.
54:21 Donc il est venu avec ces informations-là pour dire "voilà le constat que j'ai fait".
54:27 Et en tant que leader de l'institution, voilà les changements que je veux opérer.
54:31 Nous allons travailler avec lui pour que ces changements soient positifs
54:36 et que l'impact, essentiellement, des pays les plus pauvres, comme je l'ai dit au début de notre conversation,
54:42 ces pays les plus pauvres sont affectés de manière disproportionnée par les crises multiples qu'il vient de mentionner.
54:50 Avant de nous séparer, on a quelques minutes encore.
54:53 On sait que vous nous disiez que vous veniez de Mauritanie. On sait que vous y allez souvent.
54:58 Est-ce que vous avez quelques mots autour de ce pays ? Qu'est-ce que vous pouvez nous en dire ?
55:02 Avec plaisir, mais comme je l'ai dit, je travaille pour la Banque mondiale maintenant depuis plus de 30 ans.
55:07 C'est une institution internationale qui m'a donné la chance de parcourir le monde entier,
55:13 de vivre en Asie, en Afrique, du Nord et dans beaucoup de pays.
55:17 Sur cet angle, je suis un citoyen aujourd'hui du monde.
55:22 Depuis plusieurs années, je parcours et je travaille partout en Afrique avec des Africains de tous les horizons.
55:30 Je suis aussi fier de me considérer comme Africain, mais je suis essentiellement Mauritanien.
55:36 Je suis très fier de l'être et j'appartiens à une génération qui a eu la chance d'être né dans un contexte où l'éducation était véritablement la priorité et se portait bien.
55:51 J'ai été formé par des maîtres et des maîtresses d'une excellente qualité.
55:56 J'ai surtout bénéficié d'un accompagnement de l'État à travers des bourses,
56:01 de mon secondaire jusqu'au supérieur, ce qui m'a donné la chance d'être dans des écoles de qualité.
56:07 Aujourd'hui, à cause des défis démographiques, mais également des autres défis dont on a parlé,
56:13 beaucoup de jeunes de notre temps, malheureusement beaucoup d'enfants qui naissent aujourd'hui,
56:19 n'ont pas toujours ce sens d'avoir accès à une éducation de tel niveau de qualité.
56:25 C'est la raison pour laquelle mon défi et mon objectif, c'est de travailler avec toutes les populations pour changer qualitativement la dynamique et le contenu des systèmes éducatifs,
56:35 qui est l'élément le plus important pour donner une meilleure expérience aux enfants qui naissent aujourd'hui,
56:42 pour qu'ils contribuent de manière forte au développement de notre pays.
56:45 On a commencé cette émission avec l'éducation, on la termine comme ça aussi.
56:49 Vous parlez six langues, je crois. Le français, l'anglais, l'arabe, le soninke, le foulani et le wolof, c'est ça ?
56:58 Oui, et ça c'est aussi la chance d'être mauritanien. C'est un pays tampon entre l'Afrique du Nord et l'Afrique de l'Ouest.
57:05 C'est un pays où il n'y a pas beaucoup de langues, et toutes ces langues, toutes ces communautés vivent harmonieusement ensemble, je crois.
57:11 Comment dit-on au revoir en soninke ?
57:14 Harunukouime.
57:16 Merci, au revoir, merci infiniment Ousmane Diagana d'être passé par les studios de RFI.
57:22 Nous suivrons avec grande attention ces assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale à Marrakech.
57:29 Merci à Guillaume Meunier, à Stephen Elslie pour la réalisation audio et vidéo,
57:34 à Charlène Kalala pour son aide précieuse aux équipes de la Banque mondiale qui ont travaillé avec nous pour préparer cette émission.
57:41 Merci également Aurélien Bidart.
57:43 Merci beaucoup, au revoir.
57:44 Et à très bientôt pour un nouveau grand invité de l'économie RFI, jeune Afrique.
57:49 [Musique]
57:54 Éco d'ici, éco d'ailleurs sur RFI.
57:59 [Musique]

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